L’envie de découvrir une nouvelle table à Amsterdam et un article plutôt
positif dans le Gault-Millau 2014 m’avait encouragé de venir chez Daalder, une
table que l’on peut considérer comme probablement bistronomique à Amsterdam.
Située dans le quartier de Jordaan, c’est au coin d’une rue que ce
trouve ce bistrot à l’apparence tout à fait classique des anciennes rues d’Amsterdam.
Une fois la porte franchie vous voici face au bar et la salle principale
ou se trouve la majorité des tables. L’établissement est plein, ce qui est
plutôt bon signe.
C’est en fait dans la seconde salle au fond à gauche que nous serons
installés, plus en longueur et face à la cuisine semi-ouverte.
Une salle avec
un peu moins de charme ayant une décoration lorgnant vers le style art-déco
mais sans trop d’exubérance. Ambiance plutôt bruyante car le ton de voix est
plutôt élevé à certaines tables.
Une fois installés, nous choisirons tout d’abord une bouteille de vin portugais
blanc appelé Prova Regio 2012 et par la suite regarderons le menu.
Celui-ci
peut se prendre entre 3 et 7 plats selon ses envies. Cela sera donc pour ce
soir un 5 plats. Une ardoise avec pain, beurre et huile d’olive nous est amenée.
Arrive tout d’abord une verrine que nous pensions être le premier plat
mais il s’agit d’une mise-en-bouche. Une crème de carotte au lait de coco et curry
sur laquelle se trouve des rondelles de carottes violette et une crevette dans
entourée d’une fine pâte, frite. Une belle entrée en matière qui lorgne du côté
de l’Asie mais sans sombrer dans un plat du type thaï.
La première assiette consiste en une salade de pommes de terre sur
laquelle se trouve un ceviche de thon et recouvert d’une mousse à base d’anchois,
quelques morceaux de pommes de terres croustillantes et des fleurs de safran.
Sur le côté, du cresson. L’impression générale est plutôt positive avec en arrière-pensée
l’idée qu’il s’agit d’une réinterprétation d’un met hollandais. Il y a dans
cette assiette une saveur un peu douce qui nous « rappelle quelque chose »…
Nous continuons avec une assiette joliment dressée avec un saumon cru
légèrement fumé avec une sauce à l’aneth, fenouil cru et quelques herbes. Le
saumon est vraiment excellent, un seul reproche, c’est ce goût un peu douceâtre
de la sauce.
Second flacon, celui un vin rouge de l’Herault ; le P’tit Roubié
2012 qui ne me laissera pas un grand souvenir.
A nouveau une très jolie assiette avec les asperges avec un beurre
blanc, poitrine de porc fumées, caviar d’œufs de harengs et jaune d’œuf. Une
autre réinterprétation d’un plat hollandais en ayant substitué le jambon par
cette poitrine et en ajoutant ces œufs de saison. Les asperges sont bonnes mais
le goût de celles-ci est pour moi trop sucré.
En met principal une délicieuse bavette de « black angus » d’une
très grande tendreté avec des oignons rouges caramélisée, radis et une sauce
dont je dois avouer ne plus me rappeler la teneur… Ici aussi ce côté douceâtre
est apparent.
A ce moment nous réalisons que la majorité des plats ont quelque chose d’un
peu sucré et il faut expliquer cela pour les raisons suivantes. Le Hollandais
de manière générale mange des mets qui ont toujours un côté un peu sucré. Que
cela soit de la mayonnaise ou sauce à salade et autres plats, il y a toujours
du sucre et aussi des épices telles que de la noix de muscade. Habitude
culinaire qui ne choque personne ici mais que j’ai un peu de peine à accepter
dans une cuisine plutôt sophistiquée.
Une discussion avec notre serveuse qui nous confirme que c’est
effectivement la tendance dans ces assiettes afin de ne pas trop dérouter les
locaux dans ce qu’ils mangent. Un peu la peur selon moi de ne pas faire salle
complète en étant plus intègre, dirais-je. Eh bien non c’est un peu une cuisine
adaptée aux goûts locaux, parfaitement cuisinée et dressée mais j’aurais
préféré un peu plus d’audace dans ce repas. Il nous a d’ailleurs été confirmé
que le chef souhaiterait faire autre chose mais que cela ne plait pas toujours
tout le temps…
Pour illustrer ce propos, il nous a été apporté un plat supplémentaire
qui s’est avéré être vraiment délicieux. Un cabillaud avec une sauce XO, sur
des haricots légèrement fermentés et chips de peau de poisson. Quelques regards
asiatiques dans une assiette très bien équilibrée et qui à nouveau ne ressemble
pas à un plat chinois ou indonésien. Une belle voie à explorer.
Un dessert plutôt classique avec une glace vanille sur un coulis de caramel
sucré-salé, pommes cuites et un mélange
de fruits secs broyés. Dommage qu’il y ait selon moi de la cacahouète… Encore un
exemple hollandais… ici on mange la cacahouète ou plutôt le beurre ou sauce sur
beaucoup de plats.
Beaucoup de talent chez ce chef avec de belles idées et de jolis
dressages mais mon reproche c’est ce côté à vouloir pour le moment faire plaisir à la clientèle plutôt locale
avec des saveurs connues. A suivre…
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