La vallée
du Rhône regorge de beaux endroits mais quand il s’agit de faire une halte pour
la nuit en associant ne restauration de qualité, ce n’est toujours pas très
évident. Tables seulement ou hôtels, alors comment concilier les deux et
également comment ne pas sombrer dans des tarifs disproportionnés ? Après
un peu de recherches et quelques commentaires ci et là sur la toile, nous voici
dans le petit village de Marsanne. Pas franchement très animé, une place
centrale et sur l’un des côté l’« Atelier » avec sa terrasse qui
évidement aujourd’hui est déserte compte-tenu du temps et de la fraicheur.
Je dois
avouer que j’avais lu des avis très positifs et d’autres moins mais c’est comme
tout, il faut savoir lire entre les lignes et certains sites bien connus sur la
toile malheureusement regorgent d’avis de gens un peu malfaisants. Une fois à
l’intérieur, nous sommes tout à fait impressionnés par le côté très esthétique
de l’endroit. Quelque chose entre une boutique, un restaurant et un logis. Bref
ce qu’il est de bon ton de qualifier de « boutique hôtel ». Pas sûr
que cela soit ce qu’un propriétaire d’un tel établissement souhaite mais
toujours est-il que cela attirera les « bobos ». Immédiatement c’est vraiment le charme qui
opère, avec tout d’abord cette sympathique et un peu timide jeune fille qui
nous offre un « coup de blanc », la découverte de ce « hall de
réception » et sa petite boutique de produits choisis. Et j’insiste sur le
mot « choisis » car si l’on observe bien, ce qui est proposé n’est pas du tout-venant
mais des produits de haute qualité. Des produits de soins corporels absolument merveilleux,
des huiles d’olives, des jus de fruits de chez Alain Milliat qui sont une
incontournable référence, des conserves, des porcelaines certes chères mais
très belles. Le ton est donné ; qualité des produits, esthétisme
absolument aligné avec le côté convivial de l’endroit, gentillesse des
personnes. Cela semble pourtant évident, mais au contraire, c’est une alchimie
rare et ici unique.
Historiquement
l’endroit est une succession de « rajouts » au long des décennies et
l’architecture peut sembler être un peu étrange. Réception, salle à manger,
courettes, coin piscine, orangerie, un ou deux bâtiments avec des chambres.
Difficile de se retrouver à la première visite, mas vous verrez après quelques
heures que tout se simplifie et que l’endroit a un charme certain.
Une
réception-bar mais aussi une salle à manger que l’on traverse pour atteindre
les chambres en passant par l’orangerie. Tout est splendidement restauré en
préservant l’esprit initial. Carrelage d’époque, mobilier entre industriel et
campagnard, tout est d’une impressionnante justesse. Table de bois rustiques,
chaises métalliques de diverses couleurs et plutôt de jardin, bibliothèque et photos
encadrées. A l’origine une auberge traditionnelle mais le tout a été aménagé
avec un goût indiscutable et donne l’impression d’être chez un particulier.
C’est
d’ailleurs dans ce salon-bibliothèque intelligemment éclairé que seront servi
ce soir les repas. Tout semble naturellement avoir été déposé mais en regardant
les détails, il y a beaucoup de recherche et d’esthétisme.
Pour
atteindre les chambres, il faudra passer par une grande pièce où d’ailleurs
sera servi le lendemain définitivement l’un des meilleurs petit-déjeuner qu’il
m’aura été servi en France. De manière générale, je n’aime pas les formules
proposées dans la plupart des établissements où tout est d’une affligeante
banalité et souvent industriel. Ici vous aurez une fabuleuse sélection de
produits comme diverses sortes de jambons, des caillètes, des fromages
inattendus comme un gaperon coulant, sans parler des magnifiques cakes maison
et autres fruits. Une pièce elle aussi magnifiquement décorée et toujours avec
un ensemble d’objets disparates.
Tableaux,
livres choisis, vaisselle, photos, un lieu d’une très grande convivialité.
La grande
table centrale illuminée de lustres industriels sera là où le petit déjeuner
servi le matin suivant.
Une fois le
soir arrivé, le salon principal deviendra encore plus magique avec ces impressionnants
éclairages. J’insiste sur ces derniers, car si l’on observe bien, la collection
de lustres et lumières est vraiment remarquable. Pas que chaque lustre soit une
pièce d’art mais tout est fait pour donner une impression d’avoir un éclairage
unique mais en réalité c’est l’association d’un grand nombre de points
lumineux.
On
appréciera à nouveau le soir cette succession de pièces les unes plus belles
que les autres avant de s’installer à l’une des tables.
La
carte-ardoise propose diverses formule-menu entrée-plat-dessert de 25 à 44
euros. Un choix de plats aux énoncés plutôt gourmands et il faut le reconnaitre
à des prix vraiment raisonnables. Des plats inspirés par la saison ou la région
mais aussi des influences exotiques pour un certain nombre d’assiettes.
Pour
apéritif, un agréable verre de vin blanc de Grignan Les Adhémar du domaine
Bonetto Fabrol, « Le Colombier » accompagné de petits sablés au
fromage.
La tartelette
d’automne aux champignons, pignons, cerfeuil est excellente. Pâte maison,
champignons poêlés sur le dessus et le tout accompagné d’un mesclun des plus
frais.
La terrine
de foies de volaille, orange, estragon, chutney est tout aussi gourmande.
Servie dans une verrine, quelques tranches de pain grillées, un chutney
vinaigré de manière précise et cette fraiche salade.
En met
principal une très bonne idée influencée par l’Inde et l’Amérique du sud avec un
thon rouge mariné tandoori, quinoa à la citronnelle. Si le thon est
parfaitement cuit, les pétales de sel ajoutés au dernier moment sont inutiles
et rendent le tout trop salé. Le pesto est aussi un peu inutile et ne
s’harmonise pas vraiment avec le reste même si excellent. La salade de quinoa
est parfaite.
Autre plat
avec l’épaule d’agneau au citron confit, semoule, raisin cannelle. On peut tout
suite associer ceci a une recette grandement influencée par le Maroc. L’agneau
est parfaitement cuit, les accompagnements à propos avec également quelques
courgettes poêlées. Dommage que l’on constate que celles-ci proviennent de deux
cuissons différentes au vu de leur couleur. La semoule est également un peu
trop cuite donc molle.
En dessert
un riz au lait un peu trop compacte, sauce caramel au beurre salé.
Et un léger
et délicieux crumble aux fruits d’automne qui sont des pommes et des poires. On
appréciera le fait que cela n’est pas dégoulinant de beurre comme cela peut
parfois être le cas.
Dans
l’ensemble une cuisine gourmande, avec des bonnes idées mais qui demanderait
parfois d’un peu plus de précision.
Pendant ce
repas un excellent Crozes-Hermitage Domaine Pradelle 2014 qui est un domaine
bien connu et dont la qualité des vins est indiscutable.
Vous aurez
peut-être la chance de discuter avec le très sympathique propriétaire, un
monsieur qui selon moi ressemblerait un peu à Jimmy Page lorsqu’il sourit, qui
vous racontera un peu l’histoire de cet établissement et qui pour l’anecdote
est le père de l’un des musiciens du groupe « Feu !
Chatterton ». Une discussion avec un monsieur passionné, sincère et direct
qui agrémentera cette magnifique et romantique soirée dans un lieu vraiment
hors du commun qui mérite grandement d’être découvert. Les chambres étant à la
hauteur de tout le reste, absolument magnifiques, uniques et de grand comfort.
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