Voici une
superbe adresse un peu en dehors des sentiers battus, située dans le quartier
de Sant Gervasi et qui mérite toute son attention pour maintes raisons. La
première c’est que l’on y mange très bien, la seconde c’est que l’on y trouve
une cuisine inspirée par la méditerranée et plus précisément l’Italie réalisée
avec beaucoup de soins, que l’accueil et le service y furent très agréable.
En cuisine,
un chef au nom de Giuseppe Cusimano originaire de Sicile qui commença ses
études dans la restauration dans l’école culinaire de sa ville, Caltanissetta.
Quelques saisons en Angleterre et autres régions d’Europe au sein
d’établissements réputés pour perfectionner ses techniques et le voici
maintenant à Barcelone.
Une fois à
l’intérieur, voici un espace confortable et lumineux. Une salle entourée de
grandes baies vitrées, des tables le long de ces dernières avec une grande
banquette. Tables recouvertes de nappes blanches, ce qui change agréablement
d’un grand nombre de restaurants. Un petit côté un peu classique mais tout à
fait plaisant.
Sur un des
côtés, le bar ou plutôt l’espace où les boissons sont préparées, où les frigos
sont dissimulés par un comptoir. Le service est toujours attentif à tous les
petits détails, souriant et amical.
Effectivement,
une cuisine qui se réfère à certains classiques de la botte mais tout d’abord
pas des recettes italiennes mais plutôt une originale utilisation d’ingrédients
du pays, associé a des produits locaux. Très souvent des assiettes qui flirtes
avec la gastronomie, en tout cas dans les dénominations. Pour accompagner le
début de repas, une excellente foccacia ; légère, au bon goût d’huile
d’olive, bien levée et sur laquelle on se jette.
Pour
démarrer, un tartare de bœuf fumé, fromage Idiazabal, lait au safran et mûres.
On voit tout de suite qu’il y a du niveau dans l’assiette car c’est
particulièrement soigné. Une viande bien
entendu découpée à la main avec cette agréable saveur fumée, un assaisonnement
pour une fois subtil et pas trop doux comme c’est souvent le cas ailleurs, le
fromage du pays basque comme agréable association mais surtout ces très belles
mûres entières ou en coulis, qui amènent beaucoup de fraicheur à l’assiette
avec un côté fruité mais aussi une légère acidité. Un tartare original et
délicieux.
Une autre
très belle assiette avec un oeuf cuit à basse température, ris de veau,
truffes et mousse de parmesan. La recette est vraiment bien pensée et elle
aussi presque originale mais la réalisation demande un peu plus de précision.
Des niveaux de températures pas alignés, un ris un peu surcuit. Et la truffe d’été
n’a pas beaucoup de goût. Malgré tout c’est une très belle recette qui mérite
juste d’être perfectionnée.
Plat suivant
plutôt bluffant, le risotto Carnaroli « riserva » au fromage Ol Sciur,
carpaccio de Saint-Jacques et chanterelles. Visuellement très tentant, le riz
est cuit à la perfection, le montage avec le probable beurre parfait comme la
cuisson. L’étonnante couleur de ce riz est dû à ce fromage de chèvre italien
au lait cru parfumé aux pétales de rose et aux fruits des bois. Son nom
est une expression dialectique lombarde qui signifie « Le Seigneur »
ou « Le Chef » en raison de l'attention que requiert Ol Sciur lors de
la fabrication du fromage. D’abord lavé avec de la saumure, puis il est
frotté avec ce mélange, ce qui donne au fromage une couleur pourpre profonde et
une forte odeur de fruit sucré. Un risotto avec ce fromage avec les Saint-Jacques
justes snackées, les champignons juste poêlés, un vrai délice.
Mais cela
ne fait que continuer avec de remarquables cappellacci à la betterave et au
sanglier, avec une crème de vieux pecorino vieillit dans des feuilles de
châtaigner et un crumble de pistache. Des formes de pâtes d’origine de Ferrare faites
« maison » dans laquelle l’on a ajouté un concentré de betterave
rendant la pâte de couleur rose, une farce très parfumée et fine au palais, une
sauce avec ce vieux fromage, complément idéal et la touche surprenante avec cette
chapelure de pistache. Autour des quartiers rôtis de betterave, une association
étonnante et de plus très gourmande. Un très beau plat de pâtes.
En plat
principal, un plat de chasse, ce qui n’est pas monnaie courante à Barcelone,
avec un chevreuil poêlé avec un fond au chocolat, fondant de patates douces,
noisettes toastées et asperges. Viande à nouveau d’une parfaite cuisson, un fond
de sauce vraiment jubilatoire avec cette fine douceur de cacao. On appréciera
la discrète crème de patates douces et son chips, le goût puissant de ces
noisettes de qualité. Deux asperges vertes grillées en complément. Un
magnifique plat de chasse cuisiné avec beaucoup de maitrise.
Un joli
dessert avec le suprême de Gianduia et noisettes. Biscuit onctueux comme base
et une ganache à base de cette pâte de chocolat et de noisettes finement
broyées avec du sucre glace et de la matière grasse et une autre strate à la
noisette. Des figues sucrées pour amener un peu de fraicheur.
Comme vin,
un Priorat Bruixola 2015, vin corsé et aromatique assez caractéristique de la
région avec des notes épicées.
Un
cuisinier conscient que l'élément visuel fait partie de l'expérience gastronomique.
De très belles assiettes qui sont influencées par l’Italie mais sans jamais
vraiment être Italiennes, des associations très justes souvent liées à
l’utilisation de produits de qualité comme le riz et les fromages, des plats
que l’on ne trouve pas vraiment ailleurs, un service de qualité et très amical.
Ce sont toutes choses qui différencient une soirée correcte d’une soirée
vraiment unique, une adresse vraiment très plaisante pour apprécier une cuisine
presque originale et personnelle.
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