dimanche 31 décembre 2017

La Tere Gastrobar, Barcelone


Plutôt une mode en ce moment que de rebaptiser un peu tout gastrobar ou plutôt de se réorienter en proposant une cuisine plus allégée dans un cadre contemporain et branché. C’est le cas de « La Tere Gastrobar » dans le quartier de Sants. Un établissement crée par un trio de Vénezueliens, Antonio Lago, Georgia Ligas et Egidio avec un chef au nom de José Viñals. Pas un bar à tapas mais un lieu où l’on trouve de petites assiettes le plus souvent à se partager, une cuisine locale mais influencée par d’autres contrées. Quartier donc peu touristique et en phase de devenir un nouvel endroit où l’on trouve de belles tables, rue de Riego, une devanture moderne dans un ancien immeuble.


Un intérieur plutôt minimaliste avec murs blancs, structures métalliques noires, ampoules suspendues au plafond, un intérieur assez dans un esprit de loft. Avec tout d’abord à l’entrée un bar pour un apéritif, une première salle attenante avec une confortable banquette et quelques tables basses.



Dans le fond, une seconde salle toujours aussi épurée, blanche avec une structure métallique identique à la première avec quelques plantes et babioles. L’éclairage est dans le même esprit avec de grandes ampoules, cette seconde salle est probablement plus agréable pour le dîner. Atmosphère calme, amicale et décontractée.




Une carte avec une cuisine assez fusion comme dans pas mal d’établissements en ce moment mais tout de même avec ses particularités. Assiettes de tapas froids ou chauds, petites assiettes à se partager, des classiques catalans comme croquettes, patatas, poulpe et autres plats d’oeufs, des plats plus créatifs et en ce moment la « semaine de l’artichaut » avec deux suggestions.

Nous commencerons par un classique tartare de bœuf qui s’avère être parfaitement relevé avec une viande découpée évidemment à la main. Un peu d’oignon, des câpres, un peu de cornichon. Composition assez fraiche et gourmande sans adjonction de sauce sucrée type ketchup, le tout accompagné de petites tranches de pain croustillantes dans un style crostini.


Irréprochables calamars au grill avec une purée d’aubergines fumée. Une texture tendre ce qui n’est pas toujours le cas, une purée délicate qu’est comme le nom l’indique réellement fumée, un peu d’huiles aux herbes. Simple mais efficace.


Une des suggestions du jour avec les cœurs d’artichauts avec une sauce au foie gras et xeres Pedro Ximenez. C’est une manière plutôt inattendue de préparer ce légume mais vraiment appréciée car la version simplement frite à la longue s’avère un peu ennuyeuse. Ici la sauce est équilibrée, crémeuse et gourmande. Les artichauts ont été au préalable été poêlés.


Un « Cachopo » farci avec du jambon ibérique et du fromage à raclette avec une sauce au piquillo. Surprenant plat que je ne connaissais pas qui se trouve être d’origine Asturienne, deux tranches de veau avec du jambon et fromage, passées dans de la chapelure et frites. Diverses variantes comme ici avec du porc. Celles et ceux qui sont Suisses se diront…  « mais c’est un cordon bleu ! ». Oui…c’est tout à fait cela…. Mais très plaisant et cette sauce avec ce poivron basque est une très agréable association.



Un dessert avec une mousse de mato avec des noix caramélisées et du miel. Classique dessert catalan a base de fromage blanc mais retravaillé de manière légère en espuma avec les accompagnements habituels comme miel mais aussi des fruits secs.



Comme vin un Tempus de Terra Alta du domaine Altavins, aux arômes de prune et fraise.


Une table où l’on peut choisir entre des classiques préparés avec justesse et de bons produits mais aussi quelques assiettes plus téméraires ou dirons-nous différentes et finalement pas si fusion que cela, en tout cas ce soir, ce qui est fort appréciable. L’endroit est très agréable, le service très attentif et aimable, une belle adresse dans Sants.

vendredi 29 décembre 2017

L'Anxoveta de Sants, Barcelone


Des petits bars de quartier c’est souvent ce que je préfère à Barcelone, lieux loins du tourisme et toujours avec beaucoup d’authenticité. C’est dans le quartier de Sants qui gagne à être connu que se trouve ce repère pour les amateurs d’anchois. Je dis cela car le l’endroit s’appelle « L’Anxoveta » dont on comprend immédiatement le nom et que l’on appelle plus souvent « L’Anxoveta de Sants » car il existe un autre établissement du même nom dans Gracia. Coin de rue, un logo représentant une arrête de poisson, quelques ardoises à même le sol pour présenter tapas, sandwichs et autres petits plats car évidemment on n’y sert pas que des anchois.


Une salle autour d’un comptoir central le long duquel se trouve un certain nombre de tonneaux autour desquels l’on verra quelques chaises hautes toutes occupées mais boire un coup le long du comptoir reste tout à fait possible.


Siphons, grosses boites de conserves, certaines d’anchois mais aussi olives et piments piparras ; une ambiance bruyante comme il se doit, un débit ininterrompu de bière ou autres boissons. Sur l’un des cotés, des tonneaux de vins, vermut et bouteilles de brandy pour de probables « carajillo », cafés arrosés.



Donc pour rester dans le ton, un vermut maison sorti de l’un des tonneaux.


Et évidemment ces anchois absolument magnifiques servi avec quelques olives farcies d’anchois…le tout arrosé de sauce Espinaler, sauce très réputée en Espagne depuis les années 50 à base de vinaigre, de paprika et diverses épices. Il faut savoir que l’anchois de qualité est un tapas plutôt cher et servi à la pièce ou plutôt quelques pièces. Anchois de la maison « Ortiz » de San Vicente de la Barquera en Cantabrie et Lekeitio en Biscaye, conservés dans l’huile d’olive, pêchés de façon traditionnelle, triés par taille, étêtés à la main, salés, pressés et conservés en fûts jusqu’à ce qu’ils atteignent une maturation parfaite, affinés durant au moins 6 mois, des filets préparés manuellement. Un vrai délice.




Ambiance presque survoltée, on s’interpelle entre barman et clients dans la salle, certaines personnes demandent d’être resservis sans bouger de leur chaise. Un endroit plein de vie, peut-être plus « nord de l’Espagne » que Catalogne, avec plein de charme.


Et pour continuer, de la bière industrielle locale et un verre de vin blanc.


Une adresse a ne pas manquer pour un moment un peu hors du temps, traditionnel, populaire et où l’on prendra un grand plaisir a déguster entre autres, ces excellents anchois.

mercredi 27 décembre 2017

Òsties Pedrín, Barcelone


Lorsque l’on se trouve dans le marché de la Boqueria, difficile de résister à la tentation de manger quelque chose surtout en début d’après-midi. Certes il y a un ou deux établissements connus dans cette halle mais y trouver de la place, cela devient presque un exploit. En cette période, malgré la diminution flagrante du nombre de touristes, si vous ne vous souhaitez pas patienter et être un peu plus confortablement assis, voici une très agréable surprise.  Dans une des rues perpendiculaires au marché, un petit restaurant presque caché, l’ « Òsties Pedrín » qui a ouvert ses portes il y a un peu plus de deux ans de cela.

Un coin de rue, quelques tables hautes à l’extérieure, des ardoises qui présentent en quelques mots le type de cuisine que l’on y trouve ; tapas et plats catalans.


Un intérieur assez chaleureux qui a su préserver les éléments originaux tels que sol ou le tube de climatisation, des objets un peu singuliers comme ce lustre composé d’instruments de cuisine. Un très joli bar le long duquel nous trouverons des matériaux tels que faience bleue et cuivre ; des « porrones » pour les amateurs, sorte de bouteille de verre avec une ouverture par laquelle on verse directement le vin dans la bouche.




Deux salles dont l’une sur une mezzanine, murs de pierre, mobilier en bois rustique , lumières modernes et une vue sur la rue.



Une cuisine traditionnelle et évidement de marché, puisque nous sommes a quelques mètres de celui-ci. On sera surpris agréablement de ne pas voir de touristes en tout cas aujourd’hui mais une clientèle locale, ce qui est plutôt bon signe. Même propriétaire que « L'Òstia » dans Barcelonata, on peut s’imaginer trouver des tapas de tout genre mais en traversant cette carte, on s’aperçoit qu’il y a aussi bien des classiques que de surprenantes assiettes. Par exemple cette intelligente assiette de poireaux confits avec une vinaigrette douce de Pedro Ximenez et anchois 000 de Cantabrie. Vinaigrette donc avec ce produit de Xerez de la Frontera et ces anchois dodus, confits, totalement désarêtés ; ils sont confits dans une incroyable huile d’olive extra-vierge. L’association est vraiment intéressante.


La célèbre Bomba de Barceloneta puisque l’établissement « frère » se trouve dans ce coin, bomba gourmande, une bonne farce et une sauce sur le dessus où l’on mélangera soi-même l’aïoli et la sauce pimentée.


Une fois n’est pas coutume avec la « tortilla » espagnole Pedrin. Plat archi-connu et malheureusement souvent très quelconque, voir médiocre. Eh bien je ne me rappelle pas avoir mangé une « tortilla » meilleure à Barcelone car c’est tout un art que de la réussir. Certes a un certain prix mas qui en vaut vraiment la peine. Dorée à l’extérieure, subtilement baveuse en son centre, des pommes de terre moelleuses ce qui est peu fréquent et des oignons au goût caramélisé. Un vrai délice.



Et le plus gourmand avec les fantastiques ris de veau, champignons, parmentier au topinambours et ail tendre. Un ris extrêmement tendre et parfaitement grillé, un mélange de délicieux champignons frais dont des girolles, quelques crevettes à nouveau bien poêlées qui apporte une intéressante saveur marine et le parmentier très bien monté au beurre.


Un vin qui me plait toujours, le Brunus en 2014, un Montsant avec des notes minérales et une belle longueur en bouche.


Une adresse vraiment très intéressante dans ce quartier et plutôt inattendue où l’on découvrira de belles et gourmandes assiettes dans un décor très plaisant.

dimanche 24 décembre 2017

Bar Cañete, Barcelone


Constance sur toute la longueur, une adresse incontournable pour les amateurs de cuisine Espagnole réalisée de manière exemplaire avec des produits de première fraicheur. Depuis d’innombrables années, « Bar Canete » reste l’adresse ou tous les amateurs de tapas de grande qualité se donnent rendez-vous car on n’est jamais déçu en sortant. Rien d’innovant, pas d’adjonction d’ingrédients modernes ou étrangers, pas une once de référence a de la « fusion » et c’est probablement la raison pourquoi l’on apprécie cet établissement.  Une entrée sur le côté droit même si vous voyez deux fenêtres car il existe deux sections dans cet établissement.



On entre dans la section où se trouve le comptoir et le bar, s’annonce car la réservation est quasi obligatoire si vous souhaitez non pas manger le long de ce bar mais être assis dans l’une des très agréables petites salles a gauche.




En fait il y a trois sections de tables, la première juste à l’entrée, les deux autres séparées par la cuisine que d’ailleurs il faut traverser.


Une décoration de fête en ce moment avec boules de Noël accrochées au plafond et bouquets de fleurs rouges dans certains endroits.


Le bar est un superbe endroit pour manger mais personnellement je préfère y être pour le déjeuner qu’en soirée. C’est toujours un plaisir d’observer les cuisinier s’afférer mais la partie assise reste tout de même plus agréable.



Une première petite salle avec trous ou quatre tables maximum, la cuisine que l’on traverse si l’on est placé dans la seconde salle. Banquettes de cuir rouge, bouteilles ci et là comme décoration et tête de taureaux sur certains murs. Le lieu est tout de même un peu chic et fréquenté en tout cas ce soir que par des locaux.







Serveurs classiquement vêtus de vestes blanches, tout sera parfaitement orchestré. On sent beaucoup de professionnalisme dans la gestion de cet établissement.

Tout au fond, le magnifique cellier qui  donne l’impression de se trouver dans un magasin de vins.


Début de repas avec un classique pain de coca a la tomate. Je dis toujours que « ce pain » est un signe de la qualité de ce qui suivra car s’il est médiocre, on ne sera pas étonné que le reste le soit également. Ici, évidemment parfait avec un pain de qualité rapidement toasté, une bonne huile d’olive et de la tomate point trop aqueuse.


Forcement des croquettes de jambon réalisés avec des porcs nourris aux glands. Pas huileuse, la farce est onctueuse et pas collante, la texture goûteuse et peut-être assez fromageuse comme un peu les croquettes que l’on trouve aussi en Belgique, le jambon aura aussi toute sa place dans la préparation.


Autre classique avec la salade russe de la Mari. Il n’y a pas deux recettes semblables et celle-ci se diffère énormément d’autres dégustées en ville car la texture est assez fine car tout est haché plutôt finement avec une base de pomme de terre et thon, sur le dessus un peu de crabe. Un style de salade qui change de celles avec de gros morceaux et trop de mayonnaise.


Un peu moins emballé par les aubergines cordouanes frites au miel, mais là c’est une question de goûts. Plutôt apprêtées comme des chips avec un peu de miel liquide sur le dessus. Je les préfère en morceaux comme dans d’autres endroits car ici je trouve que c’est un peu trop huileux.


Une délicatesse finalement assez rare sur laquelle je me précipite car peu d’établissement la propose, des anémones de mer et poitrine de porc séchée. Toujours frites, avec une délicate saveur marine, ici avec une fine tranche de jambon tout au tour, tout à fait plaisante.



Leur célèbre cannelloni de poularde avec une béchamel au foie de canard. Une pâte parfaite, une farce goûteuse, par contre je n’ai pas trop senti le foie gras.


Un de mes plats préférés avec le ragout de haricots blancs de Santa Pau et petits calamars. Ce produit est aussi appelé « Fesols de Santa Pau la Garrotxa » qui est une variété de haricot nain à écosser originaire de cette région de la Garrotxa en Catalogne. Le « Santa Pau »  (prononcer « paou»), variété très réputée, est cultivé sur les terres volcaniques de cette région. Ces terres lui transmettent un goût légèrement sucré et doux, ce qui lui vaut un grand prestige dans la cuisine locale. Grains blanc brillant de 9 x 6.5 x 6 mm, oblongs courts, aux bouts arrondis, non farineux, de saveur et texture fines, qui nécessitent peu de temps de cuisson. Ici associé avec de fins calamars, des oignons caramélisés et un peu de ciboulette en fond un délicieux plat.


D’excellents ris de veau aux crevettes et gambas. Je ne me serais jamais dis que les deux fonctionnent ensemble, eh bien ce fût le cas. Moelleux, le petit goût marin amène une touche bien intéressante et gourmande.


Un seul dessert avec un autre classique, la « torrija », pain perdu ici avec du vin de messe, inventée au XVème siècle et comme beaucoup d'autres desserts espagnols, ce sont des nonnes qui les cuisinées pour la première fois. Ici plutôt légère ce qui n’est pas toujours le cas.


Priorat Martinet Bru 2015, vin biodynamique de la famille Pérez-Ovejero intense en bouche, des tanins doux et une acidité très bien maîtrisée, de discrets rappels toastés du bois émergent en fin de dégustation.



Pour l’anecdote…nous avions occupé la table de Gwyneth Paltrow…


Toujours un sans faute, pas de surprises, tout est parfaitement cuisiné, tout est savoureux, le lieu est vraiment agréable. Au « Bar Canete » on est sur de très bien manger une cuisine de produits de saison, de trouver des classiques parfaitement maitrisés et parmi les mieux que l’on puisse trouver.