lundi 22 octobre 2018

Fastuc, Barcelone


Voici une superbe adresse un peu en dehors des sentiers battus, située dans le quartier de Sant Gervasi et qui mérite toute son attention pour maintes raisons. La première c’est que l’on y mange très bien, la seconde c’est que l’on y trouve une cuisine inspirée par la méditerranée et plus précisément l’Italie réalisée avec beaucoup de soins, que l’accueil et le service y furent très agréable. 


En cuisine, un chef au nom de Giuseppe Cusimano originaire de Sicile qui commença ses études dans la restauration dans l’école culinaire de sa ville, Caltanissetta. Quelques saisons en Angleterre et autres régions d’Europe au sein d’établissements réputés pour perfectionner ses techniques et le voici maintenant à Barcelone.


Une fois à l’intérieur, voici un espace confortable et lumineux. Une salle entourée de grandes baies vitrées, des tables le long de ces dernières avec une grande banquette. Tables recouvertes de nappes blanches, ce qui change agréablement d’un grand nombre de restaurants. Un petit côté un peu classique mais tout à fait plaisant.


Sur un des côtés, le bar ou plutôt l’espace où les boissons sont préparées, où les frigos sont dissimulés par un comptoir. Le service est toujours attentif à tous les petits détails, souriant et amical.


Effectivement, une cuisine qui se réfère à certains classiques de la botte mais tout d’abord pas des recettes italiennes mais plutôt une originale utilisation d’ingrédients du pays, associé a des produits locaux. Très souvent des assiettes qui flirtes avec la gastronomie, en tout cas dans les dénominations. Pour accompagner le début de repas, une excellente foccacia ; légère, au bon goût d’huile d’olive, bien levée et sur laquelle on se jette.


Pour démarrer, un tartare de bœuf fumé, fromage Idiazabal, lait au safran et mûres. On voit tout de suite qu’il y a du niveau dans l’assiette car c’est particulièrement soigné.  Une viande bien entendu découpée à la main avec cette agréable saveur fumée, un assaisonnement pour une fois subtil et pas trop doux comme c’est souvent le cas ailleurs, le fromage du pays basque comme agréable association mais surtout ces très belles mûres entières ou en coulis, qui amènent beaucoup de fraicheur à l’assiette avec un côté fruité mais aussi une légère acidité. Un tartare original et délicieux.


Une autre très belle assiette avec un oeuf cuit à basse température, ris de veau, truffes et mousse de parmesan. La recette est vraiment bien pensée et elle aussi presque originale mais la réalisation demande un peu plus de précision. Des niveaux de températures pas alignés, un ris un peu surcuit. Et la truffe d’été n’a pas beaucoup de goût. Malgré tout c’est une très belle recette qui mérite juste d’être perfectionnée.


Plat suivant plutôt bluffant, le risotto Carnaroli « riserva » au fromage Ol Sciur, carpaccio de Saint-Jacques et chanterelles. Visuellement très tentant, le riz est cuit à la perfection, le montage avec le probable beurre parfait comme la cuisson. L’étonnante couleur de ce riz est dû à ce fromage de chèvre italien au lait cru parfumé aux pétales de rose et aux fruits des bois. Son nom est une expression dialectique lombarde qui signifie « Le Seigneur » ou « Le Chef » en raison de l'attention que requiert Ol Sciur lors de la fabrication du fromage. D’abord lavé avec de la saumure, puis il est frotté avec ce mélange, ce qui donne au fromage une couleur pourpre profonde et une forte odeur de fruit sucré. Un risotto avec ce fromage avec les Saint-Jacques justes snackées, les champignons juste poêlés, un vrai délice.


Mais cela ne fait que continuer avec de remarquables cappellacci à la betterave et au sanglier, avec une crème de vieux pecorino vieillit dans des feuilles de châtaigner et un crumble de pistache. Des formes de pâtes d’origine de Ferrare faites « maison » dans laquelle l’on a ajouté un concentré de betterave rendant la pâte de couleur rose, une farce très parfumée et fine au palais, une sauce avec ce vieux fromage, complément idéal et la touche surprenante avec cette chapelure de pistache. Autour des quartiers rôtis de betterave, une association étonnante et de plus très gourmande. Un très beau plat de pâtes.


En plat principal, un plat de chasse, ce qui n’est pas monnaie courante à Barcelone, avec un chevreuil poêlé avec un fond au chocolat, fondant de patates douces, noisettes toastées et asperges. Viande à nouveau d’une parfaite cuisson, un fond de sauce vraiment jubilatoire avec cette fine douceur de cacao. On appréciera la discrète crème de patates douces et son chips, le goût puissant de ces noisettes de qualité. Deux asperges vertes grillées en complément. Un magnifique plat de chasse cuisiné avec beaucoup de maitrise.


Un joli dessert avec le suprême de Gianduia et noisettes. Biscuit onctueux comme base et une ganache à base de cette pâte de chocolat et de noisettes finement broyées avec du sucre glace et de la matière grasse et une autre strate à la noisette. Des figues sucrées pour amener un peu de fraicheur.


Comme vin, un Priorat Bruixola 2015, vin corsé et aromatique assez caractéristique de la région avec des notes épicées.


Un cuisinier conscient que l'élément visuel fait partie de l'expérience gastronomique. De très belles assiettes qui sont influencées par l’Italie mais sans jamais vraiment être Italiennes, des associations très justes souvent liées à l’utilisation de produits de qualité comme le riz et les fromages, des plats que l’on ne trouve pas vraiment ailleurs, un service de qualité et très amical. Ce sont toutes choses qui différencient une soirée correcte d’une soirée vraiment unique, une adresse vraiment très plaisante pour apprécier une cuisine presque originale et personnelle.

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