Toujours à l’affut de belles et originales tables à Bangkok, je me suis laissé tenter par
celle de Tee qui semblait sortir des sentiers battus. Certes probablement pas
au niveau d’un Sra Bua by Kiin Kiin mais également un chef qui souhaite en
quelques sortes moderniser ou plutôt transformer la cuisine Thaïlandaise en y
apportant une touche Française. A vrais dire je ne savais pas à quoi trop
m’attendre et me suis dit que cela pouvait être fantastique ou l’opposé…complètement
surfait et inintéressant.
Etant un
peu « bloqué » par les accès en ce moment à Bangkok, je me suis dit
pourquoi pas. Peut-être pas un premier choix mais la réputation me semblait
être plutôt positive. C’est donc non loin de Silom et Sathon que je me suis
rendu dans la petite rue Sala Daeng ou
se trouvent plusieurs restaurants.
Un enseigne
dans les couleurs roses vous indiquera la « Table de Tee ». C’est dans une rue perpendiculaire et pas
forcément engageante que se trouve cet établissement.
Une fois à l’intérieur
vous serez plutôt étonné par ce décor plutôt moderne avec ces grandes photos de
Bangkok et ces lumières assez douces. Une petite salle d’approximativement une
vingtaine de couverts qui se remplira rapidement et toutes tables réservées.
Tee est
donc le nom de ce jeune chef qui passa quelques temps entre autre à Londres et
qui revint à Bangkok pour proposer une cuisine probablement plus occidentale
mais avec des produits et des saveurs locales.
Un seul
menu est proposé en cinq plats à 1150 BHT (plus 10% services) avec les deux plats
centraux au choix. En lisant ce menu, je m’aperçois qu’il y aura toujours une
référence thaïlandaise dans chacun des plats.
Pour
commencer un Saint-Pierre et citronnelle. Arrive une belle assiette sur
laquelle se trouve tout d’abord un ravioli de ce poisson avec une pâte plutôt
fine, un morceau de Saint-Pierre frit, des légumes croquants et des poireaux croustillants.
Quelques feuilles de salade pour donner un côté coloré et surtout un délicieux velouté avec le Saint-Pierre, de la citronnelle et des herbes. On alterne
les deux plats et l’association est vraiment réussie. Je suis assez épaté par
ce velouté qui serait plutôt classique mais à la saveur nette de la
citronnelle. Tout de suite me vient à l’esprit la cuisine de Jean Bardet à l’époque,
à tours lorsque ce dernier s’inspirait des saveurs thaïlandaises.
Seconde
entrée avec la cuisse de canard à l’aneth. Le canard a été mariné dans l’aneth et poêlé,
accompagné d’une crème à l’ail, d’une marmelade de tomates, de feuilles de
salade, avec un fond de canard épicé. Un peu moins convaincu par l’assiette
bien que le fond soit excellent. C’est trop classique et légèrement fade.
Très belle
surprise par contre avec le thon au galanga sauvage. Une tranche de thon juste
snackée, des crevettes rôties, herbes fraiches et jus de poisson au galanga. Le
thon est cuit à la perfection avec un côté grillée et l’autre presque cru :
la peau du poisson en tant que chips sur le dessus, des crevettes saisies à la
seconde et surtout une magnifique sauce aux saveurs bien prononcées de la
racine et parfaitement épicée.
Un plat
principal avec le Porc Kurobota et ananas. Il s’agit d’un porc noir japonais qui serait
un peu le pendant du bœuf wagyu. Une tranche de filet poêlée, une croquette de
pomme de terre, une tuile de porc croustillante, de la crème de pommes de
terre, jus de porc à l’ananas et curry. Une belle assiette mais les pommes de
terre ne m’emballent pas plus que cela. A nouveau les sauces sont parfaites.
Comme
dessert une mousse au chocolat noir, biscuit amandes croustillantes et noix de
coco, glace macadamia qui est un bon dessert mais pas avec grand-chose de
thaïlandais à part la noix de coco et peut-être les noix.
En fin une
gelée de fruits tropicale et un plaisant macaron à la cacahouète.
Alors que
dire… Tout d’abord la clientèle est exclusivement française ou en tout cas de
langue francophone. C’est une cuisine appliquée, bien maitrisée qui selon moi s’adresse
à deux catégories de personnes. La première étant les touristes dont la vue d’une
seule épice ou piment leur donnent déjà des sueurs froides. La seconde les
expatriés qui en auront marre de la cuisine thaï après quelques mois. C’est
bien cuisiné ; le chef se donne beaucoup de peine et avec succès mais probablement
pas la table de ceux qui recherchent en quelques jours le dépaysement et souhaitent découvrir une vraie cuisine
thaïlandaise.
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