Destination
Bourgogne pour ce weekend et première halte à une table qui m’était inconnue
jusqu’à présent. « Aux Terrasses » à Tournus, une étoile au Michelin.
Un endroit qui me semblait en tout cas sur le papier plein de charme au vu des
somptueuses photos du site web. On ne parle que rarement des sites des
restaurateurs mais je trouve cela d’une très grande importance, comme une carte
de visite qui laisse transparaitre la personnalité du cuisinier. Je dirais même
que certaines fois, le simple fait de voir qu’un site soit vraiment vilain soit
mal structuré ne m’encourage pas à visiter l’établissement. Évidement je
n’aurai pas les mêmes exigences entre un bouchon et une table gastronomique,
mais cela dénote d’entrée le style de la maison. Toujours est-il que le site
est engageant, invite à la découverte, ce qui est normalement bien le but
d’être sur la toile.
Un peu à
l’écart du centre-ville et prêt de la Saône, l’établissement élégamment
illuminé laisse penser que c’est du «tout neuf » !
Une jolie maison
bien rénovée depuis novembre de l’année passée avec ensemble de pièces joliment
décorées.
Une réception qui plonge directement sur la cave à vin ne peut
qu’immédiatement titiller l’intérêt du gourmand sans oublier la magnifique
machine Berkel qui reste un comme un rêve.
La plus belle machine à trancher le
jambon qui existe (selon moi…), toujours rouge comme une Ferrari et qui
originellement fut conçue par un Néerlandais mais fabriquée maintenant
principalement par les italiens. Si vous envisagez de trouver la Rolle-Royce
manuelle des trancheuses de jambons, c’est probablement celle-ci et pas une
autre…. A partir de 4000 euros pour les amateurs !
Un lieu
avec plusieurs salles avec pas moins de
cent couverts ce qui n’est pas mal pour une table gastronomique (peut-être même
un peu trop), un salon pour prendre l’apéritif et qui de plus propose des
chambres pour moins de cent euros.
Je dirais
que les salles sont plutôt particulières : tendance, chic,
contemporain, presque glamour avec béton,
bois, pierre apparentes et quelques plantes de ci de là. Tout est fait dans le
but de procurer une sensation de douceur dans une parfaite harmonie avec un
côté presque minimaliste. Pas de superflus sur les tables de bois mais
l’essentiel pour dîner. Ai-je aimé ce style ? Pas totalement. Cette salle
où j’ai diné manque un peu d’intimité, l’ambiance n’est pas très feutrée et
selon moi il y a trop de monde, trop de tables.
Dans une
autre partie du bâtiment, un salon presque un peu « seventies » qui
peut ou ne pas plaire avec ses chaises vertes et une salle pour le petit
déjeuner qui rappellerais plutôt une auberge campagnarde. Un mélange de styles
plutôt téméraire mais qui fonctionne.
Pour
l'histoire, le chef Jean-Michel Carrette repris au pied levé les fourneaux de
la maison familiale suite au décès subit de son père Michel en 2005. On peut
toujours trouver quelques plats phares sur
la carte comme le « fameux chausson
de canard au sang » que je n’ai jamais goûté mais dont on m’avait parlé...
mais depuis des années la cuisine a pris une tournure plus aventureuse,
Comme ce
soir c’est la fête des amoureux, le menu est imposé ce qui ne me pose pas de
problème en soit mais comme les salles sont pleines, l’attente entre les plats fut
un peu longue pour la première partie de ce repas. Un menu à 75 euros avec une
jolie sélection de plats.
Comme vin
blanc nous prenons un Viré Clessé2002 du Domaine de la Bongrand Cuvée E.J.
Thevenet. Un vin très surprenant et délicieux car après douze années il est très rond en
bouche avec encore une légère pointe d’acidité.
Nous
commençons avec une Pomme de Terre iodée. Première observation, la vaisselle
est vraiment très belle et cela sera comme cela pendant tout le repas. Souvent
des assiettes dans les tons verts, céladon, taupe et de forme différente. Une
pomme de terre creusée avec un œuf de caille mollet ; sur le côté une
sauce à l’encre de seiche et une glace à l’huitre. L’idée est intéressante mais
c’est un plat qui mérite d’être finalisé car c’est un peu trop dissocié, le
goût marin n’est pas assez prononcé.
Une des
serveuses nous apporte un morceau de beurre pour accompagner le choix de petits
pains (pavot, cumin) ; un beurre d’Etrez AOC qui m’a plutôt étonné, s’apparentant
assez au beurre Bordier. Une nouvelle AOC de la Bresse.
Second plat
qui selon moi sera l’une des plus belles assiettes de ce repas. La Raviole d’Escargots
et Bouillon de Légumes. Il y a quelque chose d’un peu asiatique dans la structure
avec ce bouillon dans lequel se trouvent ces raviolis, herbes et légumes ;
un peu semblable à un « Pho vietnamien » mais absolument sans aucune
saveur asiatique avec une référence à la Bourgogne, l’escargot ! Ceux-ci
sont d’une irréprochable qualité, la pâte qui les entoure d’une grande finesse,
le bouillon très savoureux, les herbes et légumes croquants. Le tout est
légèrement épicés avec du piment d’Espelette. Un grand plat.
Nous
continuons avec les Noix de Saint Jacques, Grenobloise à ma façon. Normalement
la « Grenobloise » est une sauce à base de croûtons de pain frits,
dès de citron et câpres et est décrit comme un dérivé de "Meunière".
Ici le pain a été transformé en fines crêpes croustillantes comme également les
câpres qui sont probablement frits, une sauce citronnée avec un peu de moutarde ;
les coquilles Saint Jacques sur le dessous qui a mon avis étaient quelques
secondes trop cuites. Quelques « tâches » rouges d’une préparation à
base de poivron et anchois. C’est ingénieux, repensé.
Le plat
suivant fut également vraiment excellent, Truffe Melanosporum, Crosnes et
Chorizo. Les crosnes poêlés sont déposés sur un fin hachis de chorizo,
recouvert d’une fine lamelle de comté 36 mois, un petit fenouil et un belle
tranche de truffe. La serveuse nous rappe encore de la truffe pour finir l’assiette
qui fut aussi l’un des plus beau plats de la soirée. Le mélange truffe,
chorizo, fromage fonctionne à merveille !
En plat
principal, le Carré d’Agneau et Châtaigne en Voile de Main de Boudha. La main
de bouddha devient l’un fruit à la mode en ce moment un peu comme le yuzu. Elle
fait partie de la famille des agrumes et possède un côté très aromatique. La
forme de ce fruit est plutôt étonnante car ressemble à un arbuste avec des
branches jaunes. Je ne me rappelle pas avoir mangé des côtes d’agneau aussi
délicieuses que celles-ci. A première vue elles ont presque l’air d’être crue
mais on s’aperçoit qu’il y a eu de la cuisson sous vide et un rapide passage à
la poêle. Les petites ravioles du fruit avec la châtaigne apportent d’incroyables
saveurs à l’assiette, accompagnée sur le côté d’un divin jus de viande et d’une
purée montée légèrement à l’huile d’olive. C’est un plat essentiel, avec des
produits magnifique et des saveurs nettes.
On échappe
au traditionnel plateau de fromage et recevons un Comté 36 Mois, Syphon
Poulette & Vin Jaune. Le syphon ou siphon permet de préparer une émulsion
légère grâce au gaz, du dioxyde du carbone qui va donner à la préparation une
consistance mousseuse, souvent appelée espuma. La base ici étant le vin jaune
du jura associé à du jaune d’œuf, du beurre et un filet de vinaigre. C’est
déposé au fond d’un bol, mélangé avec une brunoise de pommes granny Smith et le
fromage rappé sur le dessus. Je suis impressionné car rares sont les
établissements qui travaillent le fromage.
La ou je ne
serai pas très convaincu cela sera avec les desserts. Évidement avec une salle
pleine on propose des choses rapides et moins travaillées avec un Stick
Chocolat Praliné. Ce n’est pas désagréable mais cela reste un peu ludique.
Quelques
mignardises sans intérêt et ensuite une Tartelette Poivron Jaune Passion. Les
associations marchent mais cela reste une tartelette…donc voilà. Ce n’est pas
le « ahhhh » comme certains autres plats.
Pour accompagner
ce repas un Givry 1 er cru domaine François Lumpp Clos Jus 2011, un vin assez
minéral et concentré avec une belle souplesse.
Le service
est ce que j’appellerai « opérationnel » mais sans éclat. Gentil et
correct mais comme je l’ai signalé, cela a été un peu long en début de repas.
Malgré
cette soirée « imposée » nous avons eu droit à une très belle cuisine basée sur des produits de
saison alliant tradition bourguignonne et modernité. Je me rappellerais de certains
plats vraiment magnifiques avec beaucoup d’idées. Le point noir que je n’avais
pas encore mentionné est le fait que nous avons eu l’une des plus vilaines
tables, celles à côté de l’entrée de la cuisine avec le droit à entendre toute
la soirée les machines à laver et les bruits de vaisselle sans parler de l’ouverture-fermeture
constance de cette porte coulissante. Maintenant que vous le savez…demandez à
ne pas être placé la… car il y a encore un beau nombre de très beaux plats à la
carte !
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