lundi 13 août 2018

130 Restaurant, Barcelone


Il y a quand même des restaurateurs qui ont du mérite à Barcelone car tout n’est pas toujours facile au vu de la compétition et des aléas du métier. Mercredi soir, visite prévue chez « 130 Restaurant » dans la rue Laforja du quartier Sant Gervasi, une table assez récente qui vaut vraiment d’être visitée malgré peu de fréquentation, enfin ce soir. C’est ici qu’un jeune chef au nom de Macia Bagur à ouvert un nouvel espace dans cette rue qui compte quelques restaurants de qualité. Un chef qui me semble avoir un cursus assez intéressant car a travaillé pendant trois ans chez Carme Ruscalleda et récemment près d’un an au Celler de Can Roca. Ouverture donc depuis janvier au numéro 130 de cette rue de ce chef qui est passé par de bonnes écoles dans lesquelles il a apprit à toujours chercher les meilleurs ingrédients et travailler la temporalité.

Une entrée assez simple avec un accès direct au bar. La seule indication étant une bannière sur le mur avec le chiffre 130.



La salle en longueur est assez moderne et conventionnelle avec une série de tables le long des murs, les couleurs vertes et noires dominent.



Au fond, la cuisine avec l’équipe du soir en place.


Une des particularités de cet établissement c’est de proposer des viandes rares et de qualité, mais surtout des les cuire avec un intéressant four qui peut atteindre 800 degrés qui d’ailleurs peut s’acheter en tant que particulier. La viande cuit en hauteur, le gras tombe sur un plateau, créant une couche externe croquante et permet de conserver toute la jutosité interne. Wagyu de la région de Kagoshima, mais aussi des produits plus locaux comme des vaches frisons, de l’Angus, de la Moixina de Girona ou du porc ibérique nourri au gland. L’équipe en cuisine variera ces viandes en fonction des meilleurs résultats qu’ils trouveront à tout moment.

Cependant il serait un peu réducteur que de classer cette table dans une catégorie « steakhouse » car c’est bien loin d’être le cas, de plus pas tout le monde n’est disposé a payer des sommes bien entendu élevées pour des viandes venant du Japon comme 59 euros les 100gr. Vous y trouverez toute une série de petits plats, certains très classiques comme les immanquables croquettes sur toutes les cartes de restaurants mais ici avec tout de même un peu de créativité. A se demander si le client Barcelonais classique se trouvent perdus s’il ne trouve pas croquettes et bravas… Malheureusement les chefs me disent souvent que pour avoir du succès… ils se doivent d’avoir ces plats à la carte. Pas facile je vous disais… Bref, des croquettes évidemment au jambon ibérique mais aussi au fromage de l’Avi Ton ou même aux moules, ce qui est plutôt original. Des bravas, des moules vapeur au Vermouth, des riz, mais aussi des assiettes bien plus intéressantes et qui flirtent avec une certaine gastronomie. Par exemple ce délicieux salmorejo avec des fraises. Une parfaite consistance bien crémeuse, un goût subtil de fraise qui ne l’emporte pas sur le reste, quelques croutons et tranches de fraises sur le dessus.


Ce magnifique carpaccio de crevettes de Arenys de Mar d’une parfaite fraicheur, lui aussi assaisonné avec précision avec un filet d’huile et quelques touches d’une mayonnaise au wasabi. La halle aux poissons d'Arenys de Mar est le témoignage le plus évident de la longue tradition marinière de la ville et est aussi la preuve du fait qu'une gastronomie de niveau n'est possible qu'avec des ingrédients de première qualité comme dans cette assiette. Un produit exceptionnel qui atteste de ce que je parlais précédemment, les meilleurs ingrédients et la temporalité.


Complètement bluffé par les boulettes de viande et calamar et sa sauce à l’amande. Je dis viande car je m’imagine que c’est tout de même un mélange. Celles-ci sont moelleuses, reflète la gastronomie locale mais néanmoins assez innovantes car la sauce est inattendue, très onctueuse. En fait il s’agit probablement d’une spécialité andalouse qui ici est un vrai régal, un plat que l’on souhaiterait trouver bien plus souvent.


Même constatation avec les impeccables et gourmandes tripes à la Madrilène, qui est un plat espagnol aux origines humbles d'autant plus que les tripes ont toujours été un aliment peu coûteux. On sait aujourd'hui qu'elles existent depuis le XVème siècle et qu'elles étaient appelées « déchets » de bœuf. Je me rappelle d’en avoir mangé de délicieuses chez le classique et luxueux « Lhardy » à Madrid, mais celles-ci les valent bien si pas meilleures.


Une viande avec l’incroyable Pluma ibérica de Bellota, je dis incroyable car je ne me rappelle pas d’en avoir mangé une aussi tendre et aussi goûteuse.


Le plus surprenant, c’est de la recevoir avec des frites…mais attention pas n’importe lesquelles car je ne prends jamais de frites en Espagne. Celles-ci sont simplement parfaites, maison, croustillantes et moelleuses à l’intérieur. Un plat qui a nouveau met en valeur la qualité du produit avant tout.


Un surprenant dessert, très original comme je les apprécie. Un blanc-manger avec une glace à l’eau de mer ! On ne fait plus que rarement le blanc-manger, et c’est chose regrettable, car c’est l’un des meilleurs entremets qui se puissent servir, quand il est bien préparé. On trouvera aussi quelques gouttes d’huile d’olive. Le côté salé est magnifique, rappelle les origines de Macia, celle des iles baléares et de la mer.


Un vin que l’on avait bu quelques jours auparavant, un Rioja Gomez Cruzado 2016 Vendimia Seleccionada. Un vin rouge avec des notes grillées et des saveurs de fruits mûrs.


Certes la passion du chef ce sont les viandes mais sa cuisine mérite vraiment d’être découverte car une viande avant tout c’est sa qualité et pour une première visite, je trouve que de l’on découvre encore plus les talents du cuisinier. D’ailleurs Macia nous a présenté son armoire de rassissement des viandes où l’on a pu voir de très belles pièces.




Une adresse vraiment à découvrir car tout ici fût particulièrement soigné, le service attentif, la cuisine précise et les produits vraiment sélectionnés avec rigueur. Un jeune chef qui mérite vraiment de réussir car sa proposition diffère quand même passablement d’un grand nombre d’établissements et tout ceci a des prix très corrects.

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