mardi 7 août 2018

Salitre, Barcelone


J’aime énormément passer une soirée dans le quartier de Poble Nou qui permet toujours de se retrouver principalement au milieu des locaux, avec une Rambla bien plus agréable que celle que tout le monde connait, mais aussi de faire la découverte de nouvelles adresses, car ce quartier voit en ce moment une explosion de nouvelles tables les unes plus agréables que les autres. Les établissements Poble Nou sont souvent un peu en dehors de ce show constant que propose la plupart des tables du centre ville, ici on trouvera souvent de l’ambiance, de la sincérité et de plus des prix bien moindres qu’au centre.


« Salitre » c’est l’association de deux jumeaux canariens, Bruno et Sergio Morales, qui, il y a peu de temps, ont décidé de s'allier avec Daniel Armenteros passé chez « ABaC », « El Hortensio » et La Cabra » de Madrid, pour ouvrir cette enseigne. Bruno dans la salle, Sergio et Daniel se consacrent à la préparation des plats à l’arrière. Le concept est le suivant ; concocter des recettes méditerranéennes avec des influences internationales qui amènent de l’originalité aux assiettes. Un nom qui signifie « Nitrate », un mot qui fait référence aux caractères imprimés sur les bâtiments, sur les bateaux et autres objets le long de la mer. Un mot qui transmet autant de fraîcheur, de brise ou d'esprit de rue.



A deux pas de la Rambla del Poblenou, une entrée plutôt inhabituelle pour un établissement car cela ressemble plus à une galerie d’art. Vous verrez tout d’abord une fresque murale de Nacho Eterno, un artiste multidisciplinaire basée à Barcelone, travaillant sur l'illustration, le tatouage et le muralisme contemporain. Son style évolue à travers une manière de faire cohérente, basée sur une esthétique simple et spontanée avec des formes lisses et des couleurs minimales. Son inspiration vient surtout des cultures anciennes : l'art autochtone précolombien, péruvien, mexicain et africain est au cœur de son imaginaire. Quelques tables extérieures devant, vous réalisez immédiatement que l’espace a quelque chose de particulier, conçu pour accueillir tous les types de clientèle, des groupes du plus petit au plus grand.


Une salle en longueur agréablement rénovée en conservant un côté un peu industriel, des murs de briques parfois apparents, des sections de mur qui combinent l'utilisation du bois et du métal, des lumières style simple ampoules, mais tout est réalisé avec beaucoup de goût et d’idées.




Sur l’un des côtés de la salle, le bar avec derrière les cuisines. Bar qui a conservé une section pour manger si on le désire.



La carte ne fait pas plusieurs pages et propose une sélection de plats à se partager, puis des sections pour ce qui est froid, ce qui vient de la terre, de la mer, ce qui se mange avec les doigts, les riz et desserts. Des mets assez classiques, certains avec un clin d’œil au Pérou, à l’Argentine ou à l’Italie. Il faut se rappeler que ces communautés sont importantes à Barcelone, ce qui explique que l’on trouve souvent ce type de cuisine sur les cartes de restaurants.

Une première très bonne impression car la vaisselle est recherchée, toujours en harmonie avec le met. La présentation est soignée, le tout est très tentant sans même y avoir goûté. Nous prendrons tout d’abord des patacón de thon. Le patacón, le tostón, le tachino, frit ou haché est un plat à base de morceaux de bananes plantain vertes aplaties, traditionnels dans plusieurs pays d’Amérique latine et des Caraïbes tels que la Colombie, Cuba, l’Équateur, Haïti, le Honduras, le Nicaragua et la Costa. Rica, Panama, Porto Rico, République dominicaine et Venezuela.  Je ne sais pas de quel pays il est inspiré mais nous retrouvons cette galette de banane frite, de l’avocat, du thon découpé en sashimi, une probable sauce pimentée style chipotle, des oignons rouges marinés, de la coriandre fraiche. On peut presser un peu de citron vert sur le dessus si on le souhaite. Léger, frais, très gourmand.


Très joli bol que ce Salpicon de fruits de mer au Bloody Mary. Le Salpicon est un plat préparé depuis bien longtemps. Il est même apparu dans le livre de Don Quichotte de la Mancha, écrit par Cervantes, faisant référence à un plat généralement composé de différents types de viande hachée, principalement du bœuf, assaisonné d'huile d'olive vierge extra, vinaigre, sel et poivre; et des morceaux de tomates ou de ciboulette fraîche. Maintenant, le salpicón est un plat devenu très populaire de la cuisine andalouse, en particulier sur la côte de Huelva et Cadix. Parmi ses ingrédients, on y trouve la tomate, l'oignon, le poivron rouge et le poivron vert ne manquent pas, s'il y a un morceau de poivron jaune et des fruits de mer. Maintenant la variation est ici bien plus intéressante car on y retrouve certain des ingrédients mais aussi un côté plus axé sur la tomate et une probable touche de vodka, puis un peu de coriandre fraiche.

Retour vers l’Amérique latine avec un Arepa de calamars et piment jaune Aji. Type de plat à base de pâte de maïs hachée ou de farine cuite qui prédomine dans la cuisine colombienne et vénézuélienne. Ils sont généralement garnis de diverses manières, ici avec une très bonne friture de calamars car légère, quelques touches de sauce au piment péruvien jaune.


Un étonnant et original plat de viande que l’Entrana, poireaux et glace aux raisins. L’ « entraña », l'une des coupes de boeuf les plus appréciées en Uruguay et en Argentine, une pièce qui est coincée dans les côtes de la vache. D’une forme allongée, elle commence dans une pièce plus épaisse qui est affinée jusqu'à son achèvement. Le morceau est à a la base recouverte d'une peau très dure arrachée à la main (généralement par le boucher) et révèle une viande veinée et extrêmement juteuse. Particulièrement indiquée pour le grill qui doit être fait avec un feu fort de sorte qu'il se forme une croûte externe, protégeant l'intérieur plein de jus délicieux et très savoureux. Ici avec des poireaux cuits à la braise et cette glace sucrée qui est vraiment une association parfaite, amenant de la fraicheur. Une brillante idée qui illustre la qualité de la cuisine.


Et le dessert final, une Torrija de Platano, des iles Canaries. Torrija donc fabriquée avec de la banane le plus souvent plantain, puis cuisinée comme il se doit, à savoir dans du beurre et une poêle avec du sucre pour le côté caramélisé, que l’on accompagne de diverses glaces. Elle est ici particulièrement bien croustillante. On se rappellera que Bruno et Sergio Morales sont d’origine Canariennes, ce qui explique ce dessert !


Un Rioja Lan Crianza 2014, petit vin moyennement corsé qui se doit d’être bu à court ou moyen terme.


On pourra toujours aller jeter un œil sur le patio extérieur assez unique et confidentiel, avant de quitter le lieu où l’on aura apprécié une cuisine de grande fraicheur, vraiment soignée et gourmande, qui plaira à tout un chacun. Les personnes recherchant des tapas locaux classiques seront comblés, ceux plus enclin à la découverte des saveurs d’Amérique latine et disposés à manger quelque chose de plus exotique serons eux aussi ravis !



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