Il y a
toujours un risque que celui d’aller découvrir parmi les premier une nouvelle
table, surtout lorsqu’il n’y a encore absolument rien sur les réseaux sociaux, pas
de réservation en ligne et rien sur les
sites d’avis. Que l’on aime ou pas ce genre de site, il y a toujours de l’information
à grapiller. Dans le cas de cette toute nouvelle adresse, on apprend qu’il s’agit
d’un second établissement lancé il y a peu d’un mois par l’équipe de « Santa
Gula » qui d’ailleurs se trouve quelques mètres à côté. Une adresse que
nous avions grandement appréciée pour sa cuisine soignée, ses produits de qualité,
l’originalité de certains plats. « Gula Bar » malgré le nom n’est pas
vraiment un bar mais nous dirons un restaurant avec un bar, comme d’ailleurs la
majorité des établissements. En tout cas depuis l’extérieur, l’endroit semble
être très tendance, un local assez minimaliste avec des néons, un côté assez
industriel qui devient incontournable dans la plupart des grandes capitales.
Un
intérieur qui nous plait beaucoup avec ce jeu de matériaux bruts, le côté
bétonné qui se marrie parfaitement avec l’utilisation dans quelques endroits de
faïences vertes, ces lumières faites d’ampoules qui pendent et ces néons dont un
de couleur rouge et le second plutôt une séquence d’ampoules d’ailleurs comme
dans l’autre établissement. Une cuisine qui occupe un quart de cette salle avec
une série de tables ou des tabourets au comptoir quin donne sur la cuisine.
Sur un
autre côté, une série de tables le long d’un mur de béton avec quelques autres
lumières comme dans un entrepot ou une usine, le tout face aux frigos ou l’autre
coté de la cuisine d’où sortent les assiettes, place également de travail pour
préparer les consommations, ouvrir les bouteilles et la caisse. Le décor est plutôt
réussi, le lieu n’est pas complet mais on comprend qu’il s’agit d’un « soft
launch » comme on dit.
La carte
est structurée en quatre sections avec des tapas, des petits plats, des sandwichs
au sens large car cela va du « mollete » en passant vers « l’empanadas »
et autres « bikini » ou « taco ». Donc tout de suite on s’aperçoit
que le côté « fusion » est à l’honneur, les références à l’Amérique
du Sud ou l’Asie sont présentes comme dans énormément d’établissements à
Barcelone aujourd’hui. Et bien entendu
des desserts. Ce qui surprend un peu c’est de ne trouver aucun légume sur cette
carte à part des poireaux confits. C’est quand même plutôt surprenant que de ne
rien trouver dans cette gamme de plats, non pas pour des convictions
végétariennes mais simplement pour varier un peu son bol alimentaire. Cependant
les énoncés des mets sont plus qu’alléchants et en tout cas sur le papier très
prometteurs, sans trop de classiques que l’on voit partout ailleurs. On se
passera de pain à la tomate et autres « bravas ».
Une première
observation, si le service en début de repas semble être attentif, à la longue
il devient complètement absent, pas du tout focalisé et on se dit que si avec
deux tables, cela n’arrive pas à suivre, qu’est-ce que cela va être quand c’est
plein. Nous sommes dimanche soir, on nous signale que deux plats manquent…
Dommage, ils nous intéressaient et j’ai déjà de la peine à comprendre pourquoi
le réapprovisionnement n’est pas là. Ce n’est pas Lundi…et encore on peut s’organiser.
Je dois reconnaitre
que cela démarre vraiment très bien car les moules de roche en escabèche de
yuzu sont excellentes. Présentées dans une boite de conserve que l’on ouvre au
dernier instant, on découvre une série de moules dans une sauce assez crémeuse,
plutôt proche d’un ajoblanco mais l’intitulé mentionne escabèche… ce qui n’y ressemble
pas tout à fait. Quelques filaments de verdure, un peu d’huile, c’est gourmand
et original.
Le plat de
la soirée qui est absolument exceptionnel c’est cette crème catalane de maïs,
foie cuit et noisettes grillées. Visuellement effectivement cela ressemble à ce
classique dessert mais la préparation est une crème de maïs assez douce dans
laquelle on trouve quelques morceaux de foie gras cuit, le tout recouvert de la
croute de sucre croustillante et pour la texture mais aussi le goût, des
noisettes de qualité torréfiée et des zestes d’agrumes confits. Vraiment un
excellent plat, mémorable et tellement gourmand.
Pour suivre,
des anchois à l’andalouse, avec une vinaigrette de sésame et œufs de saumon.
Anchois donc légèrement frits, la vinaigrette n’est peut-être pas suffisamment
présente pour amener cette touche d’acidité un peu comme du citron, le sésame
et œufs sont des ajouts un peu anecdotiques. Malheureusement cela va s’arrêter
là, la suite va devenir de médiocre à catastrophique.
Déjà aucun
des plats n’incluent de légumes de saison ou dirons-nous « légers ».
Cela devient des scénarios « purées » à tous les goûts avec des
légumes d’automne, bref des associations un peu faciles dans le sens où l’on
ajoute de la purée en dressage dans chaque assiette. Cela commence avec une raie
meunière, panais et câpres frits. La raie correctement cuite est recouverte d’une
épaisse sauce franchement mauvaise comme si on y avait incorporé de la maïzena,
rendant le tout pâteux en bouche. De plus on se retrouve avec une purée de
panais qui a presque la même texture que la sauce… Les câpres sentent un peu la
friture, les espèces de frites sont en réalité des arrêtes de poisson, frites, quasiment
immangeables.
Pour suivre
des boulettes de lapin tandoori aux topinambours. Les boulettes sont plutôt
bonnes mais la sauce est aussi un peu collante en bouche, un léger goût d’épices
indiennes. Pas de fraicheur dans ce plat qui lui maintenant est accompagné d’une
autre purée, mais celle-ci de topinambours. Une assiette sans équilibre, avec
ds textures à nouveau un peu trop pâteuses en bouche. Le panais frit en chips
amène un peu de texture.
Le pire
viendra avec le ris de veau, oignons et haricots de Sant Pau. C’est bien
simple, si on ne sait pas manipuler le ris de veau, on s’abstient. Tout d’abord
il n’est pas bien cuit, il est presque cru à l’intérieur, aucun croustillant
extérieur et le plus grave, très mal nettoyé avec du gras et des nerfs. La
sauce est plutôt écoeurante, cette fois-ci….autre purée….mais des haricots. On
pourra me dire que ce fût notre choix mais trois purées sur des assiettes, c’est
un peu se moquer du client.
Le dessert
est sur le papier intéressant mais s’avère être vraiment pas terrible. Une
sorte de tiramisu décomposé avec un peu de café et du parmesan râpé au dessus.
Association complètement ratée car le jeu de saveurs n’est pas là.
Le vin est
vraiment très plaisant, un Piedra Crianza D.O. Toro 2015. Joli rouge cerise
intense, clair et éclatant, avec des reflets grenat sur le bord. Un nez
est complexe avec une abondance de fruits rouges mûrs superposés sur des notes
épicées et grillées.
Une
expérience plus que décevante malgré deux plats qui sortent du lot. Cuissons
approximatives, associations ratées, accompagnements semblables, pas de
légèreté, assiettes déséquilibrées, techniques pas toutes maitrisées, service
approximatif. Au vu de la compétition à Barcelone dans la restauration, une
sérieuse reprise en main serait nécessaire.
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