mardi 26 novembre 2013

The Corner Room, Londres



Je dois admettre que depuis que j’ai eu la chance de dîner au Clove Club, Little Social et Upstairs at the Ten Bells, je suis à la recherche de cette nouvelle bistronomie de haut-niveau anglaise et ce que l’on appelle parfois les gastropubs. C’est en discutant à l’époque avec le chef Giorgio Ravelli de Upstairs qu’il m’avait conseillé d’aller au Corner Room, une table que j’avais déjà identifée parmi d’autres.

Généralement je sillone les tables du quartier ou je réside et me trouvant à Shoreditch, c’était l’occasion idéale pour y dîner.

Corner Room est un restaurant d’hôtel dont le nom est le Tawn Hall mais aussi le second établissement du très réputé chef Nuno Mendes de Viajante. Viajante table étoilée particulièrement en vogue depuis quelques temps. Mais second restaurant ne veut pas signifier qualité moindre mais plutôt un lieu moins formel et aussi plus abordable. Selon les dires avant ce repas, je n’avais entendu que des louanges avec les qualificatifs suivants : impressionnant, irréprochable, perfectionnisme.

Nuno Mendes qui a aussi fait ses classes chez Ferran Andria se définit  comme quelqu’un réalisant une cuisine innovante plutôt ibère, avec des influences asiatiques et sud-américaines. Mais soyons bien clair… Il ne s’agit aucunement de cuisine fusion !

Situé au rez-de-chaussée de l’ancienne Mairie, c’est face à un très beau bâtiment typiquement Victorien que vous vous trouverez.   



Une entrée un peu dissimulée car c’est par le hall de l’hôtel qu’il faut rentrer, puis prendre la rampe d’escalier pour aller au premier.


La salle de restaurant n’est pas vraiment grande et l’ambiance qui s’en dégage immédiatement à tout pour plaire.


Vraiment le style de décoration que j’apprécie ; un peu bistrot, un peu loft, un peu industriel.  C’’est vraiment très mode ces derniers temps que de proposer des lieux où l’on mange fantastiquement dans un environnement presque dénudé. C’est d’ailleurs le cas à Paris chez Septime et à Londres dans les lieux précités.



Une salle au plancher brut, des murs de catelles blanches, une impressionnante collection de lampes métalliques d’ateliers, une cheminée centrale.


Un personnel en uniforme noir m’accueille tout souriant avec une très aimable dame d’origine hispanique.

Une fois installé à ma table, l’on apporte le menu qui quotidiennement change est qui est plutôt court mais aussi particulièrement très intéressant. Effectivement il y a des références légères à l’Espagne, au Portugal mais aussi quelques ingrédients plutôt asiatiques. Mais l’impression générale qu en ressort c’est une cuisine de haut-vol, créative et basée sur des produits méditerranéens.

Il s’agit d’une carte avec des petits plats que l’on prend selon ses envies et sa faim.Après discussion avec cette dame qui me semble être la responsable de salle, j’opte pour deux entrées et un plat principal. Entretemps m’est servit un délicieux pain aux fruits secs accompagné d’un beurre salé-poivré et d’une préparation à base d’olives vertes, pomme et cèleri. Quelque chose de très goûteux et qui accompagne très bien le pain.


Première entrée avec une dorade au babeurre fermenté et pomme. Je suis déjà assez impressionné par le dressage, une vaisselle plutôt de terre cuite entre campagnarde et japonisante avec au centre une composition élégante de jus vert et blanc avec de manière asymétrique des filaments de pommes sur lesquels l’on distingue de l’aneth et du cerfeuil. Le poisson est cru, légèrement salé mais pas tout à fait comme un ceviché mais plus proche de la texture d’un hareng fais salé. Les sauces apportent un côté plutôt très frais et citronné ou plutôt aigrelet par la transformation du lait frais en babeurre. Les pommes sont coupées ingénieusement comme des spaghettis conférant au tout une très grande légèreté et fraicheur.


Seconde magnifique assiette avec de la langue de veau, réglisse et poireaux sauvages. Même approche visuelles avec un décalage au niveau de la présentation, des jeux de couleurs et de textures. La langue est poêlée et déposée sur une sauce à base d’herbes légèrement douce et citronnée avec un arrière-gout de réglisse. Les feuilles de verdures amènent un coté croquant et les poireaux un peu de tonus en bouche.


Un plat principal, du flétan et couteaux fumés, côtes de bettes rouges. Une belle composition dans les couleurs avec un poisson sublimement cuit à la vapeur, relevé par le goût fumé du coquillage et les côté très légèrement amer des bettes.


Trois plats d’une incroyable légèreté digne de certaines tables gastronomiques.

En dessert je choisis le chocolat et cresson, glace à la cannelle. Le chocolat est tiré dans un bol et qui se fond avec la couleur de la porcelaine, la glace cannelle est absolument parfaite et le plus étonnant sera cette huile de cresson ainsi que les quelques feuilles apportant un côté très vert et une pointe d’amertume au dessert. Un dessert chocolat vraiment innovant !


Un verre de vin portugais pour accompagner ce repas, un Paco dos Cunhas de Santar « Nature » 2010, Dao, Touriga Nacional et Tinta Roriz.

Quel incroyable repas que celui-ci qui doit probablement être l’un des repas de haut niveau le mieux tarifé de la city. Chaque plat est étudié, magnifiquement cuisiné et présenté avec délicatesse. Une cuisine innovante et subtilement influencée par les origines ibériques de Nuno Mendes.


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