Ayant un peu éclusé les tables
françaises de la région proche je me suis décidé à faire quelques
kilomètres supplémentaires mais dans des distances restant raisonnables
pour commencer à découvrir les quelques tables de la région de
Chambéry. Depuis un certain temps j’avais un œil sur la table de Siôn
Evans qui avait été nommé « nouveau jeune talent » Rhône-Alpes de
l’édition 2012 du GM (2 toques et coup de cœur). Au vu du nom du chef
on peut rapidement comprendre que celui-ci n’est pas français mais
britannique ou plus précisement gallois.
C’est un peu sur les
hauteurs de Chambery à une dizaine de kms après avoir traversé une zone
un peu industrielle et ensuite quelques méandres que vous arriverez à
Saint-Alban-Leysse dans une zone plutôt résidentielle. Premier
étonnement lors de votre arrivée car l’endroit ne ressemble pas
vraiment à un restaurant mais plutôt une maison particulière aménagée en
maison d’hôtes. Il s’agit d’une habitation type chalet avec une
agréable terrasse avec vue plongeante sur la vallée.
La femme du
cuisinier toute souriante vous accueille et nous placera donc sur cette
terrasse. Un endroit avec pas trop de décorum et vraiment simple.
Chaises en plastique, tables dans le même matériau, sets de tables. Le
cuisinier à l’air bien occupé et probablement se trouve seul en cuisine.
En
lisant la carte ou plutôt le menu-carte on y trouve deux propositions :
le « Ô Choix » à 40 euros, ou un autre « Ô Monterminod » à 47 euros.
Les plats donnent l’impression que ce chef est un fou de cuisine car
les intitulés laissent présager de très belles assiettes.
Arrivent
en guise d’amuse-bouche quelques tranches de saucisson d’un producteur
local, des sablés au fromage (réalisés une pâte dure de la région) et un
bonbon de truite fumée macérée dans un vermouth de Chambéry et cumin.
Autre amuse-bouche pour le moins surprenant ; des sucettes de Diots avec
une mousse de yoghourt au deux currys : poudre et feuille.
Un peu
ludique mais cela me rappele un peu trop le « curry wurst » allemand…
Egalement un intéressant gaspacho de tomate et ananas.
Nous
choissirons donc le menu « Ô Monterminod » pour l’ensemble de la table
et démarrerons par le foie Gras à 100° au thym, gelée tomate noire,
oignons confits, basilic frit, vinaigrette d’aubergine et spaghettis de
courgettes. Une très belle assiette arrive avec un somptueux foie cuit à
basse température et sur les cotés quelques accompagnements qui à prime
abord m’avaient un peu laissés songeurs mais je dois reconnaitre que le
tout fonctionna à merveille. Une excellente gelée de tomate bien
parfumée, un coté croquant avec la courgette et peut-être moins
intéressant les « traces » d’aubergines. Je reconnais qu’il y a de la
recherche et que le résultat est plutôt étonnant.
Pour suivre, le
Parmesan en mousse, viande séchée de Savoie, chanterelle, pignons de
pin, noix, huile de truffe et vinaigre de Xérès. Sur une ardoise un pavé
de mousse au goût un peu linéaire de fromage qu’il est recommandé de
déguster en y ajoutant à chaque bouchée ce mélange de fruits secs
caramélisés. Une assiette que je trouverai trop timide dans ses saveurs.
En
plat principal un thon Albacore juste saisi, gnocchi maison à l’ortie, «
ravioli » de chèvre frais-hysope, tomates roma-haricots coco et oignon
braisé au safran. L’assiette apportée ou plutôt palette ressemble à un
assortiment de petites bouchées et ne m’aura pas du tout convaincu
malgré l’énorme travail. Tout d’abord il n’y a pas d’unité entre les
éléments disposés ; il n’y pas pas « d’histoire ». C’est un peu trop une
suite de petits plats qui ne vont pas forcement les uns avec les
autres. Pourquoi le thon est-il découpé en trois tronçons ? Celui-ci
étant de plus un peu sec. Les gnocchis sont un peu gomeux et bourratifs
et les oignons n’ammènent pas grand-chose. Certes il y a plein d’idées
mais cela manque singulièrement d’équilibre et de cohérence sur
l’assiette ; le tout étant un peu tiède. Seul en cuisine, dresser de
telles assiettes est un travail considérable pour finalement un résultat
décevant. Dommage.
Comme desserts, pour l’un « Île »au sirop
d’érable, sauce chocolat blond-éclats de noix, sucette chocolat
blanc-sésame-poivre noir, mousse au bleu de Bresse et miel de pissenlit.
Ici une ingénieuse combinaison de saveurs qui fonctionnent plutôt bien
surtoût avec cette étonnante mousse de fromage et pour moi une
Tropézienne d'ici ! Mousse yaourt-verveine, gelée menthe, trait
yaourt-coriandre et sorbet chartreuse jaune-abricot. Un très joli
dessert mais un petit défaut ; la tropézienne ressemble plus à une
brioche car un peu trop épaisse mais la crème est très savoureuse.
Nous
avons affaire ici a une cuisine bistronomique qui répond aux exigences
du moment avec des des produits de qualité mais qui nécessite selon moi
d’être épurée et de se concentrer sur l’essentiel ; l’accord des
saveurs. Il y a beaucoup de travail, énormément de volonté « à vouloir
bien faire » mais on y l’impression que le résultat n’est pas toujours à
la hauteur de l’intitulé des mets. Le chef est assurément doué mais
selon moi il aurait meilleur temps à se focaliser sur l’accord de
quelques saveurs que d’étaler ses capacités à créer un grand nombre de
petits plats.
Etonnement un Marestel Altesse Roussette de Savoie
Domaine Dupasquier 2005 à accompagné à merveille ce repas. Un fabuleux
vin au goût de pomme et pâte de coing qui a surement été vendangé très
mur. Une robe jaune très soutenu, voir orangée qui s’harmonisa
parfaitement avec le foie gras et la suite des plats.
Certes il y
a du talent et une volonté de se surpasser mais cela va un peu trop
dans toutes les directions. Un cuisinier à suivre et une table qui reste
vraiment intéressante dans la région de Chambéry.
Le Panoramic
260 Chemin des Vignes
Saint-Alban-Leysse
www.lepanoramic73.com
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