Voici
probablement l’une de mes plus belles tables de 2016. La cuisine italienne ne
propose que rarement une révolution dans l’assiette et ne s’est pas vraiment calquée
ou alors que rarement sur cette évolution de la cuisine que l’on trouve de la
Scandinavie à l’Espagne en passant par la France et autres régions du monde
comme les Amériques. Tout le monde
s’attend un peu à retrouver ce qui fait la réputation de la cuisine italienne ;
des saveurs gourmandes, des produits de qualité et des recettes éprouvées.
Rares sont les tables qui osent s’aventurer vers quelque chose de différent ou
alors d’inspiré. « L’Osteria Francescana » en étant une et
probablement quelques autres, mais en nombre plus que rare. « L’Osteria
Fernanda » sera assurément mon plus beau souvenir romain car cette table est
arrivée avec beaucoup d’ingéniosité à associer classicisme avec créativité.
Située dans le traditionnel et touristique du Trastevere, ce n’est pas du tout
ce que vous pourriez vous imaginer du quartier.
Tout
d’abord il faut vraiment trouver le lieu car l’établissement ne se trouve pas
du tout dans la rue touristique habituelle mais dans une rue un peu déserte et
pas vraiment engageante. Plutôt un quartier résidentiel mais d’immeubles et non
de villas. Cependant arrivé à l’adresse, vous serez plutôt étonne de trouver un
lieu assez moderne avec de grandes vitres entourées de composants métalliques
noirs.
Un
intérieur plutôt assez sobre, épuré et qui je crois a été récemment ouvert car
cette table se trouvait au préalable à une adresse.
On aurait
peut-être l’impression de se retrouver en Scandinavie avec ces parois blanches,
tables en bois très simples, structures métalliques noires. Ce qui égaye le
tout c’est cette grande paroi de bouteilles de vin depuis laquelle le service
puise les commandes.
Une salle
structurée en deux niveaux avec quelques tables au premier et la cuisine
adjacente ou l’on voit le Chef Davide del Duca avec sa barbe,
Au plafond
un jeu de lumière toujours aussi actuel, design et point trop violent.
Un ensemble
vraiment réussi, contemporain et décontracté.
En recevant
la carte, tout de suite on sent que quelque chose va se passer. Rien n’est
conventionnel, rien de farfelu, mais tout semble être prodigieusement étudié.
Des plats de base italiens souvent revisités ou imaginés. Comme le choix est
compliqué, le menu « dégustation Luca » à 45 euros sera probablement
parfait.
Avant de
commencer, nous recevrons une excellente boule de pain maison dans laquelle
nous trouverons des noix, graines et fruits secs, accompagnée de beurre de
Bretagne.
Arrive une
assiette longitudinale sur laquelle sont déposés quelques amuse-bouche, appelée
« Bienvenue du chef ».
Une chips
croquante ressemblant au « kroepek » à la saveur tandoori.
Une délicieuse
boule de pâté de foie de volaille entourée d’une fine gelée à la cerise
ressemblant à un chocolat.
Un
assemblage de fromage frais et pecorino avec du zeste de citron. Tout ceci est
original et laisse présager un repas très pertinent.
Second de
service de pain et grissins.
Première
époustouflante entrée très esthétique appelée, Huitre, algues, chou-fleur et
bouillon de racines. L’huitre est mi-cuite, découpée en tronçons, intégrée avec
une crème de chou-fleur, accompagnée d’une glace à l’algue et entourée de ce
jus aux saveurs un peu terreuses. Toutes les textures sont là, les saveurs se
complètent sans faute, une entrée qui vaut largement son macaron.
Seconde
entrée avec un Ris de veau rôtis, mousse de Pecorino romain, thé matcha et
fèves. A nouveau, cette assiette est très épurée, le ris est cuit de manière
très précise avec un croustillant extérieur et très moelleux. Il est recouvert
de la poudre de thé pour le parfumer et des quelques fèves. Une assiette
absolument parfaite.
Voici une
assiette que je me rappellerai longtemps, le Spaghetti « Benedetto
Cavalieri », aubergines brulées, tartare de scampi et pistaches. Un plat
que l’on pourrait immédiatement considérer comme une simple assiette de pâtes
mais nous en sommes loin. Pâtes cuites avec une précision remarquable, la sauce
est réalisée avec ces aubergines réduites presque en légumes secs et ensuite
réduites en poudre pour confectionner cette sauce qui n’a finalement pas un
goût brulé. Sur le dessus le tartare de scampi cru d’une incroyable fraicheur
que l’on incorpore aux pâtes et qui s’auto-cuit légèrement avec la chaleur.
Pour une touche croquante des brisures de pistaches. Un exemple de la
créativité du chef qui s’inspire de la cuisine traditionnelle pour en faire
quelque chose de nouveau.
Autre plat
de pâte tout aussi mémorable, les « cappelletto » remplis de bière,
sauce au parmesan, foie gras, champignons et noisettes. Encore une fabuleuse
idée que de farcir la pâte avec un jus de bière qui explose en bouche amenant
une fie amertume en bouche mais contrebalancée par les copeaux de foie gras et
la sauce crémeuse au fromage. Quelques fins champignons japonais sautés et des
brisures de noisette du Piémont.
Magnifique.
En met
principal la Pluma ibérique, navets, fruit de la passion et n’duja. Il apparait
clairement que certains aliments hispaniques sont au goût du jour en Italie. La
pluma est rôtie à la perfection, la saucisse pimentée italienne est étalée sur
la viande et peut évidemment être un clin d’œil au chorizo, le petit jus de
fruit de la passion amène une touche acide très agréable.,
Un
excellent pré-dessert à base de glace à la rhubarbe et crumble.
Et le
dessert final qui fût absolument fantastique avec une Mousse d’ail noir, glace
à la bière rouge et pelures de tubercules frites. La glace est douce avec une
pointe d’amertume, la mousse est caramélisée et ne laisserait pas supposer qu’il
s’agit d’ail. L’ail noir étant un procédé japonais qui transforme le germe en
quelque chose de très différent. Quelques chips de divers tubercules comme
artichauts et topinambour pour le côté croustillant. Un dessert qui à nouveau
ne déparerait pas une grande table étoilée.
Pour finir
ce repas quelques mignardises.
Un second
flacon lui du sud, un Unodinoi 2013, Primitivo bien classique mais moins fin
que la précédente bouteille.
« L’Osteria
Fernanda » ne figure pas encore dans les grandes tables de Rome mais cela
ne saurait tarder car certaines assiettes étaient au niveau d’une étoile si pas
plus. Probablement la meilleure table du Trastevere pour celles et ceux qui
souhaitent découvrir une cuisine italienne en pleine transformation, créative,
audacieuse, gouteuse, esthétique, presqu’un peu dérangeante pour les italiens
non habitués par ce type de cuisine. Un repas merveilleux a des prix encore
très raisonnable tenant compte de l’exceptionnelle prestation. Un chef dont on
va surement entendre parler au vu des exceptionnelles assiettes sorties de sa
cuisine.
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