samedi 30 novembre 2019

La Catalista, Barcelone


Il faut d’entrée féliciter ce nouveau concept ouvert en juillet dernier, qui consiste à proposer toute une série de vins au verre accompagnés de petits plats tous très alléchants. Par là je veux dire que l’on trouve un certain nombre de bars à vins à Barcelone, certains offrant de simples tapas ou quelques mets plutôt peu élaborés et orientés sur le produit ou des conserves de qualité mais rarement de la cuisine originale et de qualité. Pas un bar à tapas avec de bons vins, mais plutôt l’opposé...Quoi que l’on puisse considérer cela avec un autre point de vue. A l’origine de cette nouvelle aventure, la cheffe d’un établissement bien connu de Barcelone pour sa cuisine asiatique-fusion de « Hawker 45 », Laila Bazham et une sommelière au nom de Erin Nixon d’origine américaine.


Situé dans le quartier du Born au coin d’une rue, ce bar a vin et bistrot séduira tous ceux qui souhaitent un passer un très bon moment à découvrir une superbe collection de vins biodynamiques et naturels, puis choisir de petites assiettes parfaitement étudiées pour accompagner chaque type de vin.


Un espace bien aéré et lumineux avec de hauts plafonds, du marbre blanc, des plantes tombantes, des miroirs, un bar informel avec de grandes baies vitrées et quelques tabourets.




Puis une petite salle à l’arrière ai l’on souhaite un repas plus formel ou tout simplement plus confortable.





Erin qui également supervise la salle sera à votre service afin de s’assurer que vous choisissiez les vins les mieux adaptés à vos assiettes si vous préférez vous pourrez aussi suivre les recommandations de la carte. Carte avec des feuillets qui correspondent aux types de vins ou plutôt leur couleur, où l’on trouvera 13 plats associés à 13 différents vins de petits domaines. A vous de choisir par quel côté vous souhaitez-vous focaliser sur les vins et vous prendrez les plats recommandés, où alors vous choisirez les plats et les vins associez ou encore comme nous, choisir avant tout les assiettes et prendre une bouteille.


Une cuisine assez internationale, légèrement fusion, inspirée par l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie. Des ingrédients qui semblent étonnants par leurs associations mais qui fonctionnent parfaitement.


Par exemple ces piments piquillo farçis au caviar d’aubergines et sésame, sauce romesco, noisettes et raisins. Une orientation espagnole avec ce plat puisque la chair de ces poivrons del piquillo est douce, très fruitée et leur texture moelleuse. Sans peau ni pépins, ce sont des légumes ultra simples à accommoder. Ce sont des poivrons d'un rouge intense, grillés au feu de bois et préparés entiers, épépinés et pelés. Fondants et charnus, leur goût doux est particulièrement fruité et très apprécié dans la cuisine du Pays Basque. Ici farçis donc avec une préparation que l’on trouve souvent dans les pays levantin et avec une touche locale puisque l’on trouve la sauce romesco bien locale. Un touche un peu douce avec ces noisettes et raisons secs, puis quelques herbettes.


On restera dans une thématique similaire avec ces légumes « racine » grillés avec un houmous à l’ail noir, labneh, fleurs de tournesol et pain plat. A nouveau le Moyen-Orient avec cet houmous mais encore ce fromage crémeux et populaire dans cette région de la terre avec comme accompagnement des pitas. Léger, parfumé et délicat.


Toujours dans un registre végétarien et ce n’est pas vraiment un choix délibéré, de très bonnes frites de polenta avec une mayonnaise au Hoisin et légumes au vinaigre. Bien dorées, sur des feuilles de salade. Avec la saveur de la sauce Hoisin mais mélangée à de la mayonnaise, qui à la base est épaisse, sa couleur brun-rouge, et on peut la considérer comme une sauce BBQ asiatique. Elle s’utilise par exemple comme trempette pour les dumplings, boulettes, mais aussi en marinade et en assaisonnement, surtout pour les viandes (comme le canard ou le porc). Comme je l’ai dit, travaillée avec de la mayonnaise, sur le dessus concombres et oignons rouges aigre-doux.


Un vin blanc pour accompagner du domaine Sota Els Angels, un Flow 2018 Blanc de Noir, un vin jeune, naturel et vif, qui se boit facilement sans complications. Au nez, des arômes d’agrumes, avec des notes de fleurs blanches. En bouche, une acidité forte mais pas agressive, c’est un vin vif, long et profond.


Une parfaite adresse pour les amateurs de belles bouteilles choisies avec soin, de plats différents et gourmands, pour ceux à la recherche d’un endroit convivial et sans prétention où l’on peut prendre ce que l’on a envie entre plats végétariens ou non. Un décor actuel bien pensé, un lieu de rencontre vraiment idéal.

dimanche 24 novembre 2019

Agreste, Barcelone


Sixième visite chez « Agreste » anciennement « Mala Hierba » où l’on ne lasse pas de revenir car à chaque fois ce sont de nouvelles assiettes que nous cuisine Fabio et qui sont élogieusement présentées par Rous. De là à dire que nous devenons des habitués, cela devient effectivement le cas.


La grande nouveauté cette fois-ci c’est que pendant la période de fermeture estivale, ce charmant couple à profiter de transformer la première salle par laquelle l’on entre qui faisait plutôt bar avec quelques tables de type plus bistrot. Déjà la porte d’entrée est plus esthétique car celle-ci est oblique, permettant d’avoir quelques jolis pots et plantes.


L’intérieur est beaucoup plus en harmonie avec la seconde salle car les murs ont été reblanchis, le bois ainsi que plafond et poutre sont d’un ton vert, les lumières sont plus stylisées. C’est devenu maintenant beaucoup plus une salle de restaurant que par le passée, comme quoi avec un coup de peinture on peut agréablement transformer un endroit.





Mêmes observations dans la salle principale, même ton vert des parois boisées et poutres blanchies.



Fabio toujours aussi souriant et chef d’orchestre en cuisine.



Comme d’accoutumée, cela sera les plats que nous ne connaissons pas que nous recommandera Rous. On appréciera toujours grandement cette superbe créativité où l’on associe des recettes d’inspiration espagnole mais souvent en y incorporant quelques des ingrédients italiens. Et comme je me le plat à dire à chaque fois, des jeux de saveurs complémentaires, des textures étudiées et un visuel toujours séduisant. Par example plur démarrer cette « Esqueixada » de morue Perello, salmorejo, aubergine fumée, huile de basilic et oignon rouge à l’aigre-doux. A la base une salade d'été typique de la cuisine catalane. Elle est normalement composée principalement de morue dessalée déchirée en lambeaux (bacallà esqueixat en catalan) et comment on le comprend, provient de l’un des meilleurs fournisseurs en ville, « Perelló 1898 du Mercat del Ninot. Morceau de morue au milieu de l’assiette avec non pas de la tomate en morceaux mais cette soupe andalouse un peu compacte qui elle aussi comporte de la tomate. L’aubergine pour le côté fumé, la fraicheur verte de l’huile parfumée et le côté acide de l’oignon. Quelles belles associations.


Bien entendu un bref voyage vers l’Italie et le Piémont avec des Tagliolini faits « maison » à l’œuf et cèpes. Les tagliolini  ou aussi appelés tajarin, sont un type de pâtes alimentaires typiquement italiennes, une spécialité traditionnelle de ce  Piémont. Variété de pâtes longues, en forme de rubans très fins, confectionnées à base de semoule de blé dur et d'œufs qui mesurent 2 à 3 mm de largeur pour moins d'un millimètre. Elles sont traditionnellement cuisinées avec des sauces légères, des champignons (comme les fameuses truffes blanches d'Alba), ou comme ici un excellent fond de viande et de champignons avec des cèpes en lamelles sur le dessus.



Ce soir c’est vraiment vers l’Italie que nous lorgnons avec ce risotto au parmesan, ragu d’abats de poulet. Un plat pour connaisseurs et amateurs « d’assiettes différentes » quoi que c’est un plat un peu inspiré du « ragu alla Cavour » ! Il semble que Camillo Benso, comte de Cavour, en plus d’être un grand homme d’État, était aussi un bon vivant qui aimait se livrer aux plaisirs de la table. En effet, il aurait également utilisé la bonne cuisine comme moyen de diplomatie, de sorte que la cuisine piémontaise comporte plusieurs plats associés à son nom. Ce ragù fait partie de ceux-ci et est utilisé pour assaisonner les tagliatelles fraîches afin de les saupoudrer abondamment de parmesan râpé. On y trouvera donc dans cette sauce des abats de poulets tels que foie, cœur, rognon, crête et testicules. Maintenant cela peut aussi être inspiré de « La finanziera » qui remonte à 1450, typique du Bas-Piémont. A l’origine un  plat  de pauvres préparé avec la réutilisation des abats du bétail. Bref, Fabio nous concocte quelque chose de superbe mais ici sur son fameux risotto cuit à la perfection avec bien entendu du riz carnaroli. Fond de sauce fabuleux sur ce plat d’une très grande gourmandise.


Autre magnifique plat de pâtes, ces tortellis aux œufs à la joue de bœuf avec sur le dessus des chanterelles poêlées avec leur jus. Un type de pâte farcie préparée traditionnellement dans les régions de Lombardie , d' Émilie-Romagne et de Toscane en Italie. On peut le trouver sous plusieurs formes, notamment carrée (semblable aux raviolis ), semi-circulaire (semblable à l' anellini ) ou torsadée en une forme arrondie en forme de chapeau (semblable à un cappelletti) comme ici.



En plat principal, un de ces plats rassurant et très bien exécuté, de la queue de taureau vin rouge et trompettes de la mort.


Nous reprendrons un dessert presque connu mais tout de même transformé, le  Kadaïf à la crème à l’eau de rose, figues et sirop de citron vert. C’est est une pâtisserie feuilletée, trempée dans un sirop, réalisée à base de kadaif (cheveux d'ange), mais ici avec cette crème légère bien entendu à la saveur moyen-orientale et allégée avec la fraicheur de ces irréprochables fruits de saison.



Puis leur tiramisu qui lui restera un peu plus conventionnel.



Comme vin rouge, un Unsi Terrazas Tinto 2016 Garnacha de Montana élevée en Navarre, sur des terrasses situées entre 600 et 700 m. d'altitude, dans les zones d'accès difficile à San Martín de Unx. Une belle acidité et des tanins souples qui accompagnera parfaitement la texture et la saveur de la queue de toro.


A nouveau, une superbe soirée gustative avec cette fois-ci des clins d’œil plus axés sur l’Italie, mais cela reste aussi une question de choix. Des plats toujours aussi bien réalisés par l’équipe en cuisine, une table où l’on ne se lasse pas de revenir.

samedi 23 novembre 2019

Bodegueta de Cal Pep, Barcelone


On s’imagine souvent que les bodegas à Barcelone ne sont que principalement que des lieux pour soit boire, soir acheter du vin et manger quelques tapas. La plupart des tapas assez simples, plutôt bons mais c’est surtout pour l’ambiance que l’on y va avant de trouver de la gastronomie comme par exemple les bars à pintxos de San Sebastian. Mais ce fût une très grande surprise que de découvrir cette exceptionnelle adresse plutôt bien cachée ou alors seule connue bien évident des locaux du quartier, la « Bodegueta Cal Pep ». Des « Cal Pep », il y en a plusieurs à Barcelone et il ne faut pas les confondre avec cette « Bodegueta » du quartier de Sants.



Une bodega de « tous les jours de la vie », ce qui veut dire où l’on vient à n’importe quel moment, pour le côté social, le côté festif, côtoyer les gens du quartier et surtout le côté très authentique. Depuis 1998, cette bodega sert de divines tapas, dans un décor de vieux tonneaux et de tables en marbre.  Aujourd'hui, malheureusement, la plupart de ces bodegas ont disparu et il n'y a que peu de caves qui conservent le concept et l'image d'antan.




Un décor qui date de 1927 et encore intact avec des murs avec des armoires pleines de vieux siphons et de bouteilles en verre vides et de ces authentiques vieux frigos boisés qui sont tout simplement fonctionnels mais qui pourraient passer pour des pièces de collection.




Dès midi et il vaut mieux arriver de bonne heure car ensuite l’on reste debout, on y voit servir des canas, des quintos (petites bières) et bien entendu des vermouths défilent sur le comptoir, tandis que les locaux viennent souvent y acheter du vin en vrac.


Pour remplir les estomacs, le propriétaire Angel Congostrina que l’on voit souvent sortir de sa cuisine et servir directement le client à sa table offre le meilleur de la mer. Des produits très frais, des conserves et toute une série de petits plats magnifiquement réalisés. Il semblerait qu’il soit le troisième propriétaire et qu’il ait su préserver la tradition de manière irréprochable. Tout vient du marché à côté, moules, crabes, couteaux, seiches, calamars et coques d'une fraîcheur impeccable.


Les calamars frits sont excellents, pas huileux pour un sou, pas non plus gommeux, juste parfaits.


Les somptueuses petites côtelettes de lapin pannées et servie sur des piments del Padron est un vrais « must » et régalera plus d’une personne. Un plat finalement pas si simple à trouver.


Les couteaux qui en fait sont des « canyuts » est aussi une rareté car proviennent du delta de l’Ebre et généralement ne sont que servis dans des établissements gastronomiques. Ceux-ci sont préparés à la plancha avec une fine sauce à base de persil et ail.


On trouvera d’autres mets tels que des beignets de morue et de petits poissons frits (pescadito frito) tout bonnement délicieux.

Indéniablement l’une des plus belles bodegas en ville avec une ambiance fabuleuse, une cuisine réalisée avec beaucoup de savoir-faire, des produits d’une incroyable fraicheur et de première qualité.