Ce n’est
que rarement que je vais dans des restaurants d’hôtels mais je dois reconnaitre
qu’à Barcelone de manière générale, c’est souvent de haut à très haut niveau.
Je ne connaissais pas l’hôtel Almanac sur la Gran Via de les Corts Catalanes mais
à la lecture de quelques billets sur divers sites, l’offre de leur restaurant
m’avait l’air d’être tout à fait alléchante. Un restaurant appelé « Línia »
qui est en fait même accessible directement sans passer par le hall de cet
hôtel dans Gran Via.
Ce qui
surprend tout de suite c’est cette architecture d’intérieur fortement élégante,
ce design assez sophistiqué avec une vue immédiate sur le bar très
astucieusement illuminé. C’est le très réputé bureau d’architecture d’intérieur
Jaime Beriestain Studio qui a eu comme mission de créer un un design
sophistiqué et discret à travers une large gamme de textures et de matériaux.
Ensuite une
salle de restaurant assez épurée et j’aurais envie de dire un peu New-Yorkaise,
dans des tons beige, noir et gris, avec quelques éléments de couleur pour le
mobilier comme par exemple les banquettes et fauteuils de velour. Des lumières
indirectes, beaucoup de place entre les tables de marbre. L’endroit est chic
mais sans être non plus trop guindé.
Ce
restaurant se qualifie comme étant une brasserie méditerranéenne basée sur le
concept de partager une délicieuse cuisine, conçue pour satisfaire aussi bien les
locaux que les touristes de passage cœur de Barcelone, puisque nous sommes dans
un hôtel. Cependant vous constaterez bien vite que le niveau est au delà d’une
brasserie mais plutôt une très belle expérience culinaire flirtant avec le
gastronomique. On ne recherche pas ici d’être au niveau des étoilés de quelques
autres hôtels où l’approche serait nettement plus ostentatoire, mais plutôt
d’offrir un moment de pur plaisir et je dois dire à l’avance que l’objectif fût
amplement atteint. Tenant compte de certaines difficultés que la ville a en ce
moment en raison des divers événements récents, on peut sire que l’Almanac a eu
une brillante idée et créé un très intelligent concept que de proposer cette
formule de repas que je vais vous détailler.
Mais avant
de vous parler de ce repas, il est important de vous mentionner qui fait partie
de cette étonnante équipe en cuisine. Vous trouverez une carte mais c’est
surtout le menu qui sera le plus intéressant. Un menu fréquemment renouvelé par un trio de
jeunes chefs : Joan Lleixà (anciennement « Celler de Can Roca ») et
originaire de Palamós. Ferran López, ancien de chez « Lasarte »,
« Arts », « Monument » et la chef pâtissière Lucila Canero,
pendant cinq années chez « Takashi Ochiai ». Cela situe d’entrée le
niveau que l’on essaie d’atteindre et pourquoi il semblerait que jour après
jour, cela soit la table dont on entend le plus parler ; le succès étant
pleinement mérité.
Une offre
que je pourrais qualifier comme étant à ce jour la plus incroyable à Barcelone,
un exceptionnel menu de dégustation en 9 services avec eau et cafés inclus,
pour la somme de 39 euros. Menu basé sur des plats méditerranéens avec une
attention particulière aux produits locaux et catalans. Une cuisine fraîche du
marché, haut de gamme à base de produits de qualité. Un repas qui a été imaginé
pour être partagé et qui de plus est plutôt très varié dans le type d’assiettes
avec aussi des biens des mets classiques que d’autres plus inventifs. Vous y
trouverez aussi bien des fruits de mer frais de Llançà, que du riz et même de
la viande grillée sur de la braise, du pain artisanal et bien-entendu les
desserts. Je vous préviens que c’est généreux et que cette formule est pour
deux personnes minimum. Pour commencer, une mise en bouche constituée de pain
grillé que l’on peut agrémenter d’huile d’olive, d’aïoli, de tapenade et si on
le souhaite quelques caprons.
Comment ne
pas démarrer un repas catalan sans le fameux « Pa amb tomàquet »,
souvent servi mais toujours de qualité aléatoire. Ici il s’agit d’un excellent
pain de Coca de Folgueroles avec d’excellentes tomates et huile d’olive. La Coca
de Folgueroles est une entreprise spécialisée dans la production manuelle d’un
pain artisanal qui offre un produit de qualité, naturel et frais.
Pain livré quotidiennement d’un petit village non loin de Vic, donc pas n’importe
quel pain…Croustillant, parfumé, absolument parfait.
Puis une salade
« al rojo vivo », astucieuse et fraiche combinaison de tomates cerise,
de fraises, de figues, de framboises, de cerises et feuille de chicorée. L’idée
me semble idéale pour un plat estival et on se rappellera que la tomate est un
fruit.
Une
magnifique et originale assiette avec la burrata stracciatella, guacamole, basilic,
tomates, olives noires et pignons. Le guacamole a été traité de manière assez
moderne avec de la sphérification, technique de cuisine moléculaire. Les tomates cerises ont été pochées, confites,
amènent une fine touche acide. L’olive est traitée sour forme de tapenade et
des pignons de pin pour donner une autre touche méditerranéenne. Le basilic est
travaillé en émulsion. La burrata utilisée pour ce plat est la partie crémeuse
qui conserve une texture similaire à la crème. C’est visuellement très plaisant,
plein de diverses saveurs et le fait d’associer le crémeux avec les divers
éléments change l’expérience en bouche au fur et à mesure.
Nouvelle
surprise avec des coeurs d’artichauts cuits à la braise, cèpes confits et crème
de pignons confits. La présentation est très prometteuse et on se réjouis de
cette combinaison de saveurs qui fusionnent en bouche pour créer une expérience
unique. La crème de pignon pourrait rappeler un peu la cacahouète, les
artichauts et champignons ont la parfaite consistance, c’est extrêmement
gourmand.
Plus simple
mais de première fraicheur, les très bonnes moules de Galice sauce marinara
Un plat
offert en supplément du menu, de fabuleux anchois frais de Cantabrie à
l’ajoblanco. On trouve de plus en plus souvent cette association de l’ajoblanco
avec du poisson, sardine, maquereau et ici anchois. Cela fonctionne parfaitement
mais ici on appréciera la touche additionnelle de zestes d’agrumes comme orange
et citron vert qui amène beaucoup de fraicheur.
On ne
pourra que se délecter avec l’Entrana, du boeuf de Galice avec des abricots rôtis
à la braise et une sauce chimichurri à l’axiote. Je parlais récemment de morceaux
peu fréquents comme l' « entraña », l'une des coupes de boeuf les
plus appréciées en Uruguay et en Argentine, une pièce qui est coincée dans les
côtes de la vache. D’une forme allongée, elle commence dans une
pièce plus épaisse qui est affinée jusqu'à son achèvement. Le morceau est à a la base recouverte d'une peau
très dure arrachée à la main (généralement par le boucher) et révèle une viande
veinée et extrêmement juteuse. Particulièrement indiquée pour le grill qui doit être fait
avec un feu fort de sorte qu'il se forme une croûte externe, protégeant
l'intérieur plein de jus délicieux et très savoureux. Ici avec une parfaite
cuisson, une délicieuse association de fruits rôtis et surtout cette variante
de la classique sauce que l’on trouve entre autres en Argentine, la chimichurri,
mais ici associée avec cette pâte parfumée rouge mexicaine à base de graines de
rocou, vinaigre, ail et origan, une pâte flashy ultra-parfumée.
Retour a du
plus local avec un délicieux riz à la seiche de Llançà. Bien sec, mais les coques
ont été cuites séparément pour garder le côté moelleux. Certes c’est classique
mais c’est très bien cuisiné.
Le riz est
d’ailleurs de très bonne qualité et provient de Pals dans l’Emporda.
Passage aux
desserts avec un classique Gateau Opera. « Lenôtre » et « Dalloyau »
se disputent la paternité de ce délicieux entremet créé dans les années 60.
Deux couches de crème au beurre au café et une de ganache au chocolat, tout
cela pris en sandwich entre des biscuits « joconde » punchés au sirop
de café, glacage au chocolat. Il faut se remémorer que nous avons une
cheffe pâtissière, Lucila Canero, quin travailla chez ce pâtissier japonais qui
est une référence en la matière à Barcelone. La petite nuance, c’est le glaçage
qui lui est de couleur rouge, aux fruits.
Un dessert
plus créatif avec une espuma de noix de coco, ananas grillé, basilic et piment.
Des associations légères, parfumées, gourmandes et point trop sucrées qui termineront
parfaitement ce repas.
Quelques
mignardises avec le café avec entres autres, des fraises trempées dans le chocolat.
En ce qui
concerne le vin, nous choisirons un blanc avec le Montsant Acustic blanc 2016. Je
connaissais déjà leur rouge, ici nous avons de bonnes intensités aromatiques
dans lesquelles se devinent des fruits blancs mûrs, des pommes, des poires, des
abricots avec des nuances de fruits tropicaux et d'agrumes.
Une
impressionnante prestation, un service que je dois qualifier d’impeccable
surtout lié au professionnalisme d’une des jeunes femmes en salle, absolument
organisée et très observatrice. Une cuisine vraiment variée avec de très belles
et bonnes assiettes qui devraient ravir tout un chacun, préparée par de jeunes
chefs très doués. Ce restaurant Línia
propose un haut niveau de cuisine méditerranéenne à l'hôtel Almanac Barcelona
qui contentera les palais les plus exigeants.
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