Ce qui est
formidable à New York c’est de pouvoir découvrir un grand nombre de type de
cuisine dont certaines n’existent que localement ou alors rares à trouver
ailleurs. Par exemple je n’avais eu l’occasion de manger ce que l’on appelle de
la « Soul food ». Il s’agit de la cuisine afro-américaine
du Sud des Etats-Unis. Elle plante ses racines dans l’Afrique au
temps de l’esclavage. A l’époque les esclaves africains importés en Amérique
sont nourris à moindre coût : abats, haricots, riz, sorgho, gombo, semoule
de maïs, choux verts… Ils essayent alors de préparer des plats
savoureux avec les aliments mis à leur disposition. Après l’abolition, les
afro-américains vivant dans la pauvreté, ont continué à faire usage de ces
ingrédients moins chers. Des recettes transmises de génération en génération.
C’est en 1960 que le terme de soul food est officiellement
adopté aux USA, à une époque où le terme soul
était communément utilisé pour faire référence à la culture afro-américaine,
comme par exemple la « soul music ».
« Root
& Bone » propose donc une cuisine inspirée de la « Soul Food »
mais aussi liée à certaines régions du sud des Etats-Unis comme l’Alabama
origine de l’un des deux chefs, Jeff McInnis. Situé dans l’East Village, on y
trouvera donc des mets classiques du sud mais revisités avec des techniques
modernes, préparés avec des ingrédients locaux et provenant de fermes.
Une façade
en bois blanc et quelques tables sur le trottoir laissent présager un lieu
plutôt fort sympathique et avec de l’ambiance au vu de l’éclairage intérieur qui
consiste en une série d’ampoules qui pendent du plafond.
Et cela se
confirme en entrant avec une vue immédiate sur la cuisine et les salles à
manger à droite. Une atmosphère absolument délicieuse avec de grandes tables ou
même le long des fenêtres la possibilité de manger. Tout est dans les tons
blancs, excepté le plancher en parfaite harmonie avec l’ensemble.
Une cuisine
qui est en longueur et qui également se prolonge dans la première salle de l’établissement. On peut si on le souhaite manger face à
celle-ci.
Un mobilier
qui ressemblerait à celui d’une chambre d’étudiant avec des caisses de
rangement empilées dans lesquelles se trouvent divers ouvrages ou des objets de
brocante.
Dans la dernière
pièce au fond, quelques tables face au bar et le long de ce mur de brique blanc
classique des maisons du quartier. Les deux salles sont séparées par un mur
ouvert qui permet d’avoir une vue sur l’ensemble.
La carte
propose des plats à partager d’inspiration très « campagne » et
nature, des légumes divers, le fameux poulet ainsi que certains plats plus
consistants que l’on peut se partager entre plusieurs convives.
« Root
& Bone » sert le meilleur poulet frit qu’il soit en ville. Les chefs
Jeff McInnis et Janine Booth préparent une marinade à base de thé, oignons et
ail dans laquelle la volaille bio marine 24 heures. Ensuite les morceaux sont
passés dans la farine, frits, finalement recouverts de poudre de citron. La
chaire est en même un peu salée et douce. Le croustillant est d’une rare
perfection et sans aucune trace d’huile. Grace à cette poussière citronnée, l’ensemble
en bouche est absolument parfait. On peut si on le souhaite ajouter une
préparation à base de tabasco et de miel qui se trouve sur la table. Ce plat n’est
pas que délicieux mais aussi unique.
Les
accompagnements sont tout aussi magnifique avec de très bons « Macaroni
& Cheese », de grosses pâtes bien cuites, du fromage croustillant sur
le dessus avec des brisures de biscuits au thym.
Les « waffles »
au sarrasin sont exceptionnelles, recouvertes de cheddar coulant, que l’on peut
aussi tremper dans un sirop d’érable au whisky.
Autre
magnifique plat que le « Meatloaf » censé être un pain de viande n’est
pas vraiment un « Meatloaf » mais plutôt un morceau de bœuf déchiqueté
qui ressemblerait à un brownie. Il est accompagné de pommes de terre au beurre,
de carottes caramélisées, de poires sucrées et de confiture de tomate. On y
aura aussi ajouté un peu de persil plat, de fines lamelles d’oignon vert et de
cresson. Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi ce plat est fantastique car
il y a quelque chose de vraiment essentiel comme ces goûts parfois enfantins,
ces textures que l’on retrouve dans les cuisines familiales ou peut-être encore
ces saveurs d’une extrême gourmandise.
Et avec ce
repas, une bière d’une micro-brasserie locale servie dans un verre à la forme
plutôt inhabituelle mais fort agréable. Pilsner Prima de la Victory Brewing
Company en Pennsylvanie.
Comme
dessert un inévitable et fabuleux « Apple crisp » qui est un « crumble »
aux pommes recouvert de flocons d’avoine au romarin et accompagné d’une glace
au bourbon et cannelle. Un dessert pour lequel on se relèverait la nuit.
« Root
& Bone » c’est en voyage un peu dans le temps, une découverte de l’Amérique
comme on pourrait se l’imaginer dans le sud, une cuisine absolument parfaite, presque
émouvante qu’il faut absolument découvrir si inconnue. Un endroit plein de
charme, une des tables les plus étonnante lors de mes séjours à New York.
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