Lorsque
l’on est dans le quartier de Beyoğlu,
trouver une table n’est sans aucun doute un problème mais trouver d’excellents
mezzés est plutôt rare. Si l’on va au petit bonheur la chance, toutes les
tables avoisinant la rue commerçante de Istiklal hautement touristiques vous
proposeront avec plus ou moins de succès et surtout de fraicheur, les mêmes
plats. Quelqu’un qui souhaiterait découvrir d’autres saveurs, d’autres plats de
diverses régions du pays devront faire quelques recherches, éventuellement
avoir des contacts en ville pour connaitre où se trouvent ces tables souvent un
peu cachées qui distillent une cuisine d’un tout autre niveau.
C’est
depuis le mois d’octobre de l’année passée que « Belkis Pera » s’est
ouvert dans une rue pas forcement fréquentée par la foule mais tout de même à
quelques dizaines de mètre de la rue où se trouvent les hôtels chics et tables
de haut standing, Meşrutiyet Caddesi.
On rejoint ce nouvel établissement en descendant les quelques marches avant
d’atteindre une terrasse juxtaposée à un coin de bâtiment assez moderne.
L’intérieur est contemporain, une salle en longueur avec une série de
tables de chaque côté de la pièce avec un comptoir au centre où se trouvent les
mezzés placés au frais. Des tons dans le beige et l’écru, des lumières douces,
des tables et chaises assez design, c’est un endroit très agréable qui joue sur
le modernisme mais avec quelques touches délicates qui nous rappelle que nous
sommes en Turquie.
Avant de vous décrire ce magnifique repas, quelques mots sur le patron
Bariş Turan qui a été absolument charmant tout au long de la soirée en nous
expliquant le concept de son établissement, les recettes des divers plats
suggérés, ses envies d’un jour d’ouvrir un « boutique-hôtel » de long
de la mer Egée. Un personnage qui représente tout ce que j’adore, de la
gentillesse, du cœur, des émotions partagées et surtout de la passion pour ce
qu’il fait.
Aujourd’hui le restaurant est plutôt vide ce qui est plus que
surprenant mais Bariş nous explique qu’en période de Ramadan, les
établissements servant de l’alcool sont souvent ignorés et deuxièmement l’été à
Istamboul, souvent les gens partent en vacance. Cependant tout au long de
l’année, sans réservation il sera quasiment impossible de trouver une table le
weekend sans aucune réservation. Un établissement qui ne sert que
principalement des mezzés originaux avec des ingrédients soigneusement
sélectionnés, toujours avec une touche de créativité. Ouvert que depuis
quelques mois, la fréquentation n’est que quasiment locale, mais cela risque
surement de changer…
La carte de « Belkis Pera » est vraiment très alléchante.
Comme je les déjà dis, on vient ici principalement pour les mezzés mais on
trouvera également de entrées chaudes, des salades et quelques plats principaux
mais comme nous l’explique Bariş, la clientèle se concentre plutôt sur les
mezzés. Quelques excellents conseils, explications et nous voici parti avec une
intéressante possibilité, un combo de quatre mets amenés dans un grand plat
avec ses compartiments individuels.
Le pain qui nous est tout d’abord apporté grillé est délicieux avec
comme amuse-bouche un excellent « Muhammara » qui est une crème de poivrons, noix et mélasse de grenade
typique du Moyen-Orient mais que l’on retrouve au sud du pays.
Un premier mezzé en supplément du combo, le loup de mer mariné, papaye,
œufs de poisson. Une assiette avec un carpaccio de ce poisson très frais, le
côté fruité de la payaye et pour compléter les saveurs, quelques brins d’aneth
et le goût prononcé des œufs. Une approche innovante de servir un poisson
cru ; c’est très fin et léger.
Ensuite une magnifique salade de pourpier, yaourt et noix. Une de mes
salades favorites que l’on trouve au Moyen-Orient, plutôt croquante avec une
délicieuse sauce au yaourt bien assaisonnée et de bonne noix. Sur le dessus des
fraises qui s’harmoniseront à merveille sachant que l’hiver cela sera de la
grenade car plus un fruit de saison.
Ensuite des haricots rouge style
Arménien avec de la cannelle et du persil. La touche arménienne est liée au
fait que l’on utilise cette épice et que le plat soit très légèrement doux.
C’est très finement assaisonné sans que cela soit trop puissant en bouche.
Une délicieuse salade de merlan fumé, aneth, persil concombre et légumes
vinaigrés. Beaucoup de fraicheur en bouche, des équilibres entre les éléments
fumés et vinaigrés.
Et pour terminer une salade de betterave rouge, gingembre, coriandre et
graine de cumin. La betterave est encore légèrement croquante, râpée et l’ajout
de ces graines sur le dessus complètent magnifiquement une autre interprétation
de cette salade.
Bariş nous suggèrera en entrée chaude
le foie de bœuf frit, sauce tartare, chou rouge vinaigré. Il nous mentionne que
nulle part ailleurs ce foie sera préparé de la même manière et que souvent les
gens n’apprécient pas trop cet abas. Ici il le laisse mariner, ensuite il est
finement tranché, recouvert de panure et frit. Accompagné de la sauce, j’ai
découvert un nouvel aliment qui m’était inconnu. D’ailleurs je ne suis pas sûr
que le foie de bœuf soit vendu en boucherie en Europe. Cela n’a pas vraiment un
goût prononcé et finalement ressemblerait assez à un « schnitzel ».
Et pour
terminer un magnifique poulpe grillé, sauce citronnée, sucrine. Je l’ai
rarement mangé aussi tendre ; il est parfaitement grillé et assaisonné
subtilement avec du citron mais aussi quelques touches d’amertume liée à
l’utilisation d’un autre agrume. C’est frais, léger, irréprochable.
Nous
terminerons ce repas avec des fruits de saison qui seront des cerises,
nectarines et abricots.
Le vin
blanc de la maison fût absolument parfait pour accompagner ce repas.
Voici un
nouvel acteur de la cuisine turque recherchée à Istamboul où l’on déguste des
mezzés différents, des mezzés auxquels l’on a apporté beaucoup de soin,
probablement dans les meilleurs que l’on puisse trouver. Gourmands, de grande
fraicheur et raffinés. Un grand merci à Bariş qui nous a partagé sa passion
pour la cuisine turque et qui est aussi de très bon conseil non seulement pour
son établissement mais aussi pour les tables de ses amis et autres chefs
stambouliotes.
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