Si l’on me
demandait « ou faut-il aller manger à Londres en ce moment », je
répondrais immanquablement dans le quartier de Shoreditch qui est en train de
devenir ou qui même est le quartier le plus créatif pour les nouvelles tables.
Pas de grands restaurants classiques mais une gamme de chefs qui ont compris
que la cuisine se doit d’être réalisée avec des produits de qualité qui proviennent
de fermes locales ou des ingrédients bios. Des lieux souvent impressionnants et
incongrus fréquentés par les « foodies » de la cité qui sont à la
recherche des saveurs oubliées mais avec un niveau de sophistication très
souvent impressionnant. Il n’y a qu’à se référer au Clove Club et autres
Upstairs at ten Bells en attendant avec excitation la prochaine ouverture de
Lyle’s fin mai, par James Lowe ancien
des « The Young Turks », cette équipe qui en 2010 lancèrent
ce concept de « pop up dinner » repris ci et là, dont tardivement en
France.
C’est donc
ce soir à la « Bistrothèque » que je me dirige ce soir car l’endroit
m’a tout de suite séduit en regardant leur site. Un peu à l’extérieur de Shoreditch
ou je devrais dire à dix minutes à pied de toute la nouvelle animation nocturne
de ce quartier, dans la partie appelée Bethnal Green.
Arrivé une
fois à Wadeson Street qui est à la limite du glauque, ne paniquez pas… pas de
signe de commerces, ni de restaurants…
Quelques entrepôts, des tags sur les
murs et des maisons résidentielles. Mais vous ne pourrez pas manquer d’entendre
des bruits de restaurants ou alors voir des lumières sans toutefois trouver
l’entrée ! En réalité vous verrez une arcade avec quelques lumières
murales, puis une porte ouverte avec quelques lumières et c’est au premier que
se trouve l’établissement.
Au fond d’un couloir, puis quelques escaliers, vous
voilà arrivé.
Après un
accueil des plus charmant, vous serez
assez impressionné par cet intérieur anciennement industriel avec un côté un
peu spartiate comme au St John ou Clove Club. Si je devais deviner, c’est un
lieu intentionnellement bien caché qui presque se mérite… J’ai d’ailleurs
appris par la suite que lorsque le propriétaire ouvrit ce lieu, il n’avait pas
les moyens de se payer une enseigne, maintenant que c’est le cas, il n’en a
plus besoin...
C’est
clair, j’adore ce style un peu dépouillé où l’on va à l’essentiel ;
ambiance, beauté épurée du lieu, pas de fioritures sur les tables. On se sent
bien immédiatement car c’est très convivial ; c’est vraiment ce que
j’appelle un très bel endroit. Je me rappellerai toujours la citation de Curnonsky
qui disait « On ne va pas au restaurant pour manger des rideaux. »
Un
restaurant tout blanc dans un grand loft avec au centre un bar ou l’on peut
démarrer la soirée et en face une cuisine ouverte. De lumières douces style
lampes marines donnent au tout un très grand charme.
Installés
au bar nous voici parti pour un verre de vin rouge dont j’ignore l’origine
puisque je suis arrivé après l’autre convive,
mais je me suis décidé à prendre sur les recommandations de la très
avenante serveuse une bière en bouteille
de l’une de ces nouvelles et exceptionnelles micro-brasseries Londoniennes. Une
fabuleuse « Stout » de chez
« Old Ford ». Sur l’un des côtés de la salle, la cuisine qui semble être bien concentrée
sur la réalisation des dressages des assiettes.
Le
responsable de salle est un personnage plutôt étrange mais dans le bon sens du
terme, car il place les gens en fonction de leur style et attitudes. Nous aurons le bonheur de nous trouver à une
table de coin avec une banquette.
Question
restauration comme le nom l’indique, une cuisine de bistrot plutôt française
mais tout de même avec quelques clins d’œil britanniques. A première vue rien
de comparable aux tables précitées car nous sommes face à une carte plutôt
conventionnelle, ce qui n’est pas un problème en soi.
En entrée
il y aura un tartare de loup, piment, sauce soja, gingembre. A priori il y a un
côté plutôt asiatique ou japonais dans cette entrée, mais c’est plutôt bien
présenté de manière contemporaine. Un produit frais, une sauce déposée en
touche…C’est plutôt bon et rafraichissant.
Pour moi
une assiette d’oignons frais de printemps, sauce romesco et parmesan. J’avais
envie de quelque chose de léger et de frais. Ce fut plutôt bien réussi avec des
oignons très fins au goût de grill, la sauce à base de poivron rouge et parmesan,
également un peu de cresson. Ce n’est pas très original mais c’est très bien
réalisé.
Nous n’arrivions
pas à nous décider pour le plat principal et finalement il y a eu quelques partages..
Un plat végétarien : épeautre, orge, brocoli, noisettes et stichelton,
sorte de stiton au lait non pasteurisé. Un peu semblable à un risotto, voici un
plat très savoureux, très gourmand.
Pour moi d’excellentes
joues de porc braisées, purée de pomme de terre, betteraves caramélisées. Je m’étais
imaginé un plat rustique mais c’est délicatement présenté dans des quantités
raisonnables. Les joues sont fondantes, les betteraves blanches sont
moelleuses, le fond de sauce est parfait. Un plat classique hautement
recommandable.
Un gratin
de chou-fleur à la truffe comme accompagnement traditionnellement préparé avec
une sauce assez fine. Les saveurs de truffe étant plutôt difficiles à cerner.
Pour accompagner
un anecdotique Rioja 2012, Bodegas Marqués de Reino. Comme nous n’avons pas
pris de desserts, je me suis laissé tenter par une autre bière ; une pale
ale bien fruitée de la brasserie The Kernel.
Voici un
lieu qui marche avec le bouche-à-oreille et qui se trouve dans un lieu vraiment
très agréable. L’endroit idéal pour une soirée entre amis où l’on vient manger
une cuisine bien réalisée sans être vraiment originale. Le service est vraiment
excellent, souriant, toujours prêt à vous conseiller. Les prix sont aussi
vraiment très raisonnables pour Londres avec des entrés à moins de dix livres
et des plats principaux inférieurs à vingt. Une très sympathique adresse.
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