jeudi 22 décembre 2022

Gresca, Barcelone

 

Cela faisait un moment que je n’étais pas retourné chez Gresca, cette table plébiscitée depuis de nombreuses années à Barcelone en raison de la qualité de ses assiettes réalisées avec des produits locaux, pas d’effets moléculaire, mais juste un grand savoir-faire, celui de Rafa Pena. Le temps est passé, le chef a finalement eu une certaine reconnaissance, est devenu de plus en plus visible dans certains événements culinaires. Plus d’une dizaine d’année d’existence et aujourd’hui tout le monde est convaincu de la qualité de l’établissement excepté le guide Michelin, qui ne sait pas où le placer : trop informel et bruyant pour 1 étoile, trop cher pour un BibGourmand. Le mélange entre un bar et une table gastronomique.

A un moment donné l’ouverture à côté du Gresca Bar avec comme le nom l’indique, un côté plus informel, qui se veut donc décontracté, et le restaurant plus classique avec nappes blanches. Puis aujourd’hui tout est devenu Gresca Bar, les deux salles communiquent entre elles. Probablement que la version classique a commencé à être moins fréquentée, la clientèle préférant le côté bar, ou tout simplement la pandémie a eu raison du côté gastronomique.


La décoration du bar Gresca est contemporaine, élégante, uniforme et fonctionnelle avec une curieuse touche vintage dans sa vaisselle. Il y a un comptoir avec des tabourets à l'entrée et quelques tables sur le chemin du comptoir menant à la cuisine. Ce bar peut accueillir environ 6 personnes et depuis l'un de ses coins, vous pouvez rejoindre l'autre restaurant ou plutôt salle puisque les deux sont connectés.


L’ancien restaurant gastronomique est donc dans le même concept que le bar avec des tables de jardin vertes alignées le long des murs.


La carte de Rafa Peña est généralement inventive et audacieuse avec une trentaine de plats qui permettent de choisir un peu de tout, des plats les plus simples aux plus risqués, du froid au chaud. Les plats sont souvent originaux, colorés et attrayants. Il est important qu'ils mettent l'accent sur la pureté du produit avant tout et sachent offrir les bonnes nuances et points de cuisson dont chacun des ingrédients a besoin. Ici on ne plaisante pas et la qualité en général se ressent dans les matières premières des produits et la saveur des plats. En tout cas ce fût comme cela jusqu’à présent.


Pour commencer une salade de betterave plutôt très plaisante avec quelques pistaches pelées, une vinaigrette et quelques touches de crème fouettée. Portion pas très généreuse à vrais dire, on en aurait bien repris.

Une délicieuse aubergine laquée avec une crème de parmesan. La qualité du légume est exceptionnelle avec une très belle texture, le laquage agrémenté de blé soufflé amenant un côté croquant, la crème fromagère est onctueuse. En fait ces deux entrées rappellent un peu unce certaine cuisine, celle de Yotam Ottolenghi.

La suite avec un fameux pigeon froid au Jerez. Volaille d’une grande qualité encore rosée, foncante en bouche. On trempe les tranches dans cette sauce à base de jerez.

Puis les plats principaux avec le cabillaud qui s’avère être de la morue aux tripes et girolles. J’ai toujours un peu de peine lorsque le serveur est incapable de différencier du cabillaud frais du poisson salé et réhydraté, car le résultat gustatif est bien différent. Bref c’est un peu salé, la sauce de type pil-pil est fade et ce sont des chanterelles d’automne et non pas des girolles comme inscrit en français sur la carte. Puis ce n’est pas une sauce de tripes de morue mais avec des morceaux de tripe.

Le ris de veau aux rovellons qui sont ces champignons locaux est tout aussi fade. Le ris est trop cuit et sec,  mais allons savoir pourquoi ce n’est pas mis en valeur mais la sauce est grasse et sans relief. Deux plats principaux bien en dessous des entrées.

Pas de dessert particulièrement attirant.

Comme vin, un Planella d’Armos 2020 Joan d’Anguera, Montsant un carignan avec des saveurs de prunes et mures.

Le service est un peu bancal, pas bien orchestré avec un soi-disant sommelier, différentes personnes qui viennent depuis la cuisine à votre table sans vraiment savoir à qui les plats sont destinés.

Probablement un peu victime de son succès, une expansion un peu trop rapide, une perte probable de contrôle pour l'un des restaurants de tapas les plus populaires de Barcelone. Gresca fût un restaurant de quartier chaleureux et sans prétention qui ne se démode jamais, mais peut-être aussi que le chef s’est trop dispersé dans diverses aventures. Le paysage culinaire de Barcelone a bien évolué depuis quelques années et ce type de restauration est devenu beaucoup plus fréquent, dommage d’en arriver là.

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