Etant à
Brooklyn, voici une opportunité pour visiter l’une des tables les plus
médiatisées depuis quelques mois, « Take Root ». Une réservation pour
laquelle il faut d’avance communiquer ses détails de carte financière et qui
nous informe qu’il faut « tous » être présents pour les 20 :00.
Pas une minute de retard car les retardataires risqueront de se voir refusé
l’accès ou après quinze minutes de retard auront manqué des assiettes... Douze
couverts en tout et pour tout, ce qui explique le pourquoi du comment. Pas un
restaurant conventionnel mais plutôt un lieu pour épicuriens qui se
rencontreraient comme chez des particuliers. D’ailleurs il faut savoir que le
concept démarra dans un appartement… Et pour information additionnelle,
l’établissement n’est ouvert que les jeudi, vendredi et samedi.
Ouvert
début 2013 non loin du Caroll Gardens, l’établissement proposait initialement des
cours de yogas la journée et le soir de la restauration. La cheffe Elise
Kornack fût au préalable une artiste, puis travailla dans un grand nombre
d’établissements dont le réputé « Aquavit » où elle officiait comme
sous-chef. Avec sa partenaire Anna Hieronimus qui deviendra responsable de
salle, elles décidèrent d’ouvrir cet établissement combinant une cuisine
sophistiquée avec un côté artiste. C’est l’année passée que cet établissement
obtenu sa première étoile Michelin ! Une cheffe donc qui fait la une des
médias avec quelques nominations telles que « meilleur nouveau chef »
dans le New York Magazine, sans compter l’impressionnant nombre de référence
dans la blogosphère. Une cuisine inventive se focalisant sur des associations
de saveurs limitées à quatre éléments afin de préserver des goûts et textures
que l’on pourrait considérer comme « nettes » au contraire de ces
associations souvent complexes et mêmes fatigantes…
C’est dans
un quartier subissant de Brooklyn subissant probablement une certaine
gentrification que se trouve « Take Root ». Dans une rue plutôt résidentielle, une
devanture illuminée vous indiquera que vous êtes arrivés.
Les
convives sont la plupart arrivés et nous serons placés « à la table du
chef » qui en fait est en réalité un comptoir avec quatre convives qui
peuvent aussi dîner face à la cuisine qui se trouve derrière un mur. Un lieu
qui ressemblerait plus à un studio qu’un réel restaurant, avec ses quelques
tables et murs blancs et sans réelle décoration. Pas vraiment un lieu zen mais
plutôt minimaliste où le strict minimum a été imaginé. Pas de couverts, juste
deux verres et une serviette en papier.
Etant sur
le côté droit de ce comptoir nous avons pu entre-apercevoir à travers une
petite fenêtre la cheffe qui nous a vraiment bluffé car tenir seule une cuisine
avec 12 convives n’est pas donné à tout le monde. Tout est soigneusement
orchestré et à aucun moment nous aurons eu l’impression d’attendre. En plus de
cuisiner, elle se déplace également souvent en salle pour présenter les
assiettes.
Un repas
donc qui durera environ deux heures et demi avec un menu imposé à 120 USD sans
compter les boissons et taxes.
Une série
de bouchées avec pour commencer des cœurs de poulet fumés sur un petit biscuit
avec sur le dessus une fine tranche de betterave. A côté des crones qui ont
étés transformés comme des « pickles » à savoir vinaigré. Une jolie
association de textures qui éveille les papilles.
De
surprenantes huitres « Beau Soleil » avec une gelée de tomates vertes
et huile de poireau. Ces huitres proviennent du New Brunswick au nord du Maine.
Fines et légères elles sont rehaussées par le goût de cette gelée légèrement
acide et le côté presqu’un peu fumé de l’huile.
Nous
continuons avec une mousse de pommes de terre très légère et onctueuse
accompagnée de fenouil légèrement frit et d’hysope qui est une plante
médicinale. Dans le fond du bol une délicieuse réduction pour amener une touche
très gourmande au met.
Nettement
moins convaincu par le plat suivant un peu trop ludique et sans réelle saveur.
Une infusion de chou dans laquelle l’on peut ajouter à sa guise quelques gouttes
d’huile au gingembre ainsi qu’une pâte d’oignon plutôt concentrée. On mélangera
le tout que l’on accompagnera d’un morceau de kaki.
Arrive deux
magnifiques brioches qui seront tranchées et servies à chaque table.
Probablement la meilleure qu’il m’ait été permit de manger. Légère, un parfum
vraiment exceptionnel, que l’on accompagnera d’un beurre fouetté légèrement
salé.
Entrée
suivante avec une salade composée de céleri, poire, navets, raifort sur une
sauce montée au parmesan. Rafraichissant mais me laissera un peu indifférent.
L’assiette
suivante m’aura fait une assez grande impression mais me laissera une
impression d’inachevé. Une tranche de
courge butternut sur laquelle se trouve une mousse de ris de veau et déposée
dans un bouillon réalisé avec du homard. Les associations de saveurs sont
ingénieuses mais l’épaisseur de la tranche de courge est trop grande.
En plat
principal, de l’agneau confit accompagné d’une moutarde maison, d’une prune
délicatement fumée et de radis. Une manière de transformer le classique
brisket-BBQ en quelque chose de plus léger avec la légère touche fumée classique
de ce genre de plats. En accompagnement une salade de trévise avec une
vinaigrette à l’anchois. Tout est bien cuisiné mais reste un peu évident.
Probablement
l’assiette de la soirée qui sera bien au-dessus des précédentes, des lentilles
beluga dans une sauce à base de café et de champignons, recouverte d’extraordinaires
lamelles de truffe noire d’Italie. Sur le côté une touche coulis de « baies
d’olives » qui ne sont surement pas des olives mais avec un goût proche de
la canneberge.
Premier
dessert avec un apple pie reconstitué car structuré comme une glace à l’excellent
goût de pomme, d’eucalyptus et sur le dessus des vermicelles qui rappellent les
saveurs d’une pâte à gâteau et la cannelle.
Second
dessert un peu trop dans le registre de saveur du premier avec un biscuit
éponge sur lequel on retrouvera une mousse à base de mélasse et sur le côté une
touche de crème de clémentine et sur le dessus la transformation du sésame en
halva. Un peu trop mono saveur selon mes goûts.
Pour terminer
ce repas, un punch à base de whisky et de crème de lait accompagné d’un biscuit
aux épices.
Avec ce
repas, un vin américain de l’Oregon, un pinot noir Grochau Cellars de 2014
plutôt léger et qui s’est laissé boire mais nous dirons « sans
plus ».
Plutôt difficile de juger un tel repas car évidement il y a beaucoup de travail, une certaine originalité mais l’impression finale reste plutôt assez mitigée. Si l’on fait abstraction que nous sommes à New-York, cette table ne ressortirait vraisemblablement pas du lot si l’on compare la prestation aux nombreuses tables de Paris, Lyon et même dans la nouvelle génération de cuisiniers espagnols. Une facture plutôt élevés car proche des 200 USD par personne qui laisse une sensation d’un peu d’inachevé car un repas avec des ingrédients plutôt bon marchés, un service rapide mais sans trop de fioritures et une serviette en papier ne me fait pas penser que cette étoile soit vraiment justifiée. Une addition réglée un peu à la va vite et même pas d’accompagnement vers la porte d’entrée… Une cheffe certes douée avec des idées et cuissons précises mais cela ne suffit pas. Peut-être un phénomène de mode ou alors une cuisine peu fréquente aux Etats-Unis qui évidement séduit
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire