vendredi 23 novembre 2018

L'Escale Bistrot, Barcelone


Lorsque l’on mentionne des restaurants français à Barcelone, c’est souvent les mêmes noms qui ressortent, mais en regardant à plus près, ce ne sont pas vraiment ce que j’appelle de purs restaurants « Français » mais plutôt des tables avec des chefs et des techniques françaises qui souvent traitent des produits locaux d’une manière différente et souvent plus créative.


Une adresse située dans le passage Lluís Pellicer, entre les rues Muntaner et Casanova, touchant presque la Diagonal. Devanture de couleur bleu charmante au travers de laquelle l’on peut jeter un œil à l'intérieur.


Nous trouvons deux salles séparées, dans la première se trouvent le bar et la cuisine dans le fond et dans la seconde plus intimes quelques tables bien agencées. Cette première salle semble être plus adaptée pour prendre un verre, une assiette à se partager ou un lunch rapide.


Dans la seconde salle, des murs au ton pastel, des tables dans un style rustique-bistrot assez séparées font de cet endroit le lieu idéal pour également dîner entre amis. La décoration en bois, en acier, quelques tableaux et les lumières chaudes font de l’espace un endroit très confortable et cosy.




En cuisine, c’est le chef Julien Rivoiron qui est originaire du Lion, accompagné de deux amis français de confiance. Il convient de mentionner le passage de Julien par le restaurant Têtedoie de Lyon et le Sketch de Pierre Gagnaire à Londres. A Barcelone, un passage chez par Osmosis et ensuite La Bellvitja.




La carte est plutôt courte, ce qui n’est pas plus mal et en aucun cas ne fait preuve de manque d’originalité ou de variété. Tout le monde y trouvera son compte, des plats souvent utilisant des ingrédients variés et en tout cas ce soir inspirés par l’Asie. Pour n’en citer que quelques uns ; dashi, yuzu, citronnelle, gingembre et j’en passe. Clairement, des assiettes bien pensées et assez dans le ton de ce qui plait aujourd’hui à Barcelone ou ailleurs.  Pour ce qui est Français pur et dur, on se tournera vers le plateau de fromage ou encore le pâté en croute. Donc ne vous attendez pas à trouver une cuisine de « bouchon » ou bistrotière au sens français du terme.

Nous déciderons de ne prendre que des plats principaux que nous nous partagerons. Par exemple le poisson du jour avec une huile de sésame, dashi, céleri, champignons shimeji et furikake. Joliment dressé, inspiré peut-être par ces soupes asiatiques type pho ou ramen, on trouvera également du pak choi or bok choy, des graines de sésame classiques et noires. Les premiers champignons se reconnaissent à leurs longues tiges et leurs petits chapeaux blancs ou bruns. Ils se consomment juste cuits, fermes et croquants. On les utilise dans des soupes, des plats au wok ou même dans des sauces. Le furikake est un condiment sous forme de poudre ou de paillettes utilisé dans la cuisine japonaise, semblable au sel et poivre que l’on utilise en France, dans lequel l’on trouve justement les graines de sésame. C’est un plat léger, frais mais qui manque singulièrement de « peps », de réelles saveurs. Petit ajustement donc nécessaire.


Nettement plus séduit par les excellentes tagliatelles « maison » aux crevettes, artichauts, vanille, tomates cerises confites et piments guindilla. La pâte est cuite à la perfection, la texture idéale, les éléments cuits avec précision à savoir des crevettes encore moelleuses, les artichauts suaves, l’assaisonnement bien pensés avec ces piments du pays basque. Un très beau de plat de pâtes méditerranéens.


Même observation sur ce plat toujours dans un registre méditerranéen, ce jarret d’agneau confit au paprika, aubergines grillées, maïs et croutons à l’ail et persil. Certains peuvent y voire un côté provençal, d’autre turque, toujours est-il que la cuisson de la viande est superbe, les saveurs du légume en parfaite harmonie avec le délicat fond de sauce et la touche croustillante de croutons la bienvenue.


Nous serons très surpris par la grande originalité des desserts qui sont au delà de toute attente car à nouveau, ce n’est généralement pas le point fort des restaurants à Barcelone, à croire qu’il n’existe que la Torrija… Mais ici le choix est somptueux, par exemple ce lingot au chocolat noir et thé « lapsang souchong », glace au yaourt et yuzu. Un dessert d’une incroyable légèreté chocolatée, jamais trop sucré et avec une merveilleuse ganache finement fumée sur un socle agréablement croustillant. Le tout accompagné d’une très rafraichissante et subtile glace au parfum un peu acidulé et citronné. Un dessert d’une grande maitrise.



Jolie recommendation de vin avec un Montsant Rebeldes 2017 ; vin est fabriqué à partir de cépage de Garnacha, Cariñena et Syrah. Rebeldes est un vin floral et épicé avec une acidité modérée.


Bon j’ai envie de dire que j’ai magnifiquement mangé mais je n’ai pas du tout mangé « Français » et c’est cela le tour de force. Plutôt une cuisine d’auteur pour certains plats, des cuissons précises, du savoir-faire, des techniques oui…probablement françaises ou alors internationales, des associations autres et pertinentes. Venir ici sera plus pour faire des découvertes culinaires, apprécier d’autres saveurs et tout ceci dans un cadre très charmant, un service impeccable et des prix sages.

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