samedi 8 septembre 2018

Mano Rota, Barcelone


A peu près une année et demi que ma première visite dans cet établissement et qui à l’époque m’avait beaucoup plu. Une cuisine très moderne, influencée par l’Asie et l’Amérique latine mais réalisée avec beaucoup de finesse et de maitrise, toujours utilisant les meilleurs produits. A l’époque de surprenantes assiettes assez méditerranéennes avec beaucoup de saveurs et gourmandise. Donc revisite après tout ce temps et surtout avec maintenant passablement de recul sur ce qui se fait à Barcelone sur la scène gastronomique. Allions-nous retrouver les mêmes plats ? Serait-ce transformé en quelque chose de plus fusion ? Y-aurait-il de l’évolution dans les assiettes ? Plein de questions et évidemment la forte envie de découvrir leur proposition actuelle. Nous sommes lundi soir et déjà j’apprécie que de trouver un établissement comme celui-ci ouvert, la salle n’a pas changé, on a toujours une partie de la brigade qui dresse les assiettes devant un comptoir.



Clairement la carte n’a rien avoir avec celle de l’époque et on peut déceler que l’évolution est autour d’un produit central comme un ingrédient, un produit, une viande ou autre chose, avec des associations d’autres ingrédients et épices. Pas de pays cible spécifique mais des voyages dans le pourtour méditerranéen, l’Asie, l’Amérique centrale, comme c’était déjà à l’époque mais sans ces clins d’oeils trop évidents à la cuisine Nikkei ou autre. En tout cas cela à l’air d’être prometteur, les prix sont de modérés à plus élevés que dans beaucoup d’autres établissements. On espère donc que la prestation sera de haut niveau.



Prise de risque avec un premier plat appelé simplement Polenta. De la polenta frite, une sauce au parmesan et jaune d’œuf. Je dis risque car cela peut être vraiment très quelconque, inintéressant, se dire que cela on peut le faire chez soi… Le plat que je qualifierai de « test » car si l’assiette est superbe, on se dira…eh bien voila un plat qui mérite d’être dégusté quelque soit le prix. Eh bien je dois dire que j’ai été vraiment très surpris. Une polenta coupée en cube, une consistance absolument parfaite, aucune trace de graisse, ce qui n’est pas toujours le cas et une saveur douce très agréable. L’idée étant d’associer ces cubes brulants à une préparation un peu dans le style la vraie sauce carbonara mais bien entendu sans guanciale. En même temps simple mais gourmand, parfaitement maitrisé au niveau de la saveur.



Plat suivant avec des « berberechos », des coques selon l’énoncé au curry marocain et taboulé de betterave. Bien entendu le terme curry est juste là pour rassurer la clientèle peu familière avec une cuisine inspirée par le Maghreb et son utilisation d’épices dont entre autres le ras el hanout. Une sauce vraiment délicieuse, onctueuse, très parfumée, épicée sans être pimentée qui s’harmonise parfaitement avec le coquillage.


Le taboulé qui l’accompagne et qui est servi sur le côté dans un autre très joli bol est constitué de quinoa, betterave, de persil plat, d’orange. Pas le classique taboulé du Liban ou des pays limitrophes mais plutôt une refonte de cette salade un peu dans l’esprit que pourrait faire un Yotam Ottolenghi. En tout cas cette nouvelle direction ou plutôt nouvelles saveurs sont les bienvenues dans un paysage souvent trop monotone dans la plupart des autres restaurants.


Une viande avec un fantastique porc ibérique, sauce Mole avec un concassé de tomates, ananas épicé. Une assiette évidemment d’inspiration Mexicaine avec cette très bonne sauce, le concassé qui nous rappellera le « pico de gallo » et l’ananas le « taco pastor » pour le côté caramélisé.


Comment ne pas prendre le cochon de lait croustillant, accompagné de pomme et d’ail confit. Une perfection au niveau de la cuisson, de simples accompagnements mais qui laissent bien percevoir le goût de la viande, un fond de sauce type demi glace absolument parfait. Accompagnement non pas cachés sous la viande mais subtilement préparés avec des cubes de pomme marinés et une crème à l’ail.




Pas de desserts car en tout cas ceux-ci ne nous ont pas interpellés.

Un vin naturel du Priorat avec un Estrem Criat en Llibertat de la cave Los Comuns. Vin d’une zone du sud du Priorat appelée El Molar qui a été désignée comme un lieu où les paysans se sont installés dans une sorte de propriété collective pour travailler les vins. Un rouge assez frais, sur les saveurs de garrigue, sur la fraise, très plaisant à boire.


A nouveau un très beau repas, vraiment bien différent de notre première expérience. Il me semble que l’on a travaillé sur le côté saveur, le goût et laissé légèrement tomber que le côté visuel souvent superflu. Ce que l’on veut c’est de bons produits, de l’émotion en bouche et beaucoup de gourmandise. En tout cas ce fût le cas tout au long de ce dîner. Je ne sais pas si c’est un hasard mais cette évolution des assiettes nous a totalement convaincu et démontre que l’on pourra continuer de découvrir de nouveaux et très intéressants plats chez « Mano Rota ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire