Ce qui est
fantastique à Londres c’est de pouvoir manger toutes les cuisines du monde et
souvent de manière équivalente à ce que l’on peut trouver dans le pays d’origine.
Mais cette fois-ci je me suis décidé d’aller apprécier une cuisine forte peu
courante dans la restauration à part quelques exceptions, la cuisine juive.
En
parcourant la toile, je suis arrivé un jour sur une page d’un nouvel
établissement londonien appelé « 1701 » qui proposait une
« cuisine moderne juive ». Après avoir vu les photos présentées
dynamiquement sur ce site et plutôt impressionné, je ne pouvais qu’y aller faire
une visite.
Ayant dans
le passé visité Israel je me rappellais que l’on pouvait classifier la cuisine de
manière simpliste « en deux camps » ; celle ashkénaze et celle séfarade.
Il y a surement plein d’autres appelations mais j’en resterai a ces deux la.
La cuisine
ashkénaze est d’origine d’europe de l’est, d’Allemagne et d’Alsace. Une cuisine
plutôt nourrissante réalisée avec des ingrédients simples comme du chou, des
betteraves, des pommes de terre. Je me rappellais du fameux « gefilte
fish » qui sont des boulettes de carpe ; des « latkes »,
galettes de pommes de terre, du foie haché aux oignons « gehakte leber »
parmi tant d’autres plats. La cuisine séfarade elle est plûtot d’origine du
moyen-orient et du maghreb et ressemble selon moi aux cuisines que l’on trouve
la-bas, donc peut-être moins de spécialités particulières ce qui n’enlève rien a
la qualité des mets. Les ingrédients principaux étant le mouton, le bœuf, les
légumes et fruits secs. Egalement un grand nombre de délicieuses pâtisseries.
Ce sont aussi des cuisines liées à certaines fêtes pendant lesquelles certains
plats sont préparés.
Ce nouveau
restaurant « 1701 » se trouve à coté de la plus ancienne synagogue de
Grande-Bretagne ; la Bevis Marks.
Une synagogue qui fut construite au fond d’une allée en 1701 (ce qui
explique le pourquoi du nom du restaurant) où l’on pratique encore quotidiennement.
Un endroit finalement pas si simple à trouver car cela se trouve dans une cours
sécurisée perpendiculaire à la rue principale. Sur le coté gauche la synagogue
et au fond l’entrée du restaurant.
Après avoir
gravis quelques marches, vous voici dans une salle plutôt moderne dont l’un des
murs est celui de la synagogue. Des lumières plutôt douce, des décorations au
plafond pour la fête de Souccot. Une fête où l’on est sensé manger dans une
cabane dont le toit est provisoire et selon les écritures « prendre
les quatres espèces : une branche de dattier, un cédrat, des branches de
myrte et de saule. Le plafond est par conséquent réalisé cette semaine avec des
feuilles et des fruits qui pendent.
Oren
Goldfeld le chef en cuisine semble avoir au préalable avoir travaillé chez l’excellent
Nopi, un des restaurants du médiatique et talentueux autre chef israélien Yotam
Ottolenghi. Restaurant que d’ailleurs je recommande chaudement. On trouvera ici par conséquent ici aussi une
cuisine totalement revisitée et aventurière.
La carte
est magnifique, offre un choix limité mais essentiel de plats juifs que cela
soit ashkenaze ou séfarade et tout cela car joliment illustre chaque plat est
représenté par une jolie gravure sur le dessus. Dans les entrées je reconnais
deux des plats sus-mentionnés comme le foie haché et les boulettes de poisson
mais découvre également des plats plus
moyen-orientaux comme le Sabich à base d’aubergines, d’œufs, de champignons et
de téhiné.
En guise d’amuses-bouche
bouche nous est apporté sur une cuiller un délicieux mini fallafel.
Après
discussion avec le très sympathique Stephane Penkoss, directeur de salle qui s’est
montré des plus compétant toute cette soirée, j’ai choisis pour commencer le « Gefilte
Fish ». Un plat originaire d’Allemagne probablement du 14ème
siècle, préparé avec du poisson dont l’on enlève la chaire, que l’on réduit en
purée, assaissonne et dont cette farce
est utilisée pour remplir a nouveau le poisson (provient du mot « gefüllt »
en allemand. Le poisson est ensuite ficelé et cuit au four.A noter que de
farcir le poisson est une étape qui peut être sautée. Je me rappelais avoir
mangé ce plat réalisé avec de la carpe mais ici il s’agit d’une mousseline de
loup de mer accompagnée de petits monticules de betterave hachée, de raifort, d’une
confiture de carotte et gingembre et d’un aspic. Je retrouve les éléments de ce
plat mais ici tout est formidablement présenté et d’une très grande légèreté.
Autre
entrée le « Sabich », un plat ammené par les juifs d’Iraq entre 1940
et 1950. Pendant le Sabbath, il n’est pas possible de cuisiner et pour cette
raison les juifs d’Iraq mangeaient un plat froid à base d’aubergine frite, de
pommes de terre et d’œufs durs. L’interprétation ici sera une aubergine délicatement
cuite dans un miso avec un jaune d’œuf cuit à basse température, quelques
champignons marinés et un peu de tahini effritée sur le dessus. Un plat
vraiment suave avec des cuissons précises.
En plat
principal il y aura un « repas du vendredi soir », moment où le
Shabbat démarre et l’on mange du poulet rôti et des légumes. Ici nous
trouverons une poitrine de poulet cuite en vacuum, des pommes de terre douces,
des échalottes caramélisées et de petits fenouils. Une présentation minutieuse
avec des produits de qualité parfaitement cuisinés.
Mais probablement
le plat le plus aboutit sera le « Flanken », terme utilisé en Yiddish
pour nommer les travers de bœuf. Un plat d’europe de l’est qui consiste à a cuire la
viande jusqu’à ce qu’elle soit tendre et servie avec du raifort rapé. Un met
que l’on retrouve aussi d’ailleurs dans les deli américains. Ici sublimé car la
viande est fondante, fumée au foin, caramélisée. Une purée de céléri recouverte
de graines de coriandre moulues et un jus de grenade ou pomegranate. Un plat
vraiment exceptionnel associant les saveurs salées et sucrées.
Nous
partagerons un dessert ; la « Fruchtzup », un met apprécié en
europe centrale où l’on mange des compotes et soupes de fruits. Ici réalisé
avec un consommée de fraises rôties et poivre noir, du melo, un caviar de
mures, de la grenade, de l’orange de séville, du poivre rose et un sirop de
fraise que l’on verse au dernier moment. Une très belle assiette à nouveau
parfaitement dressée, rafraichissante et réalisée avec des fuits bien odoriférants.
Nous avons
choisis avec ce repas un vin israélien, un pinot noir Barkan Classic 202 du
Negev. Un vin plutôt léger et fruité très agréable en bouche.
Ce fut un
repas totalement innatendu dans un lieu que l’on pourra qualifier d’inhabituel et
où l’on nous a servi une cuisine très éloignée de ce que j’ai pu apprécier dans
le passé car ici tout est subblimé, allégé, aérien. Le chef a fait des
merveilles en réinterprétant une cuisine séculaire en y ammenant sa patte et en
créant de très belles et savoureuses assiettes.
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