samedi 30 septembre 2023

Taberna La Tana, Grenade

 

Voilà le genre de bodega que j’adore et qui n’est en tout cas pas monnaie courante à Barcelone. La Tana est donc un bar à vin situé dans le quartier d’El Realejo, reconnu comme l’un des meilleurs d’Espagne et qui fût reconnu comme tel dans le cadre de l’International Wine Challenge 2020.

Ce qui est remarquable c’est que cette bodega dispose d’une grande variété de références, plus de 600 avec certaines qui peuvent être dégustées au verre, et qui couvrent toutes sortes de prix, caves ou millésimes.


Au coin d’une rue, la possibilité de consommer sur une petite terrasse dans la rue pavée mais je vous recommande de profiter du décor de l’intérieur.


C’est un endroit qui est une référence à Grenade, une taverne familiale où un type d’art culinaire est développé, très influencé par le vin et la terre et qui suit l’esthétique caractéristique des tavernes andalouses : bois, matériaux rustiques, briques, carreaux, affiches de corridas et bouteilles réparties dans toute la salle.

L’établissement conserve l’odeur de l’histoire, des années d’expérience et des bouteilles débouchées qui ajoutent également une touche à l’atmosphère du lieu avec une touche esthétique comme ce joli bouquet de fleurs.

L’établissement est situé dans le quartier d’El Realejo, l’un des plus attrayants de Grenade. Les portes de La Tana ont été ouvertes en 1993 avec l’intention de faire connaître les produits de la terre et la façon de les traiter. Ici c’est une simple gastronomie au travers de produits faussement simples, des tapas froides de haute qualité et des préparations classiques de la région qui peuvent se commander également en demi-rations.

A noter que l’on vous mène toujours un tapas gratuit avec toute consommation. Là, un morceau de pain avec des tranches de tomates et une rondelle de saucisse blanche.

Un salmorejo qui est un plat qui se consomme très froid, il est donc idéal de servir les jours chauds, toujours accompagné d’œuf à la coque et de jambon. l n’y a que cinq ingrédients du salmorejo traditionnel: tomates, pain, huile d’olive, ail et sel. Dans certaines recettes, du vinaigre de vin est également ajouté.

Un assortiment de charcuteries ibériques avec du lomito, chorizo, saucisse, morcila, tocina et épaule de jambon.

La morcilla piquante chaude avec des pignons est à se damner tellement elle est délicieuse.

Comme il ne pouvait en être autrement, les vins de Grenade ont un espace réservé mais le choix de vin d’Andalousie est aussi exceptionnel et sans hésitation cela sera un Ube Miraflorès de la Bodegas Cota 45. Vin élaboré à Sanlúcar de Barrameda (Jerez), V.T. de Cadix avec un cépage Palomino Fino, Après fermentation en fûts de Sherry, il est vieilli pendant 8 mois dans des bottes sélectionnées avec la présence d’un voile en fleurs depuis 2 mois. Les arômes floraux se distinguent par des notes de fruits blancs très mûrs et de levure fraîche. En bouche, il est propre et équilibré, avec la salinité typique de la région.


Comment ne pas conclure ce repas avec des vins de jerez comme ce Palo Cortado Obispo Gascon de la Bodegas Barbadillo. Ce Palo Cortado est un vin d’une grande complexité qui combine la délicatesse aromatique de l’amontillado et la corpulence en bouche de l’oloroso. Un vin qui a 15 ans de vieillissement oxydatif dans les bottes Jerez de la cave La Cilla à Barbadillo. C’est un vin de méditation, idéal pour une dégustation lente.

Et un González Byass Viña AB Amontillado Seco qui est un vin vif, équilibré et élégant. Il se distingue par ses arômes subtils de fruits grillés et de noix, et son acidité équilibrée en bouche.

La Tana est un endroit idéal pour ceux qui défendent et aiment les vins de qualité et fins, pour apprécier des produits et recettes locales, pour se plonger au cœur d’une atmosphère typique andalouse.



vendredi 29 septembre 2023

Granja Elena, Barcelone

 

Retour à notre adresse préférée du moment qui je rappelle n’ouvre que pour le déjeuner et qui est fermée le weekend et qui ouvre également pour le petit déjeuner. Adresse connue des locaux et heureusement peu fréquentée par le tourisme car la zone franche, eh bien ce n’est pas sur le passage de tout le monde. Il faut y aller et ce n’est vraiment pas bien compliqué car depuis la place d’Espagne on peut même s’y rendre en marchant. Comme souvent dit, on ne vient pas pour de la cuisine avant-gardiste mais une cuisine familiale de haut niveau avec des produits souvent d’exception.

Aujourd’hui, Borja nous propose que l’on se laisse guider...donc carte blanche pour ce nouveau repas qui se passera aux alentours des treize heures sachant qu’il y a deux services, ce qui n’est aucunement gênant. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir été poussé à manger plus vite. Dans la cuisine l’équipe s’active, on pourra profiter quelques instants de regarder l’équipe préparer les différents plats.

Ce qui est aussi remarquable et il faut le préciser, c’est le choix des vins qui souvent est un peu pauvre à Barcelone en dehors des étoilés. Patricia a toujours été de très bon conseil et si vous ne savez pas trop quoi prendre, laissez vous guider. Choix de vins qui change fréquemment et qui est affiché sur des ardoises murales.


Par exemple en apéritif un très bon vin blanc de la Rioja, La Pera 2022 de l’Hacienda El Ternero,  qui accompagnera les premières assiettes. De couleur jaune paille brillante, avec des reflets verdâtres. Un nez intense avec des arômes de fruits tropicaux, de pêche et d’agrumes tels que l’orange sanguine.

Un plat déjà dégusté mais tellement bon, ce tartare de tomate avec des Saint-Jacques et une émulsion à la sauce soja. On est toujours surpris par la texture de ce tartare car on penserait en réalité manger du bœuf coupé au couteau. En fait les tomates ont eu un traitement un peu particulier car elles sont tout d’abord comme un peu asséchées afin d’en extraire l’eau et que celles-ci aient plus de texture, qu’elles soient plus fermes. La sauce au soja discrète masquant l’éventuelle acidité, puis le crustacé sur le dessus.  A ne pas manquer.

Un plat encore jamais pris, les kokotxas de merlu de ligne en sauce pilpil. Pour préparer cette spécialité basque qui est le menton du poisson, on a besoin de peu d’ingrédients. Le pilpil est une sauce faite avec que de l’ail et de l’huile d’olive, parfois un peu de piment pour bien relever le goût. C’est la gélatine du poisson qui assure la liaison et donne une texture crémeuse. Mais ici c’est une version que je pourrais qualifier d’épurée dans le sens ou c’est le produit au cœur de l’assiette avec une version de sauce moins grasse que d’habitude. A noter que ces kokotxas sont d’une belle taille et incroyable fraicheur.

Première fois que l’on prend ici un riz qui provient du Moli de Rafalet dans le delta de l’Ebre. Il s’agit de l’espèce bomba qui est préparé ici dans un mode plutôt « meloso ». La version « arroz meloso » ou riz moelleux est une préparation de riz avec un point de cuisson intermédiaire, entre le riz sec (paella) et les bouillons (caldoso).  Ce riz est réalisé avec un sofrito très gouteux à base d’oursins.

Comme vin rouge, un Vega Aixalà de Vilanova de Prades, un vin monocépage de la variété Carignan vieilli pendant 12 mois en fûts de chêne français.

Comme met principal, Borja nous dit que c’est de la « paloma » qui serait normalement traduit sous forme de « colombe », assez proche du pigeon mais cuit de manière très classique mais tout aussi délicieuse, à l’étouffée avec une sauce réalisée au jambon. Accompagné d’une excellente crème de pommes de terre.

Nous demanderons encore un plat qui sera l’exceptionnel Cap I pota selon une recette de famille. Plat catalan que l’on se doit de manger au moins une fois dans sa vie et surtout ici !

Nous passerons aux desserts avec tout d’abord la Torrija de brioche au leche merengada et glace caramel. Le lait Merengada est une boisson très typique de la cuisine espagnole, à base de lait et de blanc d'œuf, généralement sucré et aromatisé à la cannelle.


Autre magnifique dessert avec ce tube croustillant de pistache, avec une mousse mel i mato. Peut-être inspiré par un cannoli mais bien meilleur, ce tube vertical contient ce fromage blanc local servi avec un généreux trait de miel. C’est bien crémeux et associé a une excellente crème glacée à la pistache.


Toujours d’excellents vins de desserts avec une nouveauté, un Moscatel Casta Diva 2021 Gutierrez de la Vega. Des raisins passerillés, un égrappage doux et et une fermentation lente de 60 jours. L’élevage est de 12 mois en fûts de chêne américain, français et hongrois. La principale caractéristique se trouve dans sa profondeur en bouche et sa minéralité.

Et a nouveau le Moscatel de Setubal Alambre José Maria Da Fonseca 20 ans, vin de dessert produit au Portugal sur la péninsule de Setúbal. Ce vin est un assemblage de 19 millésimes, où le vin le plus jeune a au moins 20 ans vieux et, le plus ancien a près de 80 ans, résultant en un vin frais, complexe et riche.

Un autre repas mémorable dans cet établissement qui ravira tous les amateurs de cuisine authentique, inspirée aussi bien par la Catalogne que le restant de l’Espagne, des assiettes toujours aussi gourmandes, une adresse où l’on se réjouis déjà de la prochaine visite en la quittant.



mardi 26 septembre 2023

Solraig by Tibu-Ron, Castelldefels

 

Castelldefels, probablement l’une des plages non loin de Barcelone où l’offre gastronomique est la plus complète et variée. Après Punta Roca, c’est Solraig du même groupe, le Tibu-ron. Une des raisons qui me pousse à y aller, ce sont leurs riz qui sont bien réputés, acclamés par la critique, et qui à deux reprises ont pris les premières places du prestigieux prix du meilleur riz d’Espagne.


Le nom de l’établissement étant celui d'un requin qui vit dans les eaux méditerranéennes. Situé au rez-de-chaussée de l'Hôtel Bel Air, on y trouve donc une cuisine de proximité préparée dans un authentique four à charbon de bois, le tout servi dans un environnement calme du front de plage.


A l’intérieur un salon avec de grandes fenêtres d’esthétique contemporaine et élégante mais il est préférable de manger sur la magnifique terrasse donnant sur la mer qui vous permet de mettre les pieds dans le sable.

La cuisine méditerranéenne du chef César Rodriguez est la spécialité du restaurant, élaborée à partir de produits de proximité provenant du Parc Agricole du Baix Llobregat et de la criée de Vilanova i la Geltrú. 

Tapas et plats viennent de compléter un menu à l’âme méditerranéenne incomparable, qui est considéré comme étant le meilleur de Castelldefels. Comme exemple ces très bonnes bravas style Solraig avec une texture parfaite et de bonnes sauces,

Les classiques calamars à l’andalouse parfaitement préparés.

Ou encore ces excellentes gamba roja à la plancha qui sont parmi les meilleures crevettes qu’il soit.


Si quelque chose se démarque dans ce restaurant, c’est qu’il a été deux fois de suite finaliste au concours du meilleur riz d’Espagne. La première fois, c’était en 2018 avec son riz truffé accompagné de crevettes rouges, de champignons et de piparra basque. Et en 2019, l’histoire s’est répétée avec son riz accompagné de 'zamburiña' ou pétoncles, calamars et pois du Maresme qu’il a fait, fait et le fera revenir plus d’une fois au restaurant Solraig pour le goûter à nouveau car ce riz est probablement le meileur que j’ai mangé à Barcelone ou non loin de la ville.

Comme vin, un Atos de Torona Rosal Rias Baixas. De couleur jaune paille avec des reflets verdâtres. Au nez des arômes intenses de noyau et de fruits tropicaux (pêche, mangue) combiné à des notes balsamiques de laurier.

Sans aucun doute, Solraig, situé au rez-de-chaussée de l’hôtel Bel Air à Castelldefels, a contribué à élever la barre pour les restaurants locaux, qui sont devenus ces dernières années un haut lieu gastronomique pour les voisins, les vacanciers ou les gourmets de Barcelone avides de nouvelles aventures gastronomiques.

lundi 25 septembre 2023

Lanto Restaurant, Barcelone

 

Une bien fantastique adresse que ce Lanto qui se situe dans un quartier où il faut aller et non pas simplement dans un coin du centre de la ville. Mais le déplacement est plus que recommandé comme la réservation car ici on ne vient surement pas à l’improviste. Un quartier ni touristique, ni a la mode et non plus pas central.

Ricardo García Sunet de Barcelone c’est le patron et cuisinier et sa femme c’est Rika Nakahori qui est comme le nom le laisse supposer, japonaise. Vous pourrez facilement comprendre que la cuisine sera donc influencée par les deux pays. Ricardo est passé par Copenhague ou il a travaillé au célèbre Alchemist, Paris chez Guy Savoy, Londres, le Japon, puis décida d’ouvrir son établissement dans El Clot après avoir recherché dans plusieurs coins de la ville. Ce qui leur a plu en venant ici c’est de se trouver dans quartier normal où les loyers restent abordables, où ils peuvent recevoir les voisins et pouvoir adapter le travail à leur vie de famille, d’où des ouvertures en tout cas le soit seulement en fin de semaine.


Une adresse avec une superficie de 100 m2, sept tables et une vue sur la cuisine pour certaines. Donc sans réservation il faut oublier et c’est tout simplement toujours plein. Malgré l’engouement certain des épicuriens de la ville, il y a peu a penser que ce couple change leur manière de faire et d’agrandir leur établissement.


« Lanto » signifie « le centre de la tempête » en japonais et vous y trouverez une cuisine créative a des pris amicaux de type fusion méditerranéen-oriental mais avec de grandes influences françaises pour l’utilisation de certains ingrédients et techniques. Pas la stupide cuisine fusion sans aucun intérêt que l’on trouve dans certains établissements mais de savantes combinaisons d’ingrédients. A noter que le soir c’est un menu « dégustation » unique à 39 euros et qu’il faut arriver à 21 :00 car toutes les tables sont servies plus ou moins au même moment, ce qui aussi permet de faire des prix vraiment très ajustés.

Autre particularité, les deux cuisiniers ne savent jamais vraiment ce que va être le menu car ils d’adaptent en fonction de ce qui est trouvé sur les marchés le jour même. Conceptuellement ils préparent des ingrédients et ne créent pas à l’avance un menu. Donc vous pourrez tous les jours découvrir quelque chose de nouveau en tout cas pour le déjeuner.

Sur un coin de rue, un établissement joliment rénové par l’atelier nou3Design dans un style assez épuré, et qui propose deux niveaux. Le premier avec une vue sur la cuisine et le second après quelques marches, les deux pièces avec de grandes baies vitrées sur la rue. Il faut vraiment applaudir la performance car la cuisine a une dimension assez réduite.

Superbe menu donc qui démarre avec un délicieux pain et beurre faits « maison ».

En discutant avec Ricardo, on comprend que l’on aura un menu de saison autour des légumes d’automne que d’ailleurs personne ne connait ici, mais avec se connaissances de cuisine aussi françaises il se plait à les cuisiner en y associent de manière très pertinente des ingrédients japonais. Par exemple cette magnifique crème ou purée de topinambour associé à de l’anguille fumée et avec sur le dessus du fromage basque Idiazabal râpé. A aussi relever la belle vaisselle qui est la céramique d’Eva Lebrero.

Autre très belle assiette avec aussi un légume plutôt rare ici, des salsifis rôtis sur une sauce à base d’oignon fumé et de soja fermenté ou miso. C’est un plat d’une grande gourmandise qui pourrait malgré tout faire penser a quelque chose de français malgré l’utilisation d’un ingrédient japonais.

On continue avec un fameux maquereau avec un céleri en deux textures, en purée et râpé, la sauce qui accompagne étant une base de teriyaki. Sur le dessus de l’aneth marinée.

J’ai oublié de noter quels étaient les ingrédients mais la suite consiste en un carpaccio  de bœuf.

Puis un plat principal au choix qui est soit un magret soit comme ici un excellent morceau de maigre parfaitement cuit sur une purée de panais et un beurre blanc.

Très joli et léger dessert avec tarte aux figues avec une glace à la fève tonka.


Une bouteille de vin blanc avec un Suriol Donzella de cépage Xarel-lo. Vin jeune avec beaucoup d'intensité aromatique et savoureuse. En bouche, il est soyeux et remplit toutes nos papilles sans être écœurant et avec une bonne persistance.

Une vraie surprise car ce menu est vraiment de la cuisine originale avec des influences certes mais on sent tout de même la maitrise des techniques françaises. Des produits de qualité, des recettes inventives et personnelles, beaucoup de gourmandise dans les assiettes, pas étonné que ce couple rencontre un vrai succès.