mardi 2 avril 2024

Caveau Morakopf, Niedermorschwihr

 

Retour en Alsace après de nombreuses années non pas pour visiter des tables qualifiées de gastronomiques, moderne ou même vraiment étoilées, mais pour revenir aux valeurs essentielles de la cuisine de taverne. Ici celles-ci sont la plupart du temps appelées winstub qui sont un genre de bistrot où l'on mange au coude à coude dans une ambiance conviviale, sur des tables aux nappes à carreaux rouges.  Mais cette adresse est un caveau, car dans le Haut-Rhin, la winstub s'appelle souvent « caveau ». Caveau ancestral dédié à une « tête de maure » (le nom du lieu en alsacien), ramené par les chevaliers des croisades. À l'intérieur, on y retrouve bien entendu une ambiance détendue, chaleureuse et gourmande.


Situé entre Wissembourg et Mulhouse, à 20 minutes de Colmar, dans la petite ville de Niedermorschwihr le restaurant le Caveau Morakopf fait partie d’une grande histoire qu’il met en scène ; une réelle institution sur la route des vins. Niedermorschwihr c’est aussi le village de la célèbre fée des confitures Christine Ferber que souvent l’on trouve même chez certains restaurateurs qui vendent des produits régionaux, d’ailleurs comme ici.


Niedermorschwihr, un petit village au charme fou dans le creux d’un vallon, tout entouré de vignes, et clocher pointant vers le ciel.


Depuis plus de 50 ans, cet endroit authentique et chaleureux sert des plats faits maison avec des produits frais et locaux, offrant ainsi une variété de spécialités alsaciennes que je n’avais pas mangées depuis des décennies. Table qui fait partie d’ailleurs du fameux Collège Culinaire de France depuis 2015 où souvent j’achète mes produits ou plutôt chez les artisans de toute sorte qui en sont membres. Si je ne me trompe pas, le chef est d’origine autrichienne, a notamment travaillé au Vestibul au Burgtheater où j’eu mangé, puis est passé par les fourneaux de Jean-Yves Schillinger (JY’S à Colmar), Olivier Nasti (Le Chambard à Kaysersberg) ou encore Bernard Leray (La Nouvelle Auberge à Wihr-au-Val). 


C’est l’une des plus anciennes winstubs en Alsace, fondée par la famille Guidat dans les années 60 et reprise par Céline et Lukas Edl en 2014.

Un cadre très chaleureux et on ne peut plus typique : boiseries, colombages, nappes et rideaux en kelsch qui désigne des tissus alsaciens traditionnels fait de fibres textiles nobles en toile de laine, lin ou chanvre, à carreaux ou à rayures, bleus ou rouge, vitraux, objets de décoration locaux, lapins de Pâques et éclairage discret… Aucun doute, nous sommes bien au cœur de l’alsace et on ne peut s’empêcher de penser que cela a « un petit côté de Noël » même si nous sommes à Pâques.

La carte bien entendu propose tous les classiques de la cuisine traditionnelle alsacienne mais également des suggestions du jour, mais comme énoncé auparavant, je suis à la recherche de plats locaux.

En entrée, une tarte à l’oignon avec sa salade verte, zwiebelkuche en Alsacien. Une bonne pâte brisée, beaucoup d’oignon mais ici sans lardons. Une jolie petite salade mâche avec des pousses, de l’oignon rouge et une bonne sauce.

Pour moi un pâté en croute de volaille, foie-gras, pistache, échalotte confite. Salade de céleri pomme, œuf, cornichon, oignon rouge et jeunes pousses.

L’impressionnant jambonneau braisé, sauce à la bière, pommes de terre sautées. Plat que l’on mange également en Allemagne sous le nom de Schweinshaxe, un plat emblématique de la région de Bavière. Il s’agit de jarret de porc rôti et parfumé de bière et d’aromates. Ce jambonneau est aussi consommé dans les pays limitrophes tels que le Luxembourg (Héiss) ou comme ici en Alsace sou le nom également de Wädele. En boucherie, le jarret définit le morceau de viande qui entoure le tibia de l’animal. Généralement cuit tout d’abord au court-bouillon puis rôti lentement au four, arrosé de miel et de bière brune. Excellent avec une (trop) grande quantité de pommes de terre.

Un pâté vigneron avec une salade verte, en fait une belle tourte de viande présentée comme un pâté en croûte. Salade de mâche et carottes râpées.

Comme dessert le Kougelhopf façon pain perdu et sorbet maison.

On jouera la carte locale avec le frais pinot blanc du voisin Albert Boxler, bien sec mais bien rond, très simple d'accès, pour une dégustation-séduction sans attendre.

Une demeure de référence dans un splendide village au charme intact, des recettes traditionnelles, concoctées avec amour et bonne humeur.

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