J’avais
gardé un excellent souvenir de mon premier repas chez
« Müzedechanga » en septembre 2012 et souhaitais revisiter cet
endroit. Depuis quelques années je dois reconnaitre que malheureusement les
tables le long du Bosphore au nord d’Istamboul me déçoivent de plus en plus.
Soit trop classiques et sans imagination, soit on profite de la situation et
l’on charge le client. Le plus souvent une cuisine quelconque et un service
pitoyable. Constations sur au moins plus d’une demi-douzaine de tables depuis Ortaköy.
Bebek et encore plus loin... Néanmoins dîner à l’extérieure et souvent dans un
jardin avec une vue restera toujours un moment très privilégié.
Cela
restera toujours une expédition d’aller chez « Müzedechanga » si vous
êtes comme moi un touriste qui n’utilise que les moyens de transport locaux. Cette
fois-ci pas de bus mais un trajet en deux étapes ; la première avec un
arrêt au Suada Club de Kuruçeşme pour profiter de cette extraordinaire piscine et
la seconde en prenant un taxi jusque Emirgan. Evidement vous pourrez aussi aller directement
à la destination mais soyez sur de partir assez tôt car à certaines périodes de
l’année, la route de Beşiktaş à Emirgan est simplement infernale car ce sont des
kilomètres de bouchons. A préciser qu’étonnement
l’été cela roule plutôt bien car les stambouliotes sont en vacance…
« Müzedechanga »
c’est la « version été » de « Changa » qui se trouve à Cihangir mais qui l’été est
fermé. « Müze » car cette table se trouve dans un musée…le Sakip
Sabanci qui se trouve non loin du débarcadère de Emirgan. Faites-vous déposer
en haut de la montée en précisant au garde à l’entrée que vous allez au
restaurant autrement les dames en talon aiguille…auront beaucoup de peine à gravir
le chemin…
Vous
arriverez donc face à une très belle villa au milieu d’un parc où sont exposées
des collections itinérantes privées.
Passez par le musée et dirigez-vous vers
l’ascenseur pour aller à l’étage supérieur et vous serez plutôt surpris de
l’endroit où vous arriverez. Un magnifique restaurant au décor du meilleur
goût, extrêmement design qui d’ailleurs a été réalisé par le célèbre cabinet
d’architecture d’intérieure d’Istanbul ; Autoban.
Un
intérieur associant le bois, le cuivre avec des références au design
scandinave. Le bar est une vraie réussite avec son élégante courbe et son
placage rappelant un bateau.
Mais la
surprise restera encore la très belle
terrasse qui surplombe le Bosphore avec son bar élégant sur un côté et ses
tables qui donnent sur le jardin et le fleuve au loin. L’endroit est vraiment
somptueux.
L’équipe en
cuisine est encadrée par Peter Gordon comme consultant, une des références en
matière de cuisine fusion dans le monde avec un certain nombre de tables à
Londres.
Je me
rappelais de ce fabuleux cocktail appelé Istanbul que nous avons pris à nouveau,
tout à fait exceptionnel à base de vodka, raki, jus de citron vert et de
tangerines de Bodrum. Des saveurs très agrumes grâce à ce fabuleux fruit
rappelant le pamplemousse à cause de l’amertume, l’orange, la mandarine et le
cédrat, le tout subtilement mélangé avec le goût anisé du raki.
Première observation
en consultant le menu, les prix sont assez vertigineux comparés à la première
fois où nous sommes venus. Certes l’endroit est très beau et agréable mais
lorsque l’on a été une semaine dans des établissements de haut niveau, il apparait
clairement que les prix ont été gonflés et que cela pourrait être surfait, mais….
A voir… Des entrées autour de 40 TL et des plats principaux atteignant 80 TL et
des desserts dépassant 30 TL. A titre de comparaison, lors de notre première
visite, nous avions pris une entrée, un second plat partagé, un plat principal,
un dessert et une bouteille de vin, le tout 160 TL par personne… Aujourd’hui,
cela reviendrait à 250 TL…si pas plus…
Seconde
observation, vous n’êtes pas dans une table turque traditionnelle où l’on
serait tenté de prendre plusieurs plats comme des mezzés. Ici l’approche est
beaucoup plus classique et européenne, à savoir que l’on prend une entrée, un
plat principal et un dessert selon ses envies. Tout est magnifiquement dressé
comme dans un établissement Français ou autre mais cela reste bien une cuisine
turc légèrement « fusion » en fonction de son choix. A noter
également qu’un certain nombre de mets sont identiques à ceux d’il y a trois
années en arrière.
Pour patienter,
un peu de pain et un fromage dans de l’huile d’olive persillée.
Les petits
calamars grillés avec une sauce épicée, citron et sauce au persil sont
absolument fantastiques. D’une parfaite fraicheur, cuit à la minute et
accompagnés de ces deux sauces qui subliment l’assiette.
Pour moi
les filos en triangle farcis avec de la
saucisse et des blettes accompagnés d’une salade d’herbes fraiches. Surement
plus traditionnel mais également parfaitement maitrisé. Une farce parfumée dans
cette fine pâte.
Entre l’entrée
et le plat principal, un étrange encas fromage poivron et pavot qui n’amène pas
grand-chose à moins que cela soit la petite sculpture métallique qui soit le
centre d’intérêt…
En met
principal, un délicieux confit de canard avec un pilaf de riz Basmati aux fruits
secs et noix avec une sauce douce Damson. La volaille est fondante, le riz est
préparé à l’iranienne avec des Zereshk (épine-vinette), pistaches, pignons et amandes. Le plus surprenant étant cette
sauce préparée avec un type de prunes assez noire, les damson dont le nom est
dérivé de « Damas » et à l’origine principalement consommée par les
Britanniques. Utilisé principalement pour des confitures. Le goût étant intense
et plutôt puissant. Il s’avère qu’en réalité ce sont des quetsches, que l’on
appelle d’ailleurs aussi « prunes de Damas »… Toujours est-il que
cette sauce aux prunes était délicieuse et en totale harmonie avec le canard.
J’ai
choisi l’agneau avec une cuisson longue, enveloppé dans des feuilles de vigne ensuite
grillé et servi avec de la crème aigre et une sauce pimenté douce. A nouveau
une assiette très gourmande avec une viande tendre, les feuilles légèrement
acidulées adoucies par la combinaison en bouche avec la crème.
Un seul dessert, le baklava croustillant avec une purée de coings et de babeurre
appelé « kaymak ». La pâte est d’une extrême légèreté, la farce est
fine et gouteuse ; une harmonie parfaite entre les ingrédients.
Ce lieux est magnifique, mérite vraiment que l’on vienne passer une soirée car
l’on y mange très bien une cuisine repensée sur un modèle traditionnel plus
européen. Le service et l’accueil ne fut pas à la hauteur de l’établissement,
ni mauvais et ni attentionné, dommage. Il faut savoir que cela sera une soirée
plutôt onéreuse mais c’est un peu la caractéristique de ces tables plutôt
fréquentées par principalement des expats le long du Bosphore.
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