J’ai
toujours eu le souvenir que par le passé les toutes grandes tables se
trouvaient dans les hôtels de luxe et même si aujourd’hui on trouvera
d’excellents restaurants dans Bangkok, la table du Kempinski restera pour moi
l’un des meilleurs restaurants thaïlandais au monde…
Un hôtel
évidement magnifique de plus décoré pour Noël, des couloirs de marbres, des
plafonds à des hauteurs inhabituelles; le grand luxe asiatique dans toute sa
splendeur. C’est donc dans l’un des restaurants de cet hôtel que l’on trouvera
la table appelée Sra Bua by Kiiin Kiin, 29ème au classement des 50
meilleures tables d’Asie 2013 selon le concours de l’eau gazeuse… et également
un des seuls restaurants Thaïlandais étoilé par le guide Michelin. Réputé pour
une cuisine thaïlandaise moléculaire, eh bien nous en sommes ressortit ébloui
sans avoir mangé de cuisine moléculaire du tout… Probablement que « le
chef » est passé dans « une autre dimension »…car le
moléculaire… c’est dépassé.
Avant de vous parler de ce repas, il me semble important de vous décrire le décor et l’atmosphère du lieu qui malgré le grand luxe s’est avérée tout à fait décontracté dans un environnement de toute beauté.
Plusieurs salles toute
revêtues de tek avec de hauts plafonds, des tables sur plusieurs niveaux
séparées par quelques plans d’eau dans lesquels flotteront nénuphars et lotus.
Une musique spa en arrière fond. Tout est délicatement décoré entre sobreté et
modernisme.
Sans aucune
hésitation nous avons choisi le menu dégustation à 2700 Baht mais il nous a
semblé que l’on pouvait également manger à la carte. Un menu avec une
succession de plats qui prend environ deux heures et demie pour être appécié.
En ce qui
concerne le choix des boissons vous pourrez prendre le « wine
pairing » au même prix que le menu ou alors une suite de jus de fruits
mais nous préféré prendre quelque chose de totalement détonnant, le
« cocktail pairing » qui s’est avéré être absolument idéal. N’hésitez
aucunement à vous lancer dans une approche totalement innovante qui consiste à
boire des cocktails avec la succession des plats. Ne pensez pas que ces
cocktails soient écoeurants ou chargé en alcool mais toujours en parfaite
harmonie avec les plats servis. Cinq cocktails souvent parfumés avec des herbes
ou des fruits évidement locaux.
Cet
incroyable menu est structuré en quatre moments. Ce qui est appelé les « nibblings »,
sorte de grignotages, suivi de la « street food » la cuisine de rue
qui souvent propose des petites merveilles sous forme de bouchées, les plats
principaux et les desserts.
De manière
générale tout fut exceptionnel malgrés quelques bouchées inintéressantes ou
banales mais celles-ci furent tellement rares que malgré tout cela restera un
très grand repas.
En guise de
« mise en forme » nous voici servit un thé froid à bas de citronnelle
et de feuille de Pandan. Rafraichissant et agréable.
Cela commence avec trois
petits grignotages ; une meringue à la noix de cajou rôtie et sauce soja.
Un petit biscuit effectivement un peu salé et avec un agréable goût de noix
mais un peu anecdotique.
Deux
petites tranches de racines de lotus frites parfumées à la feuille de Kaffir
qui sentaient selon moi un peu l’huile.
Un chips
crevette avec une sauce à base de tomate me faisant penser un peu à une
mayonnaise au ketchup.
Plutôt
anecdotique, sans énorme intérèt.
Nous
passerons au « second mouvement » avec notre souriante serveuse qui
arrive avec un plateau sur lequel se trouvent deux petits cornets comme des
bricelets appelés Miang Kham Cornette et c’est vraiment l’extase en bouche.
Un
snack de rue du nord de la Thäilande qui consiste en un mélange de diverses
saveurs avec de la citronnelle, des
cacahouètes, du piment, de l‘ail, de l’échalote, du citron, un peu de sirop de
palme et de la crevette séchée. Deux bouchées et on en redemanderait...
Sur ce plateau se trouvait aussi deux cuillers avec un tartare de thon à la citronnelle. C’est la que l’on réalise que l’on va passer un grand moment car les saveurs sont bien entendu thaïlandaises mais le tout est totalement revisité, re-structuré. Ce tartare est absolument divin et est d’une fantastique fraicheur.
Une petite
brochette avec une saucisse de chiang mai à la texture délicate où l’on sent
bien la viande, le galanga, la citronnelle et la coriandre sera très plaisante.
La petite
tranche de pain grillée avec une texture de crevettes et sur le dessus du
sésame grillé rappelle évidement le classique entremet mais ici la crevette est
abondante et son parfum est net.
Un
surprenant satay de peau de poulet croustillant. Basé sur le traditionnel
satay, la peau est en plaque croustillante accompagné d’une fabuleuse sauce de
cacahouètes fraiches et d’une gelée de concombre à peine sucrée et citronnée.
Une nouvelle fabuleuse interprétation de cuisine thaï.
Le grand
moment de ces bouchées viendra avec le tartare de bœuf dans un soufflé de blanc
d’oeuf aérien. Celui-ci légérement ucré et acidulé est accompagné de menthe
fraiche ciselée, de petits cubes de conccombre, de cacahouète pilée. Sur le
coté la viande miniutieusement hachée qui se mélange à la préparation. Le genre
de sensation en bouche qui fait immédiatement hurler tellement les associations
sont fantastiques.
Avec ces
premiers amuses-bouches nous est servit le premier cocktail, un Blue Heaven ;
Gin, Curaçao bleu, Tonic, Kaffir frais. Comme je disais au début cela peu sembler
étrange mais la boisson n’est pas très sucrée, bien citronnée, parfumée avec
une pointe d’amertume. Un contraste parfait avec les plats plutôt doux.
Légère
déception avec le Ha Gau, sorte de dumpling cuit à la vapeur rempli d’un morceau
de homard cuit en bisque. La pâte est légèrement trop épaisse et ae farce est
un peu compacte.
Une
certaine indifférence avec la soupe à base de coquillage et de galanga. Une versio
du Tom Yum Goong, certes bonnes mais assez semblable à ce que d’autres bons
établissements peuvent préparer.
Et l’on
revient dans le surprenant avec cette tempura de coquille Saint Jacques
accompagnée d’une confiture de samphire et de piment. Un mélange de cette plante
grasse avec du piment frais et travaillé dans un ensemble d’ingrédients
citronnés et sucrés. La coquille est cuite à la perfection, fond dans la bouche.
Arrivent
les plats principaux avec tout d’abord le mulet drit au tamarind, citronnelle
et crevettes croustillantes. L’assiette de bois est magnifique avec ce fin
morceau de poisson avec une friture très légère que l’on découpe en mangeant au
même moment la première sauce à base de mangue et la seconde au tamarind donnant
ce goût légèrement citronné. Les petites crevettes sur le côté sont frites ainsi
que les tranches de mangue verte et ammènent une touche croustillante. Un
fabuleux plat.
Nouveau
plat totalement jubilatoire que le homard au curry rouge à la royale. Une
mousse parfumée au citron vert et curry rouge mélangée avec des tronçons de
homard entre deux fines lamelles de galette de riz. Encore un plat mémorable !
Nouveau
cockatil avec la Thaïpirinha ; Cachaca Leblon, Kaffir frais, citronnnelle,
sirop de sucre et soda. Une autre vraie merveille gustative avec ces plats. Ce
chef a vraiment tout compris de ly symbiose entre cuisine Thaïlandaise et
boissons parfumées alcoolisées.
Un autre
grand moment culinaire va arriver d’une rare insolence...quelque chose de
totalement innatendu mais de prodigieux. Une salade de canard à la menthe, foie
gras et oignon rouge. Une assiette arrive magnifiquement dressée avec des
rouleaux de concombres provenant de lamelles, des effilochées de canard et des
cubes de foie gras. La serveuse arrive avec un mortier et mélange du jus de
citron, du sucre de canne liquide, du piment en poudre et frais. La préparation
est ensuite versée sur chaque assiette. Mais bien sur…Canard…foie gras… Foie
gras et aigre doux… Les associations sont extraordinaires en bouche.
Nouveau
plat avec l’oef Kiin Kiin avec des champignons sauvages et du basilic. Un œuf vidé
puis remonté avec une crès d’ail au fond, des champignons sautés, le jaune de l’œuf
et un type de sauce hollandaise montée avec du basilic thaï. Nous restons
ébahis…
Et le plat
suivant sera probablement le clou de cette incroyable soirée…. Des ris de veau
aigre-doux à l’ananas caramélisé et papier d’oignon brulé. Imaginez-vous une assiette de bambou avec
quelques monticules de ris, papier, oignon et un fabuleux caramel salé. Et le plus incroyable sera cette cuillère de crème
glacés à l’ananas au milieu… Un plat d’anthologie !
Avec cela
un nouveau cocktail pour acompagner appelé Mangue chauffée composé de bourbon, Southern Comfort, miel, sucre brun,
ginger ale, purée de mangue, sambuca, tranche de citron. On croirait rêver !
Pour suivre
une inimaginable assiette de cailloux sur laquelle se trouve un os à moelle
remplit d’aubergines au piment verre, moelle fumée, shiso et croustillants de
porc. Mais ou vont-ils chercher tout cela ? Magique !
Nous
terminerons avec des travers de porc vitrés aux cinq épices avec des frites de
lotus et du chou-fleur caramélisé. Les travers
sont enrobés d’un délicieux mélange d’épices et de sésame, posés sur une crème
de chou puis l’on verse dessus une magnifique sauce douce à base de soja.
Un
plat accompagné dans optionnel riz frit tout à fait convaincant.
Arrivent
les desserts dont deux sont présentés dans des coquilles de noix de coco
décorées à la dorure. Sur un côté une crème acidulée gelée au longa et dans l’autre
coquille uen extraordinaire glace au citron vert et ananas. De la grande
fraicheur pour achever ce repas.
Mais c’est
sans compter avec « la surprise et les salutations du chef »…. La
boule de neige froide…
Mais avant
de vous expliquer de quoi il s’agit, voici le dernier cocktail : le Longan
ravi, vodka, crème de cacao blanche, crème de menthe, longan, jus de longan,
sirop grenadine. En tout cas le barman est un prodige car réussir de tels
cocktails sans écoeurer qui que ce soit
et jamais faire une faute de goût n’est pas donné à tout le monde.
Il s’agira
donc d’une énorme boule comme de la ouate réalisée comme une barbe a papa. Une
fois que la serveuse arrive elle versera sur le dessus un lait de coco
légèrement parfumé qui fera fondre le sucre en paille. Au fond du jacquier, du
tapioca, de la pulpe de noix de coco fraiche et une glace à la banane… C’est le
bouquet final !
Quelques
mignardises tout aussi surprenantes avec des macarons à la réglisse et autres
douceurs.
L’autre
grande surprise que je gardais pour la fin est de mentionner que le chef n’est
pas Thäilandais mais Danois. Henrik Yde-Andersen possède le restaurant Kiin
Kiin à Copenhague et c’est pour cette raison que le Sri Bua se réfère à la
maison mère. Tous les trois mois ce chef vient enseigner ses nouvelles recettes
à l’équipe de cuisine Thaïlandaise qui évidement reproduisent les recettes du
maitre. Une cuisine moderne qui ré-interprète les recettes classiques de
manière brillante comme les chefs espagnols avec la cuisine de leur pays. Les
présentations qui sont généralement très belles dans la cuisine Thäilandaise
classique sont elles-aussi repensées avec magnificience. La grande majorité des
plats fut au dela de toute attente et n’on jamais étés des « expériences
moléculaires » comme parfois mentionné dans certains reportages. Une page a
probablement été tournée.
Une expérience
gastronomique mémorable que je revivrai sans aucune hésitation.
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