Probablement
le bar à tapas le plus rock’n’roll de Barcelone et de plus qui a le courage de
proposer quelque chose de différent et tout cela sur quelques mètres carrés.
Déjà se situer dans Poble Sec, c’est un bon signe… Loin de la foule des
touristes, loin de celles et ceux qui se contentent de faux pintxos et autres
imbuvables sangrias. « La Chana » ce n’est pas non plus un lieu
complètement inconnu mais en tout cas le niveau n’a jamais baissé. Sa
particularité c’est déjà de proposer une série de tapas Andalous qui sont toujours
de première fraicheur. Rock’n’roll parce que c’est ce que l’on entend en bruit
de fond et puis surtout le fait que l’on ne fera pas de concession. D’ailleurs
le public est là pour l’attester, souvent un look original, un look sans
convention et c’est ce qui fait aussi tout le charme de cet établissement.
Mais pour l’histoire,
« La Chana » c’est aussi cette danseuse autodidacte de son vrai nom, Antonia
Santiago Amador, qui entre 1960 et 1970 était l'une des plus grandes stars du
monde du flamenco, une des personnes extraordinaires avec son style innovant,
sa rapidité et son utilisation inventive du rythme. Des décennies de
danses ont usé son corps. Sensuelle, vulnérable mais apparemment invincible, « La
Chana » révèle une histoire inspirante qui cristallise les affrontements
entre les extrêmes et les contradictions de sa vie; entre l'artiste sur
la scène et la femme dans les coulisses. Un personnage qui d’ailleurs
vint une fois dans ce bar.
« La
Chana » est minuscule et étroite, un lieu où l’on vient pour le côté très
authentique, le charme alternatif et l’ambiance différente. Ici on essaie de
trouver un coin, même parfois il y est difficile de s’asseoir et cela devient
de toute manière secondaire. Un coude sur le bar, une fesse sur un coin de
tabouret en bois, c’est ce que l’on peu espérer de mieux lors de forte
fréquentation.
Les murs de
l’établissement illustre également une certaine passion pour la musique mais aussi pour la cuisine. Un savant mélange entre photos noir-blanc, pochettes
de disques vinyl, affiches de concerts et plats du moment. On perçoit
facilement que le style de musique préféré est celui du genre sixties un peu
trashy, un peu « garage » à la Fleshtones.
Ici tout se
cuisine sur quelques mètres carrés et cela se passe en toute transparence. Les
propriétaires sont d’origine andalouse et un des deux vient de Sanlúcar de
Barrameda. Ce qui explique donc pourquoi les tapas et autres assiettes sont
inspirés de l’Andalousie. Et dieu sait comme c’est tentant. Des produits du
jour servis en tapa ou en portion.
Au-dessus
du bar, un poisson en bois peint par l’artiste Carmela Maracas montre
clairement de quoi l’on parle ici et qui dit « Frita me teéis ». Et depuis leur
ouverture en 2014, vous pouvez manger du poisson frit et plein de spécialités de
la baie de Cadix.
Un met intitulé
« pommes de terre au thon » mais en fait le nom du poisson c’est « Melva ».
Pas vraiment sur de savoir s’il s’agit du même poisson (en réalité un poisson
de la famille du thon, type bonite » mais toujours est-il que c’est l'une
des versions les plus reconnues des pommes de terre aliñás dans la province de
Cadix. Sa
principale caractéristique est qu'elles sont servies « trempées » et
non froides comme la plupart des salades de pommes de terre. Bien que ce met
commence à être servis dans cette une de la Plaza del Cabildo au début des
années 80, c’est devenu un plat typique de Sanlúcar.
Une belle
découverte avec les « cazon en adobo », plat également typique de la
région de Cadix. L'élaboration consiste en un majao (majado) d'ail, de paprika,
de cumin, d'origan et éventuellement d'autres épices ou herbes aromatiques ; à quoi on ajoute du
vinaigre blanc qui peut être du vinaigre de sherry et dans ce mélange on laisse
généralement les morceaux de « chien de mer » pendant 4 à 8 heures et
une fois cette fois on les passe à la farine ou on enduit les tranches, les
faire frire dans l'huile d'olive et puis ils sont servis comme ici. Le « chien
de mer » est un terme utilisé en français pour désigner, ou surnommer,
plusieurs espèces distinctes de requins. Plutôt
ferme en bouche et finalement une texture un peu comme du poulet mais avec d’autres
saveurs.
Le Salmorejo
est tout bonnement parfait avec la bonne densité, texture et surtout l’ajout d’huile
d’olive sur le dessus est gourmand.
Pour terminer,
l’un de mes plats préférés, des anémones frites. Parfaitement dorées, croustillantes
à l’extérieur, moelleuses au milieu.
Bien
entendu plein d’autres suggestions telles que ds anchois, de la morcilla et autres
charcuteries ou fromages. L’addition arrivera dans une K7…
Une très
belle adresse qui sert des tapas et des boissons typiques du sud de l'Espagne ;
établissement d’un genre plutôt peu fréquent à Barcelone qui a réussi à
gagner une clientèle fidèle qui a envie de bonne humeur, d’énergie, de bons
produits authentiques venus du sud et de bonne musique. Un bar minuscule,
intense et délicieux qui semble provenir du district de pêche de Sanlúcar de
Barrameda.
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