vendredi 28 octobre 2016

Root & Bone, New York




Ce qui est formidable à New York c’est de pouvoir découvrir un grand nombre de type de cuisine dont certaines n’existent que localement ou alors rares à trouver ailleurs. Par exemple je n’avais eu l’occasion de manger ce que l’on appelle de la « Soul food ». Il s’agit de la cuisine afro-américaine du Sud des Etats-Unis. Elle plante ses racines dans l’Afrique au temps de l’esclavage. A l’époque les esclaves africains importés en Amérique sont nourris à moindre coût : abats, haricots, riz, sorgho, gombo, semoule de maïs, choux verts… Ils essayent alors de préparer des plats savoureux avec les aliments mis à leur disposition. Après l’abolition, les afro-américains vivant dans la pauvreté, ont continué à faire usage de ces ingrédients moins chers. Des recettes transmises de génération en génération. C’est en 1960 que le terme de soul food est officiellement adopté aux USA, à une époque où le terme soul était communément utilisé pour faire référence à la culture afro-américaine, comme par exemple la « soul music ».

« Root & Bone » propose donc une cuisine inspirée de la « Soul Food » mais aussi liée à certaines régions du sud des Etats-Unis comme l’Alabama origine de l’un des deux chefs, Jeff McInnis. Situé dans l’East Village, on y trouvera donc des mets classiques du sud mais revisités avec des techniques modernes, préparés avec des ingrédients locaux et provenant de fermes.

Une façade en bois blanc et quelques tables sur le trottoir laissent présager un lieu plutôt fort sympathique et avec de l’ambiance au vu de l’éclairage intérieur qui consiste en une série d’ampoules qui pendent du plafond.



Et cela se confirme en entrant avec une vue immédiate sur la cuisine et les salles à manger à droite. Une atmosphère absolument délicieuse avec de grandes tables ou même le long des fenêtres la possibilité de manger. Tout est dans les tons blancs, excepté le plancher en parfaite harmonie avec l’ensemble.




Une cuisine qui est en longueur et qui également se prolonge dans la première salle de l’établissement.  On peut si on le souhaite manger face à celle-ci.



Un mobilier qui ressemblerait à celui d’une chambre d’étudiant avec des caisses de rangement empilées dans lesquelles se trouvent divers ouvrages ou des objets de brocante.


Dans la dernière pièce au fond, quelques tables face au bar et le long de ce mur de brique blanc classique des maisons du quartier. Les deux salles sont séparées par un mur ouvert qui permet d’avoir une vue sur l’ensemble.




La carte propose des plats à partager d’inspiration très « campagne » et nature, des légumes divers, le fameux poulet ainsi que certains plats plus consistants que l’on peut se partager entre plusieurs convives.

« Root & Bone » sert le meilleur poulet frit qu’il soit en ville. Les chefs Jeff McInnis et Janine Booth préparent une marinade à base de thé, oignons et ail dans laquelle la volaille bio marine 24 heures. Ensuite les morceaux sont passés dans la farine, frits, finalement recouverts de poudre de citron. La chaire est en même un peu salée et douce. Le croustillant est d’une rare perfection et sans aucune trace d’huile. Grace à cette poussière citronnée, l’ensemble en bouche est absolument parfait. On peut si on le souhaite ajouter une préparation à base de tabasco et de miel qui se trouve sur la table. Ce plat n’est pas que délicieux mais aussi unique.


Les accompagnements sont tout aussi magnifique avec de très bons « Macaroni & Cheese », de grosses pâtes bien cuites, du fromage croustillant sur le dessus avec des brisures de biscuits au thym.


Les « waffles » au sarrasin sont exceptionnelles, recouvertes de cheddar coulant, que l’on peut aussi tremper dans un sirop d’érable au whisky.


Autre magnifique plat que le « Meatloaf » censé être un pain de viande n’est pas vraiment un « Meatloaf » mais plutôt un morceau de bœuf déchiqueté qui ressemblerait à un brownie. Il est accompagné de pommes de terre au beurre, de carottes caramélisées, de poires sucrées et de confiture de tomate. On y aura aussi ajouté un peu de persil plat, de fines lamelles d’oignon vert et de cresson. Je ne peux pas vraiment expliquer pourquoi ce plat est fantastique car il y a quelque chose de vraiment essentiel comme ces goûts parfois enfantins, ces textures que l’on retrouve dans les cuisines familiales ou peut-être encore ces saveurs d’une extrême gourmandise.



Et avec ce repas, une bière d’une micro-brasserie locale servie dans un verre à la forme plutôt inhabituelle mais fort agréable. Pilsner Prima de la Victory Brewing Company en Pennsylvanie.


Comme dessert un inévitable et fabuleux « Apple crisp » qui est un « crumble » aux pommes recouvert de flocons d’avoine au romarin et accompagné d’une glace au bourbon et cannelle. Un dessert pour lequel on se relèverait la nuit.


« Root & Bone » c’est en voyage un peu dans le temps, une découverte de l’Amérique comme on pourrait se l’imaginer dans le sud, une cuisine absolument parfaite, presque émouvante qu’il faut absolument découvrir si inconnue. Un endroit plein de charme, une des tables les plus étonnante lors de mes séjours à New York.

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