mercredi 28 février 2018

Can Joanet, Barcelone


« Can Joanet » c’est le restaurant devant lequel l’on passe obligatoirement une fois ou l’autre lorsque l’on est dans le quartier du Born. En été, une terrasse toujours bien encombrée comme l’intérieur d’ailleurs. Cette adresse est plutôt assez différente de toutes celles que j’ai pu décrire pour la simple et bonne raison que l’on a plus l’impression de se trouver dans un restaurant familial qu’autre chose.


« Can Joanet » c’est la que tout le monde va se restaurer dans le quartier à midi, du moins les locaux, les personnes d’une certaine génération et les touristes de passage. Aux heures de midi ou plutôt début d’après-midi, le menu du jour est toujours affiché, décrit sur une ardoise et tarifé à 12 euros avec pain et boisson comprise. Généralement cinq entrées et cinq plats principaux à choix, les dessert sont annoncés en fin re repas. Grandes portes boisée, ouverture la semaine seulement pour le déjeuner.

Un intérieur très simple et sans chichis, pas de réservation, mais toujours la possibilité de trouver une table assez rapidement. En fait on y vient manger, pas pour s’éterniser, c’est simple, bon, frais, et ce n’est déjà pas mal.  Un comptoir où l’on s’annonce, quelques dames pour vous recevoir et vous voila à l’une des tables de ce bistrot.


Une salle assez conventionnelle, sans décoration particulière ; ici nous sommes la pour manger une cuisine familiale, changée quotidiennement, préparée en fonction des arrivages.  Le menu de l’extérieur vous sera présenté sur une carte, avec une majoration de deux euros si vous manger sur la terrasse, ce qui n’est évidemment pas le cas en cette saison.


Une cuisine donc familiale, rapide à servir, sans complication comme par exemple ces moules au citron.


Ou alors une impeccable estouffade de calamars et seiches avec des pommes de terre. En fait plutôt une soupe avec les ingrédients susmentionnés.


Assez surprenant tenant compte du prix de ce menu du jour que de manger une très bonne sole grillée avec une petite salade, tomates et oignons.


Et encore un assortiment de poissons frits dont des anchois. Petits poissons sans goût de friture, ce qui est plutôt rare en Espagne.


Et en dessert une crème catalane parfaitement réalisée.


Ou un très bon mel y mato, autre dessert traditionnel catalan.


« Can Joanet », une cuisine familiale catalane simple, fraiche, rapidement servie dans un lieu authentique, fréquenté par tout le monde sans oublier a des tarifs amicaux, quoi de plus ?

mardi 27 février 2018

a restaurant, Barcelone


Voici un instant rare et privilégié que vous pouvez vivre dans le Barri Gòtic, un moment ou le temps s’oublie, où l’on observe la beauté des édifices en s’attablant sur la terrasse pendant l’été d’une belle adresse que je vais décrire, mais avant cela, autant vous parler un peu de cette place ou se trouve cette terrasse.


La plaça Sant Felip de Neri est un havre de paix. Une petite fontaine au milieu devant la belle église baroque du XVIIIe s, un palais jouxtant celle-ci, des maisons médiévales. Barcelone est souvent choisie comme lieu de tournage de nombreux films et clips parce qu’elle est si agréable, chaleureuse et qu’elle est dotée d’une architecture riche et de nombreux monuments exceptionnels. C’est sur cette place qu’a été réalisé « Le Parfum ». L’histoire d'un meurtrier, un film allemand réalisé en 2006 par Tom Tykwer et inspiré du roman de Patrick Süskind, Le Parfum, publié en 1985. Jean Baptiste Grenouille doté d’un odorat exceptionnel, passionné par les odeurs, se met en quête de créer le parfum idéal. Pour cela, il va aller jusqu’à tuer les jeunes filles pour leurs odeurs.


Mais revenons au sujet qu’est la raison de ce billet…Sur un coin de la place, le restaurant « a Restaurant » qui est appartient à l’hôtel Neri. Un hôtel « boutique », absolument magnifique, dans un palais médiéval. Un décor somptueux, qui laisse vraiment songeur. A ma première visite, il s’agissait d’un restaurant assez classique d’un hotel Relais & Chateaux mais récemment le lieu a été transformé et repris par le chef Alain Guiard. Chef en pleine expansion puisque c’est lui qui est impliqué dans les deux établissements que sont « La Mundana »  dans Sants et le « Santa Burg » dans l’Eixample. Pour rappel, un cuisinier qui est passé entre autres chez ABaC.

Entrée également de l’autre côté de la place qui vous permettra d’apprécier l’intérieur cossu de cet hôtel.


Anciennes structures de pierres avec du mobilier aussi bien ancien que contemporain. On pourrait s’imaginer que les styles ne s’accordent pas, eh bien au contraire c’est plutôt bien réussi. Traversée donc du lobby et arrivée face à la nouvelle salle à manger. Avant cela, un coin pour prendre un verre avant de passer à table.



Salle qui n’a pas fondamentalement changé dans sa structure mais seulement dans son mobilier. Fini les tables classiques recouvertes de nappes blanche, voici une décoration contemporaine, assez dans le style de ce que l’on trouve un peu partout, plus décontractée, plus à même d’attirer une clientèle moins guindée.


Un bar aux couleurs rouges, des lumières tamisées, une ambiance très décontractée, ce qui est des plus agréables dans un établissement Relais & Chateaux et un service aux petits soins.


La salle à manger est assez moderne avec des tables de diverses couleurs, des photos noir et blanc encadrées, quelques photophores et des plantes ci-et là. Vraiment un endroit inattendu par sa décontraction, une impression que le thème s’approche un peu du design scandinave.



Même une salle indépendante avec une table haute, un peu comme dans certains gastrobars de la ville.


La carte est vraiment très intéressante et ce ne sont que de bonnes surprises que l’on trouve dans les énoncés des assiettes. Pas tout à fait le type de plats de « La Mundana » mais tout de même un peu de créativité sur des assiettes parfois teintées de couleurs locales, parfois inspirées par d’autres pays tel que le Moyen-Orient, la France ou l’Italie et tout cela a des prix absolument raisonnables pour un tel établissement. Souvent des associations avec de très beaux produits comme foie gras, crustacés et viandes de qualité.

Cela commence par une superbe entrée, des tacos d’algue Nori et Capucine, coquille Saint Jacques, croûte de jambon ibérique, fruit de la passion. On pourrait s’imaginer que ce plat fais de bouchée s’inspire de la cuisine Nikei puisque l’on y retrouve l’algue qui représente le Japon mais aussi le fruit le Pérou. On roule la feuille de capucine avec celle d’algue autour d’une noix parfaitement snackée. Le tout est sublimé par la légère acidité du fruit. Une très bonne idée que cette entrée et de plus fraiche et gourmande, sans oublier le côté visuel.



Autre type de cuisine avec un oeuf savouré dans sa coquille, Parmentier, anguille fumée, mousse de Carbonara et tobiko. J’apprécie toujours ce goût de ce poisson fumé dans les préparations. Ici l’œuf coulant est recouvert d’une mousse à la saveur de la sauce Carbonara qui a été siphonnée, en dessous la crème de pomme de terre, des morceaux d’anguilles sur l’oeuf coulant. Ci et la quelques œufs de ces poissons japonais volants pour ajouter une touche marine. Un plat à nouveau avec de parfaites associations.


Un nouveau plat de très haute cuisine avec ces raviolis de Parmentier à la cèpe et truffé, lard paysan ibérique et gelée de jambon. Je m’étais demandé si le Parmentier deux fois n’étais pas un peu redondant mais le serveur me confia que les deux plats n’avaient que peu de ressemblance. En réalité il ne s’agit pas de réels raviolis comme en Italie mais d’une reconstitution très technique de ceux-ci. C’est en fait une tranche de lard presque transparente non loin du lard de Colonnata qui a été assouplie et qui entoure une fine mousse de pomme de terre. Un fond de sauce délicieux tout autour, quelques crosnes bien saisis, une huile de persil et une étonnante gelée au parfum de jambon. Une bien belle assiette.


L’assiette suivante sera probablement moins surprenante car beaucoup plus classique dans le sens exotique du terme, un ragoût de maigre, coques et moules à l’orange, et à la noix de coco. Ce n’est pas que le plat ne soit pas agréable mais cela ressemble beaucoup a un plat de style Thaïlandais, donc plus une problématique de choix qu’autre chose. Le tout est dans une sauce lait de coco avec des saveurs connues, quelques herbes fraiches et jeunes carottes.


Retour a une cuisine plus inventive avec le magret de canard grillé, pommes Tatin et sobrassada. Une viande cuite à point encore rosée, un fond de sauce goûteux, cette intelligente association avec les pommes fondantes et caramélisées, mais surtout ce clin d’œil à l’Espagne avec cette chaire de saucisse au piment doux qui rehausse le tout et que l’on utilise comme une pommade sur la viande. En ajout, deux branches de brocolis poêlées et un jus de persil.


Pour suivre, un plat classique que le riz sec au pigeonneau et parfais de foie gras au muscat. Le riz reste toujours une preuve de maitrise culinaire dans un établissement et ici il est particulièrement délicieux. On qualifie de riz sec quand celui-ci est sans trop de sauce, cuit au four et de fine épaisseur. Cuit toujours dans un excellent fond comme ici et avec ce soir un délicieux pigeon rosé coupé en tranches. On identifiera les quelques cubes de foie gras ci et là, les touches classiques de l’aïoli.


En dessert, un magnifique pain perdu avec une impressionnante glace au lait fumé. Cette « torrija » est moelleuse, parfumée, accompagnée d’un peu de crumble et de quelques fruits rouges, mais c’est surtout la glace qui fait la différence avec son excellent goût fumé.


Le choix de vin de Catalogne est un peu limité mais avec les conseils du serveur nous opterons pour une autre région avec un Murviedro Cepas Viejas Bobal Utiel- Requena 2014. Cépage donc plutôt peu fréquent que ce Bobal ; une couleur rouge cerise intense, renforcée par l'arôme de fraises mures. Frais, dense et charnu, avec des tanins ronds et une belle longueur.


Une très belle prestation que celle-ci presque un peu inattendue car cette cuisine est très soignée, les assiettes sont vraiment variées, les produits de qualité, les cuissons et dressages impeccable. Tout fût gourmand, le lieu est très agréable. Un endroit à ne pas manquer lors d’une visite a Barcelone, qui vous fera rêver quelques instants.

samedi 24 février 2018

Stoke Bar, Barcelone


Un bar sympathique dans le barri Gotic, pas toujours facile d’en trouver un qui ne soit pas trop sans âme, eh bien voici le « Stoke Bar ». Une petite enclave dans le vieux quartier juif qui propose une série de cocktails et petits plats dans un cadre tout à fait charmant.


Comptoir en simple bois, quelques tabourets, quelques anciennes boiseries, une touche légèrement moderniste. Une ambiance plutôt calme et plaisante en ce début de soirée, parfaite pour prendre un verre.


De vieux meubles, des ton rouges et verts, des éclairages bien étudiés car ceux-ci sont placés pour rendre le lieu assez intime.


Meubles probablement chinés, rampe d’escalier comme dans un appartement, fauteuil en cuir, un lieu ni moderne ni complètement traditionnel, mais très agréable.


Au premier, une seconde salle elle aussi tout à fait plaisante avec quelques tables et une longue banquette. Plutôt l’endroit pour se restaurer en soirée.


Spécialités de cocktails dont les mojitos mais aussi quelques bières artisanales de brasseries locales.

Cela sera une bière de la brasserie Edge Brewing de Poble Nou appelée Apassionada à base de fruit de la passion ; une « berliner weisse », bière à la base un peu opaque et légèrement acidulée. L’ajout de fruit rend la bière très douce sans être sucrée.


Le mojito est bien dosé, pas trop sucré, fidèle à ce qu’il se doit d’être.


On peut aussi y manger quelques plats un peu exotiques/fusions si on le souhaite. Il se peut que le lieu en pleine saison touristique soit bondé, mais ce ne fut pas le cas ce soir, ce qui rendit l’expérience agréable.

vendredi 23 février 2018

Louro, Barcelone


Je crois que l’on ne me contredira pas si j’affirme que manger correctement sur la Rambla est une chose absolument impossible. Passage continu des touristes, prix élevés, congelé sur toutes les assiettes, impensable de penser s’y arrêter. Mais depuis quelque temps, il y a au moins une adresse qui mérite d’être découverte, celle de « Louro ». Certes ce ne sera pas l’établissement que l’on découvrira par hasard en marchant dans la rue pour la simple et bonne raison que celui-ci est à peine visible de la rue.


En fait vous devez tout d’abord repérer le « Centro Galego », centre galicien qui se trouve affiché conjointement avec un petit hôtel. C’est tout d’abord au fond de cette allée que vous devez vous rendre et ensuite monter à l’étage. Même s’il y a un panneau mobile dans le couloir, peu de chance de découvrir qu’il y a un restaurant de qualité au premier étage. Ce centre galicien a tout simplement fait une association avec le chef Manuel Núñez, du restaurant « Arume », de « Cera 23  » , dans le quartier du Raval. Un chef galicien qui remporte un réel succès avec ses autres restaurants.



Un bel immeuble, une magnifique rampe d’escalier que l’on monte comme dans n’importe quel bâtiment avec au départ un buste en bronze.


Vitraux assez modernistes, puis vous voici face à une entrée plutôt étrange. Un peu rutilante, assez particulière car elle rappelle de classiques faïences mais ces dernières sont de couleur or. Un lustre assez art-déco au plafond.


On entre dans un appartement qui a été reconverti en restaurant, la décoration a été dernièrement refaite. Tout est un peu doré, ou alors avec des couleurs assez particulières, la décoration et mobilier sont plutôt inattendus. Difficile de savoir si l’on a conservé quelques éléments ou non du précédent établissement.


A gauche de l’entrée, une anti-chambre presque un peu asiatique ; des objets de décoration, des armoires frigorifiques et de la vaisselle rangée sur des étagères.


Un peu plus en avant, un coin presque privatif face à un bar. On peut également y manger mais autour d’une table unique et surélevée.


La première salle est un mélange assez particulier avec de la vaisselle dorée exposée dans des rayons contre les murs, les tables contrastent avec leur côté bois un peu rustique. Le plafond bleu comme à l’entrée détonne un peu dans le tout, quelques œuvres plus contemporaines sur les murs.



La salle au fond est plus traditionnelle mais néanmoins surprenante, avec son papier peint de style panoramique du 18ème, ses chaises qui pourraient se retrouver dans certains restaurants indiens, ses lampes en forme de panier de pêcheurs ou d’autres dorées.  Le long d’un des murs, une banquette de couleur sombre avec au dessus quelques photos noir et blanc de probables paysages de Galice. On observera également certaines structures qui sont probablement d’origine. Je reste un peu indécis à dire si le tout a été conçu avec cet objectif de mélanger les styles ou si ce n’est qu’une coincidence.





Le lieu est tout à fait plaisant et pas du tout semblable à aucun des établissements de la rue. La carte qui nous est présentée est très intéressante, propose une belle série de mets évidement influencés par la Galice avec des touches modernes.

Pour commencer, une tourte galicienne farcie au poulet bio et pommes. Souvent appelée « empanada Gallega » est une variété de tourte populaire de cette région du nord-ouest de la péninsule ibérique. Elle y est connue, semble t-il, depuis le 7ème siècle, lorsque l'on a commencé à s’intéresser à faire voyager la nourriture. Recouverte d'une seconde couche de pâte, cette tarte était sensée se transporter plus aisément et à l'abris de la poussière. Ces tartes devenues tourtes sont généralement farcies d'ingrédients régionaux, aussi bien de la viande, du poisson, des fruits de mer ou des légumes. Souvent réalisée avec du thon et aux poivrons, ici ue variation très plaisante au poulet et pomme pour une touche douce.


Des bouchées marines avec les tranches de pain grillées avec de la sardine fumée, compote de tomates et fromage de Galice. C’est vraiment délicieux car le côté sucré de la tomate confite tranche parfaitement avec le poisson frais, salé et fumé.


Un poisson avec une excellente sole poêlée, sauce citrique et légumes de saison sautés. Poisson de première fraicheur parfaitement cuit, une sauce finement acide, quelques cubes de pomme verte infusées et les légumes semblent être en réalité des salicornes.



Le plat suivant est tout aussi gourmand avec un riz aux champignons sauvages avec du fromage « Tetilla ». Excellente qualité de riz, texture parfaite de la préparation, fond de sauce bien parfumé avec ces champignons locaux qui de plus sont frais et le fromage en arrière goût. Fromage au lait de vache, à pâte filée. Traditionnellement, on utilise le lait entier, de la race rubia gallega, qui produit peu de lait, mais de qualité supérieure. La « Tetilla » est proche des Scamorze italiens, avec une forme très caractéristique de tétine ou de petite poire « perilla ». Frais, ils sont doux, puis ils deviennent piquants avec l'âge


En dessert un cheesecake cuit au four avec du fromage fumé, normalement avec des myrtilles et une glace au fruit mais d’après ce que je comprends, il n’y a plus de cette glace, donc le tout est remplacé par une glace à la vanille, ce qui contraste nettement moins bien avec le gateau.


Une excellente espuma de fromage galicien, gelée de coing, noix, pommes et glace au yoghourt, pour terminer.


Une bouteille de Adega Ponte da Boga Godello 2016 de la région de Ribeira Sacra, vin blanc agréable avec ce repas.


Un bel ajout au panorama gastronomique de Barcelone avec une cuisine plus proche de la Galice que l’autre l’établissement du chef. Des saveurs qui changent des plats habituels locaux, des produits de qualité, des assiettes qui combinent, les plats traditionnels galiciens avec une touche personnelle et gourmande, un cadre étonnant et plaisant, une adresse à ajouter dans votre liste si vous ne souhaitez pas trop sortir du centre.