En
consultant les nominés du Gault-Millau Autrichien de 2014, j’avais identifié
une table avec la note de 15 me
laissant penser que l’endroit serait parfait pour un diner. C’est donc dans un
quartier qui m’était un peu inconnu, le Neubau, dans le temps peuplé de Croates et de Hongrois. Aujourd’hui il
se partage aujourd'hui entre cités ouvrières et maisons bourgeoises. Autrefois
vouées aux plaisirs et à la bohème, ses jolies rues piétonnières sont animées
par leurs boutiques, cafés et petits restaurants. C'est resté aussi un lieu actif
de rencontres culturelles, favori des étudiants, des créateurs
et des intellectuels.
« Gaumenspiel » qui littéralement signifie « jeu de
palais », mais le palais dans la bouche (est-ce en relation avec les
saveurs ?) se trouve donc dans une rue plutôt calme dont certains bâtiments
sont bordés de terrasses lorsqu’il s’agit d’un café ou restaurant. Une terrasse
avec de grands bacs à plantes vertes apportent une touche assez inattendues pour
un milieu aussi urbain mais doit s’avérer probablement être très agréable en
soirée d’été.
L’intérieur me plait immédiatement car est d’une très grande chaleur
visuelle avec ses murs rouges sang de bœuf. Un intérieur assez chic avec des
structures et décorations choisies. Des tables agréablement dressées, des
éclairages halogènes discrets, un
bouquet de fleurs sur un comptoir, de des boiseries dans un blanc-gris très subtil qui s’harmonise
à merveille avec le rouge. Tout est feutré et propice à passer un délicieux
moment, une soirée distinguée et pourquoi pas romantique.
Trois menus à choix sont proposé dont l’un est même végétarien. Le « Classique »
est à 46 euros, ce végétarien à 34, et le premier si je me rappelle bien aux
alentours de 40 euros. En supplément, sur une ardoise murale, les plats du jour.
Nous commencerons par un verre de vin blanc vraiment très surprenant, un
chardonnay Grande réserve 2011 de la maison Steindorfer. Tirant 13.5%, une
couleur jaune-or, des arômes grillés et fumés, une grande longueur en bouche.
Quelques petites coupelles arrivent pour accompagner l’excellent pain ;
une huile d’olive de qualité, une tapenade de tomates séchées et un type de
mayonnaise montée à l’huile de graine de courges typique de la Styrie.
Une petite mise en bouche avec une crème d’haricots coco et de
minuscules cubes de pastèque ; une association très à propos.
Une entrée avec une « praline » de bar fumé, jambon de cochon de lait en gelée, petits pois
et carottes. La présentation est plutôt soignée et originale avec sur un côté
le poisson fumé enrobé de tapioca, à droite un « aspic » absolument
parfait constitué avec le jambon et au centre une sphère de gelée qui a été créée
avec les légumes de l’énoncé. C’est une jolie entrée tout à fait plaisante.
Je serai plus impressionné par les asperges avec un pouding de pain,
sauce béarnaise à l’orange et estragon. Visuellement très tentant et le concept
me plait beaucoup. Il s’agit de tranches de « knödel » poêlées sur
lesquelles les asperges cuites également avec une poêle sont confites ;
quelques petits légumes et une béarnaise très légère parfumée a l‘orange. Une assiette transparente gourmande basée sur
des mets à l’origine autrichienne.
Un plat principal vraiment plein de saveurs avec des cuissons parfaites ;
un duo d’agneau à la mangue, coriandre, menthe, pommes de terre, poivron et
tomate. Deux belles tranches de filets encore rosées, un confit d’agneau sur
lequel l’on trouvera une compote de mangue et poivrons jaunes ; un fond de
sauce parfumé, une fine ratatouille et
un cannelloni farcis probablement aux épinards. C’est un plat méditerranéen
parfaitement exécuté plein de saveurs.
Un plat végétarien qui s’avéra selon le convive être tout à fait
adéquat, un rouleau de poireau farci aux aubergines, semoule et jus de légume.
En
desserts, un Malakoff au romarin avec des fraises au « Bergpfeffer ».
Cela n’a rien à voir avec ce que l’on appelle « Malakoff » au fromage
en Suisse, mais est une de charlotte. Une victoire Française à la forteresse de
Malakoff, pendant la guerre de Crimée, a inspiré ce dessert. Il ne s'agit
peut-être que d'une légende, mais ce gâteau est un peu quelconque avec pas de
de goût de romarin et les fraises sensées être parfumée avec ce poivre ne sont
pas non plus très particulières comme l’inspiré le laisse sous-entendre.
Pour moi, rhubarbe,
fraises, sureau. Je resterai assez déçu par un dessert bien fait mais sans trop
d’originalité.
Pour accompagner
ce repas, le fabuleux Merlot Unplugged 2010 de Hanees Reeh que j’avais eu déjà l’occasion
d’apprécier dans un autre établissement.
L’endroit
est vraiment très agréable et nous en sommes ressortis vraiment très satisfait.
Une cuisine légèrement inventive même si les desserts auraient pu être un peu
plus originaux ou surprenants. Cela reste une très jolie table de Vienne que je
ne peux que recommander.
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