mercredi 21 juillet 2021

Taberna Noroeste, Barcelone

Ouvert au mois d’aout 2020 dans le quartier de Poble Sec puis rapidement refermée pour les raisons que l’on connait, cette table a rapidement fait la une des gourmets en ville et pour d’évidentes raisons. On a besoin d’un renouveau de la scène culinaire locale après la disparition d’un certain nombre de tables que je qualifierais de modernes et revoila cette adresse repartie avec encore plus d’énergie. On apprend que les deux chefs ont environ 25 années expérience avec entre autres le Tapas 24 de Carles Abellan que j’avais visité un certain nombre de fois lorsque je découvris Barcelone et où ils se sont rencontrés, puis Akelarre à San Sebastian. Javier San Vincete d’origine Galicienne de la Corogne et David Lopez de Salamanque en Castille, ce qui explique le nom de l’établissement, Nord-ouest. Une carte qui donc représentera la cuisine des deux régions, la mer et les viandes de la terre, avec également des influences catalanes.

Déjà, chapeau d’avoir ouvert dans ce quartier que j’ai toujours apprécié pour une certaine offre culinaire et de plus a quelques mètres de Sant Antoni, autre partie de la ville toujours attirante pour une offre que l’on qualifiera de différente. Un espace en longueur qui donne sur une cuisine ouverte sur laquelle vous pouvez voir les deux cuisiniers travailler. Sur l’un des côtés, une petite table d’où vous pouvez voir en direct les chefs. Une décoration de style industriel, avec des murs de briques apparentes, du bois et des chaises rembourrées très confortables, rendent cet endroit chaleureux et accueillant.



Une courte carte, avec des produits de saison qui changent selon le marché, de sorte que certains plats ne peuvent être appréciés que pendant une courte période. Des plats donc basés, principalement sur des recettes classiques de Galice et de Castille, mais sans renoncer à la recette et aux produits catalans. Une cuisine pleine de fraîcheur, avec de bons produits et en ne négligeant pas l’esthétique, tout pour plaire !




Une première dégustation tout en fraicheur avec une huitre fumée au citron vert, avec un granité d’eau de tomate. Sur un lit de glace pilée, l’huitre de Normandie vient de la maison Gouthier située à Barcelone avec sa très belle sélection française. Légère fumaison, belle texture et cette saveur légèrement douce, acidulée et froide en fait une très belle réussite.

De la bonite marinée avec de jeunes poireaux bio. La bonite regroupe plusieurs espèces de poissons de la famille des thons et des maquereaux. On peut plutôt ici apprécier un poisson tendre plus apparenté à la première espèce, mariné dans l’eau de mer et vinaigre, les poireaux avec un peu de mayonnaise au raifort et des jeunes pousses de petits pois, amandes effilées et cerises.

Pour suivre, du poivron au sarment, fromage San Simon et anchois. Cuits donc à la braise, associé avec ce fromage au lait de vache savoureux et moins connu de la région de Galice. La saveur est assez douce et doucement terreuse avec des goûts de beurre et de fumée. Puis les anchois pour le côté salé et marin ; des associations assez surprenantes mais qui fonctionnent parfaitement.

Nous poursuivons avec leur presque célèbre « Bomba de cocido ». La bombe tire le nom de la spécialité de la Barceloneta, mais sans rapport avec le classique remplissage. C’est plutôt une croquette a la forme d’une boulette, que l’on mange a la cuiller. La farce est très gouteuse et riche à base de tête de porc, nez, pieds et oreille de porc, chorizo fumé, jupe et jarret de bœuf. Un fond de sauce genre sauce charcutière avec une pointe d’acidité car on retrouvera du cornichon sur le dessus de cette excellente interprétation.

Ensuite, un calamar à la braise farci de « cap i pota ». C’est un plat typiquement catalan et très proche des tripes à la madrilène, avec quelques différences, car dans ce plat on utilise la tête, la patte et l’intestin de bœuf. Le fait est que cela reste un ragoût très doux car les ingrédients sont très gélatineux. On y ajoute des pois chiches puis réalise un terre-mer avec le calamar. Le fond de sauce est onctueux.

Un délicieux cochinillo D.O aux champignons de saison qui sont des chanterelles. Cochon de Ségovie, porcelet fondant en bouche qui est incomparable avec toujours ces fonds de sauce très concentrés.

Génial dessert avec cette boule ou tarte de fromage frit. Un chaud et froid car cela ressemble a une sorte de glace au fromage entourée d’une fine pâte frite et sur laquelle l’on trouvera de la truffe d’été râpée !

Le dessert phare de la maison, la tarte de Santiago ou « Torta compostelana » qui est un dessert traditionnel de la cuisine galicienne, en particulier de Saint-Jacques-de-Compostelle. La recette est principalement composée d’amandes, de sucre et d’œufs. Une version très personnelle beaucoup plus proche d’un coulant qu’un gâteau comme ce serait la recette traditionnelle. Très doux en amande et fait «à la minute» avec très peu de four pour obtenir une texture crémeuse.

Surprenante bouteille de Amalia, une Malvoisie volcanique de la Bodegas Rubicon à Lanzarote avec des arômes intenses de fleurs tropicales. C’est la variété la plus importante et la plus abondante de Lanzarote.

Une très belle prestation pour cette cuisine pleine de saveur qui associe très bien les différents types de cuisine et propose des petites assiettes particulièrement gourmandes. On ne pourra que se réjouir que de cette nouvelle adresse qui amène une nouvelle perspective gastronomique en ville.

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