jeudi 20 septembre 2018

Gula Bar, Barcelone


Il y a toujours un risque que celui d’aller découvrir parmi les premier une nouvelle table, surtout lorsqu’il n’y a encore absolument rien sur les réseaux sociaux, pas de réservation en ligne et rien sur les sites d’avis. Que l’on aime ou pas ce genre de site, il y a toujours de l’information à grapiller. Dans le cas de cette toute nouvelle adresse, on apprend qu’il s’agit d’un second établissement lancé il y a peu d’un mois par l’équipe de « Santa Gula » qui d’ailleurs se trouve quelques mètres à côté. Une adresse que nous avions grandement appréciée pour sa cuisine soignée, ses produits de qualité, l’originalité de certains plats. « Gula Bar » malgré le nom n’est pas vraiment un bar mais nous dirons un restaurant avec un bar, comme d’ailleurs la majorité des établissements. En tout cas depuis l’extérieur, l’endroit semble être très tendance, un local assez minimaliste avec des néons, un côté assez industriel qui devient incontournable dans la plupart des grandes capitales.


Un intérieur qui nous plait beaucoup avec ce jeu de matériaux bruts, le côté bétonné qui se marrie parfaitement avec l’utilisation dans quelques endroits de faïences vertes, ces lumières faites d’ampoules qui pendent et ces néons dont un de couleur rouge et le second plutôt une séquence d’ampoules d’ailleurs comme dans l’autre établissement. Une cuisine qui occupe un quart de cette salle avec une série de tables ou des tabourets au comptoir quin donne sur la cuisine.




Sur un autre côté, une série de tables le long d’un mur de béton avec quelques autres lumières comme dans un entrepot ou une usine, le tout face aux frigos ou l’autre coté de la cuisine d’où sortent les assiettes, place également de travail pour préparer les consommations, ouvrir les bouteilles et la caisse. Le décor est plutôt réussi, le lieu n’est pas complet mais on comprend qu’il s’agit d’un « soft launch » comme on dit. 




La carte est structurée en quatre sections avec des tapas, des petits plats, des sandwichs au sens large car cela va du « mollete » en passant vers « l’empanadas » et autres « bikini » ou « taco ». Donc tout de suite on s’aperçoit que le côté « fusion » est à l’honneur, les références à l’Amérique du Sud ou l’Asie sont présentes comme dans énormément d’établissements à Barcelone aujourd’hui.  Et bien entendu des desserts. Ce qui surprend un peu c’est de ne trouver aucun légume sur cette carte à part des poireaux confits. C’est quand même plutôt surprenant que de ne rien trouver dans cette gamme de plats, non pas pour des convictions végétariennes mais simplement pour varier un peu son bol alimentaire. Cependant les énoncés des mets sont plus qu’alléchants et en tout cas sur le papier très prometteurs, sans trop de classiques que l’on voit partout ailleurs. On se passera de pain à la tomate et autres « bravas ».


Une première observation, si le service en début de repas semble être attentif, à la longue il devient complètement absent, pas du tout focalisé et on se dit que si avec deux tables, cela n’arrive pas à suivre, qu’est-ce que cela va être quand c’est plein. Nous sommes dimanche soir, on nous signale que deux plats manquent… Dommage, ils nous intéressaient et j’ai déjà de la peine à comprendre pourquoi le réapprovisionnement n’est pas là. Ce n’est pas Lundi…et encore on peut s’organiser.


Je dois reconnaitre que cela démarre vraiment très bien car les moules de roche en escabèche de yuzu sont excellentes. Présentées dans une boite de conserve que l’on ouvre au dernier instant, on découvre une série de moules dans une sauce assez crémeuse, plutôt proche d’un ajoblanco mais l’intitulé mentionne escabèche… ce qui n’y ressemble pas tout à fait. Quelques filaments de verdure, un peu d’huile, c’est gourmand et original.


Le plat de la soirée qui est absolument exceptionnel c’est cette crème catalane de maïs, foie cuit et noisettes grillées. Visuellement effectivement cela ressemble à ce classique dessert mais la préparation est une crème de maïs assez douce dans laquelle on trouve quelques morceaux de foie gras cuit, le tout recouvert de la croute de sucre croustillante et pour la texture mais aussi le goût, des noisettes de qualité torréfiée et des zestes d’agrumes confits. Vraiment un excellent plat, mémorable et tellement gourmand.


Pour suivre, des anchois à l’andalouse, avec une vinaigrette de sésame et œufs de saumon. Anchois donc légèrement frits, la vinaigrette n’est peut-être pas suffisamment présente pour amener cette touche d’acidité un peu comme du citron, le sésame et œufs sont des ajouts un peu anecdotiques. Malheureusement cela va s’arrêter là, la suite va devenir de médiocre à catastrophique.


Déjà aucun des plats n’incluent de légumes de saison ou dirons-nous « légers ». Cela devient des scénarios « purées » à tous les goûts avec des légumes d’automne, bref des associations un peu faciles dans le sens où l’on ajoute de la purée en dressage dans chaque assiette. Cela commence avec une raie meunière, panais et câpres frits. La raie correctement cuite est recouverte d’une épaisse sauce franchement mauvaise comme si on y avait incorporé de la maïzena, rendant le tout pâteux en bouche. De plus on se retrouve avec une purée de panais qui a presque la même texture que la sauce… Les câpres sentent un peu la friture, les espèces de frites sont en réalité des arrêtes de poisson, frites, quasiment immangeables.


Pour suivre des boulettes de lapin tandoori aux topinambours. Les boulettes sont plutôt bonnes mais la sauce est aussi un peu collante en bouche, un léger goût d’épices indiennes. Pas de fraicheur dans ce plat qui lui maintenant est accompagné d’une autre purée, mais celle-ci de topinambours. Une assiette sans équilibre, avec ds textures à nouveau un peu trop pâteuses en bouche. Le panais frit en chips amène un peu de texture.


Le pire viendra avec le ris de veau, oignons et haricots de Sant Pau. C’est bien simple, si on ne sait pas manipuler le ris de veau, on s’abstient. Tout d’abord il n’est pas bien cuit, il est presque cru à l’intérieur, aucun croustillant extérieur et le plus grave, très mal nettoyé avec du gras et des nerfs. La sauce est plutôt écoeurante, cette fois-ci….autre purée….mais des haricots. On pourra me dire que ce fût notre choix mais trois purées sur des assiettes, c’est un peu se moquer du client.


Le dessert est sur le papier intéressant mais s’avère être vraiment pas terrible. Une sorte de tiramisu décomposé avec un peu de café et du parmesan râpé au dessus. Association complètement ratée car le jeu de saveurs n’est pas là.


Le vin est vraiment très plaisant, un Piedra Crianza D.O. Toro 2015. Joli rouge cerise intense, clair et éclatant, avec des reflets grenat sur le bord. Un nez est complexe avec une abondance de fruits rouges mûrs superposés sur des notes épicées et grillées.


Une expérience plus que décevante malgré deux plats qui sortent du lot. Cuissons approximatives, associations ratées, accompagnements semblables, pas de légèreté, assiettes déséquilibrées, techniques pas toutes maitrisées, service approximatif. Au vu de la compétition à Barcelone dans la restauration, une sérieuse reprise en main serait nécessaire.

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