Retour chez le chef prodige Heinz
Reitbauer de Steirereck après plus de six mois. Toujours brillament
classé dans le « Top des 50 meilleurs restaurants du monde» de l’eau
italienne que tout le monde connait… et en position 9 de ce classement
en 2013, je me tardais de re-découvrir cette cuisine qui m’avait
fortement impressionnée en son temps avec ses caractéritiques d’Europe
de l’est.
De manière générale, mes observations datant de
janvier restent un peu semblables par example par rapport à l’acueil un
peu inexistant ou même froid. La maison où se trouve l’établissement est
toujours si impressionnante vue de l’extérieur ; le hall d’entrée dans
les tons rouges est toujours surprenant ; la cuisine visible à travers
la baie vitrée reste quelque chose qu’il faut visualiser quelques
instants.
Comme la première fois, je n’ai pas trop eu
l’impression d’être acceuilli. Pour un Relais & Château avec deux
macarons, cela serait un peu le minimum. Une fois dans le hall en
attendant que quelque chose se passe, finalement quelques instants plus
tard nous voici dans cette grande salle à manger plutôt chic que
certains apprécient et d’autres non… Nous somme à Vienne « la classique »
et non pas en Scandinavie ou en Espagne où l’on aime innover dans les
architectures.
Une salle néanmoins que je qualifierais de
confortable avec le reproche qu’il y a finalement pas mal de passage
entre les tables qui ne sont pas autant espacées que l’on pourrait se
l’imaginer. Ma recommandation restera que lors de votre réservation vous
demandiez une table le long des parois car certaines proposent un peu
plus d’intimité.
Comme l’autre fois, j’ai trouvé le service agréable
mais avec parfois quelques erreurs. Une carte qui met du temps à
arriver, des assiettes d’amuses-gueules achevées qui trainent sur la
table. C’est finalement peut-être cela qui fait que nous n’ayons pas les
trois fameux macarons… Enfin, passons à l’essentiel, le repas.
Indéniablement
c’est le menu dégustation qui nous tente en version six ou sept plats
très sagement tarifés à 135 Euros. Chaque plat peut-être choisi car il y
a toujours deux sélections possibles. Nous avons donc décidé de prendre
des menus totalement différents afin d’avoir une vue plus large des
nouvelles créations de Reitbauer.
Je recommande également le «
wine pairing » pour plusieurs raisons. Le choix des bouteilles est ciblé
Autrichien et à moins de connaître ces vins, c’est probablement
l’approche la plus simple. Ensuite les associations avec les mets sont
totalement maitrisées et permettent de découvrir d’excellents vins qui
m’étaient inconnus. Les vins sont donc sélectionnés en fonction des
plats choisis dans le menu.
De manière générale, les plats sont
d’une très grande complexité dans leur réalisation. Il y a énormément de
travail dans le travail des ingrédients, les jeux de textures et
associations de saveurs, mais malgré tout il a quelques plats qui ne
nous auront pas laissés un souvenir impérissable et d’autres auront été
absolument divins ! Comme nous sommes en fin d’été et début d’automne,
la cuisine fut plus basée sur des légumes ainsi que sur quelques saveurs
automnales comme champignon et chasse.
Le repas commence avec
quelques amuse-gueules tels qu’une association d’une tranche de jambon
fumé autrchien appelé Vulcano et une lamelle de pastèque déshydratée ;
le tout suspendu à une corde à linge. Une belle impression salée-fumée
en bouche ; une variation ingénieuse du jambon-melon.
Seconde
sensation avec un lit de glace sensant représenter de la neige ; de la
truite crue de montagne enrobée d’amaranthe, des morceaux de céléris
marinés dans du champagne et dans le fond des demi-prunes fraiches. Je
ne suis pas sur d’avoir tout compris de cette association mais cela
restera plutôt anecdotique. Certes visuellement c’est créatif mais cela
reste selon moi un peu ludique.
Troisième amuse bouche, une
composition autour de carottes confites qui m’ont semblées un peu
spongieuses mais arrosées d’une sauce si je me rappelle bien à base de
miel. Le garçon énnonce le plat tellement rapidement qu’a moins d’avoir
un dictaphone, il est impossible de se remémorer les ingrédients.
Probablement la pré-entrée la plus intéressante et visuellement très
belle.
Un des moments cérémonial chez Steirereck c’est quand le
chariot de pains arrive car je n’ai pas souvenir d’avoir vu plus beau
ailleurs. Le choix est impressionnant et tellement varié. A nouveau
impossible de tout se rappeler mais je trouve amusant et même temps
cérémonieux ce garçon qui avec ses gants blancs découpe les morceaux que
j’ai choisi avant d’être élegamment déposé sur mon assiette a pain. Je
me rappellerai de ce fabuleux pain au boudin, de celui au parmesan et
roquette, du bretzel géant découpé en tranches.
La plaque de beurre a
toujours son apparence en sillon et celui-ci est toujours allégé que
l’on peut accompagner de petits morceaux de fruits.
C’est à
partir de cet instant que le menu démarre avec une sucession assez folle
de présentations, de compositions uniques. Chacune semblant nécessiter
un travail gigantesque tellement le nombre d’ingrédients sont présents
sur chaque assiette.
Je démarre avec des tomates Sungold, dates
et noisettes. Ces tomates sont marinées avec des physalis dans un jus de
tomate pimenté. Une sauce composée de dates Medjool ainsi que d’une
confiture de tomate, piment, vinaigre balasmique et huile de noisette
relève admirablement le tout. Sur un coté, une fine lamelle d’avocat
rôti dans sa peau, du pak-choi cuit à la vapeur, des noisettes grillées
et des feuilles de sauge croustillantes. Le jeu de couleur est parfait,
les saveurs sucrées s’harmonisent. Une très belle interprétation autour
de la tomate.
L’autre entrée fut une truite de montagne «
Schwarzauer » avec du melon, concombre et des pousses de petits pois
étiolés. La truite crue est assaisonnée avec du sel citronné, le melon
est légèrement cuit à la vapeur citronnée, le concombre a macéré dans du
verjus, de la bière au gingembre et un vinaigre balsamique blanc. Sur
un coté, une trainée de laitue à l’huile de basilic et miel d’acacias,
poivre cayenne. Quelques haricots mungs fermentés et les pousses de
petits pois marinées. Voici typiquement un plat d’une énorme complexité
qui s’avère être un peu décevant finalement en bouche. On apprécie le
travail mais le résultat manque un peu de tonicité en bouche.
Le
plat qui suivra restera à tout jamais ancré dans ma mémoire car atteind
la perfection. Des betteraves Chioggia à la rose, champignons et
verveine. Cette betterave de Chioggia est ronde, à la chair sucrée, rose
veinée de blanc. Cuite dans un beurre brun, elle devient extrêmement
tendre en bouche. Sur le coté une farce de champignons hachés avec des
échalottes, noix de pécan et verveine. D’autres morceaux de betterave
avec un chutney de rose sur le dessus, quelques champignons macérés dans
le verjus, la verveine, du piment avec du sel de rose. Egalement
quelques feuilles de betteraves et de radis marinées dans du vinaigre de
framboise et de l’huile de rose. Quelques pétales de roses et de
l’oseille pour magnifier l’assiette. Les associations sont folles en
bouche. L’on passe du coté presque oriental de la rose aux saveurs
terriennes avec les champignons et lee betteraves. Une assiette
magnifique !
Pour l’autre convive, de la courge avec des pommes
de terre douces, des tomates, amandes et lavande. La courge est rapée et
mélangée avec de la livèche écossaise, des pepperoncini ainqi que des
amandes toastées. En guise d’entourage, des lamelles de cette courge de
couleur verte qui aura mariné avec de la lavande, du miel d’acacias, des
graines de moutarde et du jus de citron. Quelques pommes de terres
caramélisée avec du gingembre, des zestes d’orange et du même miel.
Autour une vinaigrette de jus de tomate, gingembre, amandes vertes,
huile de lavande avec quelques morceaux de lavande cuits à la vapeur. A
nouveau beaucoup de travail pour un résultat un peu décevant. Certes il
y a beaucoup de fraicheur dans cette assiette mais il en ressort un peu
un goût unilatéral.
Plat suivant, un « Reinanke » avec des
courgettes, poivrons et feuilles de noisettes. Le poisson de la famille
du saumon provient du lac Hallstättersee et est pôelé. Sur le dessus une
feuille de courgette déshydratée accompagnées de pousses de courgettes
sautées. Quelques morceaux de poivron caramélisé au verjus et à
l’hydromel. Des fleurs de courgettes croustillantes, de l’avocat mariné
au citron vert. Un jus de courgette grillée avec de l’huile de feuille
de noix. Une très belle et délcieuse symphonie de transformation de la
courgette autour d’un poisson cuit à la perfection, cependant une
linéarité des saveurs.
Un émerveillement devant l’esturgeon au
barbecue avec du hohlrabi, quinoa et sureau. Le poisson a été déglacé
avec du cidre de poire, du jus de sureau et du vinaigre balsamique
rendant presque la saveur un peu asiatique. Le quinoa se trouve entre de
fines lamelles de chou kohlrabi avec également des pousses de petit
pois. Une crème aigre à base de ciboulette et de poivron sancho pour
rehausser le tout et sur le coté quelques goutes d’huile de ciboulette.
Un plat d’une très grande gourmandise qui m’a vraiment beaucoup plus.
Des textures bien distinctes qui s’harmonisent avec merveille.
Pour
suivre de jeunes artichauts « marchfelder » au concombre et pavot. Les
artichauts sont pochés avec du sureau et ensuite grillés. Les concombres
« pomme crystal » sont braisés avec du vin de riz et de l’aneth. Un peu
de graines de pavot et de la poudre de cornichon. Des racines de
capucine, des concombres crus « brown russian » marinés dans de l’huile
de bourrache et finalisés dans du jus de concombre. Les racines de
bourrache sont marinées dans le verjus ; un peu de crème de chardon et
des feuilles bourache. A vrais dire ce plat m’a laissé un peu
indifférent. A nouveau beaucoup de travail pour un résultat un peu
décevant.
Pour moi des épinards « arbre » avec de jeunes radis et
de la moelle. Ces épinards sont en réalité comme des arbres avec de
grandes feuilles, cuits ici à la vapeur. Accompagnés de gnocchis aux
pommes de terre et épinards cuits dans du babeure. Les radis sont
marinés dans du vinaigre balsamique et de l’huile de faine, certains
épinards cuits également dant le verjus et un beurre brun. Quelques
moreceaux de moelle et de l’hysope rouge sur le dessus avec une tuile de
pomme de terre. Le plat est d’une très grande beauté donnant
l’impression de se trouver dans un sous-bois, les saveurs sont bien
la…c’est simplement époustouflant.
En plats principaux du
chevreuil aux mais, chanterelles et abricots. La viande a été enroulée
dans de l’arroche de jardin, une espèce d’épinard, sautée avec des
chanterelles et maïs. Sur le coté un biscuit également au maïs, quelques
abricots. Une autre herbe appelée mouron des oiseaux qui a été marinée
dans du vinaigre balsamique, des haricots noirs fermentés. Un très beau
plat plein de saveurs mais finalement plutôt classique. Il y a nouveau
beacoup de travail mais il sera difficile de distinguer clairement
chaque goût.
Pour moi de la pintade au fenouil, manioc,
topinambour et hémérocalle. La pintade a été cuite a basse température
est est absolument divine, lw fenouil a été braisé au Pernod et tamarin,
les felurs d’hémérocalle ont été déglaccées au vinaigre, mélasse,
sardine et tamarin. Un peu d’herbe de fenouil sur le dessus avec les
racines également pôelées dans le jus de la voilaille. Le tout donne un
plat très automnal qui est délicieux mais à nouveau les saveurs sont
assez habituelles ou plutôt je devrais dire ont un manque d’originalité.
Etonnement et a mon plus grand regret, il n’y a eu aucun pré-dessert comme la première fois que je suis venu.
Un
des desserts fut une vraie merveille : des fraises mara des bois avec
des pelargonium et du céléri. Les fraises ont été marinées dans un sirop
de fleurs pelagornium, des morceaux de céléri marinés dans du jus de
pomme ; une petite crème de chocolat blanc ; de la meringque aux fraises
; un sorbet au céléri ; des fraises déshydratées ; un jus de
fraises-fleures avec de l’huile de citron. Ce qui l’en ressort c’est
l’explosion en bouche de ces fraises et du sorbet céléri. Deux saveurs
bien distinctes qui s’harmonisent à la perfection.
Pour moi un
dessert très visuel et qui ne peut pas laisser indifférent. Des pétales
de fleures avec du miel, des fruits de la passion et des pollens. Les
pétales sont parfumés avec des essences de fleurs d’orangers amères ;
une tuile réalisée au miel sur une crème au fruit de la passion ; de la
gelée de violette et une glace à l’orange amère et yoghourt. L’assiette
est magnifique mais il y a un coté un peu trop sucré pour moi.
Les vins accompagnants chaque plats furent absolument parfaits et toujours en harmonie avec les saveurs des assiettes.
Alors
que dire…beaucoup de travail, des dressages étudiés souvent
représentant des paysages de la nature, énormément d’ingrédients peu
connus mais qui n’ont pas toujours de réelles saveurs. Je veux bien que
l’on m’impressionne avec des herbes rares mais pour autant que celles-ci
ammènent quelques chose au final. Enormément de marinades pour la
plupart des réalisations mais je défie n’importe qui d’identifier les
goûts les yeux bandés car finalement tout « se noye »… Il manque des
saveurs distinctes dans la plupart des assiettes. Sur l’ensemble du
repas je dirai que je n’ai été séduit que très rarement. Quelques plats
sont magnifiques mais certains relèvent plutôt de l’exercice de style.
Néanmoins une table a découvrir et re-découvrir à Vienne, espérant que
ce ne fut qu’une expérience mitigée.
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