A peu près
une année et demi que ma première visite dans cet établissement et qui à l’époque
m’avait beaucoup plu. Une cuisine très moderne, influencée par l’Asie et l’Amérique
latine mais réalisée avec beaucoup de finesse et de maitrise, toujours
utilisant les meilleurs produits. A l’époque de surprenantes assiettes assez méditerranéennes
avec beaucoup de saveurs et gourmandise. Donc revisite après tout ce temps et
surtout avec maintenant passablement de recul sur ce qui se fait à Barcelone
sur la scène gastronomique. Allions-nous retrouver les mêmes plats ?
Serait-ce transformé en quelque chose de plus fusion ? Y-aurait-il de l’évolution
dans les assiettes ? Plein de questions et évidemment la forte envie de
découvrir leur proposition actuelle. Nous sommes lundi soir et déjà j’apprécie
que de trouver un établissement comme celui-ci ouvert, la salle n’a pas changé,
on a toujours une partie de la brigade qui dresse les assiettes devant un comptoir.
Clairement
la carte n’a rien avoir avec celle de l’époque et on peut déceler que l’évolution
est autour d’un produit central comme un ingrédient, un produit, une viande ou
autre chose, avec des associations d’autres ingrédients et épices. Pas de pays
cible spécifique mais des voyages dans le pourtour méditerranéen, l’Asie, l’Amérique
centrale, comme c’était déjà à l’époque mais sans ces clins d’oeils trop évidents
à la cuisine Nikkei ou autre. En tout cas cela à l’air d’être prometteur, les
prix sont de modérés à plus élevés que dans beaucoup d’autres établissements. On
espère donc que la prestation sera de haut niveau.
Prise de
risque avec un premier plat appelé simplement Polenta. De la polenta frite, une
sauce au parmesan et jaune d’œuf. Je dis risque car cela peut être vraiment
très quelconque, inintéressant, se dire que cela on peut le faire chez soi… Le
plat que je qualifierai de « test » car si l’assiette est superbe, on
se dira…eh bien voila un plat qui mérite d’être dégusté quelque soit le prix.
Eh bien je dois dire que j’ai été vraiment très surpris. Une polenta coupée en
cube, une consistance absolument parfaite, aucune trace de graisse, ce qui n’est
pas toujours le cas et une saveur douce très agréable. L’idée étant d’associer
ces cubes brulants à une préparation un peu dans le style la vraie sauce
carbonara mais bien entendu sans guanciale. En même temps simple mais gourmand,
parfaitement maitrisé au niveau de la saveur.
Plat suivant
avec des « berberechos », des coques selon l’énoncé au curry marocain
et taboulé de betterave. Bien entendu le terme curry est juste là pour rassurer
la clientèle peu familière avec une cuisine inspirée par le Maghreb et son
utilisation d’épices dont entre autres le ras el hanout. Une sauce vraiment
délicieuse, onctueuse, très parfumée, épicée sans être pimentée qui s’harmonise
parfaitement avec le coquillage.
Le taboulé
qui l’accompagne et qui est servi sur le côté dans un autre très joli bol est
constitué de quinoa, betterave, de persil plat, d’orange. Pas le classique
taboulé du Liban ou des pays limitrophes mais plutôt une refonte de cette
salade un peu dans l’esprit que pourrait faire un Yotam Ottolenghi. En tout cas
cette nouvelle direction ou plutôt nouvelles saveurs sont les bienvenues dans
un paysage souvent trop monotone dans la plupart des autres restaurants.
Une viande
avec un fantastique porc ibérique, sauce Mole avec un concassé de tomates,
ananas épicé. Une assiette évidemment d’inspiration Mexicaine avec cette très
bonne sauce, le concassé qui nous rappellera le « pico de gallo » et l’ananas
le « taco pastor » pour le côté caramélisé.
Comment ne
pas prendre le cochon de lait croustillant, accompagné de pomme et d’ail
confit. Une perfection au niveau de la cuisson, de simples accompagnements mais
qui laissent bien percevoir le goût de la viande, un fond de sauce type demi
glace absolument parfait. Accompagnement non pas cachés sous la viande mais
subtilement préparés avec des cubes de pomme marinés et une crème à l’ail.
Pas de desserts
car en tout cas ceux-ci ne nous ont pas interpellés.
Un vin
naturel du Priorat avec un Estrem Criat en Llibertat de la cave Los Comuns. Vin
d’une zone du sud du Priorat appelée El Molar qui a été désignée comme un lieu
où les paysans se sont installés dans une sorte de propriété collective pour
travailler les vins. Un rouge assez frais,
sur les saveurs de garrigue, sur la fraise, très plaisant à boire.
A nouveau un
très beau repas, vraiment bien différent de notre première expérience. Il me
semble que l’on a travaillé sur le côté saveur, le goût et laissé légèrement
tomber que le côté visuel souvent superflu. Ce que l’on veut c’est de bons
produits, de l’émotion en bouche et beaucoup de gourmandise. En tout cas ce fût
le cas tout au long de ce dîner. Je ne sais pas si c’est un hasard mais cette
évolution des assiettes nous a totalement convaincu et démontre que l’on pourra
continuer de découvrir de nouveaux et très intéressants plats chez « Mano
Rota ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire