mardi 9 avril 2019

Sutta E Supra, Barcelone


Semaines après semaines, le nombre de tables italiennes ne cessent d’augmenter, ce qui finalement est assez normal considérant le nombre d’Italiens qui est si je ne me trompe pas, la pus grande communauté étrangère en ville. Ceci dit je me suis toujours demandé pourquoi la majorité des tables qui s’ouvrent, sont des pizzerias ou alors des tables qui se voudraient gastronomique en lieu et place de sympathique trattorias avec une authentique cuisine réalisée selon les règles et avec de bons produits, comme se plait à faire « Un'Altra Storia » ou même encore l’ «  Eroica Caffè » et « Benzina » pour ne citer que quelques exemples. Aujourd’hui c’est une nouvelle table qui attira toute mon attention, celle de « Sutta e Supra ».


Etablissement dans l’Eixample dont la proposition est une « cuisine créative à travers la tradition », avec une série de mets qui principalement proviennent des régions du Piémont et de la Sicile. Propriété d’une famille qui provient de ces deux régions et qui vivent depuis de nombreuses années à Barcelone.


Ce qui surprend immédiatement c’est la taille de l’espace qui est à la limite du gigantesque pour un restaurant de ce type. En espérant que celui-ci devienne populaire et se remplisse dans le futur proche, on pourra apprécier le côté aéré et la non promiscuité entre tables. Mais en tout cas ce soir, ce n’est pas le cas et rend l’espace un peu étrange. Toujours est-il que la première grande pièce à l’entrée avec banquettes, coussins, murs de briques et lumières industrielles m’a semblé être le plus réussi mais probablement n’est proposé que pour les déjeuners ou encore si on le demande.


Après le long bar, la salle principale elle, m’a semblé être vraiment austère, entre un concept un peu scandinave genre cafétéria IKEA et je ne sais quoi. Il y a sérieusement quelque chose qui manque dans cet espace vraiment un peu froid surtout lorsque la salle n’est pas comble. Peut-être la couleur des murs ou alors les tables alignées un peu trop scolairement. Les photos noir et blanc, même de qualité, ne sont pas tout à fait en accord avec le reste.




Ici on n’a pas lésiné pour la cuisine qui semble être un modèle du genre et que l’on peut apercevoir à travers une grande baie vitrée. Hotte d’aspiration géante, multiples plans de travail et tous les modes de cuisson possibles et imaginables. Et dans celle-ci, l’équipe en cuisine bien concentrée.



Dans un des coins de cette grande salle, un cellier bien fournit mais qui au final n’offre qu’un choix de vins tous italiens très limité.


Sans comprendre pourquoi, on attend une fois assis, la carte et la prise de commande sont longs à venir. Comme bienvenue, quelques bonnes olives vertes nous seront proposées une fois la commande passée.


La carte est structurée sur une seule page comme en Italie avec les entrées, les premiers et seconds plats. Une jolie série de plats donc des deux régions déjà mentionnées, plutôt a des tarifs supérieurs compte tenu de la situation actuelle, à savoir un nouvel établissement qui doit créer sa réputation. Néanmoins, tenant compte de la réduction obtenue sur un site, l’addition restera des plus raisonnable. Un des ajustements à faire si les offres disparaissent.

Pas forcément attirés par les entrées cela sera deux « premiers plats » qui d’ailleurs peuvent également être choisis comme entrées. Notre choix se fera sur les poissons du jour en friture avec une mayonnaise citrique. Maintenant après réflexion, il faut bien se dire que cette entrée est complètement associé à quelque chose de banal. Et là c’est la déception. Trop de pâte, trop d’huile dans celle-ci et surtout…le goût d’huile. Le produit est frais, de qualité mais complètement masqué par cette friture vraiment quelconque.


On change de registre avec pâtes farcies, beurre aux noisettes et sauge. Les pâtes qui sont des « agnolottis » sont fine, bien entendu « maison » avec une bonne farce, un beurre fondu, du parmesans et quelques feuilles de sauges. Pour la noisette, je ne sais pas. Toujours est-il que c’est un bon plat de pâtes.


Puis un riz, un risotto aux petits pois de Maresme, supions et menthe. Les petits pois du moment qui sont surement parmi les meilleurs au monde, un riz carnaroli de qualité, quelques supions et une menthe plus que discrète. La cuisson est bonne, mais cela manque tout de même un peu de gourmandise.


Une très bonne poitrine de porc croquante, fèves et pommes. Le porc est cuit à la perfection et fond dans la bouche, les fèves semblent être juste cueillies, le fond de sauce est léger et parfait, la pomme amène de la fraicheur et un côté doux. Un très beau plat.


Du loup sauvage, poireaux et sauce à la réglisse. Le poisson est cuit sur la peau, peut-être quelques secondes de trop, les poireaux se marient parfaitement avec, le seul bémol c’est qu’il n’y a pas vraiment de sauce ; c’est juste « un coup de pinceau » sur l’assiette ! Dommage pour plusieurs raisons.  Tout d’abord on apprécie tous un peu plus de sauce sur le poisson. Ensuite la réglisse est un magnifique condiment et c’est un accord idéal avec les produits de la mer ! Pourquoi ne pas plus s’affirmer sur cette saveur ? Une observation d’ailleurs assez globale, les assiettes manquent de « punch ».


Le choix des vins n’est limité qu’à quelques bouteilles, cela sera donc le choix d’un Barbera d’Alba Superiore Ausario Molino qui ne m’aura laissé aucun souvenir.           


Il y a un certain nombre d’ajustements à réaliser dans cet établissement et l’on peut penser que c’est dû la jeunesse de celui-ci. Un décor trop austère à améliorer, une ambiance à créer, un service plus pointu et des saveurs plus nettes. A ce jour on ne se rappellera pas forcement de ce que l’on a mangé quelques semaines plus tard alors que les produits sont de qualité, les cuissons maitrisées et le dressage adapté. Probablement une question de peu de temps pour travailler sur ces points et en faire une offre qui se différencie dans la gastronomie italienne de la ville.

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