Quel
incroyable endroit et quel nom bizarre que cet établissement… C’est une
expression de l’ancien grecque qui
signifierait « la majorité »
et en Angleterre décrit la classe ouvrière, les masses, les gens normaux...
et puis par la suite l’élite… Allez comprendre…
Il faut tout
d’abord savoir que l’hôtel Ace de New-York est un lieu incontournable des
hipsters de la ville ou officie le chef April Bloomfields. C’est donc à
Shoreditch que vous trouverez le petit frère de celui de New York et c’est la
qu’a été créée une brasserie moderne au nom de Hoi Polloi.
Une fois
arrivé en face de l’endroit présumé vous serez un peu surpris car rien n’indique
vraiment qu’il s’agit d’un hôtel à part une horloge au look rétro et encore
moins qu’à l’intérieur se trouve une table qui fait en ce moment un sacré buzz.
Ouvert seulement depuis le mois d’octobre, les branchés-lookés se donnent
rendez-vous dans cet endroit de ce quartier de Shoreditch.
Pour y
accéder, deux possibilités. La première plutôt originale car l’entrée s’effectue
depuis un petit magasin de fleurs et la seconde par le hall du présumé hôtel.
Vous allez vite comprendre pourquoi, présumé..
J’en ai
déjà fait des hôtels mais comme celui pas vraiment… Un hall d’entrée où l’on
trouve plusieurs bars, un photomaton, des bicyclettes japonaises, des gens en
train de boire des bières ou cocktails, dans un mélange un peu industriel,
moderne scandinave et galerie d’art. On peut même observer un coin DJ avec des
platines… Je ne suis pas sur encore en ce moment ou la réception est est à
moins que cela soit le coin ou se trouvait il me semblerait de la vente de
t-shirts comme au Hard Rock café… C’est noir de monde, il y a une ambiance
festive. Unique dans son genre.
En partant
sur la gauche et dépassé un couloir artistiquement délabré vous arriverez au
Hoi Polloi mais comme précédemment décrit, passer par le magasin de fleurs de
Hattie Fox depuis l’extérieur est plus que surprenant.
La salle de
restaurant est également étonnante dans son design en même temps retro et
contemporain. Difficile de savoir si c’est beau ou non, toujours est-il que l’impression
générale fait penser au style scandinave des années 50. Un peu salle d’attente,
un peu brasserie ou cafétéria chic, un peu ancienne salle de bal, on ne peut
pas vraiment décrire précisément cet endroit mais il y a quelque chose d’un
peu magique.
Des parois
de bois en lambris étroit, des lampes en formes de boules, des tables
recouvertes de linoléum, des lustres du designer Philippe Malouin, un bar sur
un coin et les cuisines de l’autre côté. Ce qui me surprend tout de suite c’est
cette coolitude avec certaines tables avec des poseurs, une autre avec une
femme fatale qui boit des cocktails ou alors la sortie entre amis installés sur
des banquettes.
Musique des
années 80 ou électronique pas trop forte qui apporte au tout une ambiance
vraiment très agréable. Aussi, la structure de la pièce étant carrée, il y a
passablement de passage mais cela ne gène aucunement. Au contraire, c’est
presqu’un spectacle d’observer les gens arriver…partir… de regarder le
personnel en sweat-shirt au logo de la maison s’occuper de la clientèle de
manière plutôt très efficace. Ce soir puisque nous sommes en prériode de fêtes,
nous avons droit au sapin qui est éclairé presque de manière kitsch… C’est vraiment un endroit très particulier d’un
nouveau genre.
En
regardant les cuisines, j’observe qu’il y
a une sacrée brigade et que cela fonctionne de manière très structurée. J’ai
plus l’impression d’être dans un restaurant gastronomique que dans une sorte de
brasserie.
Un très
sympathique membre de l’équipe de salle me tend le menu qui ressemble presqu’à
un journal avec des rubriques, petit-déjeuner, lunch, repas du soir et même
repas au delà de 23 heures. Ce qui signifie que l’endroit est ouvert en continu
et que la carte change en fonction des heures, ce qui est un concept vraiment
très bien pensé.
Le choix
est plutôt limité avec cinq entrées et une dizaine de plats principaux. A
priori des plats britanniques mais
plutôt inventifs en tout cas sur le papier. Je trouve tout de suite mon bonheur
car les intitulés sont plutôt alléchants.
Comme d’habitude
on m’amène une corbeille d’excellents pains et de l’eau gazeuse. Je m’aperçois
qu’il est devenu une tradition dans tous les établissements fréquentés
récemment que d’être servi une eau faite maison soit plate ou gazeuse dans des
bouteilles personnalisées en lieu et place d’être proposé ces eaux souvent à
prix prohibitif qui frise parfois l’arnaque dans certains établissements en Europe. Pour illustrer cela, l’eau m’a été comptée 1.5 GBP !
La carte
des vins est vraiment belle avec des vins au verre ou en carafe mais je suis
plus attiré par la surprenante liste de bières londoniennes dont je n’avais pas
connaissance. Sur les conseils de on serveur je prends une Beavertown Gamma
Ray, American Pale Ale, ABV 5.4%. Une bière avec un mélange de malt : Simpsons
Best, Caragold, Caramalt et de houblon : Magnum, Columbus, Bravo,
Amarillo. Très parfumée et délicate en bouche.
Mon entrée
intitulée sobrement broccoli et morue va plutôt me surprendre grandement car c’est
un plat vraiment exceptionnel digne d’une table gastronomique. Visuellement
très engageant et au niveau saveur et texture absolument délicieux. Les broccolis
sont en petits morceaux et ont été préalablement poêlés. Sur chacun, un morceau
de morue légèrement cuite sur laquelle des brisures de noisettes grillées ont
été déposées. En dessous, deux sauces très onctueuses avec une première
réalisée avec du broccoli et la seconde avec la morue. Ne pas oublier les
quelques capres qui apporte une touche acide au tout. Ce plat est une vraie
réussite et admirablement pensé.
Je poursuis
avec l’agneau confit pressé, topinambour, radis, madeire. Il s’agit d’une
timbale d’gneau qui a du cuire de longues heures ; la viande a été réduite
en petits morceaux et reconstituée dans un moule. Sur le dessus une mousse
légère de topinambours avec quelques chips du même légume. Un lit d’épinards
sautés, quelques légumes croquants rapidemment blanchis comme de la carotte et
des lames de radis et une délicieuse sauce ou plutôt bouilloin à base de vin de
Madeire. Le tout est incroyablement gourmand, léger et magnifiquement réalisé.
Je suis
tellement impressionné par cette cuisine que je me décide pour un dessert ;
le coing mariné dans un vin épicé, sorbet au babeurre et noix caramélisées au
miel. En règle générale je ne suis que rarement impressionné par les desserts,
mais je vous garantis que celui fut au dela de toutes mes attentes. Une base
type shortbread-génoise sur laquelle des morceaux de coings imbibés d’une
préparation type vin chaud ; sur le côté ce sorbet légèrement acidulé
donnant un coup de fouet en bouche et contraste parfaitement avec la sauce du
vin chaud bien concentrée et la touche croquante avec les noix croustillantes.
Un très bon dessert.
Je ressors
de Hoi Polloi avec de l’étonnement car j’ai vécu un moment assez innatendu ;
une ambiance inhabituelle, un lieu vraiment différent et surtout une cuisine
bistronomique de haut niveau. C’est vraiment une très grande réussite à tout
niveau et le buzz est vraiment plus que justifié…
Quand je me
remémore que sur le menu page 6 il est
écrit dans un coin « Pourquoi retourner chez soi ? Restez pour la
nuit, demandez à votre serveur les disponibilités et nous espérons vous revoir
pour le petit déjeuner de 7 à 11 heures », on est plus que tenté…
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