Alors la…je
n’en ai pas cru mes yeux en arrivant dans cet établissement situé dans la
renommée et néanmoins surannée rue de Berne mais tout à son extrémité. Un
établissement italien dont je n’avais jamais entendu parler : « La
Trattoria Toscana » qui peut-être s’appelait « Le Cygne » ou même « La Locanda Toscana » dans
le passé... et qui n’avait pas toujours eu bonne presse.
Nous
ignorons la terrasse sur la rue avec ses parasols publicitaires, franchissons le pas de porte et nous voila
dans un autre monde…
Un
intérieur insolite qui pourrait probablement postuler pour la palme du plus kitsch de la
rue mais qui a somme toute son charme. Des murs dans les tons violets-mauves,
des peintures type trouvées aux puces, des photos de Marylin, Pavarotti, Brassens,
Johnny et de Fiat 500….
Même des sachets de pâtes qui pendouillent…
Un cachet
plus qu’exceptionnel si l’on se prend au jeu. Au centre quelques réchauds pour
des flambages et même sur une table un assortiment de pâtes et de riz que vous
n’aurez probablement jamais vu dans aucune grande surface sauf probablement (et
encore…) chez un traiteur italien.
La carte
écrite à la main tout de suite vous fait comprendre que la cuisine servie ici n’est
pas tout à fait semblable à celle de beaucoup de restaurant italiens de Genève
et plus proche de celle des campagnes italiennes ; plus précisement de
Toscane. Sur un coté de la carte les pâtes, sur l’autre viandes et poissons.
Ne
vous attendez surtout pas à trouver des références à la nouvelle cuisine mais
des plats très familiaux. Abandonnez-vous…imaginez-vous quelques instants avoir
quitté Genève… et voici le chef Domenico…
Un personnage
tout droit sorti d’un film d’Ettore Scola et qui pourrait se trouver à coté d’Ugo
Tognazzi dans un tournage. Un personnage rabelaisien à l’indiscutable charisme
qui ne « rigole pas » et qui plein d’enthousiasme vous suggère
quelques plats en affirmant que tout est fait maison !
C’est au
son d’une musique parfois de variété italienne ou d’opéra que nous décidons de
partager un plat de pâtes en entrée : des tagliatelles à l’agneau à l’abruzzese.
Quelques olives et poivrons apportés sur la table nous font patienter et voici
deux belles assiettes qui arrivent quinze minutes plus tard.
Certes il n’y
a pas de dressage et rien ne laisse supposer que l’on va manger un fantastique
plat de pâtes. Les tagliatelles sont maison et cuites à la perfection ; la
sauce tomate a ce goût si unique que l’on ne retrouve que dans le pays et une
mention tout à fait particulière pour l’agneau découpé en morceaux qui
fond dans la bouche et dont le gras a été supprimé. Sur le dessus de l’excellent
parmesan rappé à la minute. C’est presque simple mais c’est subblimement
préparé.
J’oubliais
de préciser que lorsque j’ai demandé la carte des vins que je me suis fais
presque rabrouer…Domenico me dit « ici j’ai trois vins…un bon, un très
bon, un excellent.. » et m’annonce les prix. Nous choisirons selon ses
conseils un vin des pouilles : un primitivo di Manduria, Passo Del
Cardinale tout à fait plaisant.
En plat
principaux pour l’un la tagliata de « Côte de bœuf » alla Chiantigiana :
bollet-chanterelles qui s’avéra être parfaite selon les propos tenus par le convive.
Une assiette avec de belles tranches de viande entourée des champignons frais,
de pommes de terre rissolées et de quelques courgettes poêlées et d’asperges
vertes.
Pour moi
des Polpette de viande : olives, à la sicilienne ; piquant. Sans que
je m’en rende compte, il s’agit d’un autre plat de pâtes mais cette fois-ci
industrielles mais de qualité ; des penne avec des boulettes de viande
fondantes et parfumées, enrobée de cette délcieuse sauce de tomate avec en plus
quelques olives. Pâte cuites à nouveau à la perfection. Cela embaume, c’est
gourmand.
Domenico
vient de s’enquérir de la satisfaction de ses clients et c’est parti pour une
longue discussion sur la gastronomie italienne… Attention…ne le contestez pas…
car il est un fervent défendeur de la tradition, de la cuisine simple et sans
chichis. Une cuisine séculaire, des recettes éprouvées mais probablement pas
toujours réalisées ailleurs avec autant de maitrise. Il nous parlera de ses
viandes Suisses de première qualité qu’il apprête selon ses goûts, de la chasse
qu’il proposera dans trois semaine comme des pâtes au sanglier, du faisan dans
une sauce au vin et autres selles de chevreuil.
Ce repas se
terminera par des « Caffè corretto » avec un à la Sambuca et pour moi
une grappa.
Quinze
années que Domenico officie à l’autre bout de la rue de Berne même en donnant
parfois des cours de cuisine ! Un endroit d’un autre temps, une ambiance
inhabituelle, une cuisine qui procure aux gens qui la consomment une sensation
de réconfort et de bien-être, en évoquant les doux souvenirs de la petite
enfance.
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