Avec un tel
nom d’établissement je ne pouvais pas m’empêcher de penser au film d’Etienne
Chatiliez et me dire que peut-être j’y rencontrerais Nicole et sa fille
Géraldine… Eh bien non ! Ce seront Ludyvine et Cyril que nous rencontrerons dans cet
établissement sur les hauts de Lucinges, non loin de l’autoroute A41 en
direction de Chamonix. A peut-être une trentaine de minutes de Genève vous
voici dans un lieu joliment campagnard face à une belle et grande ferme datant
du 19ème.
Un lieu qui fait également hôtel avec je crois sept
chambres, une terrasse avec une belle vue de la région où l’on peut dîner en
été si le temps le permet ou alors prendre l’apéritif et une salle à manger
dans un style auberge-bistrot. Pierres apparentes, poutres, tables de bistrot.
Ludyvine en
salle et Cyril en cuisine semblent avoir eu un joli parcours un peu
international avec l’Idaho aux Etats-Unis où ils travaillèrent dans un « resort »
et si j’ai bien compris également un passage au restaurant indien Rasoï du
Mandarin de Genève où il fut responsable de salle. Un accueil souriant et
prévenant nous voici installé à notre table.
La formule
ici est unique, c’est-à-dire un menu à 36 euros avec entrée, plat, fromages et
dessert. Lors de la réservation, il vous sera demandé si vous avez des
allergies ou êtes réticents à manger certains aliments. Une approche que je trouve vraiment logique
pour éviter de se disperser et qui depuis un certain temps est une formule
gagnante dans la restauration et surtout dans les grandes capitales.
Nous est
apporté un panier avec un choix de bouteilles ouvertes ; une suggestion de
vins du moment mais nous préférons choisir une bouteille sur la très jolie
carte de vin qui n’est pas juste le choix d’un caviste mais où l’on décèle une
volonté de proposer des flacons de qualité à prix raisonnable. Une belle
sélection du Languedoc-Roussillon, de la Vallée du Rhône, Provence et même de Corse ; le patron
étant de Nice explique probablement ce choix. Et c’est une pure merveille que j’aurai
l’occasion de déguster ; La Villa
Symposia « L’origine » 2010. Une cuvée exceptionnelle du coteau du Languedoc
(Pézenas/Cabrière), parfaitement équilibré en bouche, capiteux et massif.
Il nous
sera apporté quelques sympathiques bouchées pour démarrer ; des olives de
Nice ; de la pissaladière (tarte niçoise aux oignons), un sablé au thym
avec un tartare de tourteau et un fromage de chèvre de la région travaillé aux
noix et cébettes.
Un très bon
pain maison arrive sur une planche de bois que l’on aura le plaisir de trancher
soi-même.
Et voici l’entrée
avec des violettes de Camargue et lentilles beluga. Il s’agit d’asperges
blanches qu'on a percé la butte et qui se sont colorée sous l'effet de la
lumière. Leur pointe devient mauve, ce qui lui donne une légère amertume mais
sont également fruitée. Un filament d’huile des Baux-de-Provence, des lentilles
noires apprêtées avec de la coriandre fraîche et du gingembre râpé ; quelques
feuilles de roquettes et des graines de grenades. Sur le côté une mousseline
complémentaire montée à l’huile d’olive. Une entrée de saison réalisée avec des
produits choisis qui s’avère être très bonne et fraîche.
Pour suivre
un magret de canard, jus au miel et vinaigre balsamique. Nous est apporté un
plat « Staub » pour conserver la température avec sur le dessus le
magret tranchés sur lequel se trouve des oignons caramélisés au miel et
vinaigre. En accompagnement, quelques feuilles d’épinard juste poêlées ;
un flan de cèleri qui aurait pu avoir un peu plus de goût ; quelques
carottes et navets nouveaux.
La qualité de la viande est irréprochable et
parfaitement cuite. Un plat presque simple mais un peu réalisé « comme à
la maison » ! J’oubliais l’épeautre traité comme un risotto avec du
safran.
Un joli
choix de fromages provenant du marché de Douvaine avec du fromage de brebis, un
morceau de fromage des alpages Suisse, du Brillat-Savarin et du vieux Gouda de
quatre années.
En dessert
un Baba au Mentonello. Dommage que le Baba soit présenté dans une coupelle en
plastique ; on arrose celui-ci avec une pipette de Mentonello qui est la
version de Menton où l’on trouve de fabuleux citrons du Limoncello. Quelques
ananas frais sur le côté.
Un repas de
saison avec de jolis produits bien frais, une cuisine assez simple et ménagère ;
finalement un concept très proche de la table d’hôte et tout ceci servit par un
couple plein d’enthousiasme et souriant ! Une jolie adresse qui doit être
l’été encore plus plaisante.
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