Je dois
admettre que depuis que j’ai eu la chance de dîner au Clove Club, Little Social
et Upstairs at the Ten Bells, je suis à la recherche de cette nouvelle
bistronomie de haut-niveau anglaise et ce que l’on appelle parfois les
gastropubs. C’est en discutant à l’époque avec le chef Giorgio Ravelli
de Upstairs qu’il m’avait conseillé d’aller au Corner Room, une table que j’avais
déjà identifée parmi d’autres.
Généralement
je sillone les tables du quartier ou je réside et me trouvant à Shoreditch, c’était
l’occasion idéale pour y dîner.
Corner Room
est un restaurant d’hôtel dont le nom est le Tawn Hall mais aussi le second établissement
du très réputé chef Nuno Mendes de Viajante. Viajante table étoilée
particulièrement en vogue depuis quelques temps. Mais second restaurant ne veut
pas signifier qualité moindre mais plutôt un lieu moins formel et aussi plus
abordable. Selon les dires avant ce repas, je n’avais entendu que des louanges
avec les qualificatifs suivants : impressionnant, irréprochable,
perfectionnisme.
Nuno Mendes
qui a aussi fait ses classes chez Ferran Andria se définit comme quelqu’un réalisant une cuisine
innovante plutôt ibère, avec des influences asiatiques et sud-américaines. Mais
soyons bien clair… Il ne s’agit aucunement de cuisine fusion !
Situé au
rez-de-chaussée de l’ancienne Mairie, c’est face à un très beau bâtiment
typiquement Victorien que vous vous trouverez.
Une entrée un peu dissimulée car c’est par le
hall de l’hôtel qu’il faut rentrer, puis prendre la rampe d’escalier pour aller
au premier.
La salle de
restaurant n’est pas vraiment grande et l’ambiance qui s’en dégage immédiatement
à tout pour plaire.
Vraiment le
style de décoration que j’apprécie ; un peu bistrot, un peu loft, un peu
industriel. C’’est vraiment très mode ces
derniers temps que de proposer des lieux où l’on mange fantastiquement dans un
environnement presque dénudé. C’est d’ailleurs le cas à Paris chez Septime et à
Londres dans les lieux précités.
Une salle
au plancher brut, des murs de catelles blanches, une impressionnante collection
de lampes métalliques d’ateliers, une cheminée centrale.
Un
personnel en uniforme noir m’accueille tout souriant avec une très aimable
dame d’origine hispanique.
Une fois
installé à ma table, l’on apporte le menu qui quotidiennement change est qui
est plutôt court mais aussi particulièrement très intéressant. Effectivement il
y a des références légères à l’Espagne, au Portugal mais aussi quelques ingrédients
plutôt asiatiques. Mais l’impression générale qu en ressort c’est une cuisine de
haut-vol, créative et basée sur des produits méditerranéens.
Il s’agit d’une
carte avec des petits plats que l’on prend selon ses envies et sa faim.Après
discussion avec cette dame qui me semble être la responsable de salle, j’opte
pour deux entrées et un plat principal. Entretemps m’est servit un délicieux
pain aux fruits secs accompagné d’un beurre salé-poivré et d’une préparation à
base d’olives vertes, pomme et cèleri. Quelque chose de très goûteux et qui
accompagne très bien le pain.
Première
entrée avec une dorade au babeurre fermenté et pomme. Je suis déjà assez
impressionné par le dressage, une vaisselle plutôt de terre cuite entre
campagnarde et japonisante avec au centre une composition élégante de jus vert
et blanc avec de manière asymétrique des filaments de pommes sur lesquels l’on
distingue de l’aneth et du cerfeuil. Le poisson est cru, légèrement salé mais
pas tout à fait comme un ceviché mais plus proche de la texture d’un hareng
fais salé. Les sauces apportent un côté plutôt très frais et citronné ou plutôt
aigrelet par la transformation du lait frais en babeurre. Les pommes sont
coupées ingénieusement comme des spaghettis conférant au tout une très grande
légèreté et fraicheur.
Seconde
magnifique assiette avec de la langue de veau, réglisse et poireaux sauvages.
Même approche visuelles avec un décalage au niveau de la présentation, des jeux
de couleurs et de textures. La langue est poêlée et déposée sur une sauce à
base d’herbes légèrement douce et citronnée avec un arrière-gout de réglisse.
Les feuilles de verdures amènent un coté croquant et les poireaux un peu de
tonus en bouche.
Un plat
principal, du flétan et couteaux fumés, côtes de bettes rouges. Une belle
composition dans les couleurs avec un poisson sublimement cuit à la vapeur,
relevé par le goût fumé du coquillage et les côté très légèrement amer des bettes.
Trois plats
d’une incroyable légèreté digne de certaines tables gastronomiques.
En dessert
je choisis le chocolat et cresson, glace à la cannelle. Le chocolat est tiré
dans un bol et qui se fond avec la couleur de la porcelaine, la glace cannelle
est absolument parfaite et le plus étonnant sera cette huile de cresson ainsi que
les quelques feuilles apportant un côté très vert et une pointe d’amertume au
dessert. Un dessert chocolat vraiment innovant !
Un verre de
vin portugais pour accompagner ce repas, un Paco dos Cunhas de Santar « Nature »
2010, Dao, Touriga Nacional et Tinta Roriz.
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