Valleiry
est un petit village de Haute-Savoie se trouvant entre Saint-Julien et
Bellegarde. On dira qu’en une vingtaine de minutes depuis Genève vous y serez
facilement car la route est « toute droite » et sans trop de trafic
le soir. C’est la que s’est ouvert il y environ une année un bistrot que vous
aurez probablement beaucoup de peine à trouver sur la toile car tout simplement
le patron n’est pas un afficionado des technologies et de plus ne voit pas la
valeur d’être visible de cette manière car le bouche à oreille fonctionne très
bien. Alors pourquoi effectivement s’enquiquiner avec « cela »…
Vous ne
manquerez pas l’établissement au 187 route de Bellegarde car la vache le long
de la route vous en indiquera l’emplacement. Rassurez-vous, il ne s’agit pas
d’une vraie vache mais d’une réplique grandeur nature sur laquelle se trouve
une casserole…
Le Café du
Rhône propose un parking à quelques mètres pour la clientèle et semble aussi avoir
une terrasse mais devant l’établissement, probablement plus pour prendre un
café par beau temps.
La raison
pour laquelle j’étais à prime abord interessé par cet établissement est liée au
fait qu’il s’agit d’un Bouchon Lyonnais ! Le type de table que j’apprécie
énormément ocasionnellement car cela peut souvent être un excellent moment avec
de la cuisine canaille que l’on trouve souvent difficilement en dehors de Lyon.
Une fois
entré dans la salle principale, vous vous direz sans aucun doute… « Eh
bien oui c’est un vrais Bouchon !». Un comptoir en entrant à gauche et une
salle pleine de tables de bistrot joliment décorées avec leur nappes à carreaux
rouges et blancs, la sur-nappe de papier, les ballons pour le « jaja »…
Les murs
rouges sanguins avec de multiples décorations et cadres. Indéniablement l’endroit
est fidèle à ce qu’un Bouchon devrait être même si la patine du temps n’est pas
encore présente. On se sent bien, l’endroit à tout pour plaire.
Sur l’une
des parois, le menu à 29 Euros avec entrée, plat principal, fromage et dessert !
Et tout cela au choix. On croit rêver. Des plats traditionnels autour de la
tripe ou autres abats mais aussi des viandes et autres préparations toutes
alléchantes. Une carte qui change au grès des saisons selon le chef avec lequel
nous avons eu une sympathique discussion en fin de repas.
Pour attendre,
on nous apporte une coupelle avec quelques tranches de saucisson et des
grattons ; une vraie spécialité lyonnaise. Réalisé avec de la panne de
porc, le gras est découpé en morceaux de taille raisonnable et ensuite mis à
fondre dans une casserole afin d’en extraire le saindoux. Ce qui en reste sont
des parties plutôt solides et rissolées que l’on agrémente de sel et de poivre.
En entrée je
prends la chartreuse de choux et d’andouillette. Généralement apprêtée de
diverses manières; au petit-salé, au lapin, avec de la pintade et encore mieux
au perdreau, faisan ou Grouse ; ici donc à l’andouillette. A l’origine, ce plat ne se cuisinait qu’à
partir de légumes mais avec le temps diverses interprétations culinaires sont
apparues. Il s’agissait à la base d’une macédoine de légumes montée dans un
moule uni, à timbale. Ici le chou est l’élément de base et l’andouillette y a
été incorporée je dirais subtilement car si vous n’êtes pas amateurs de cet
aliment, je vous garantis que le plat fut parfaitement préparé avec un goût
finalement ne mettant pas trop en avant le produit. On y retrouvera de même
quelques brisures de noix dans la farce. Une fine sauce probablement avec une
base de tomates pour agrémenter le tout.
Autre
entrée, les langues d’agneaux sauce ravigote. Pour les amateurs de langue un
vrai délice car celle d’agneau est plus fine que celle de veau. Dressée sur un
peu de chou rouge râpé, les langues sont cuites à la perfection et la sauce
ravigote ; une sorte de vinaigrette à base en principe de câpres, d’oignons
et d’herbes, accompagne parfaitement le tout.
Le foie de
veau beurre persillé sera peut-être légrèrement décevant non pas en raison de
la préparation mais son côté légèrement dur. Rien de grave mais un foie tendre,
c’est quelque chose de magnifique !
Un joli gratin de pâtes en guise d’accompagnement.
Mais le « hit »
de la soirée fut la Quenelle de brochet maison, sauce écrevisses, riz. Je n’avais
pas mangé ce plat depuis de nombreuses années et j’avais vraiment envie de
redécouvrir ce plat qui fait partie de la culture gastronomique française. Souvent
baptisées de Nantua mais aussi Lyonnaise, elle fut à l’origine une des manières
de préparer les poissons pêchés dans le plateau des Dombes.
Ce plat c’est
presqu’un quitte ou double. Soit c’est à la limite de l’infecte lorsque les
quenelles sont non seulement pas de brochet mais industrielles et spongieuses;
la sauce avec un goût sans finesse. Soit c’est un magnifique plat lorsque l’on
prend le temps de les préparer avec de bons produits.
Je vous
garantis à nouveau que cela a du être parmi les meilleures quenelles que j’ai
mangé. Réalisées sur place avec du brochet tous les deux jours ; d’une
incroyable légèreté presque comme un soufflé et accompagnées d’une sauce elle
aussi très fine et pas trop crémeuse. Même l’autre convive qui n’a jamais aimé
les quenelles… a reconnu que c’était délicieux !
Une jolie
assiette de fromages pour suivre avec une forume d’Ambert, un St Félicien
coulant, du Comté et une tomme-reblochon.
Comme
desserts nous avons sélectionné un sorbet Cassis arrosé au marc de Bourgogne et
des pruneaux au vin. Desserts gourmands
et généreusement servis d’ailleurs comme l’ensemble du repas.
Avec ce
repas un Moulin à Vent domaine du Granit Tradition 2010 de chez Bertola-Bessone.
A noter que toutes les bouteilles peuvent être détaillées en 3 ou 5 dl, ce qui
est plutôt agréable.
J’oubliais
de dire que l’accueil et le service fût tout au long du repas très disponible
et souriant, assuré par une dame et deux jeunes filles.
Il faut
aussi savoir que le Café du Rhône propose chaque samedi en fin de mois « le
machon ». Pour ceux qui ne connaissent pas, il s’agit d’une tradition qui
fait partie du patrimoine gastronomique lyonnais. C’est tôt le matin que l’on s’attable
pour manger des cochonailles, tripes ou autres plats tout cela arrosé de
beaujolais. D’après ce que j’ai compris, le restaurant est transformé en une
grande tablée et pour 20 Euros c’est un repas avec je crois vin à volonté… Donc
si a 8 :00 du matin vous êtes attirés par du cassoulet…du cochon de lait….ou
autre chose (plat unique différent à chaque fois), vous aurez où aller !
(sur réservation).
Eh bien
voici un délicieux lieu où nous avons mangé une cuisine roborative et de
qualité comme dans peu d’endroits dans un agréable décor et sympathique
ambiance. Chapeau !
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