Nous
connaissions le « Rendez vous de Chasse » de Colmar où officiait dans
le temps le chef Julien Binz mais depuis décembre de l’année dernière, celui-ci
a ouvert son nouvel établissement a une vingtaine de minutes à d'Ammerschwihr. Je
n’étais jamais allé à sa précédente table qui était étoilée et ne connaissait
en réalité que ses « Nouvelles Gastronomiques d’Alsace » dont le site
porte son nom et dont le contenu est en réalité maintenu par sa femme. Sa
nouvelle table s’intitulant dès à présent « Restaurant Julien Binz »,
nous nous réjouissions de partir à la découverte de son nouvel établissement.
Arrivé dans ce joli village viticole, vous ne pourrez manquer cette grande
maison blanche avec son nom au milieu de la façade. Une petite place, une
fontaine et quelques marches avant de pénétrer dans le lieu.
Comme
l’établissement vient d’ouvrir, on appréciera le côté flambant neuf des
diverses salles avec tout d’abord une entrée plutôt dans un style luxueux et
légèrement baroque. Un petit salon avec des canapés noirs ou crème, des
luminaires plutôt classiques, des tons oscillant entre beige, taupe et blanc.
L’accueil souriant se faisant pas madame Binz qui vous demandera de patienter
quelques instants dans ce salon, installant d’autres convives au même moment.
On notera
le côté très intimiste de l’endroit avec des jeux de lumières discrets ainsi
que quelques bougies pour amplifier le côté chic de l’endroit.
La salle de
restaurant elle aussi se veut plutôt bourgeoise et baroque. Tout a été fait
pour séduire les amateurs de lieux classiques et luxueux, peut-être un peu à
contre courant de ce qui se fait dans les capitales mais tout a été réalisé
avec beaucoup de goût. Tables impeccablement dressées, service très style
« école hôtelière », gerbe de roses, chandelier sur certaines tables
et une grande fresque murale. Amateurs et amatrices de ce genre de décoration
seront probablement épatés. De la à dire que cela « sent la volonté
de plaire aux guides » ne semblerait pas déplacé. Vraisemblablement que
tout a été étudié afin d’obtenir ce macaron au plus vite et a été
parfaitement conçu.
Le maitre
d’hôtel-sommelier connaît mon nom et sera d’une très grande politesse tout au
long de ce repas. Rien n’est laissé au hasard, tout sera minutieusement orchestré
tout au long de ce repas.
Ce soir
soit un repas à la carte soit le menu de la Saint Valentin à 75 euros que
nous retiendrons. Deux petites bouchées pour démarrer avec une tomate cerise
dont la base a été entourée d’une couche de caramel au sésame et un petit sablé
recouvert d’une mousse.
Le menu de
ce soir propose une cuisine que je n’avais pas vue depuis un certain temps, pas
que les plats ne nous plaisent pas, au contraire mais une cuisine emprunte d’un
certain classicisme qui tend un peu à disparaître. Pas d’influences japonaises,
pas d’énoncés incompréhensibles, pas de succession d’ingrédients comme cela
devient de plus en plus souvent le cas. Une cuisine qui a priori ne sera pas
révolutionnaire ni dans sa présentation et ni proche de ce que l’on trouvera
ces temps-ci un peu partout avec « des fleurs sur les assiettes »…
Première
entrée avec une Royale de foie gras, émulsion cardinal. Cela faisait des
années que je n’avais pas mangé une Royale qui est un peu ressemblant a un flan
réalisé à partie de foie gras, crème et œufs, cuit au four et/ou bain-marie.
L’émulsion sur le dessus est appelée cardinal et selon moi préparée avec à la
base d’une béchamel, d’un fumet de poisson et/ou crustacé. A la question à la
jeune serveuse s’il y a du crustacé elle me répond que ce n’est qu’à base de
tomate… A ce jour je ne suis pas convaincu d sa réponse et resterai sur ma
position. Toujours est-il que ceci reste un détail que ce plat est
réalisé avec une impressionnante maitrise. Légère, parfumée, équilibrée en
bouche.
Pour
suivre, un Cappuccino aux truffes, émulsion grillée, sauce Périgueux. Dans le
même esprit que la première entrée, un plat d’une très grande gourmandise où
l’on sent bien le fond réalisé avec la truffe ainsi que la base de foie gras
dans la sauce. Certes c’est à nouveau dans un registre de saveurs classiques
mais parfaitement réalisé. Le couple foie gras et truffe restera toujours une
association gagnante.
Nous
continuerons avec un Bar, Mousseline de pommes de terre au safran, Fenouil
confit, réduction d’un jus de bouillabaisse. Le poisson est cuit à la seconde,
le fond de sauce très parfumé sans ôter la saveur discrète du poisson, le
légume encore légèrement croquant. Un plat presqu’un peu traditionnel mais il y
a tout de même beaucoup de magie dans l’exécution.
Une autre
impressionnante assiette en plat principal avec ce Filet mignon de veau rôti au
lard, Conchiglioni farci, artichaut barigoule, jus aux olives. Une recette
d’inspiration méditerranéenne, avec une cuisson de la viande maitrisée, la pâte
pleine de saveur avec cette farce de légume et ce jus d’une parfaite justesse,
ni trop puissant ni trop absent.
Un dessert
qui m’aura un peu moins surpris avec un Cœur épicé sucré, crème citron, Sorbet
citronnelle, sirop gingembre. Le sorbet étant couvert par la saveur puissante
de la crème citron. J’aurais aussi apprécié un peu plus de sirop de gingembre.
Pour
commencer un excellent Muscat 2013 Kuentz Bas Trois châteaux avec une belle
fraicheur en bouche et une certaine complexité en bouche, suivi d’un excellent
Saint Joseph de chez Bernard Gripa avec un nez de fruits noir et de réglisse.
Nous
quitterons l’établissement après avoir échangés quelques mots avec le chef et
son épouse qui sympathiquement vous attendrons en sortant de leur établissement.
Voici une très belle soirée qui nous rappellera combien une cuisine classique
peut-être parfaitement réalisée avec énormément de soins, Il est clair que cela
n’aura pas été ce soir une découverte basée sur des saveurs d’extrême orient
s’inspirant du japon et d’autres contrées, mais d’une cuisine presque
séculaire, rassurante et même sublimée. Comme quoi on peut encore trouver des
chefs qui suivent une voie plus traditionnelle et avec beaucoup de réussite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire