dimanche 30 septembre 2018

La Despensa de Mitre, Barcelone


Plutôt assez surprenant que de ne pas voire plus souvent mentionné cette table dans mon réseau car l’établissement propose un concept assez différent d’autres adresses. Tout d’abord le côté très cosy de la salle, le côté romantique, adapté pour un repas un peu confidentiel si on recherche un endroit avec beaucoup de charme. Un espace oscillant entre le moderne et le modernisme, le neuf et l’ancien, tout cela avec un côté un peu bohème.


Au coin d’une rue avec de grandes fenêtres, on ne s’attends pas tout à fait à ce type de restaurant lorsque l’on y vient la première fois. Une atmosphère presque chic bien que la clientèle soit décontractée mais néanmoins soignée, un lieu assez calme mais non plus pas morbide. Plusieurs sections de restaurants sur des demi-niveaux, adaptées aussi bien pour de tables individuelles que des repas à plusieurs.


Une toute première particularité, cette entrée qui pourrait nous donner l’impression d’arriver dans une confiserie avec une table haute le long de la fenêtre comme un peu dans un bar mais avec une vue sur l’extérieur. Chaise haute de style, lampadaires anciens, lustres de cristal, meubles anciens, on a aussi légèrement l’impression d’être peut-être arrivés chez des particuliers, un salon un peu parisien.



Dans le prolongement, quelques canapés jaune moutarde, des tables pour généralement deux personnes, des étagères où se trouve vaisselle, verrerie et condiments. L’espace a judicieusement été aménagé.




A gauche le bar qui apporte une touche presque britannique avec peut-être quelques clins d’oeil kitsch volontaires pour la tapisserie.



Et en fond de restaurant une salle un peu privatisée pour des repas familiaux ou de groupes d’amis.



En cuisine le jeune chef Oscar Alvarez passionné par la cuisine « fusion » et les produits de qualité. La carte est composée de plats à partager, souvent donc « fusion », mais pour le traditionnel, il y a toujours une touche asiatique différenciante et novatrice qui pourrait surprendre. Carte qui est courte et qui propose une intéressante fusion de cultures (méditerranéenne, japonaise et péruvienne). On pourrait me rétorquer que c’est souvent le cas en ce moment à Barcelone, mais on s’apercevra qu’il y a quand même du niveau, que l’on peut aussi choisir des assiettes plus conventionnelles. Par exemple ces impeccables Saint-Jacques, texture d’artichauts et jambon ibérique. Une cuisson d’une rare précision, parfaitement dorées et moelleuses, une crème d’artichauts, des artichauts poêlés et du jambon en chiffonade. C’est vraiment très bien exécuté.


Ou encore ce magnifique œuf cuit à basse température, haricots de Sant Pau, saucisse de Perol et calamar. Une recette très inspirée par la Catalogne et le « terra i mar » qui sont de classiques plats où l’on retrouve comme on peut se l’imaginer des ingrédients types viandes et d’autres de la pèche. On remarquera que les produits sont choisis car ces haricots de la Garotxa sont d’une incroyable finesse, puis finalement l’œuf reste un peu la touche innovante de l’assiette même si l’on reste dans un registre classique de saveurs.


On ne peut que se réjouir que de déguster cet excellent loup cuit aussi à la perfection sobrement accompagné de légumes un peu comme un escabèche avec sur le dessus  un concassée de noisettes. Le style de plat ou tout est misé sur la qualité des ingrédients, la fraicheur et la précision de la cuisson.


Puis pour compléter ce repas, un plat extrêmement local avec le cannelloni de poulet rôti. Chanterelles en crème et pistache. Rien de fusion ici comme d’ailleurs les plats précédents mais une magnifique réalisation faite avec beaucoup de justesse culinaire. Très bonne pâte maison, farce gouteuse, pour une fois une sauce qui est un fond de viande et non pas une béchamel et même sur le dessus, girolles et morilles. De la pistache broyée parcimonieusement répartie.


Les desserts ne sont pas en reste, avec une excellente torrija de Santa Teresa réalisée avec une brioche, glace à la cannelle et crumble. Douceur typique du Carême et de la Semaine Sainte, le torrija était au début du XXe siècle très habituel dans les tavernes de Madrid et était servi avec des verres de vin, il est plongé dans du jaune d’œuf battu avant de les passer dans la poêle et de les saupoudrer de sucre qui ici est caramélisé, probablement à la flamme.


Comme vin nous choisirons un blanc du domaine Belondrade, le Aquinta Apolonia 2017, deuxième vin blanc de Belondrade. Résultat de l'assemblage de deux vins différents du même cépage: le Verdejo qui révèle le plus clairement les arômes caractéristiques végétaux de la variété utilisée dans sa production, ainsi que les fruits à noyau (pêche et abricot) et un arrière-plan d'agrumes agréablement rafraîchissant.


Le service est professionnel et charmant et de bon conseil. Je dois admettre que je ne m’attendais pas à autant de qualité dans cette cuisine qui a prime abord pourrait sembler une classique « fusion », mais on découvre des assiettes très soignées, des produits sélectionnés, des cuissons précises, des dressages sobres et surtout des saveurs délicates sans jamais d’excès. Le cadre est assez unique dans son genre et vraiment très agréable, une adresse idéale pour une soirée calme et raffinée.

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