mardi 31 janvier 2023

Las Tres Mentiras, Barcelone

 

A mon grand regret, on ne trouve pas vraiment de réelles tables mexicaines à Barcelone dans le sens de réelle cuisine régionale et non pas du « street food ». Donc pas ces innombrables tables à Tacos ou même des adresses Tex-Mex qui sont souvent plébiscitées mais qui ne sont pas non plus des tables mexicaines. Difficile de comprendre pourquoi mais voilà…c’est une réalité.

C’est en consultant les réseaux sociaux que je trouve cette adresse qui tout d’abord ne se trouve pas dans une zone touristique et qui semble cuisiner un peu plus que du simple tacos. Dans Sants, une adresse qui à priori semble avoir du succès et un intérieur plutôt soigné. Non loin de la place d’Orca où l’on pourra prendre le vermouth avant de se sustenter dans cette nouvelle adresse.

Un intérieur avec une sacrée ambiance, un décor entre industriel et mexicain avec murs de briques apparentes, quelques tables avant d’arriver devant le bar où l’on peut aussi prendre un cocktail avant de passer à table.

Bar qui sert de séparation avec une seconde salle dans le fond un peu plus adaptée aux grandes tablées puisque sur l’un des côtés du mur, un longue banquette et des tables que l’on peut regrouper.



A droite de cette salle, la cuisine que l’on peut voir à travers le passe-plat.

Dans un coin on reconnaitra facilement la viande utilisée pour le taco al pastor.

Bien entendu un choix de cocktails aussi bien mexicains que sud-américains.

Pour commencer une margarita à l’abricot, avec tequila, brandy à l’abricot, agave et citron vert, parfaitement équilibrée et point trop sucrée. J’apprécie particulièrement leur Michelada une boisson mexicaine à base de bière, de jus de citron vert, de sauces assorties (souvent à base de piment), d'épices et de piments. Il est servi dans un verre réfrigéré à bords de tapin, mélange d’épices.

La carte propose évidemment des tacos comme je le mentionnais plus haut mais on trouvera aussi une sélections de mets plus authentiques ou plus comme je m’y attendrais. Trois petites sauces épicées en accompagnement, plutôt fraiches et parfaites pour accompagner ce repas.

Pas très original mais nous prendrons un guacamole avec des totopos. Malheureusement un peu fade, pas suffisamment pimenté et un manque cruel de coriandre fraiche. Oubli ou…non ? Totopos vraiment bons, ce qui est plutôt rare.

Puis de la bière mexicaine pour accompagner la suite du repas.

On peut prendre aussi en entrée une combinaison de tacos. Bien entendu de bons tacos ce n’est pas toujours facile à trouver, non seulement la tortilla mais les ingrédients sont aussi primordiaux, tels que les viandes cuites, les sauces, etc... On peut donc les commander par quatre ou deux mais du même genre. Pas difficile donc de panache ceux-ci. Les tacos au poisson style Baja. La cuisine Baja est distincte de la cuisine mexicaine continentale. Au fil des siècles, de nombreuses influences ethniques ont contribué à façonner le caractère culinaire de Baja. Le taco de poisson typique est originaire de Basse-Californie, au Mexique, et la préparation appelée dans ce pays « style Baja » est similaire à ce que vous pourriez trouver dans la péninsule mexicaine. Il s’agit généralement de poisson à chair blanche frit, de chou râpé et d’une sauce blanche crémeuse.

Le taco de poisson Baja aurait été inventé à San Felipe ou à Ensenada. Certains disent qu’il doit même ses racines à l’immigration des pêcheurs japonais qui se sont rendus au Mexique dans les années 1950 et 60, attirés par les courants d’eau froide et la biodiversité de la Basse-Californie. En tant que tel, le taco de poisson pourrait avoir été influencé par le tempura japonais traditionnel. Plutôt assez fiable à ce que cela devrait être et les tortillas sont bonnes.

Le tacos Al Pastor, leur spécialité, qui  est des morceaux de porc marinés finement tranchés qui font le meilleur taco. Sevi avec de l’oignon tranché, de l’ananas et de la coriandre. Al pastor est un plat traditionnel mexicain qui est fait avec du porc rôti à la broche et divers assaisonnements et garnitures. On pense qu’il est né au début du 20ème siècle, lorsque les immigrants libanais ont introduit le concept de viande rôtie à la broche au Mexique. Les immigrants ont utilisé une méthode traditionnelle du Moyen-Orient consistant à mariner la viande dans des épices et à la cuire à la broche, et l’ont adaptée pour utiliser du porc au lieu de l’agneau ou du mouton. Le résultat a été un plat délicieux et savoureux qui est devenu populaire au Mexique et s’est finalement répandu dans d’autres parties du monde. Aujourd’hui, al pastor reste un plat mexicain aimé et emblématique, et peut être trouvé dans les taquerias et autres restaurants mexicains à travers le monde comme ici. Le seul problème c’est que pour moi l’ananas devrait être bien plus caramélisé.

Puis les Cochinita pibil, viande de porc braisée à basse température avec de l’achiote cuite dans des feuilles de bananier.

Comme plat principal un excellent Mixiote d’agneau en sauce ivre. La mixiote est un plat typique de la cuisine mexicaine, il s'agit essentiellement d'une enchilada de viande enveloppée dans une tige de pulquero maguey cuite à la vapeur. Parce que les feuilles de maguey ne sont disponibles que sur les marchés mexicains, elles peuvent être remplacées par des feuilles de bananier. La sauce ivre est aussi originaire du Mexique et c'est dans la région centrale du pays qu'elle est le plus consommée. En général, elle est accompagnée de fromage et d'oignon, bien qu'à chaque endroit ils lui donnent leur touche personnelle, que ce soit avec de l'avocat, de la coriandre et même du xoconostle ; cependant, la recette originale contient des ingrédients très faciles à trouver.  Des piments pasillas, de l’oignon, de l’ail, de la bière légère, du jus d'orange, sel et poivre. Cuit ici douze heures à basse température. Servi avec frijoles, un ajout de sauce, oignons rouges et citron vert.




Une adresse indéniablement festive où l’on passe un excellent moment. Un choix de plats un peu en dehors de ce que l’on trouve ailleurs avec peut-être un manque parfois de saveurs plus marquées, probablement répondant aux attentes de la clientèle. Les connaisseurs en cuisine mexicaine authentique ne seront pas déçus et il faudra surveiller les réseaux sociaux pour identifier à quel moment certains plats sont proposés, comme par exemple les chile en nogada que j’ai vu passer a une époque mais pas disponible ce soir la.

samedi 28 janvier 2023

Casa de Comidas Buenavista, Barcelone

 

J’avais nourri un certain espoir de découvrir une belle nouvelle adresse dans le quartier de Sant Antoni avec cette Casa de Comidas Buenavista, mais là franchement, cela a frisé le ridicule. Une table située dans un élégant hôtel 4 étoiles soigneusement restauré dans le centre de Barcelone. Un lieu censé être sophistiqué et confortable du début du XXe siècle avec tout le caractère barcelonais. Mais ce n'est pas seulement un hôtel, c'est aussi une maison chargée d'histoire. Chaque détail a été choisi avec passion et chaque espace vaut le détour, selon ce qui est décrit sur le site de l’'hôtel qui allie le style traditionnel du Barrio de l'Eixample avec une touche éclectique contemporaine inattendue.


Son restaurant a une longue histoire derrière lui. Depuis sa création, il y a un siècle, il s'est concentré sur l'offre d'une cuisine du marché et a été dirigé par des générations familiales successives. 


Une jolie entrée, qui donne ensuite une vue sur cette grande salle à manger avec un très haut plafond. On s’engoufre donc dans l’établissement, passe la réception et arrivons au restaurant.


Un style en fait plutôt brasserie parisienne avec un grand bar, quelques tables sur les côtés. Pas franchement intime et cela fait assez lieu de passage en raison des cuisines à l’entrée. Finalement installé après de longues minutes, on relèvera immédiatement que le service est en dessous de tout. Une serveuse qui est d’une complète inneficacité et qui passe son temps à discuter spécifiquement  a une table alors que les plats attendent d’être servis; un responsable de salle un peu stressé et pas des plus sympathique, très hautain qui s’imagine être dans un restaurant étoilé. Deux personnes en tout et pour tout pour cette salle, c’est vraiment se moquer de la clientèle. Puis la prise de commande va tarder, une table arrivée bien après nous sera considérée avant nous.

Bon, du buzz sur les réseaux sociaux pour nous dire que la tradition familiale est toujours présente et que cette Casa de Comidas Buenavista conserve l'essence originale de la populaire Casa de Comidas, dont elle tire ses origines avec une cuisine du marché avec différentes propositions culinaires, mais la réalité est bien différente même si la supervision est celle du célèbre chef Marc Roca, également propriétaire du restaurant Blau.

Une carte avec conceptuellement une cuisine simple soi-disant de qualité avec un fort caractère local. Principalement des tapas classiques et des plats catalans.

Comme nous ne sommes pas là pour de la découverte, on s’accomode sans problème avec de grand classiques. Les patatas bravas épicée avec un aïoli sont correctes mais rien de vraiment exceptionnel non plus et évidemment il y a plein de versions bien plus plaisantes en ville.

Puis des calamars à l’andalouse avec une sauce mojo. La aussi, pas trop mal mais « peut mieux faire », un peu un goût d’huile, un enrobage de friture un peu irrégulier.

Puis des boulettes aux cèpes arrivées tièdes, car probablement réchauffées au micro-onde ou autre méthode mais a peine chaudes et froides au milieu…qui ont trainé sur le bar attendant d'être servies pendant de longues minutes...vraiment pas correct. Puis la sauce est trop faite avec un épaississeur type maïzena, les cèpes de bocal sans goût. A éviter.

Un autre plat avait été commandé mais oublié et tant mieux…ce qui illustre a nouveau la qualité du service mais constatant la piètre qualité de l’ensemble, on ne pouvait que s’en réjouir.

D’ici peu de temps, tout le monde aura oublié cet endroit qui a bénéficié temporairement d’un buzz des réseaux sociaux, ce qui doit vous laisser penser que souvent les médias racontent n’importe quoi... Tout à revoir...

jeudi 26 janvier 2023

Can Framis, Barcelone

 C’est finalement un peu de manière inattendue que je me retrouve à cette adresse, ayant un repas familial à organiser dans le quartier. Je me rappelais à une époque de ce très bel endroit appelé « We Bistrot », que je considérais comme étant l’un des plus beaux décors qu’il m’ait été donne de voir à Barcelone. A l’origine,  « Can Framis », une épicerie du 19ème siècle dans le quartier de Sant Pere, et dans le même emplacement un nouveau bistrot avec la philosophie d'offrir une cuisine fraîche, méditerranéenne et équilibrée avec des clins d'œil à la cuisine internationale, dans un environnement avec un exquis design.


Cette adresse a donc disparu, rebaptisée du nom de l’ancienne épicerie « Can Framis » ! A priori il semblerait que cela a été racheté par la maison « Casa Rafols » quelques mètres à côté.


La décoration de base n’a pas changé puisque l’on est dans une structure d’épicerie qui a plein de charme. Ce ne sont que les éléments rangés qui diffèrent un peu dans le sens où l’on y trouve principalement que des bouteilles de vermut de la même marque et des bocaux ou conserves avec des légumes au vinaigre.


Autrement rien n’a changé excepté tables et chaises qui sont plus dans un genre bistrot que pawr le passé où c’était peu-être un peu plus contemporain et chic.

Si à l’époque la cuisine était des plats d'origine méditerranéenne qui comprenaient généralement un clin d'œil d'autres cultures culinaires avec des influences françaises, italiennes, japonaises et catalanes, aujourd’hui le registre est plus local et classique. Plutôt des tapas, certains sous forme de produits comme salades, sandwichs, fromages et charcuteries mais aussi une série de plats cuisinés. Pas des plats avec de la créativité mais plutôt des tapas espagnols classiques à se partager, ce qui plaira également.

Quelques ajouts du jour comme de très bon piments piquillos farcis à la morue avec quelques morceaux de piparras sur le dessus. Bien fait et plaisant.

Une salade russe aux crevettes fumées et quelques œufs de poisson, un peu trop riche à mon goût en mayonnaise mais c’est une manière de la faire.

De très plaisant anchois au vinaigre ou boquerones.

Des patatas bravas faites selon notre manière qui en fait sont de petites pommes de terre rissolées non frites avec les classiques sauces sur le dessus. Bien entendu moins gras et tout aussi bon.

Des montaditos qui sont des sandwichs ouverts et une tapa essentielle en Espagne. Bien qu’il n’y ait pas de liste fixe d’ingrédients, les montaditos sont toujours faits avec des tranches de pain, généralement à partir d’un pain mince et allongé semblable à une baguette. Les garnitures sont incroyablement polyvalentes comme ici avec de la morue, escalivada et brandade. Un autre avec du brie, pomme braisée, tomate confite et émulsion de basilic. Le troisième avec de la cecina de Leon, fromage de chèvre et chutney pimenté.

Une très bonne tortilla de pommes de terre faite sur le moment accompagnée de pain é la tomate.

Une coca de sardines marinées « maison », épinards, mangue et olive, légèrement aigre-douce.

Comme vin un plaisant Pinord Penedès Chardonnay Diorama, assez fruité, avec des saveurs d’ananas de fruit de la passion et banane plantain.

Une belle sélection de tapas plutôt classiques mais bien faits qui plaira à tout un chacun. Plus de mets froids que chaud, parfait pour un déjeuner dans le quartier.


vendredi 20 janvier 2023

Casa Masala, Barcelone

 

Il y a quelques mois de cela, l’agréable Masala 73 fût rebaptisé Casa Masala. Même propriétaires et même cuisiniers, on peut donc se demander ce qui a motivé cette adresse a complètement revoir son intérieur et sa cuisine. A l’origine une de mes adresses de cuisine indienne préférée en ville même si un peu ajustée à des influences méditerranéennes mais avec grandes justesse. Beaux plats pleins de saveurs, ingrédients de qualité, joli dressage. Un intérieur simulant un peu une rue indienne avec à l’époque quelques graffitis soignés.

Aujourd’hui ce n’est plus qu’un souvenir et l’on se demande un peu pourquoi ces changements. Peut-être que l’apparition des voisins tels que Little Andaman ou Bar-Bar les a contraints à repenser la décoration car peut-être qu’un côté plus classique, voir plus chic et plus neutre convient mieux à la jeune clientèle locale pas forcément en quête d’exotisme forcé, allons savoir. Et il est vrai que de changer l’enseigne, le concept peut aussi attirer une nouvelle clientèle. Toujours est-il qu’une visite s’imposa.

Même adresse mais style très différent. Moins style épicerie indienne et plus dans ce qui marche ces jours-ci avec tout d’abord un comptoir derrière lequel l’on peut manger, des éclairages un peu plus intimes, et moins de références indiennes comme dans le passé.


Carrelage vert, marbre, ingrédients dirons-nous mieux rangés et cuisine plus structurée bien que la superficie n’ait rien changé.



La salle est elle aussi plus neutre, plus conventionnelle, plus chic et confortable avec même des banquettes et coussins jaunes. Nous sommes passé de l’ambiance « pseudo resto de rue Indien » à un restaurant qui pourrait en fait proposer une cuisine de n’importe quel pays.



La carte est semblerait-il pas si différente que par le passé et le style de cuisine non plus. La grande différence étant que les portions auraient un peu diminué afin de se calquer sur une formule tapas méditerranéo-indienne. Maintenant soyons bien clair, ce n’est dans un genre fusion mais des adaptations locales.


Comme exemple, ce qui est baptisé Bomba Bombay, en fait l’interprétation d’une Bomba Barcelonaise mais aux saveurs indiennes. Réalisée avec aussi de la pomme de terre mais également des pois-chiches et pois, une sauce à base de tomate épicée et pour rappeler le plat initial, une mayonnaise au curry. Pas franchement authentique ni d’un côté ni de l’autre, mais c’est très bien fait et surtout très bon.

Un légume avec l’aubergine Baingan Bharta, un plat traditionnel avec de l’aubergine grillée, oignons, tomates, ail,  piment verts, jus de citron, épices et herbes. A normalement une saveur un peu fumée en raison de l’utilisation du feu pour la cuisson. Ici cuit au four tandoor, l’aubergine est refarcie avec sa chaire dans une sauce curry, du paneer, de la grenade et des pousses d’oignons, coriandre fraiche sur le dessus. Probablement ce qu’il y a de plus proche d’un plat classique indien et c’est toujours aussi délicieux.

Comme accompagnements du riz basmati au cumin, de très bon naans à l’ail et coriandre fraiche, puis une raita au concombre, coriandre et grenade.



Dernier plat lui aussi avec des influences locales, le Byriani à la pluma Joselito. Le nom de Joselito pour les jambons ibériques est bien connu, ici il s’agit d’un morceau de viande fraiche qui est utilisée, tout d’abord dans une marinade et incorporée au riz épicé.

Un dessert que j’aime beaucoup, mais aussi une interprétation, le flan Ras Malai. Le Ras Malai se propose sous forme de boules aplaties de chhena trempées dans du malai (crème caillée) aromatisée à la cardamome. Le lait est bouilli avec un peu de vinaigre ou de jus de lime est ajouté pour obtenir de particules. Le lactosérum est jeté et les parties solides du lait sont égouttées, refroidies et pétries en pâte. La pâte est divisée en petites boules et les boules sont cuites dans de l’eau chaude avec un peu d’eau de rose ajoutée. Les boules sont ensuite cuites dans du lait avec du safran, des pistaches et du kheer comme farce. Ici évidemment ce n’est pas tout à fait cette recette car on utilise certains éléments que l’on intègre dans un flan classique. Certes, ce n’est pas le dessert originel mais les saveurs sont présentes.

Comme vin, un Montsant Sense Cap 2021.

Une petite liqueur maison pour finaliser le repas à la saveur de ces petites graines sucrées que l’on mange généralement pour digérer.

Il ne faut pas venir avec l’idée de manger un repas indien traditionnel, mais plutôt une adaptation assez réussie de mets traditionnels, croisés avec des mets locaux. Ce n’est tout de même pas dénaturé et respecte tout de même les saveurs indiennes. On y prendra sans aucun doute plaisir car ce sont de bons produits, c’est joliment dressé, cuisiné avec finesse. On pourra aussi faire un rapprochement avec le décor entre Inde et Barcelone.