Voilà probablement
l’adresse la plus en vogue du moment depuis que la bien connue catalane Rosalia
dans un message sur son Twitter indique clairement : « Meilleure omelette
aux pommes de terre à Barcelone El Bar El Pollo ». (1)
R O S A L Í A sur Twitter : "Mejor tortilla de patatas de Barcelona El Bar
del Pollo" / Twitter. Bien
entendu relayé dans toute la presse locale.
Vous pouvez imaginer l’effet de marketing que cela peut avoir pour une adresse comme celle-ci qui est tout bonnement ce que l’on nomme « un bar de tous les jours » ! Un bar qui est tout de même plutôt très spécial dans le sens où ce n’est pas vraiment le type d’endroit auquel l’on pourrait s’attendre et mieux vaut être bien informé du style car je suis prêt à parier que cela ne pourrait pas plaire à tout le monde…mais en ce qui me concerne, ce fût vraiment un moment vraiment mémorable !
Reprendre un bar est un peu un phénomène à la mode et cela se passe le plus souvent par des jeunes qui ont compris que les endroits qui ont vécus ont plus de charme que les endroits le plus souvent aseptisés que l’on voir fréquemment dans le quartier gothique.
A la tête de cette aventure, un certain Aimar Córdoba a donc repris ce Bar El Pollo et si je comprends bien en est le chef. Emplacement plutôt stratégique car dans le Raval mais plutôt du côté de Sant Antoni, épicentre de la nouvelle branchitude en ville et juste à côté de La Paloma qui devrait rouvrir incessamment, lieu de dance légendaire du quartier. Une adresse donc reprise sans un seul changement, le bar des plus banal avec un long comptoir en aluminium, de simples carreaux bruns au sol et quelques tables au fond avec un set de papier. Pas vraiment de confort mais ce n'est surement pas pour le décor que l'on vient ici. Une incroyable foule, plutôt jeune, c'est bruyant, une clientèle assez alternative et c'est ce qui fait tout d'abord le charme de l'endroit.
Aimar malgré son nom de famille n’est pas d’Andalousie mais du Pays basque, plus précisément de Bilbao et sa spécialité c’est avant tout les omelettes ou tortillas. Tortillas si j’ai bien compris de cinq sortes, moelleuses, coulantes et savoureuses. Bien entendu des tapas et assiettes à se partager sur un menu qui est un simple tiquet de caisse collé de mémoire à un rack de serviettes en papier. Une cuisine rassurante est proposée avec un certain nombre de classiques. C’est bien pensé, efficace et surtout cela plait à tout le monde. Pas de plats à la mode avec saumon, avocats et je ne sais qu’elle ingrédients complètement insignifiants. Ce n’est pas toujours bon marché ; mais l’option tapas est une fête adaptée à presque tous les budgets, avec des tortillas spectaculaires, des gildas, croquettes, salade russe et quelques produits de la mer joliment préparés. Il y a des plats typiques de la cuisine basque traditionnelle, comme le merlu à la sauce verte, le calamar à l'encre ou le gâteau au fromage dans le style La Viña.
On attend un moment face au bar, le service va dans tous les sens, on se demande si la réservation a bien été prise et c'est le cas. Clairement, sans celle-ci, cela serait mission impossible que de trouver une table, car il y en a très peu. Service bien rock’n’roll mais efficace avec entre autres une jeune femme qui nous recommanda parfaitement pour les vins qui oscillent entre naturels et biodynamique.
Les plats qui arrivent sont bien alléchants, avec des produits frais. Bien entendu le hit de la soirée c’est cette tortilla. Après s’être consacré à la fabrication d’omelettes aux pommes de terre à la maison pendant la pandémie, le Basque a comme on le sait, tenté sa chance en ouvrant son propre lieu avec une idée très claire : apporter un morceau de ses origines à Barcelone et c’est vraiment une belle réussite. L’omelette aux pommes de terre génère de temps en temps un débat qui ne finit jamais : avec ou sans oignon ? À El Pollo, ils le font de différentes manières : des poivrons confits à d’autres saveurs mais celle qui m’est amenée et qui reste est donc aux poivrons. C’est une recette familiale qu’il a héritée de sa grand-mère et qu’il a apprise en l’observant depuis son enfance, un moment de sa vie dont il se souvient avec beaucoup d’affection et qui explique le succès de ce plat.
Puis des produits de la mer avec une belle assiette de coques avec une sauce pimentée ou plutôt piquante comme indiqué sur la carte.
Une délicieuse salade de tomate de saison qui s’avère être très originale. De très bonne tomates accompagnées d’oignon, de mojama et de raisins secs. On se rappellera que la « mojama » est du thon rouge légèrement salé et séché. Un conditionnement qui est une très vieille tradition ibérique qui remonte aux temps des Phéniciens. Les Arabes ont perpétué la tradition sous le nom de « mussama » (sec) d’où vient le terme « mojama ». Un plat que l’on trouve assez souvent en Andalousie et près de Valence.
La salade russe ne nous a pas trop convaincu, trop écrasée, style purée mais il parait que c’est comme cela qu’elle est appréciée à Barcelone…
Excellente bonite du nord avec une piperade. Un thon cru mariné accompagné de ce plat basque typique préparé avec de l’oignon, des poivrons verts et des tomates sautées et aromatisées au piment rouge Espelette. Ici le poivron étant exclusivement rouge, et une huile de persil autour, ciboulette.
Un cheesecake La Viña pas franchement convaincant car presque brulé.
Un
excellent vin que le Sol del 19 Uva de Vida Graciano Y Tempranillo. Délicieux
mélange à base de variétés Graciano et Tempranillo. Au nez, des fleurs
sauvages, des fruits épicés, des violettes et de la terre fraîche. En bouche,
il est doux, dynamique et frais. Équilibre parfait du tanin épicé du Graciano
et de la soyeux du Tempranillo, des notes de cerises, de myrtilles et d’un
umami terreux léger.
Une adresse vraiment sympathique, différente, alternative avec une proposition gastronomique tout à fait pertinente, qui n’a rien à envier aux bars-caves traditionnels de Madrid ou de Bilbao.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire