Christmas
Eve, San Francisco… Mais ou aller diner en famille? Voila une situation pas
facile à gérer sachant que cela ne m’était jamais arrivé avant ce soir. Après
maintes recherches me voici décidé de passer cette belle soirée au
« Boulevard ».
Dans un
quartier face à l’océan appelé Embarcadero, sur un coin de rue l’endroit ne
peut être manqué. Ouvert depuis 1993, dans un bâtiment historique appelé
Audiffred Building, Boulevard est supposé être l’un des meilleurs restaurants
de San Francisco.
Un très
beau bâtiment de briques face aux quais longeant la baie qui est illuminé
élégament autour de chaque fenêtre. A travers les vitres décorées avec des
couronnes de sapin, on ne peut que se réjouir de l’ambiance intérieure qui y
règne.
Le chef
Nancy Oakes, figure emblématique de la ville peut se vanter de mener l’une des
tables les plus réputées de Californie. Sensée toujours impresssionner, elle
propose une cuisine américaine classique avec des influences françaises dans un
environnementr où l’on est toujours choyé. Toutes ces bonnes raison m’ont
rapidement fait penser « que de mieux pour une telle soirée » tenant
compte du côté très agréable de l’environnement et du type de cuisine?
Une fois à
l’intérieur, on est tout de suite impressionné par la beauté de l’endroit. L’intérieur
est plutôt élégant avec un décor de style belle époque. Un très beau bar sur la
droite invite à démarrer la soirée en prenant l’un des très intéressants
cocktails avant de passer à table.
La salle principalement
en longueur laisse encore apparaitre les
éléments architecturaux de l’édifice avec entre autre le plafond de brique
amenant un côté plutôt brut mais les
tables sont vraiment joliment dressées avec des nappes blanches. L’ensemble
avec ces meubles un peu art-déco peut faire penser à une brasserie française
assez chic. Au fond à droite, la brigade que l’on peut observer si l’on décide
de dîner au comptoir.
Les lampes,
style Gallé apportent aussi une douceur dans les éclairages, conférant au tout
encore plus de charme.
Comme dans
tous les endroits plutôt luxueux américains, le service est de premier ordre.
Notre serveur nous tend les cartes ainsi que celle des vins ou j’y trouve une
très belle sélection. Pas de menu de Noël ce soir mais la carte du moment qui
ici est plus qu’alléchante.
Les « ravioli
di mare » ; des Cappelletti au homard et crevettes de rochers,
salsifis caramélisés, sauce aux trompettes de la mort, truffes blanches de l’Oregon.
Voici un plat absolument festif ! Les Cappelletti sont des pâtes qui ne
sont généralement que préparées pour les périodes de fête en Italie. Réalisée
avec des œufs, elles sont ici finement farcies de ces magnifiques produits de
la mer. Sur chaque pâte, une tranchettes de salsifi, un concentré de trompettes
et surtout la truffe blanche qui à mon grand étonnement se trouve aussi ici aux
Etats-Unis. Une vraie entrée de fête parfaitement réalisée et d’une belle
gourmandise.
Une
parenthèse pour dire que les truffes sur le territoire américain commencent à
avoir une excellente image ici, d’autant plus que leur prix est plus
intéressant que l’exportation de la melano. Il s’agit de Tuber oregonense et Tuber gibbosum (Truffe blanche de
l’Oregon - T. gibbosum var. oregonense),
il y aurait trois variétés de cette truffe utiliséee par les cuisiniers
Nord-Américains. Ici probablement de la Tuber
oregonese, truffe blanche d’hiver récoltées d’octobre à février dans en
Oregon. Elle se déniche sous les sapins douglas à une profondeur d’environ
10-25 cm. Au moment de la récolte, on remarque au nez une note très
particulière d’ananas et de mangue.
Pour une
autre personne, une burrata, betterave et citrus. Une assiette haute en couleur
avec une délicieuse burrata bien crémeuse de la compagnie fromagère californienne
Gioia de South El Monte ; des betteraves rouges et Chiogga (celles qui
sont en strates rouges et blanches) poêlées, des morceaux d’orange Cara Cara
qui sont une espèce Navel plutôt douce et peu acidulée ; du pamplemousse
Oro Blanco issu du croisement d’un pamplemousse et d’un pomelo, seulement
commercialisé d’octobre à mai avec une pulpe blonde, très juteuse, d'une grande
douceur ; une aillade de noisettes d’Oregon. C’est une assiette de grande
fraicheur avec à nouveau des produits magnifiquement sélectionnés.
Pour moi
des coquilles Saint-Jacques de Nantucket avec du crabe de Dungeness ; une
polenta noire, une panzanella qui est une une salade florentine à base de pain
et de tomates ; du lard de porc Uni & Mangalitsa ; de l’huile
nouvelle de chez Laudemio Frescobaldi, l’une des meilleures huiles Toscane. Je
suis vraiment ébahi par le choix tellement précis de tous les ingrédients de
ces assiettes. Ma polenta à l’encre de seiche est subblime, le crabe et les
coquilles cuites à la perfection, la petite salade d’une grande finesse, l’huile
magnifiquement parfumée. C’est un plat magique d’une énorme gourmandise.
Quatrième
entrée avec des huitres Hama Hama croustillantes, carpaccio de bœuf Zabuton,
quelques épinards sauce Hollandaise, huile d’épinards de nouvelle-zélande,
raifort frais râpé. Ce sont des huitres de l’Olympic Peninsula de l’état de
Washington qui ont été frites, un carpaccio de bœuf de Kobe, quelques feuilles
d’épinards relevées par le raifort, l’huile et quelques touches de sauce
Hollandaise. Les associations sont un peu folles mais c’est une réussite
totale.
Voici
quatre magnifique entrées vraiment originales avec des produits plus qu’exceptionnels
qui ont été grandement appréciées par tous les convives.
On poursuit
avec des coquilles Saint-Jacques à la plamcha, ail et thym. Risotto noir avec
des champignons oreilles, bacon, brandade de poireaux, cœurs d’artichauts
croustillants, petite sauce citronnée au homard et coquillages. Cette assiette
est d’une grande beauté. Le risotto à l’encre est onctueux, les Saimt-Jacques
absolument parfaites ; l’accompagnement de légumes magnifique.
Pour une autre personne le filet de bœuf Angus
rôti au four ; pommes de terres croustillantes à l’espagnole sur une
mousse de pommes de terre à l’aioli, des épinards Bloomsdale, des échalotes
confites, du fromage manchego agé, un peu d’ail et de persil, des pignons et un
jus de bœuf. La viande est un rêve, les sauces sont prodigieusement parfumées,
c’est un plat classique mais réalisé à la perfection.
Autre plat principal le T-Bone d’agneau
californien cuit au four à bois, servi sur l’os. Pistaches de siciles, raisins
Hamada rôtis, crème de chou-fleur et citron, pommes
de terre péruviennes, jus d’agneau au romarin et baslamic au genièvre. L’agneau
fond dans la bouche, les accompagnements sont équilibrés dans le dosage. Une
assiette a nouveau un peu classique mais parfaite.
Pour moi
une côte de porc de la ferme Eden Valley Berkshire cuite au feu de bois, poitrine
de porc fumée, pommes de terre du Yukon avec une sauce moutarde et pin de l’Oregon,
blettes et navets de Tokyo sautés, graines de moutarde vinaigrées et jus de
porc. Une viande de porc comme rarement
dégustée. Assez semblable au porc de Bigorre, ici parfaitement asaisonnée dans
un magnifique jus et quelques légumes bien croquants.
Les dessert
arrivent qui sont à la limite du décadent… mais tellement généreux en saveur.
Ce type de desserts que l’on ne trouve probablement plus en Europe ; assez
sucrés, avec des ingrédients ou recettes de base, mais qui sont des desserts de
fête.
Une tatin
chaude à la poire Bartlett, glace à la crème fraiche, crumble de noix, poires
asiatique et grenade. Le dessert parfait pour les amateurs de tatin. C’est tout
simplement délicieux.
Mon dessert
restera ancré dans ma mémoire à tout jamais malgré qu’a priori ce soit plutôt
très riche, sans recherche culinaire mais le résultat fut simplement
prodigieux. Un pudding au beurre de whisky, crème bavaroise au chocolat, granola
au sirop d’érable et biscuit aux noix de pécan. Le dessert aux goûts enfantins
dont on rêve presque de s’étouffer avec…
Et pour
finir un gateau au chocolat sans farine avec une glace au sucre brun, sauce hot
fudge, noix de cajou caramélisées, petites sucreries au cacao. Encore un très
bon dessert classique et très rassurant.
Avec ce repas très bon un pinot noir Handley de l’Anderson Valley en 2009 avec des aromes de cerise, prune, zeste d’orange.
Voila un vrais repas de fête malgré qu’aucun
des mets n’étaebit réellement ce que l’on mange pour Noël mais quel repas !
Des recettes repenseés, des produits exceptionnels, des saveurs d’une grande
gourmandise avec des touches parfois enfantines. L’endroit est beau, l’ambiance
unique.Pas étonnant que Boulevard ait reçu le James Beard Award pour le
meilleur restaurant de 2012.
Un endroit
pour des moments exceptionnels.
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