lundi 24 août 2020

Restaurant Cadaqués, Barcelone

C’était en début d’année que nous avions visité ce nouvel établissement appelé « Cadaquès » qui n’a rien avoir avec celui de Gracia ; une ouverture qui venait de se faire au mois de décembre. Ici nous ne sommes pas loin du Port Vell, dans une des rues de l’autre côté de la Ronda Littoral. Une des dernières nouvelles adresses du groupe Sagard qui possède un certain nombre de restaurants à Barcelone, une dizaine précisément. Une table qui laisse supposer au vu de son nom que l’on y trouvera une cuisine de produits, authentique, de poissons, de l’Emporda et bien sûr de plats de riz.... Situé dans la très jolie rue Reina Cristina de Barcelone, même rue que le célèbre restaurant de fruits de mer « Carballeira ».

En arrivant vous passerez devant le bar où sont exposés des produits de la mer, où l’on pourra bien sur grignoter quelque chose comme dans un bar à tapas.



A l’arrière, la zone du restaurant est divisée en plusieurs espaces ou salles.  Le lieu est vraiment très joliment structuré, la décoration très bien réalisée avec de l’artisanat en osier, beaucoup de bleu, des lumières douces, des fresques rappelant les éléments marins et le tout est plutôt confortable. Un très joli sol rustique : les éléments historiques ont précieusement été conservés.


Salles avec banquettes, murs de briques et ces lampes genre paniers. On se dit qu’il va falloir du monde pour remplir ces salles et espère que cela fonctionnera. Le seul regret c’est que l’on ne voit pas vraiment l’emplacement où les plats de riz sur la braise sont confectionnés ! Dommage car c’est probablement la seule adresse de Barcelone où l’on cuit de cette manière!

Dans une autre section on peut avoir un point de vue sur la cuisine mais difficilement sur le coin cheminée comme précédemment mentionné.

Une des particularités de Cadaqués en tant que village et bien entendu cet établissement, sont les produits de la mer et les riz que l’on trouve sur la carte. A première vue les prix sont assez élevés mais j’imagine qu’évidemment la qualité à un prix ! Probablement que cela impacte sur ses prix et de plus la proximité du port où la clientèle ne devrait pas être trop regardante. Maintenant certains pourraient ne pas vouloir payer par exemple un riz à 28 euros pour une seule personne ! Fruits de mer, mets classiques catalans, poissons et ces riz cuits au four à bois tarifés de 18 à 34 euros.

Pour commencer, des petits couteaux du Delta cuits à la plancha avec un peu d’huile. Simple mais très on.

Un très bon beignet de morue qui nous est offert.

De très bonnes moules piquantes, avec une sauce tomate vraiment très bien assaisonnée.


Puis en plat principal, le riz « brut » à la seiche, lotte et palourdes. Bon je veux bien que reconnaitre que c’est bien cuisiné, cuit au feu de bois, mais est-ce que cela vaut 56 euros pour 5 ou 6 palourdes qui me semblent être plutôt des coques, quelques morceaux de lotte ci et là, des bouts de calamars… Un bon plat de riz mais il y en a d’autres à Barcelone…

Et une bouteille d’India Blanc 2017, Terra Alta, vin équilibré, onctueux, ayant une personnalité et persistant en bouche.

Si l’endroit est plaisant et prometteur, le décor charmant, les produits de qualité, cela reste tout de même des prix élevés pour ce qui est servi et qui est comme je l’ai dit bon, mais pas au-delà d’autres adresses de Barcelone. Maintenant à voir si aujourd’hui il y a eu quelques ajustements car tout pourrait être optimisés si on voulait avoir salle pleine et en faire une référence dans ce genre de tables !

jeudi 23 juillet 2020

Bistrot Bilou, Barcelone


Un peu de retard sur mes billets mais je n’aurais pas voulu manquer que de partager celui-ci avec cette découverte en début d’année du « Bistrot Bilou » qui j’imagine a dû rouvrir après le confinement.



Une très belle surprise avec l’arrivée de cette table dans un style plutôt très rare à Barcelone puisque l’on y trouvera une cuisine quasi inexistante en ville, celle que l’on peut qualifier de française bourgeoise. A l’origine de cette aventure, le très sympathique et accueillant Eric Basset qui fût aussi impliqué dans l’établissement speakeasy d’à côté appelé le Bobby’s Free avec ses cocktails « signature », ainsi que Dany Martin le barman.  Non pas un nouvel arrivé puisqu’Eric vit depuis plus d’une trentaine d’année à Barcelone. Il a localement travaillé en tant que sous-chef chez le bien médiatique Romain Fornell avec entre autres sa table étoilée « Caelis ». Pourquoi Bilou ? Eh bien simplement c’est le nom par lequel sa mère appelait Eric comme un enfant.



Une adresse avec également un décor et une atmosphère différente, un design d’intérieur agréable, plein de souvenirs de famille, de vieilles peintures, de plaques de cheminée et de vaisselle de Limoges. On a bien entendu conservé les anciennes et originales voûtes de l’établissement. Au plafond des lampes style Louis XV.



Une cuisine donc assez traditionnelle et parfois bistrotière mais aussi passablement de mets aussi locaux afin de ne pas complètement brusquer la clientèle locale comme des assiettes avec des produits catalans ou italiens. Mais surtout des plats que finalement nous avons de la peine même de trouver en France car demandent passablement de technique, du savoir-faire, du temps à réaliser et bien sur des ingrédients de qualité,


Pour commencer un superbe pâté en croute ; une recette traditionnelle de cuisine Française à base de foie gras et d’un combo de viandes marinées, champignons, pistaches, gelée de porto et armañac, et qui est entièrement entouré de pâte qui avait une parfaite cuisson. De la vraie maitrise culinaire !


Ensuite le Tartare de bœuf avec son toast et œuf de caille. Parfaitement assaisonné, il est très courant de garnir la recette d’un jaune d’œuf sur le dessus. Dressé de manière originale avec un cercle de pain toasté dans lequel l’œuf a été versé, un peu de poivre et de ciboulette.



Un produit de la mer qui s’avère être du poisson de ligne, en l’occurrence du bar sauvage joliment snacké déposé sur une ratatouille confite bien parfumée et savoureuse.


Sans aucun doute le plat qui fait la renommée de Bilou, c’est son Pithiviers qui est une spécialité de la région Centre Val-de-Loire, de la ville du même nom. Un pithiviers est un terme culinaire définissant deux préparations probablement originaires de la ville du même nom dans le Loiret. Une préparation de pâte feuilletée sucrée à laquelle on ajoute une frangipane et qui est dégustée à l’occasion de l’épiphanie et une petite tourte de gibier à plume. Son origine pourrait remonter au XVIIe siècle. Aujourd’hui la version sucrée est plus communément appelée galette des Rois, le terme est ainsi plutôt employé pour le petit pâté chaud de gibier dont la recette varie selon les chefs et les ingrédients disponibles. Ces derniers peuvent contenir du foie gras et peuvent être de colvert, de perdreau, de caille ou encore de pigeonneau et de palombe. La recette reste identique et peut être adaptée, il faudra cependant modifier le temps de cuisson en fonction des viandes. Ici il s’agira d’un pithiviers de porc et de foie gras avec une impeccable pâte feuilletée, un fond de sauce d’un parfait équilibre, une farce bien gouteuse.



Et comme premier dessert, le presque devenu classique et délicieux Baba au rhum avec sa chantilly sur le dessus, qui serait réalisé selon la recette de Pierre Hermé (révisé par Miguel Costa) et bien associé avec du rhum jamaïcain.


Puis la légère et gourmande mousse au chocolat 68% Cacao Nyangbo du Ghana.


Comme vin, Montsant Lasendal Seleccio 2017, avec une forte présence typique de fruits rouges et noirs avec les variétés Grenache et de Syrah et des souvenirs en bois du vieillissement. Il y a aussi des notes de café et d'épices douces sur un élégant fond minéral.


Puis de la vieille prune LOUIS ROQUE Réserve Impériale 42% qui se compose de différentes variétés de prunes qui sont distillées séparément puis assemblées et vieillies en fûts de chêne du Limousin. Elle a subi un vieillissement de 8 ans, ce qui lui confère des notes de vieilles eaux-de-vie tel qu'un fin Cognac ou un vieil Armagnac.


Un superbe bistrot barcelonais aux accents Français où l’on trouve des petits chefs d’œuvres culinaires presqu’en voie de disparition et qui raviront tous ceux qui aiment ce genre de cuisine et qui souffre cruellement de trouver quelque chose de différent dans les assiettes locales. Une parfaite adjonction culinaire en ville qui ne peut que ravir tout un chacun.

mardi 7 juillet 2020

Orea, Barcelone


C’est en début d’année que j’avais découvert cette nouvelle adresse dans l’Eixample qui avait ouvert au mois d’octobre de l’année passée. Un nom qui signifierait air ou ventilation, et qui aujourd’hui est complètement de circonstance…  Une bouffée d’air frais à la fois en termes d’approche culinaire ainsi que pour sa belle décoration intérieure.


Un concept plutôt innovant axé sur une cuisine que certains pourraient qualifier de « fusion » ou même internationale, mais cela serait plutôt assez réductif que de penser de cette manière. Nous trouverons ici une approche basée sur l’ajout d’influences d’autres parties du monde qui complètent des plats que tout le monde reconnaîtra. Simple mais en même temps complexe pour s’assurer de ne pas sombrer dans une juxtaposition d’ingrédients sans cohérence.


A la base de ce projet, Maya Shinde et Marc Bernat, respectivement d’origine Indienne et Catalane. Deux personnes qui accordent de l’importance aux produits de qualité, aux légumes et tout ce qui peut amener de l’étonnement à la dégustation.


Une architecture intérieure assez particulière et élégante, car cet établissement est organisé en quatre sections ou espaces. Sur le devant, une terrasse avec des plantes aromatiques comme thym et romarin rappelant le treillis d’un jardin, voire une pergola. Le sol de cette entrée est recouvert de panots (ces pavés typiques qui bordent les rues de Barcelone) créant un sentiment de continuité entre la rue et l’espace par lequel le restaurant est accessible.


Une salle avec de chaque côté tables et chaises avec des lampes en rotin naturel de diverses tailles, ensuite un bar de forme carrée avec quelques tabourets où l’on peut prendre un cocktail, voir même manger par exemple pour un lunch plus rapide. Rangées lumineuses sur les côtés servant de cellier.

Ensuite une troisième section semblable à la première,

Et au fond la cuisine située derrière des portes coulissantes en verre.


Ici c’est le chef Ismael Alonso qui a travaillé chez Arola de l’hôtel Arts  et à l’Hotel Mandarin Oriental qui est le consultant gastronomique de l’établissement qui préconisa une cuisine saine, fraîche, légère, mais pleine de saveur et de nuances d’autres cultures gastronomiques. Une cuisine du voyage et différente, avec sa propre personnalité. Un défi à relever : réaliser des plats savoureux, surprenants, riches et exclusifs, mais sans gras, huiles et ingrédients « lourds ».

Une carte très originale où l’on découvrira des assiettes où l’on retrouve d’audacieuses et inhabituelles combinaisons d’ingrédients.  Les plats sont organisés en quatre sections distinctes, des options vertes saines (légumineuses, salades et graines), des plats « de cuchareo » (riz, soupes, etc.), des plats de mer et montagne et des plats créatifs qui incluent également des options de viande et de poisson.  Une carte qui changera trois fois par annon seulement pour s’adapter aux produits de saison, mais aussi pour renouveler leur offre et continuer à surprendre.

Chacune des recettes comprend plusieurs ingrédients et sauces qui sont conçus pour compléter l’élément principal. Par exemple cette superbe aubergine fumée avec une sauce romesco à base de pistache, soupe à l’oignon et tagliatelles de calamar. En réalité une réduction d’oignon bien concentrée, l’aubergine cuite avec cette variante de sauce bien Catalane puis les fines lamelles de calamar sur le dessus. Cela tient vraiment de l’équilibre gustatif mais cela fonctionne vraiment très, très bien.


Un plat de légume tout aussi gourmand avec ce cannelloni de chou, ratatouille, crème de cèpes et shitaké. Version végétale. Ne cherchez pas la viande que vous ne trouverez pas. Au lieu de cela, vous remarquerez la garniture de légumes compotés, la crème de cèpes et de shiitake, et le chou, qui fait une feuille de pâtes pour envelopper tout. C’est vraiment délicieux.


Autre excellent plat végétarien que ce risotto de sarrasin avec son puissant fond de sauce, tomates confites et champignon de saison.

Encore une très belle assiette avec les Saint Jacques au beurre blanc ou plutôt de ton rose avec également de la langoustine, du chou fleur violet et ces œufs de poisson volants tobiko travaillés avec cette sauce beurre blanc.


Pour terminer, ce très tendre Wagyu cuit sous vide, avec son jus de cuisson et des pois chiches noirs qui viennent du sud de l'Italie, ou d'Inde, et sont une variété très ancienne et remarquable par ses particularités et sa saveur. C'est cette couleur qui leur a valu en partie d'être mis de côté au profit des pois chiches qu'on connait. Quelques petits minilégumes pour accompagner.


On connais tous les cheesecakes espagnols du Pays Basque ou ceux de Barcelone, mais je dois dire que voila une « nouvelle entrée » dans le haut du classement avec cette tarte au fromage avec granola, confiture de citrouille et gingembre, dans lequel il était facile de reconnaître le goût du fromage de brebis.



Second délicieux dessert avec ce riz au lait de coco, fruits rouges et muesli maison.


Avec cet excellent repas, une bouteille de Onra Lagravera 2018, un Costers del Segre, Garnacha blanca, Chenin et Sauvignon. Sur le nez, il y a de la banane, de l’ananas et de la pomme, très frais en bouche avec des fruits blancs et des minéraux, des baies.


Une belle découverte dans un Barcelone qui se devait d’un peu évoluer dans sa gastronomie, une carte pleine de personnalité, des assiettes très bien conçues et surprenantes un service soigné et un projet défini avec des idées très claires.

mardi 23 juin 2020

Sant Antoni Gloriós, Barcelone


A chaque fois je me dis que cela sera pour quelques tapas et en fin de compte cela se transforme en un lunch quasi gastronomique et sans retenue… C’est selon moi ici l’un des plus importants et meilleurs bars à tapas en ville, toujours très fréquenté et exclusivement par les locaux. Pas médiatisé ou peut-être seulement entre habitants, mais qu’est-ce que l’on mange bien dans ce bar de Sant Antoni. Au moins une demi-douzaine de visites et jamais aucune déception. Ici c’est le produit de qualité, une cave bien fournie et particulièrement intéressante, des recettes éprouvées et sublimées. J’aime bien venir chez Sant Antoni Glorios en début d’après-midi car ici on est assis mais plutôt comme dans un bar à tapas qu’un restaurant.



Une carte qui est en même temps fixe mais aussi avec les extras du jour qui probablement sont basés sur les trouvailles dans le marché de Sant Antoni, non loin de là, affichés sur une ardoise en hauteur. On peut ne prendre seulement que l’apéritif mais quel malheur que de se priver d’un repas complet ici !




Pas de vraiment de réservation mais cela se remplit tout de même très rapidement vers 13.00. Tables hautes, tonneaux avec tabourets, j’ai mes préférences dans cet établissement pour être confortablement installé. On se remémorera qu’en cuisine c’est toujours l’ancien « Bohemic », le chef baptisé « Mandu » qui comme je l’ai déjà dit à chaque fois nous épate.


Le choix des vins que je trouve vraiment phénoménal dans le sens où à chaque fois ce sont de nouvelles découvertes. Bouteilles exposées avec le prix, comme cela il n’y a pas de surprise et pas de nécessité de maintenir une carte.


Un comptoir avec de très belles charcuteries comme dans peu d’endroits comme Joselito, la Casa Sendra et la Casa Riera Ordeix qui ne sont vraiment pas données…Ou encore de belles conserves comme Olasagasti ou Escuris.


Bien entendu, ne pas manquer les Bravas de Mandu qui sont sincèrement parmi les meilleures de Barcelone. Pommes de terre fondantes mais croustillante et cette sauce dont il a le secret avec une composante pimentée et l’autre mayonnaise.


Le pain et tomate est toujours superbe bien entendu à cause de la qualité du pain de Crystal, de la tomate et de l’huile d’olive.


Puis l’incontournable cannelloni au foie gras avec une farce d’une grande finesse et cette sauce au foie très équilibrée.


Pour terminer un excellent riz en casserole au crabe et calamar d’une parfaite cuisson et avec une magnifique saveur. Ce « Arroz Caldoso » est un plat originaire d’Espagne. Il signifie littéralement « riz bouillon » et se compose de bouillon et de riz avec des arômes variés et des ingrédients supplémentaires comme ici crabe et calamar. La recette est assez variée selon la région de la péninsule ibérique. Les variations de ce plat vont d'une recette assez similaire au risotto italien, à une soupe de riz, mais ne se rapproche pas de la paella.


S'il existe un vin qui illustre très bien une fusion italo-catalane de Bernaví, c'est bien celui-ci. Une combinaison exotique et réussie de la légèreté et de la finesse du Morenillo de Terra Alta avec le Montepulciano sur la côte italienne de l'Adriatique. Une structure et acidité dans un rouge qui surprend ... beaucoup !


A nouveau un superbe lunch qui confirme largement la qualité de ce bar à tapas de ce quartier qui fait que l’on y vient, que l’on y revient et que la plupart du temps on se dit qu’ici on y trouve une bien meilleure prestation que dans bien d’autres établissements.