lundi 27 septembre 2021

Little Andaman, Barcelone

 

Il ne serait pas faux de dire que les îles Andaman et Nicobar sont en effet les joyaux d'émeraude qui brillent dans les eaux d'un bleu profond de l'océan Indien. La merveille d'un archipel composé de deux cents îles : elles s'étendent du nord au sud dans les eaux du golfe du Bengale et forment un petit paradis naturel, politiquement elles font partie de l'Inde mais géographiquement elles sont plus proches du Myanmar (ancienne Birmanie) et de Sumatra. De belles plages avec des eaux aux nuances de bleu invisibles et la bonne compagnie d'un ciel clair et d'une vue sur la forêt tropicale C'est un bout de monde encore vierge, où chaque recoin est tellement intact que de nombreux villages sont encore habités par des tribus d'Aborigènes primitifs qui vivent de la chasse et de la pêche. Et c’est donc à cela que se réfère ce nouvel établissement dans l’Eixample.


Le régime alimentaire de base d’Andaman comprend du riz, de la noix de coco, des épices et beaucoup de fruits de mer. En fait, étant un groupe d’îles, Andaman est un paradis pour les amateurs de fruits de mer. De la seiche, des crabes, des homards, des crevettes, au vivaneau rouge préféré de tous les temps, vous pouvez déguster une variété de fruits de mer sur ces îles. Une cuisine probablement similaire à celles du sud de l’Inde, du Bengal, du Kerala et de l’Andhra.

Tout donc pour me séduire car rares sont les authentiques tables indiennes à Barcelone, souvent plutôt pakistanaises, pas forcément très sophistiqué et engageant, sans omettre le côté pas très esthétique de ces établissements. Les seules adresses qui me plaisant sont celles de Masala 73 pour la cuisine du nord de l’inde et en ce qui concerne le sud, Chennai Masala Dosa.


Little Andaman semble avoir misé sur plusieurs aspects. Tout d’abord l’espace qui a parfaitement été conçu, la décoration qui n’est pas du tout dans un style de pacotille et kitsch mais plutôt exotique de bon goût avec un côté presque chic, mais suffisamment décontracté pour en faire un lieu à la mode car ce soir l’établissement est plein. Probablement qu’une certaine clientèle vient ici avant tout pour des motivations purement végétarienne ou véganes, mais il faut bien préciser que ce n’est pas du tout un restaurant qui se considère comme tel. On y trouve comme dans la majorité des tables indiennes des plats végétariens, c’est tout. Puis on y fournit un effort sur les cocktails qui semblent attirer une clientèle jeune qui aime l’association de ce type de boissons avec un repas. Sans oublier que la formule culinaire est présentée comme étant des tapas à partager, ce qui a mes yeux ne veut rien dire car la cuisine indienne comme la plupart des cuisines asiatiques ont toujours été faites pour être partagées. Bref…il faut se mettre au niveau de la clientèle qui clairement n’est pas familière avec ce type de cuisine contrairement par exemple à des villes comme Londres.



Chaises en rotin, tables de différentes tailles, quelques plantes ci et là, tableaux d’art naïf sur les murs, tapisseries aux couleurs douces, cela a parfaitement été décoré par le décorateur Motel Studio. Le côté un peu colonial est très bien respecté avec diverses utilisations de matériaux.

A la tête de cet établissement, Sanjai Das Gupta et Guillem Mas, le directeur gastronomique. Pas un lancement d’un nouvel établissement à l’aveugle puisque celui-ci fait partie du groupe Bembi qui possède déjà Bembi et Rangoli dans Barceloneta ou du moins à côté, et Mumak Tropical a Ibiza.

Une fois la carte parcourue, on réalise très vite que le choix est un mélange de mets indiens et certains un peu « aménagés » pour séduire la clientèle locale pas ou peu habituée à ce genre de cuisine. C’est comme cela Barcelone…la cuisine asiatique est souvent tordue dans le but de plaire à une clientèle assez jeune, peu habituée à avoir voyagé. Clairement le puriste n’y trouvera pas complètement son compte et bien entendu, vous ne verrez pas de clientèle indienne en salle. Ce n’est pas un problème majeur mais il faut le savoir.

Une carte à vrai dire très intéressante qu’il faut savoir lire car certains plats semblent être plus authentiques que d’autres. Puis certains noms ont carrément été américanisés afin de ne pas déstabiliser la clientèle… Les papadams sont devenus des nachos indiens… et on mentionne même le wrap…qui je m’imagine est un pain de type naan, fourré pour rappeler un taco… Également des menus créés par le chef Anand Singh Negi, mais nous préférerons nettement choisir nous-mêmes.

La version indienne des nachos sensé être des croustilles de riz et lentilles, servis avec des sauces dont des chutneys, ne sont en fait que des papadams, certains natures d’autres au cumin. La sorte au riz…semble avoir disparu. Classique, sans reproche, la sauce menthe est excellente, les chutneys sucrés authentiques, la raita assez légère, les légumes en julienne rafraichissants.

Le merlu cuit au four enveloppé dans une feuille de banane, mariné dans de la sauce au tamarin, au gingembre et au sucre de canne est vraiment délicat et délicieux.

La casserole de curry de produits de la mer au lait de coco est bonne mais vraiment un peu fade bien que l’on ait demandé cela pimenté… (option sur le menu mais pas respectée). Une casserole avec du poisson blanc, des moules, des calmars et des crevettes, avec une sauce à base de lait de coco pour tremper son riz basmati ou pain naan.

Superbe agneau sorpotel, qui est un plat d’origine portugaise couramment cuisiné à Goa, Mangalore et chez les Indiens à l’est de Mumbai. Le nom sorpotel se traduit littéralement par méli-mélo ou confusion. À juste titre, les origines du plat sont déroutantes et controversées. Certains pensent qu’il s’agit d’une version d’un plat d’agneau fabriqué à Castelo de Vide dans l’Alentejo, au Portugal, tandis que d’autres, comme l’écrivain culinaire Antoine Lewis, basé à Mumbai, affirment que le plat est une version du sarrabulho, un ragoût de porc haché cuit dans du sang de porc, de la province du Minho, dans le nord du Portugal. « Les esclaves africains de la province de Bahia au Brésil, qui ont reçu les abats et des coupes de porc moins délicates, ont transformé le plat en 'sarapatel', en ajoutant des oignons, des tomates et des piments », écrit Lewis dans un essai dans le livre Reflected in Water: Writings on Goa. « Ce nouveau plat a trouvé la faveur des Portugais qui l’ont porté à Goa où imprégné d’épices indiennes, il a été transformé en sorpotel. » Les viandes / organes sont d’abord étuvés, puis découpés dés et sautés avant d’être cuits dans un masala épicé et vinaigré. Pas de mariages, d’occasions spéciales, de fêtes à Goa ne sont complets sans Sorpotel !


Avec ce plat de fantastiques pain Goan Poee à base de farine de blé entier, de maida et de son de blé. C’est un pain très populaire à Goa qui est généralement vendu tôt le matin dans les rues ou vous pouvez les trouver vendus dans la plupart des boulangeries de Goa.

Les naans sont eux aussi excellents et l’on réalise que le côté « boulangerie » est ici un des grands atouts de l’établissement.

Riz basmatti comme il se doit pour accompagner les plats en sauce.

Belle découverte avec cette recette de poulet Chettinad du Tamil Nadu qui est riche, crémeuse et intensément réchauffante grâce à la pâte de curry fraîche à base de noix de coco grillée et d’épices entières. C’est une recette de sauce au poulet de style sud-indien ; généralement du poulet mariné dans du yogourt, du curcuma et d’une pâte de piments rouges, de kalpasi, de la noix de coco, des graines de pavot, de graines de coriandre, de graines de cumin, de graines de fenouil, de poivre noir, d’arachides, d’oignons, d’ail et d’huile de gingelly. Servi chaud et garni de feuilles de coriandre, accompagné de riz bouilli ou  comme ici de parathas. Ce sont des pains plats qui ont tendance à avoir des couches. Le paratha est essentiellement frit avec de l’huile, du beurre ou du ghee.

Pour accompagner ce type de cuisine, j’apprécie quelques bulles avec un Cava rosé de la maison Marta.

S’il y a quelque chose de négatif à mentionner dans cette soirée, c’est le niveau sonore car on ne s’entend plus parler au bout d’un moment. C’est très bruyant, trop…. Pour dire, il est difficile de comprendre ce que disent les serveurs et je ne suis pas dur de la feuille…

Un excellent choix de plats adaptés à toutes sortes de publics et d'occasions. Les spécialistes y trouveront leur compte et étudiant la carte, d’autres se laisseront guider. N’hésitez pas à insister sur le niveau de piment dans les plats. A noter que l’on m’a amené par la suite une sauce pimentée « maison » qui était tout à fait adéquate. Un repas authentique, soigné, dans un très joli cadre.

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