Je dois reconnaitre
que j’ai beaucoup de préjugés sur les tables du Born, de la Ribera, du quartier
gothique, pensant que celles-ci s’adressent principalement à une clientèle touristique
et ne se préoccupe pas toujours de la qualité de la prestation. De plus manger
en présence de souvent une clientèle bruyante ou peu respectueuse ne me plait
pas vraiment. Malgré tout il y a quelques exceptions et alors que je
recherchais quelques établissements qui m’étaient alors inconnus, je suis
arrivé à la conclusion que « Tapeo » serait l’une des tables à découvrir.
Une adresse
assez informelle, décontractée mais très fréquentée et très populaire en raison
de sa proximité avec le musée Picasso du quartier de Born. Lorsque vous venez chez
« Tapeo » dans le Born, vous vous trouvez immédiatement dans un
environnement confortable et moderne. En fait, l’ensemble du restaurant dégage
une atmosphère très attrayante. Par exemple, la cuisine est visible par le
public, ce qui vous permet de voir le chef et ses cuisiniers en action.
Une première
salle avec un bar et sur le devant une série de tables hautes. Comme décoration,
des bouteilles sur des étagères, quelques jambons suspendus, une lumière
agréable, une atmosphère assez bruyante. L’endroit frise le côté très agréable
d’être un peu chic.
On pourrait
penser que la plupart de leurs clients seraient des touristes, mais pas
complètement. Les clients de « Tapeo » sont aussi originaires de
Barcelone. C'est tellement local que les photos de leurs fournisseurs de
produits alimentaires, du marchand La Boqueria et de Santa Caterina, sont
exposées sur de grandes images montrées de manière pittoresque sur leurs murs. Le
propriétaire Daniel Rueda n’est pas non plus un inconnu puisqu’il fût chef chez
« Tapas 24 ». La cuisine au
fond de cette première salle n’est pas la plus grande qu’il m’ait été donné de
voir, mais tout semble être parfaitement orchestré.
A l’arrière
une seconde salle peut-être plus confortable pour un repas en couple ou a
plusieurs. Une décoration dans le même esprit, moderne mais point trop, cosy et
toujours cet agréable éclairage qui rend l’endroit plus intime.
« Tapeo »
propose un menu proposant des tapas classiques, modernes ou élaborés. Avec ses
racines culinaires catalanes, le restaurant propose plus de 40 options dans la
carte, toutes créées avec les meilleurs ingrédients. On y trouvera aussi bien
des croquettes de jambon espagnol, les œufs au foie gras et aux truffes ainsi qu’une
série de plats assez conventionnels. Je dois admettre que le choix est
intéressant et un certain nombre de propositions ne se trouvent pas sur toutes
les cartes, puis les prix sont très raisonnables.
Pas
forcement original mais leur steak tartare Tapeo est vraiment excellent. Parfaitement
assaisonné, joliment présenté et servi avec une sorte de pain croustillant
style carasau, l’un des symboles
de la gastronomie de la Sardaigne, est aussi communément appelé carta musica (papier à musique) en
raison de sa minceur et de sa légèreté. Il s’agit de minces feuilles, presque
transparentes, croustillantes et sèches, mais je ne sais pas s’il y a une
version Catalane de ce pain !
Surprenante
association mais parfaitement réussie que celles des ris de veau aux
champignons sauvages, moelle et figue. En réalité des cèpes, des ris bien cuits,
des figues de qualité et un excellent fond de viande. Un peu de ciboulette, c’est
très bien cuisiné.
Particulièrement
apprécié ces maquereaux frais marinés dans une sauce avec un fin goût lorgnant
vers l’Asie, le citrique mais sans excès. Au dessus une probable impeccable
escalivada ou du moins un mélange de tomates et piments piparas.
Autres
plats qu’il ne m’a été donné de déguster une seule fois en Catalogne, des côtelettes
de lapin frites avec aïoli. C’est vraiment très bon si comme ici pas trop
gras, peu de chaire mais on s’amuse a tremper ces petites côtes dans la
mayonnaise à l’ail.
Et un
légume, avec de très bonnes aubergines grillées à la braise et du « mojama »,
thon rouge légèrement salé et séché à déguster avec un filet d’huile d’olive
comme pour un carpaccio. Un conditionnement
qui est une très vieille tradition ibérique qui remonte aux temps des
Phéniciens. Les Arabes ont perpétué la tradition sous le nom de
« mussama » (sec) d’où vient le terme « mojama ». Un élément que l’on trouve
assez souvent en Andalousie et près de Valence, ici sur le légume.
Avec ce repas un Montsant Vinyes Velles Vespres Josep Grau, vin de bonne
intensité, des arômes de fruits rouges avec des notes sucrées et toastées. Fond
balsamique et légèrement herbacé.
Une bien
agréable adresse pour d’excellents tapas en plein quartier gothique. Tout fût
bien présenté, gourmand, parfois original avec des produits de qualité. Un
service efficace, des prix raisonnables, une table intéressante avec en plus
des suggestions du jour.
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