Rares sont
les lieux aussi magiques que celui que l’on peut fréquenter dans une vie et
passer une soirée au Issaya Siamese Club restera probablement ancré dans ma
mémoire à tout jamais, en tout cas en ce qui concerne l’endroit, le décor, mais…
Et il y aura des mais…
C’est dans
un coin un peu perdu, accessible principalement avec un taxi que vous
arriverez. Un valet se présente et vous ouvre la porte en vous souhaitant la
bienvenue. Une fois dépassé le mur de la propriété vous arriverez dans un jardin
exotique magnifiquement éclairé qui semble presque vous amener au paradis… Le
long du chemin, quelques photophores vous indiquent la direction.
La maison
qui apparait devant vous est d’une incroyable beauté. Blanche, elle aussi
illuminée de manière artistique avec des volets mi-ouverts conférent au tout un
côté très colonial.
Sur sa droite une pergola où l’on peut diner et sur la
gauche un passage où l’on peu démarrer par un cocktail.
Cette
ancienne maison thaïlandaise est entourée d’un jardin méticuleusement soigné.
Des éclairages indirects à nouveau donnent à l’ensemble un charme inimaginable.
Prenez du recul et admirez les lumières intérieures des deux niveaux ; du bleu,
du rouge, c’est splendide.
Ne manquez surtout pas la visite de cette maison en
empruntant les escaliers sur la gauche qui vous amèneront soit au bar lounge
soit dans une salle à manger privative probablement occupée lors de manifestations.
Le nom « Issaya »
est un ancien mot thaïlandais qui signifie saison pluvieuse. Le jardin étant d’une
telle beauté en raison de cette saison, un hommage a donc été rendu à ce
phénomène naturel.
« Siamese
Club » simplement parce qu’à une époque, il s’agissait d’un club de membres
qui étaient souvent affublés de chapeaux, qui s’habillaient probablement de
redingotes ou smoking pour les soirées.
Le premier étage est presqu’un musée où l’on a l’impression
que chaque meuble, chaque objet a été placé avec de savants calculs. Une
première pièce au ton rouge qui semble être l’anti-chambre des salons.
Un salon
où l’on bavarde confortablement installé dans un des canapés en rappelant le
temps où l’on regardait en famille ta télévision noir et blanc.
Le salon mauve
apportant au tout une dimension festive. Les corridors avec ces lampes qui rappellent la Chine.
Et cette imposante, élégante salle à manger où l’on a du parler
de politique entre gens de la haute société.
Cette
enfilade de pièces raviront toute personne à la recherche de la beauté, du
temps passé, des ambiances asiatiques et coloniales.
Depuis la
terrasse vous pourrez aussi admirer le fabuleux décor de la salle à manger
intérieure.
Une fois installés
dans le jardin face aux cages à oiseaux, nous seront rapidement impressionnés par la
très belle carte de boissons. Cela commence très fort avec carrément deux des
dix meilleurs cocktails bus dans un bar. Des cocktails absolument parfaits et
magnifiquement présentés. Deux mojitos avec chacun leurs saveurs bien
particulières.
Un mojito à la coriandre à base de vodka au citron grey goose,
dans lequel de la coriandre infuse, de la menthe et de la citronnelle. Un
premier verre de métal ciselé recouvre un second où la boisson se trouve avec
des herbes en décoration.
Un autre
mojito appelé Issaya avec du rhum Bacardi, des feuilles de kaffir, menthe et
citronnelle, moment jubilatoire en
prenant une gorgée de cette boisson.
Pour
parfaire ce moment privilégié nous remarquons une délicieuse odeur dans l’air,
proche du jasmin avec quelque chose de plus intense et fruité. J’apprends qu’il
s’agit de « finger flower », une espèce qui ne pousse qu’en Thaïlande
et peut être soit blanche soit rouge en fonction de leur sexe.
On peut
diner dans cette belle pergola à l’extérieure avec ses boiseries blanches
ciselées et ventilateurs au plafond mais notre réservation fut à l’intérieur ce
qui est préférable au vu de la chaleur même en soirée.
La salle
surprend par ses murs bleus, mais aussi ses éclairages délicats, ses fleurs
exotiques. Certaines parties sont aménagées comme des salons avec des canapés. Les
tables de bois sombres sont délicieusement ornées de passants blancs avec le
nom de la maison.
La carte
proposée est celle du chef Ian Kittichai, un cuisinier qui démarra dans les
marchés périphériques dans sa jeunesse avec
sa mère en poussant un charriot sur lequel l’on cuisine. Depuis, il a incorporé
à sa cuisine, certains éléments de son
expérience internationale en utilisant uniquement des produits bios et en
faisant pousser certain de ses ingrédients. C’est donc envoutés que nous
étudions scrupuleusement la carte où l’on peut trouver un premier menu a 1500
baht ou un menu dégustation a 2500 baht. Il est également possible de manger à
la carte mais l’approche dégustation est plus simple et offre un très beau
choix de plats. Pour l’anecdote il est également possible d’acheter son livre
de cuisine en partant. Certes 2500 baht est une somme pour la Thaïlande mais c’est
le prix à payer comme par exemple le Sra Bua by Kiin Kiin a 2700 baht. Tout
ceci pour vous dire que les attentes furent élevées.
Une jolie
sélection de vins est également proposée et nous avons retenu un Chardonay Chilien
pour ce repas qui fut tout à fait plaisant.
Nous
démarrerons par quelques amuses-bouche en supplément de ce menu, présenté dans
un plateau de bois à compartiments. C’est visuellement très beau et tentant.
Un tartare
de thon frais, gingembre, cacahouètes, jeunes feuilles de tamarin avec une
sauce à base poisson et de sucre de palme. Une délicieuse bouchée très fraiche
et pleine de saveurs. L’association du poisson est vraiment parfaite avec les
ingrédients classiques.
Les fines
lamelles de crêpes de riz, avec du poulet sauté au curcuma, germes de soja et
noix de coco fait également l’objet d’une très belle présentation et tient
toutes les promesses gustatives.
Et pour finir,
une salade de fleurs de banane et cœurs de palmier, échalotes croustillantes,
cacahouètes grillées dans une confiture de piment. C’est également une
fantastique bouchée que nous avons.
Il s’agit
donc à ce moment d’une cuisine classique mais retravaillée, avec des saveurs
fines et une présentation très soignée.
Première
entrée avec un bloc entouré de feuilles de bananiers. Au centre de la braise et
sur le dessus des travers de porc enrobés d’un mélange d’épices maison Issaya à
base de piment. C’est à nouveau très esthétique et très savoureux.
Seconde
entrée avec une saucisse de crustacés faites maison dans un bouillon de poisson
façon Hua-Hin. Arrive une soupière en forme de pétale de laquelle seront
remplis deux bols. La saucisse ferait un peu penser à un boudin blanc au goût
de poisson, le bouillon est fin, parfumé. Néanmoins cela reste assez classique
dans les saveurs.
Arrive
quelques secondes après une autre entrée et c’est la que cela commence à
déraper dans le repas. La table à laquelle nous mangeons est plutôt petite et
le service commence à s’accélérer, et deviendra par la suite beaucoup trop
rapide. Les plats ne peuvent plus vraiment être déposés par manque de place et
c’est au convive de déplacer verres et autres objets. Ce problème continuera pendant toute la suite du repas…cela
va beaucoup trop vite et de plus les plats deviennent évidement tièdes.
Le service
n’est vraiment pas à la hauteur d’un tel établissement et suite à ma remarque d’arrêter
de nous apporter les plats trop rapidement alors que nous n’avons pas terminé
le premier et que de plus il n’y a plus de place sur la table, je m’entends
dire que « c’est la tradition thaïlandaise que de tout manger en même
temps »… Je veux bien admettre cela lorsque je vais dans un restaurant
simple ou populaire mais je suis en désaccord total lorsque l’on me facture
2500 baht un soi-disant menu dégustation !
Le pire...nous
avons du manger la plupart du temps dans la même petite assiette la plupart des
mets ce qui est franchement un comble pour un établissement qui se prétend
gastronomique. C’est un peu le château de carte qui s’effondre…
Nous
poursuivons avec le bœuf tendre importé grillé, herbes fraiches, légumes bios
dans une vinaigrette de piments yeux d’oiseaux. C’est joliment présenté mais
cela reste quand même une salade de bœuf comme nous avons déjà pu manger
ailleurs.
Les crevettes
croustillantes, aubergines fondantes et œufs durs avec une sauce au tamarin et
piment ne nous impressionnent pas vraiment, le tout est un peu fade et tiède…
Arrivent
les plats principaux à peu près tous en même temps et la je commence un peu à m’énerver.
D’ailleurs j’en ai refusé un car comme précédemment écrit, il n’y avait pas de
place sur la table.. Une serveuse arrive avec un bol de riz qu’elle commence à touiller.
Il s’agit d’un mélange de grains de riz asiatiques, champignons de Chiang Mai,
ail et huile parfumée au champignon. Pas très délicat à mon avis comme « approche gastronomique » que de venir avec un bol. Le riz est plutôt plaisant mais
pas non plus impressionnant.
Le premier
plat est un canard croustillant laqué au tamarin, foie gras poêlé, feuilles d’okras
rouges sautés et noix de cajou écrasées. C’est vraiment une très belle réussite
gustative. Le canard est fondant, moelleux, parfumé et l’accord avec le foie
gras évidement idéal. Les yeux fermés je ne suis pas sur que j’aurais identifié
un plat thaïlandais.
Les joues
de veaux nourri au grain d’Australie dans un mélange d’épices maison, lait de
coco pressé main et feuilles de Kaffir est bon mais ne diffère pas d’autres
currys de qualité mangé dans d’autres établissements. Je ne suis pas sur que le
fait de faire mention de l’origine du veau amène grand-chose sachant que les
saveurs des épices masquent le goût de la viande.
Les légumes
de saison de Issaya sont à notre grand étonnement des choux de Bruxelles
caramélisés. Je ne me rappelais pas que ce légume existait en Thaïlande.
Inintéressant.
Alors que
notre repas est sur sa fin, nous est apporté le homard du Maine entier à la
vapeur dans un flan au curry à base de lait de coco frais et de basilic. Un
homard entier partagé en deux sur une assiette. Première observation, le
demi-homard ne peut pas être déposé sur nos assiettes car la dimension est
inférieure. Ensuite le plat est beaucoup trop gros pour une fin de repas
sachant que la faim s’est amoindrie. A part frimer je ne vois pas l’intérêt de
servir du homard du Maine alors qu’il existe du homard en Thaïlande. Pour finir,
cela ressemble à ce plat traditionnel de poisson dans un flan au lait de coco,
curry rouge et kaffir. Bref c’est bon mais c’est un peu « matuvu ».
Nous sera
apporté un assortiment de desserts sur une ardoise avec une panna cotta à la
fleur de jasmin servie avec une glace au riz parfumé et une tuile de riz
parfumé.
Cette panna cotta contient trop de gélatine.
Un ravioli
de riz gluant rempli de glace a la noix de coco, noix de cachou rôties, glace et
noix de coco fraiche ; une version de l’ancien sandwich glacé thaïlandais
et une sorte de macaron dont je n’ai pas pu identifier les goûts. Une série de dessert à on avis sans grand
intérêt et pas franchement gourmands ou équilibrés.
Certes le
Issaya Siamese Club est un endroit magnifique et presque irréel. Sans aucun
doute un endroit pour amener sa nouvelle petite amie ou pour les traders
expatriés si l’on veut caricaturer la clientèle… Au niveau service ce n’est pas cela du tout
et question cuisine ce n’est pas exceptionnel. Ayant observé d’autres tables,
nous recommandons vivement de ne pas prendre le menu dégustation mais de
choisir des plats à la carte en espérant que tout ne soit pas balancé en même
temps… Ce qui ne fut pas le cas de nos voisins de table.
Venez
découvrir cet endroit en buvant un cocktail, puis mangez quelques plats dans ce
fabuleux décor. Pour de la gastronomie de très haut niveau, Nahm, Bo.Lan et Sri
Bua sont indéniablement de meilleures alternatives mais qui n’auront pas le
charme et romantisme du Issaya Siamese Club.
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