mardi 8 mai 2018

Tandoor, Barcelone


Rien que le mot tandoor me met l’eau à la bouche ainsi que l’idée de pouvoir manger quelque chose qui sort de ce four particulier, pas toujours présent dans la plupart des restaurants indiens ou pakistanais. C’est d’ailleurs le nom d’une table qui se trouve dans l’Eixample et qui semble avoir une bonne réputation. Maintenant en préambule, la cuisine indienne est selon moi l’une des meilleures au monde et d’une très grande richesse.  Ayant parcouru plusieurs fois l’Inde du nord au sud, j’ai eu la chance de découvrir un certain nombre de belles tables. Mais il ne faut pas oublier la Grande-Bretagne et surtout Londres dont la réputation des restaurants n’est plus à refaire. 


Maintenant je considère que la cuisine indienne a diverses formes en fonction des régions d’origines et que cette cuisine a pu subir quelques évolutions au fil des années comme « Indian Accent » à New Dehli ou « Gaggan » à Bangkok, ou encore « Rasoi » à Londres, pour ne citer que quelques uns d’entre eux qui ont amené une touche de modernisme, parfois même un peu des traces de moléculaires. Donc a priori il faut être plutôt très doués pour que cela devienne une réussite que de transformer une telle cuisine. J’apprends un peu sur place que « Tandoor » est une cuisine indienne traditionnelle mais avec de l’innovation. Donc, à voir… La définition de leur cuisine, c’est des plats indiens adaptés au palais méditerranéens… Pas sur de bien comprendre ce que cela signifie…car il faut différencier « épicé » de « fort/pimenté », deux choses bien différentes souvent complètement mécomprises. L’un ne signifie pas l’autre ; un plat peu avoir des épices et pas ou peu de piment, donc tout a fait supportable pour celles et ceux qui n’apprécient pas le piment.  J’apprends aussi que c’est la famille Surinder qui amena la cuisine indienne à Barcelone vers 1986 et que le chef Ivan Surinder réinterprète cette cuisine chez « Tandoor ». 


L’intérieur de cet établissement est une vraie réussite car pas du tout le genre de restaurant indien un peu kitsch mais un style moderne et contemporain, très branché avec des matériaux bruts comme du béton mais aussi du bois. Un couloir, dus béton ciré au sol, une paroi avec des peintures aux couleurs vives, le lieu est assez original et particulièrement bien décoré.


Un passage devant la cuisine qui elle aussi est dans une structure assez moderne avec un mélange d’inox et de structures boisées.



La salle principale est plutôt très grande, peut donc accueillir un certain nombre de convives, soit a des tables individuelles ou de groupes. Un probable entrepôt où l’on a conservé les structures, certains murs en briques, un petit côté tout de même cafétéria en fonction d’où l’on se trouve, une table centrale pour la vaisselle, des lumières simples au plafond. Pas tout à fait brut, pas tout à fait indien, un mélange plutôt bien fait.



Dans certains coins, quelques éléments de la culture indienne comme des statues mais rien d’exagéré ou de réellement kitsch.





A la lecture de la carte, les noms des mets sont plutôt classiques et familiers ; rien ne laisse supposer quelque modification des plats originaux et l’on se réjouira de trouver certains plats. Comme à l’accoutumée, pour patienter quelques papadums servos avec une raita sans particularité et un chutney de mangue un peu industriel.


Première entrée des « Baignan Bartha », normalement de l’aubergine comme le baba ganoush du moyen-orient, travaillée au gril, mélangées avec pleins d’épices, d’oignon, de gingembre, de cumin, de coriandre et j’en passe. Ici je reste un peu étonné de me trouver face a quelque chose d’un peu travaillé visuellement ; cela ressemble a des tacos avec une purée verte qui est de l’aubergine fumée cuite au tandoor avec des graines de tomate en compote sur le dessus, un caviaroli au basilic, pomme et crème de fromage. Pas sur de savoir ce qu’est un caviaroli… alors une sorte d’aïoli ? Ce n’est pas franchement mauvais mais je n’ai pas vraiment l’impression de retrouver les saveurs du platsde base et c’est un peu fade, sans grand intérêt. 


On de décrira pas ce qu’est un « Sheek Kebab », mais ici se retrouver avec une sorte de taco de bœuf épicé, avec une base de salade iceberg, mangue et chutney d’avocat, ce n’est pas franchement à ce quoi je m’attendais. Déjà cela devrait etre de l’agneau ! Ici le bœuf est trop sec, la feuille de salade est un peu flétrie sur le côté, le tout manque de saveur et pour 10 euros, vraiment petit. 



Cela ne s’améliore pas avec « Tandoor Chicken », poitrine de poulet marinées dans le yoghourt, mélange d’épices et gingembre. Je ne sais pas ce que c’est ce mélange d’épice ou cette sauce sur le dessous, mais c’est douceâtre, n’a pas franchement un goût indien mais me rappelle vraiment de la nourriture américaine…Sauce sucrée vraiment pas bonne sur le dessus.


Comme ce soir il n’a y a plus d’agneau au menu… (ah..), eh bien cela sera du poulet ! Le « Chikken Tikka Masala » poulet cuit au tandoor, gingembre, garam masala, coriandre et piment, est joliment présenté mais ne me laissera pas un souvenir impérissable. Même constatation pour la sauce vraiment trop européanisée.


Même observation mais peut être pire avec le « Chicken Korma » poulet au lait de coco, curcuma, crème et noix de cajou. Il y a un vague goût de banane ou d’ananas, ce genre de curry pour touristes ou ce qui se prépare en Allemagne/Suisse Alémanique et que l’on appelle curry… 


Par contre les nans à l’ail sont particulièrement bons. Il est vrai que c’est un peu difficile que de massacrer cela.



Le « riz pulao » est une catastrophe, on dirait un riz sauté avec des légumes surgelés en morceaux.


Le « Dal Makhani », mélange de lentilles et d’haricots noirs d’Inde. Ce plat quand correctement fait est un pur régal, je dois dire qu’ici il est plutôt bien fait mais peut être parfois plus onctueux et avec moins d’haricots rouges.


En dessert, un « kulfi » vraiment délicieux avec tout ce que j’aime, la saveur de la cardamome, des amandes, du safran. Ici il est particulièrement bon.



Avec ce repas une bière anglo-indienne toujours appréciable, la Cobra.


Avis très mitigé pour cette table qui ne contentera probablement pas celles et ceux qui connaissent bien la cuisine indienne que cela soit dans le pays lui-même ou dans de grandes villes comme Londres. Beaucoup de peine à reconnaître certains plats ; tout est aménagé pour probablement plaire à la clientèle locale qui n’a peut-être pas eu la chance de voyager dans ce pays ou gouter autre chose. Même si l’on essaie de voir cela sous un autre angle avec du modernisme, cela reste vraiment très édulcoré et surtout sans grand intérêt. Un des grands chefs,  bien connu de la ville a su transformer certaines cuisines étrangères comme péruvienne ou mexicaine en quelque chose de sublimé mais néanmoins fidèle à l’esprit d’origine. Nous sommes bien loin de la.

 

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