samedi 29 avril 2023

Craun Restaurant, Barcelone


Très belle découverte avec cette nouvelle table encore un peu passée inaperçue et qui n’a pas encore été découverte par les réseaux sociaux. Une table vraiment de haut niveau qui est l’un de mes récents coup de cœur. A l’origine en 2022, une certaine Olga a décidé de créer un restaurant dans la rue Aragón avec une proposition méditerranéenne, locale et rafraîchissante. Elle l’a fait avec la collaboration et le soutien d’Óscar Ros et Marcela Benito, qui, en plus d’être de sa famille, sont deux professionnels avec beaucoup d’expérience dans l’industrie de la restauration. Tous les trois ont créé le restaurant et c’était à nous de créer son identité.

Ils ont décidé de nommer le restaurant Craun en hommage à l’héritage gastronomique qu’Oscar et Marcela ont construit avec The Crown Marine, une adresse toute proche où l’on trouve une cuisine de basée sur les fruits de mer.

Ce nouveau restaurant a voulu allier tradition, contemporanéité, qualité, proximité, famille et Méditerranée dans un seul espace. Par conséquent, ils ont créé une identité inspirée par les montagnes et la mer, dans laquelle l’élément principal sont des coups de pinceau.

Je me rappelle qu’au tout début, ce fût un chef au nom de Alvin Basas, mais celui-ci a quitté remplacé par un certain Diego Gámez. Formé à l'ingénierie du son et aussi à la cuisine, il a passé toute sa vie à partager son énergie entre ces deux mondes. Deux domaines où leur créativité a été clé. Désormais, après avoir exploré les lieux comme l’Apollo ou le Moog en tant que DJ, il concentre ses forces maintenant chez Craun. Issu des cuisines de Lasarte, Pakta et Hisop, qui après plusieurs années passées dans les cuisines de ces restaurants de haut niveau et auprès de stars décida de créer un espace gastronomique unique et intime appelé Atic Gastroclub, où l’on pouvait partager directement pendant les dîners sa vision de la cuisine. D'origine vénézuélienne mais installé à Barcelone depuis maintenant 15 ans, Diego a toujours proposé une cuisine d'auteur soignée, à mi-chemin entre ses racines vénézuéliennes, la cuisine saveurs traditionnelles françaises et asiatiques, avec le produit comme protagoniste absolu. Aujourd’hui il signe une cuisine de produits, de techniques et d’ingéniosité.

Un mardi suivant Pâques, nous avons le restaurant à notre disposition mais cela ne pose évidemment pas de problème. La salle du fond est absolument magnifique. Un espace lumineux avec des tables habillées de nappes complète la scène parfaite pour ceux qui recherchent un restaurant qui met de côté l’expérience et la surprise de se concentrer sur une très bonne cuisine. J’ai aimé l’accueil de Víctor Riera, le maître d’hôtel ; qui gère la salle à manger spacieuse et radieuse avec de hautes fenêtres et une cour arrière. Murs de briques, lumières étudiées, ambiance raffinée.

Une carte mais surtout un menu dégustation qui peut changer en neuf étapes pour 60 euros qui vous permet de comprendre et de comprendre la philosophie de la cuisine que le chef propose. Des plats qui entrent et sortent en fonction de la disponibilité du produit. Indéniablement l’un des meilleurs rapports qualité/prix actuellement disponibles, qui inclut des plats vraiment remarquables.

Ce que propose Diego, c’est une cuisine qui mêle identités culinaires (française, latino-américaine, catalane) avec beaucoup d’habileté, sous le prisme d’une élégance de haute cuisine sans esbrouffe. Les assiettes sont aussi difficiles à classer qu’il est facile de les reconnaître.

Un peu d’huile d’olive Arbequina du Moli d’Alcano, Praedium Kylatt.

Cela commence par une huitre no 3 spéciale, Nam Prik. Nam prik est un terme très général en Thaïlande pour tout type de sauce chili épicée qui est normalement consommée comme condiment ou pour faire trempette aavec le poisson frit et beaucoup de légumes bouillis. Ici réalisé avec du galanga, tomate cerise, tamarin et piment coréen. Accompagné d'une pousse de coriandre. Une manière très originale de combiner les saveurs iodées et le côté épicé.

Pour suivre un surprenant toast aux olives avec mousse de sardine fumée et moutarde au xérès.

Puis du pain grillé, parfait de foie de volaille et poivre rose. Des petites bouchées pleines de saveur avec de très judicieuses associations.

Un magnifique calamar avec de la sobrasada et du piparras. Ce sont de fines lamelles crues coupées à la machine, avec de la sobrasada et des piparras liquéfiés, une association entre le côté un peu visqueux et le côté solide de la saucisse.

Très beau plat avec les petites fèves a la papada Maldonado et homard. Vraiment de la gastronomie avec les plus fines fèves qu’il m’eut été de manger, le homard cuit à la perfection, la papada juste frite pour côté croustillant.

Un magnifique et inventif chou confit à la braise, stilton, porto et praliné de noix. Chou grillé et confit au beurre (le chef aime le beurre qui est ici d’origine française), une sauce stilton et une réduction de porto, le praliné aux noix et des bâtonnets de pomme granny-smith.


Probablement le plat phare de la soirée avec le merlu à la vapeur, cresson, poireau et algue codium. Indéniablement une assiette étoilée avec ce poisson cuit à la sonde (55º) avec un beurre blanc d’une grande légèreté, le cresson, poireaux grillés et algues codium. Un de mes plus beaux plats de poisson ici.

Une fondante epaule d’agneau, parmentier et relish de concombre. Viande présentée élégamment, Parmentier crémeux et ce relish qui amène une parfaite acidité, un coup de fouet au plat.

Pour les desserts, une excellente tarte au chocolat avec une glace aux baies de Timur, qui change des sempiternels fondants au chocolat. Point trop sucré, c’est délicieux.

Mais la palme revient à un impressionnant dessert qui probablement restera dans les annales, une Torrija de brioche à l’estragon avec une glace béarnaise. Il faut quand même avoir beaucoup d’idées pour transformer une sauce béarnaise en version sucrée mais en conservant les marqueurs de la sauce originale !

Comme vin un Priorat Les Crestes Mas Doix 2021. Encore un peu jeune ; une délicieuse jeunesse chaleureuse avec une subtile pointe de bois. C’est un assemblage de Grenache, Cariñena et Syrah.

L’un des meilleurs dîners que j’ai eus depuis longtemps. En quelques mois, Craun à réussi à se faufiler dans la liste des meilleurs nouveaux restaurants à considérer, pour de très bonnes raisons. Il est maintenant temps de profiter de ce Craun avant qu’il ne soit l’une des réservations les plus difficiles dans l’Eixample.


lundi 24 avril 2023

Colmado Múrria, Barcelone

 

Indéniablement Colmado Murria est une référence à Barcelone en tant qu’épicerie de luxe et de qualité pour ses produits souvent exceptionnels. C’est un lieu légendaire, et son histoire peut se trouver sur d’innombrables sites. C’est dernièrement que l’on apprend que celui-ci se convertit ou plutôt complète son offre avec une restauration.


A la différence d’un Villa Viniteca, l’espace est plus petit, avec beaucoup moins de produits, mais le lieu est magnifique et peut être considéré comme une pièce de l’histoire de la ville. Indéniablement le magasin est beau, avec un petit côté presqu’un peu musée !


A priori cela ne me choque pas que l’on convertisse partiellement un tel établissement pour plusieurs raisons. Si l’on se réfère à l’épicerie de luxe la plus belle au monde avec une restauration nocturne ; tout épicurien aura j’espère eu la chance d’aller une fois chez Roscioli à Rome qui est un modèle du genre et un rêve culinaire.


Maintenant ce n’est pas n’importe qui qui s’est associé ici puisqu’il s’agit de Jordi Vila du réputé et excellent Alkimia/Alkostat. Donc a priori, tout pour une brillante réussite mais la réalité est assez différente. Bien entendu une réservation obligatoire avec deux formules, des tables hautes dans le magasin pour plutôt des tapas et quelques tables à l’arrière pour une restauration plus classique,  mais franchement se trouver entre quatre murs derrière sans fenêtre près des toilettes….non merci.


Donc la…l’expérience ultime…c’est plutôt le magasin pour la vue déjà à l’intérieur et aussi sur la rue. Lumière du jour et convivialité seront normalement au rendez-vous dans l’épicerie…mais…. La réalité fût assez différente.

Un accueil plutôt médiocre, nous sommes placés à l’une des tables et trois minutes plus tard on me demande ce que je veux sans avoir eu le temps de prendre connaissance de quoi que ce soit. Puis une attente…une longue attente…trois inexpérimentées serveuses pas souriantes ne daignent même pas avoir un regard sur la clientèle et préfèrent clairement parler entre elles. Cela commence bien…

Après avoir plusieurs fois essayé de les approcher, finalement on arrive à passer une commande…. A noter que la prétendue sommelière essaiera de vous vendre les vins les plus chers de la carte… Ben voyons… Si je veux un grand vin, cela ne sera pas ici avec un tel service et la proposition culinaire, ce sont des petits plats, donc je m’attends pour le déjeuner a une offre plus légère que des bouteilles parfois au-delà de 50 euros.

La carte est plutôt intéressante avec des plats catalans classiques mais souvent revisités. Des charcuteries, des fromages, des omelettes, et toute une série de petits plats. Le concept tient la route, la sélection est intéressante. Un peu pris de haut on ne sait pourquoi par ces serveuses qui s’imaginent être probablement parfaites, nous réussissons finalement à passer commande.

Our commencer une « Esqueixada », une salade d'été typique de la cuisine catalane. Elle est composée principalement de morue dessalée déchirée en lambeaux (bacallà esqueixat en catalan) mélangée normalement à divers légumes méditerranéens comme des tomates ici, oignons blancs, poivrons et olives. On l'assaisonne avec du sel, du poivre, de l'huile d'olive et du vinaigre. Ici c’est un peu le minimum avec des tomates qui pourraient sortir de boite et quelques tomates cerises. Franchement, peu faire mieux.

Comme une croquette de de rôti « trencada », qui si je comprends bien signifie ici en morceaux ou cassée. Une tout petite assiette avec une base de purée de pommes de terre avec sur le dessus une sorte de croquettes écrasées. Pas sûr de comprendre l’objectif de ce dressage, mais c’est tiède…pour ne pas dire autre chose. Retour en cuisine et nouvelle assiettes quelques minutes plus tard. Ce n’est tout de même pas compliqué de servir quelque chose de chaud surtout qu’il y a deux tables ! Ni mauvais et ni excellent non plus.

Un très bon tartare à l’anguille fumée bien entendu a un prix pas donnée et qui semblerait être un peu le plat phare ici. Avec quelques tranches de pain que je qualifierais plutôt de type biscotte et un beurre tiédasse. On aurait tout de même espéré un pain grillé de qualité, a nouveau…effort minimum.

Dernier plat avec des tripes à la catalane avec pommes de terre aïoli et jambon Joselito. Tout à fait correctes mais assez ordinaires.

Comme bouteille, un Microvins 2020 Syrah, vin rouge, vieilli en fûts de chêne français, pendant 19 mois. Les Microvins sont des monocépages de vieilles vignes (certaines de plus de cent ans) de variétés indigènes et de parcelles d’extrême typicité.

On viendra une fois comme dans un musée, cuisine simple et normalement exécutée sans de gros efforts, des prix évidemment sur le haut, un service pas très disponible, on se demande en sortant si ce n’est finalement pas un attrape gogos…


dimanche 23 avril 2023

Grosso Napoletano, Barcelone

 

Chaque année, ce sont de nouvelles pizzerias qui ouvrent à Barcelone alors que l’on pourrait se dire qu’il y a déjà une certaine saturation et ce ne sont pas les établissements d’une certaine qualité qui manquent. Alors quelles sont les raisons à vouloir sans arrêt ouvrir de tels établissements ? La demande ? Le fait que l’on souhaite avoir la possibilité de manger à des prix raisonnables ? Les nouvelles générations qui apprécient ce type de cuisine ? Probablement un peu de tout. 

Grosso Napoletano qui est une chaine de pizzeria née en 2017 avec déjà trois emplacements en ville est considérée comme l’une des 10 meilleures chaînes de pizzerias artisanales au monde. Débarqué il n’y a pas si longtemps que cela après de premières étapes à Madrid et Valence. 

Bien entendu de la pizza napolitaine qui répond à des critères précis, qui ont mêmes été documentés dans un cahier des charges édité par l’association des Pizzaïolos de Naples ! Normalement elle doit mesurer 3mm d’épaisseur sur les bords et 2mm au centre. La garniture sera une déclinaison de La Margherita : on  pourra y ajouter de l’ail, de l’origan, des tomates fraiches. Quant à la cuisson, elle doit se faire dans un four très chaud (480° pour les fours à bois traditionnels) pas plus de 90 secondes. Mais cela c’est pour les puristes. Bref celles et ceux qui préfèrent la pizza romaine…ce n’est pas ici. A noter que c’est difficile d’en trouver ici.


L’approche de la fabrication de pizzas authentiques comprend quatre éléments clés : la base qui est doublement fermentée à Grosso Napoletano en utilisant de la farine italienne 00 et du levain qui est laissé reposer entre 48 et 72 heures, il a une croûte très distinctive. Élastique au milieu, la base est lisse et pas trop moelleuse.


L’architecture de ce restaurant semble être commune à tous les établissements : le four à pizza au feu de bois est au centre de la scène, fabriqué par des artisans de Naples. Avec une décoration et une atmosphère dans le pur style new-yorkais, on a vraiment l’impression d’être plus aux Etats-Unis qu’à Barcelone.  Un bar sur la gauche de l’entrée et des tables tout autour du four.

Bien sûr, les ingrédients italiens authentiques sont également cruciaux, avec de la mozzarella, de la fio di latte et des tomates San Marziano importées directement d’Italie sur une base régulièred e Naples. Ensuite, il y a les pizzaïolos ou les Pizzaioli qui sont tous de Naples et spécialement formés. Enfin, le four à bois au centre du restaurant, en pierre, avec une technique transmise de génération en génération au sein de la même famille.

Pour commencer un plat bien entendu très classique mais pas forcément toujours disponible à Barcelone, un Vitello Tonnato. Je dis cela car trouver du veau n’est pas simple en Catalogne. Ici c’est bien du veau blanc rond tranché, accompagné de câpres et de la mayonnaise au thon, anchois et câpres. La viande est tendre, heureusement ce n’est pas inondé de sauce comme c’est toujours trop souvent le cas, deux types de capres sur le dessus. C’est bien cuisiné.

Parmi les 12 pizzas qui composent le menu, vous trouverez sûrement votre préférée.

Nous avons opté pour deux classiques : une prosciutto e funghi, avec une base de tomate San Marzano, mozzarella fiordilatte, prosciutto cotto, champignons frais et basilic. Authentique pizza, c’est indéniable.

Une autre appelée Pommo D’Oro 2020, à base de tomate San Marzano, variété de tomate demi-sèche, tomate cerise marinée, burratina et pesto, qui a mon goût était supérieure car un goût de tomate plus marqué, un fromage plus crémeux qui me plait mieux car la mozzarella après quelques minutes fige un peu.

Il y a des options sans gluten et bien sûr des vins et des desserts italiens pour garder l’humeur dynamique. Le Tiramisú et le Banofi sont tous deux incontournables ! Mais cela sera un vin espagnol, un Espinela Ribera Del Duero Tempranillo 2020.

Sans aucun doute, avec l’atmosphère du local de la rue Casanova et son emplacement privilégié près de la rue Tusset, Grosso Napoletano est un point de rencontre pour de nombreux jeunes pour manger de très bonnes pizzas.

mercredi 19 avril 2023

Barna Brew, Barcelone

 

C’est toujours un grand plaisir que de venir prendre une des bières de Barna-Brew dans le quartier de Sant Antoni. Une des particularités c’est le côté très plaisant de la décoration un peu industrielle et l’ambiance toujours très décontractée. C’est aussi ici que l’on appréciera des bières artisanales plutôt particulières car inspirées des techniques de fabrication belges.



Salle comble, la sélection du moment étant bien entendu leurs propres bières mais aussi souvent une bière invitée comme ce soir la Tokiski de la micro-brasserie La Font del Diable.



Aujourd’hui c‘est un peu une soirée spéciale car il y a une live session avec de Choro, Bossa nova et Jazz avec Gabriel Fortunato et Bruno Butenas.  Un très bon moment passé en prenant quelques bières.